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Le SPVM et l'affaire « Will Joseph Junior »lacrap, Jeudi, Août 5, 2010 - 01:58 Durant l’été 2009, les militants de la Coalition contre la répression et les abus policiers et de Montréal-Nord républik travaillaient en collaboration à organiser les activités entourant la commémoration du premier anniversaire du décès de Fredy Villanueva. Pendant ce temps, un agent du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) disant s’appeler « Will Joseph Junior » essayait d’infiltrer ces deux groupes. Provocation, menace, supercherie : le SPVM semble prêt à tout pour nuire aux efforts de rares groupes et individus qui osent encore critiquer publiquement les écarts de conduite de membres de la force constabulaire. En attendant les conclusions du Commissaire à la déontologie policière qui enquête présentement sur cette affaire, ce compte-rendu de l’affaire « Will Joseph Junior » pourrait éclairer la lanterne de ceux qui se demandent encore pourquoi certains groupes ne font pas assez confiance au SPVM pour communiquer le trajet de leur manifestation à l’avance aux autorités policières. *** Montréal-Nord Républik (MNR) est un collectif qui a été mit sur pied suite à la mort de Fredy Villanueva, un jeune homme de 18 ans qui a été abattu par un agent du SPVM dans un stationnement du secteur nord-est de l’arrondissement de Montréal-Nord, le 9 août 2008. Au cours du printemps 2009, des militants de MNR décident d’organiser un événement appelé Hoodstock en vue de commémorer les événements tragiques du 9 août 2008, ainsi que de célébrer la diversité culturelle et artistique tout en posant une réflexion critique sur les enjeux sociopolitiques qui animent la communauté de Montréal-Nord et les quartiers environnants. Ainsi, l’événement Hoodstock, qui se tiendra durant la fin de semaine du 8 et 9 août 2009, doit donner lieu à la tenue d’un « Forum social » et à un spectacle d’artistes hip hop. L’événement sera clôturé par une marche commémorative en l’honneur de la mémoire de Fredy Villanueva, organisée par la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP), un partenaire de l’événement Hoodstock. Soulignons que les organisateurs de l’événement Hoodstock collaborent avec les autorités du début à la fin pour assurer la réussite de l’événement. Ils ont notamment des rencontres avec les responsables de la culture, des sports, des loisirs et du développement social de l’arrondissement. Par ailleurs, les organisateurs s’engagent à s’assurer à ce que l’événement se dérouler dans le bon ordre, notamment en veillant à ce qu’aucune boisson alcoolisée ne soit consommée sur le site de l’événement Hoodstock, soit le parc Aimé Léonard, à Montréal-Nord. Le 16 juillet 2009, alors que les préparatifs vont bon train, un individu disant s’appeler « Will M. Joseph Jr. » entre en contact par internet avec les organisateurs de l’événement Hoodstock en envoyant deux messages identiques, mais provenant de deux adresses courriel différentes. Le texte des deux messages disait simplement ceci :
Plus tard durant la journée, « Will Joseph Jr. » se fait répondre que toute aide sera la bienvenue, et que les organisateurs ont plus particulièrement besoin de bénévoles à l’occasion d’une activité de levée de fonds, un lave-o-thon se tiendra le 25 juillet suivant, ainsi qu’au cours de l’événement Hoodstock lui-même. Quelques heures plus tard, « Will Joseph Jr. » écrit encore aux organisateurs de l’événement Hoodstock pour dire qu’il connaît « beaucoup de monde », dont un ami qui aurait « 4 salons de coiffure dont 2 à montreal-Nord ». Il mentionne qu’il a également « des contacts à Quebec » et va jusqu’à s’offrir de distribuer des « flyers » à Sherbrooke et même de contacter « des groupes de hip hop underground ». Comme on dit, le monsieur en donne plus que le client en demande. De toute évidence, le personnage cherche à se mettre en valeur auprès des organisateurs de l’événement Hoodstock. « Will Joseph Jr. » sait aussi se montrer insistant. Ainsi, il réécrit dès le lendemain pour demander qu’on lui remette des « flyers ». Ce que « Will Joseph Jr. » ne sait toutefois pas, c’est qu’il est déjà démasqué à ce moment-là. Le nom de « Jimmy James » dit en effet quelque chose au webmestre de l’événement Hoodstock. Le hasard a ainsi voulut que le webmestre a déjà été proche d’un individu que tous appelait « Jimmy James », mais dont le vrai nom est James Noël. Ainsi, de 1993 à 1997, le webmestre et Noël ont tous deux fait parti des cadets de l’aviation royale du Canada. Puis, le webmestre se souvient également que son ancien compagnon des cadets de l’air figure parmi ses amis Facebook. C’est d’ailleurs en allant voir le profil Facebook de « Jimmy James » que le webmestre obtient la confirmation que « Will Joseph Jr. » et James Noël ne font qu’un. Le webmestre retrouve en effet sur la page Facebook de monsieur Noël l’une des deux adresses courriel utilisées par « Will Joseph Jr. » pour prendre contact avec les organisateurs de l’événement Hoodstock. Enfin, le webmestre connaît aussi une des proches de M. Noël. Et c’est cette dernière qui lui a appris, il y a quelque temps, que monsieur Noël était devenu policier au SPVM. (À cela s’ajoute le fait que l’adresse IP a trahit l’affiliation de « Will Joseph Jr. » au SPVM. On découvrira en effet plus tard que l’adresse IP révèle que les deux courriels identiques signés « Will Joseph Jr. » ont été envoyés à partir d’un ordinateur situé au 2580 boulevard Saint-Joseph est, là où se trouvent les bureaux du Centre des communications opérationnelles du SPVM). Bref, « Will Joseph Jr. » alias « Jimmy James » se révèle être un agent du SPVM utilisant un nom d’emprunt pour entrer en contact avec un groupe connut pour ses positions critiques à l’égard de la police. Dès lors une seule explication aussi logique qu’inévitable s’impose : la police est manifestement en train d’essayer d’infiltrer les organisateurs de l’événement Hoodstock. Cependant, au moment où les morceaux du puzzle se mettent en place, « Will Joseph Jr. » a déjà reçut l’invitation pour prendre part au lave-o-thon du 25 juillet. Puisqu’il n’est plus possible de revenir en arrière, les organisateurs de l’événement Hoodstock décident alors de jouer le jeu et de faire comme s’ils ne connaissaient pas la véritable identité de ce « Will Joseph Jr. ». Le 25 juillet, « Will Joseph Jr. » se présente donc tel que convenu au lave-o-thon de financement de l’événement Hoodstock, qui se tient derrière une station de Pétro-Canada, à l’angle des boulevards Henri-Bourassa est et Lacordaire, à Montréal-Nord. Durant cette activité, « Will Joseph Jr. » se démarque par son insistance à essayer d’obtenir les numéros de téléphone de certains organisateurs de l’événement Hoodstock. Ce lave-o-thon sera d’ailleurs la première et la dernière activité tenue par les organisateurs de l’événement Hoodstock à laquelle participera « Will Joseph Jr. ». Le 4 août 2009, une conférence de presse se tient à Montréal-Nord, à l’endroit même où a eut lieu l’intervention policière qui a coûté la vie à Fredy Villanueva, un an plus tôt. Wendy Villanueva, l’une des sœurs de feu Fredy, ainsi que deux porte-parole de MNR et deux porte-parole de la CRAP sont présents et répondent aux questions des représentants des médias, qui sont par ailleurs nombreux à couvrir la conférence de presse. Les porte-parole de MNR s’adressent aux représentants des médias pour parler de l’événement Hoodstock et de la situation générale à Montréal-Nord tandis que les porte-parole de la CRAP annoncent la tenue de la marche commémorative qui doit se tenir le 9 août 2009 pour honorer la mémoire de Fredy Villanueva. Quant à Wendy Villanueva, elle a notamment lancé un appel au calme lorsqu’elle a prit la parole devant les médias. À ce moment-là, les militants de MNR et de la CRAP sont parfaitement conscients que la commémoration du premier anniversaire du décès de Fredy Villanueva peut non seulement raviver de douloureux souvenirs pour de nombreuses personnes, mais risque également rappeler l’existence de tensions entre les résidents de Montréal-Nord et les forces policières. En effet, personne n’a oublié que la mort de Fredy Villanueva avait été suivie, dès le lendemain, par une émeute d’une ampleur sans précédent dans le secteur nord-est de Montréal-Nord. Par ailleurs, la crainte de débordements continue d’être d’actualité puisque, moins de deux mois avant la tenue des activités de commémoration, Montréal-Nord avait à nouveau été le théâtre d’une nuit de grabuge et d’incidents opposant des jeunes aux forces de l’ordre. C’est dans ce contexte qu’il est apparu nécessaire que la famille Villanueva fassent connaître ses attentes pacifiques. L’appel au calme lancé par Wendy Villanueva a d’ailleurs été entendu puisqu’il a été relayé par de nombreux médias lors de leur compte-rendu de la conférence de presse, dont Cyberpresse, The Gazette, RueFrontenac.com, Radio-Canada. Au lendemain de la conférence de presse, on pouvait d’ores et déjà prendre pour acquis que le mot d’ordre pacifique était en train de faire son chemin auprès de tous ceux qui s’intéressent à la cause des Villanueva, incluant ceux qui auraient pu être tentés de profiter de la tenue des activités de commémoration pour évacuer leurs frustrations de façon excessive. C’est pourquoi la CRAP ne s’attendait pas à recevoir un courriel au langage incendiaire de la part d’un dénommé « Will J », avec la mention « Hoodstock » dans la rubrique sujet. Voici le texte intégral du courriel reçu par la CRAP :
Ainsi, alors que l’appel au calme de la famille Villanueva bénéficie d’une large diffusion médiatique, ce dénommé « Will J » se permet de lancer une invitation à peine voilée à troubler la paix et l’ordre public. Le choix des mots et le ton employé dans ce courriel pue en effet la violence à plein nez. Ainsi, quand « Will J » écrit : Il faut qu'on s'tienne no matter what… Et qu’il enchaîne tout de suite après avec : Mes boyz sont près a faire le war… Inutile de lire entre les lignes pour comprendre qu’on à affaire à quelqu’un qui ne veut pas faire dans la dentelle. Le reste du message abonde dans le même sens quand il écrit : Le gouvernement va comprendre kon n'est pas content et qu’il ajoute qu’il propose d’organizé kelkechose de fucktop. Ce que « Will J » ne savait pas à ce moment-là, c’est que les organisateurs de l’événement Hoodstock avaient déjà informé des militants de la CRAP qu’un agent du SPVM utilisant le pseudonyme de « Will Joseph Jr. » avait tenté de s’infiltrer parmi eux. Compte tenu de tout ceci, il n’y a donc aucune place au doute dans l’esprit des militants de la CRAP que celui qui a envoyé à la CRAP un courriel signé « Will J » est le même qui a envoyé aux organisateurs de l’événement Hoodstock des courriels signés « Will Joseph Jr. » deux semaines plus tôt. En d’autres mots, si les organisateurs de l’événement Hoodstock sont la cible d’une tentative d’infiltration policière, la CRAP est quant à elle été victime de provocation policière, telle que définie dans l’arrêt R. c. Mack. (1) C’est en effet dans ce célèbre arrêt rendu en 1988 que la Cour suprême du Canada a statué qu’il y a provocation policière lorsque les autorités fournissent à une personne l'occasion de commettre une infraction sans pouvoir raisonnablement soupçonner que cette personne est déjà engagée dans une activité criminelle, ni se fonder sur une véritable enquête. Il m’apparaît clair que ni l’agent James Noël, alias « Jimmy James », alias « Will Joseph Jr. », ni ses vaillants supérieurs hiérarchiques au SPVM, ne peuvent raisonnablement soupçonner la CRAP d’être engagée dans quelque activité criminelle que ce soit. En effet, à ce moment-là, le SPVM sait pertinemment bien que toutes les manifestations organisées par la CRAP avaient été pacifiques du début à la fin et jamais elles n’avaient données lieu à quelque incident que ce soit. De plus, le SPVM ne peut lui-même ignorer que tant les organisateurs de l’événement Hoodstock que les militants de la CRAP font tout ce qui est en leur possible pour minimiser les possibilités de dérapages à l’occasion des activités de commémoration du décès de Fredy Villanueva. Certes, prendre la rue pour manifester contre les abus policiers dans un contexte aussi tendu que celui qui prévaut dans ce secteur particulier de Montréal-Nord n’est jamais pas une opération sans risque. D’ailleurs, ce simple fait rend parfaitement évident le caractère dangereux et irresponsable du courriel signé « Will J ». Depuis quand revient-il à la police de mettre de l’huile sur le feu ? Depuis quand est-ce le rôle d’un agent de la paix de d’inviter des militants voulant manifester dans le calme à « faire le war » ? Avocats sous filature Le 9 août 2009, plusieurs centaines de personnes prennent la rue à Montréal-Nord pour participer à la marche commémorative en l’honneur de la mémoire de Fredy Villanueva. Comme on pouvait s’y attendre, la police est elle-même au rendez-vous. La présence policière se veut à la fois visible et indiscernable. En effet, aux nombreux policiers en uniforme qui encadre la marche s’ajoutent des agents habillés en civil qui essaient tant bien que mal de se fondre incognito dans la foule de manifestants. Le recours à des policiers en civil dans le cadre de manifestations est d’ailleurs une pratique courante tant au SPVM que chez la plupart des autres corps policiers québécois. On ne trouverait donc pas matière à étonnement… si deux de des agents en civil assignés à la manifestation du 9 août 2009 ne s’étaient pas mis à suivre à la trace deux avocats impliqués dans l’enquête publique sur la mort de Fredy Villanueva ! Durant la manifestation, deux agents en civil n’ont en effet pas lâché d’une semelle Mes Alain Arsenault et Jacky-Éric Salvant, deux avocats représentant des témoins civils reconnus comme personnes intéressées à l’enquête publique sur la mort de Fredy Villanueva. Ainsi, Me Arsenault représente monsieur Jeffrey Sagor-Métellus, qui a été blessé par balle durant l’intervention policière qui s’est soldé par la mort de Fredy Villanueva tandis que Me Salvant représente MM. Anthony Yerwood Clavasquin et Jonathan Senatus, qui étaient tous deux présents dans le stationnement où s’est déroulé le tragique incident. Lors d'un arrêt pour entendre différents orateurs, les deux agents en civil n'ont toujours pas quitté les deux avocats. Me Arsenault lance alors une boutade à son collègue Me Salvant, à l'effet que les agents en civil attendent sûrement qu'il informe les manifestants qu'il s'agit de policiers, pour ensuite l'arrêter pour entrave au travail des policiers. Me Arsenault s'est alors assuré de le dire suffisamment fort pour être bien entendu par les deux agents en civil. C'est seulement suite à cette remarque que les deux agents en civil décident enfin de faire de l'air et ainsi de laisser les deux avocats tranquilles. Cela étant, ce curieux épisode laisse perplexe, c’est le moins que l’on puisse dire. Après avoir tenté d’infiltrer les organisateurs de l’événement Hoodstock et avoir tenté d’inciter à la violence des militants qui souhaitaient que la manifestation se déroule dans le calme, voilà maintenant que des policiers prennent en filature des avocats. De toute évidence, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond au SPVM. La police n’a-t-elle donc rien de mieux à faire ? Organisateur menacé « Will Joseph Jr. » ne s’est jamais montré durant toute la fin de semaine d’activités entourant la commémoration du premier anniversaire de la mort de Fredy Villanueva. Cette absence en dit long en elle-même. Pour une raison ou une autre, le policier ou ses supérieurs ont probablement été forcé d’en arriver à la conclusion que la couverture de « Will Joseph Jr. » avait été brûlée de façon irrémédiable. De toute évidence, « Will Joseph Jr. » a probablement perdu tout espoir de réussir à s’infiltrer parmi les organisateurs de l’événement Hoodstock, ou de convaincre les militants de la CRAP à se joindre à ses « boyz » pour « faire le war » dans le « hood ». Bref, la mission d’infiltration de l’agent James Noël semble avoir été un cuisant échec sur toute la ligne. « Will Joseph Jr. » a voulut jouer les « James Bond » mais n’a manifestement pas été à la hauteur. Or, au lieu d’accepter son échec et ses conséquences, il a plutôt choisi d’empirer son cas. À la fin de la manifestation du 9 août 2009, un des organisateurs de l’événement Hoodstock, prononce un discours durant lequel il révèle le fait que le SPVM a envoyé un de ses agents, sous le pseudonyme de « Will Joseph Jr. », pour essayer de faire de l’infiltration. Il va sans dire que la population était en droit d’être informée du fait que « Will Joseph Jr. » avait tenu des propos incendiaires en communiquant avec un groupe militant manifestement ciblé par le SPVM. Désireux de rendre service à la communauté, cet organisateur a jugé nécessaire d’alerter le public relativement à l’existence d’un comportement nuisible et susceptible de mettre en péril la paix dans le quartier. Ce soir-là, « Will Joseph Jr. » apprend rapidement que l’organisateur l’a nommé, sous son pseudonyme, dans son discours. Ainsi, quelques minutes plus tard après la fin de la manifestation, « Will Joseph Jr. » contacte une organisatrice de l’événement Hoodstock sur son téléphone cellulaire pour se plaindre des propos qui ont été tenus à son égard. Manifestement, l’un des membres de l’assistance savait comment rejoindre rapidement « Will Joseph Jr. » L’hypothèse la plus vraisemblable est que les paroles de l’organisateur ont été rapportées à « Will Joseph Jr. » par un collègue policier en civil qui se trouvait dans la foule. Lorsqu’il parle à l’organisatrice de l’événement Hoodstock, « Will Joseph Jr. » est furieux. Il exige d’abord que l’organisateur se rétracte publiquement. Puis, lorsqu’il réalise qu’il n’obtiendra pas satisfaction, « Will Joseph Jr. » se lance alors dans les menaces. Ainsi, il déclare que l’organisateur est « mieux de faire attention à sa vie ». Non seulement nous apparaît-il évident que ces paroles menaçantes visaient à intimider ou à susciter la crainte, mais je crois également qu’elles ont été proférées avec l'intention qu'elles se rendent jusqu’aux oreilles de celui-là même qui a contrarié « Will Joseph Jr. » ce soir-là. La CRAP est d’avis qu’une telle conduite est scandaleuse et inacceptable, c’est pourquoi nous croyons que l’agent James Noël et ses supérieurs doivent rendre des comptes. *** Le comportement de l’agent Noël fait présentement l’objet d’une enquête du Commissaire à la déontologie policière. De son côté, le chef de la division des communications du SPVM, Paul Chablo, a fait la déclaration suivante lorsqu’il a été contacté par une journaliste de La Presse pour commenter cette affaire : « Nous allons collaborer au déroulement de l'enquête du commissaire, qui déterminera si oui ou non notre intervention était justifiée ». (2) Cette courte déclaration du responsable aux communications du SPVM est importante. En employant les mots « notre intervention », Chablo a choisi de ne pas remettre en question les faits reprochés au SPVM. En fait, on peut même aller jusqu’à dire que le SPVM a reconnu implicitement l’existence de l’opération à laquelle s’est livrée l’agent Noël. Cela étant, de nombreuses autres questions restent encore en suspens. Quel objectif le SPVM souhaitait-il atteindre en envoyant un agent d’infiltration au sein d’un groupe utilisant des moyens légaux et pacifiques pour atteindre des objectifs parfaitement légitimes ? Le SPVM veut-il alimenter la méfiance et la paranoïa chez ceux qui les critiquent afin de rendre leur action moins efficace ? Les groupes qui critiquent le travail de la police doivent-ils désormais se méfier des nouveaux venus qui sortent de nulle part pour leur offrir leur aide à titre de bénévoles ? Quel but cherchait à atteindre ce même agent d’infiltration en tenant des propos incendiaires par courriel auprès de la CRAP à quelques jours de la tenue d’une importante manifestation à Montréal-Nord ? Le SPVM souhaitait-il devancer l’accomplissement du délit en créant les conditions idéales de sa répression ? Ces agissements s’inscrivaient-ils plutôt dans le cadre d’une stratégie médiatique visant à discréditer certains groupes auprès de l’opinion publique ? Jusqu’où le SPVM est-il allé dans la surveillance des groupes et individus dont les noms sont mentionnés dans la plainte ? Peut-on encore parler de liberté d’expression quand ceux qui exercent ce droit fondamental doivent désormais en redouter les conséquences ? Chose certaine, la première étape pour faire disparaître de tels abus policiers, c’est encore et toujours de les dénoncer sur la place publique. (1) http://www.canlii.org/fr/ca/csc/doc/1988/1988canlii24/1988canlii24.html (2) Cyberpresse, « La CRAP porte plainte en déontologie contre un policier », Catherine Handfield, 27 mai 2010 à 21h52. |
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