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Scission dans l'ex BIPR: POINT À LA LIGNE !

Anonyme, Lundi, Juillet 5, 2010 - 19:30

anonyme

Un texte éclairant la position organisationnelle du Groupe Internationaliste Ouvrier de Montréal qui s'est rangé, semble-t-il, sur la ligne des expulseurs de Battaglia Communista sauce stalinienne:

«... Arrivés à ce point, nous avons compris que notre présence dans Battaglia Comunista n’avait plus de sens. Par ailleurs, la moindre de nos réserves était reçue comme une agression contre l’intégrité de la chapelle, et la moindre critique comme une manifestation diabolique d’arrogance intellectuelle : pour la direction sacerdotale de droit héréditaire et ses disciples, nous étions devenus des corps étrangers qu’il fallait expulser au plus vite, dans la meilleure tradition stalinienne par la force du nombre et de la calomnie...»

"Point à la ligne" est un texte de "l’Istituto Onorato Damen" (http://www.istitutoonoratodamen.it) expliquant les raisons politiques et organisationnelles de la scission advenue au sein de Battaglia Comunista en 2009

Quelle nécessité y avait-il de créer, en pleine crise qui s’annonce historique, un institut dédicacé à la mémoire d’Onorato Damen, par un groupe de camarades marqués par une longue militance dans le PCIint - Bataglia Comunista ?

Il y a quelques temps, convaincus comme nous le sommes, qu’il ne peut y avoir de dépassement révolutionnaire du capitalisme sans la reconstruction d’un authentique parti communiste internationaliste, nous aurions répondu : aucune nécessité. Par la suite, l’irruption de la crise économique a brutalement mis en évidence que les divergences internes, apparues dans le cours de ces dernières années sur quelques questions méthodologiques et politiques, étaient bien plus profondes que lorsqu’elles apparurent dans un premier temps. Les premiers signes que quelque chose était en train de changer, nous les avons eus quelques années plus tôt lorsque la fédération de Milan publia la brochure : Lutte de classe, État Politique, Parti du Prolétariat et communisme. On y affirmait : « Sous la poussée de fondements objectifs externes (en premier lieu les contradictions entre des forces productives en gigantesque croissance avec des rapports de productions figés), surgit une pratique révolutionnaire » pour rejoindre la conclusion que quand « la contradiction entre prolétariat et bourgeoisie [...] s’étend à une lutte ouverte de classe contre classe et recouvre un contenu politique : l’organisation politique de classe du prolétariat se transforme en parti politique. Porté à sa plus haute expression, le conflit social trouve sa solution dans la révolution totale ».

Cette approche, profondément divergente du marxisme révolutionnaire et de la conception léniniste du parti, apparut à l’époque comme étant plus le fruit d’une hâtive et plate rédaction du texte (citations inexactes, contradictions entre elles, rédaction fort approximative, etc.) que comme le début d’une dérive destructrice sur les plans méthodologiques et politiques, aussi, ce fut sur notre insistance que la brochure fut retirée de la circulation. Cependant, quelques temps plus tard, la question fut à nouveau reprise dans un document rédigé, par les mêmes camarades de la fédération de Milan, avec l’intention de préciser encore mieux les rapports entre la classe et le parti. Mais ici, quoique de manière très confuse, la même position mécaniste de la brochure citée plus haut revint de fait. On y affirmait que « ce qui distingue toutes les positions idéalistes, mécanistes, conciliatrices et économistes d’une interprétation dialectique correcte c’est véritablement la question de la conscience et le rapport entre le parti et la classe. La question fondamentale est d’établir que la conscience provient de l’intérieur de la classe même, de façon autonome, à travers la progression des luttes revendicatives, qui à partir d’un certain point, deviennent politiques portant avec elles l’inévitable maturation de la conscience. Ou bien, elle arrive de l’extérieur, d’un parti qui naît hors de la classe qui se retourne pour faire tomber de haut, comme un démiurge, la conscience politique ».

Comme on peut le constater, même ici, si d’une part on réfute la thèse selon laquelle la conscience de classe (pour être plus précis il faudrait dire : la conscience de classe pour soi) jaillirait par parthénogenèse de la lutte économique, d’autre part, on rejette également comme idéaliste l’hypothèse que le parti pourrait naître à l’extérieur de la classe et, pour cette raison, être privé de toute relation avec la classe et la lutte de classe, ce texte aboutit à la conclusion, mécaniste s’il en est, que « la conscience [...] ne vient pas de l’extérieur, le parti n’est pas un corps étranger à la classe, mais l’un et l’autre sont le fruit historique de la lutte de classe ».

Pour éloigner le moindre soupçon d’être possédé par le démon de la polémique pour la polémique, nous préférons laisser la tâche de préciser la question à Onorato Damen qui, dans l’article paru pour la première fois dans le n°11/59 de Prometeo, relisait Lénine et écrivait au contraire que « sous cet aspect, et le problème ne supporte aucune hypothèse contraire, Marx et Engels et plus tard Lénine, et avec eux toute une armée de penseurs, de politiques, d’intellectuels liés au marxisme, ont tous eu comme tâche d’« introduire dans le prolétariat la conscience de sa situation et de sa mission », mais les éléments formateurs de cette conscience ayant leur matrice historique dans la classe laborieuse se reflètent tour à tour dans le cerveau de quelques hommes, comme dans un laboratoire de systématisation scientifique, pour retourner au sein de la classe afin de l’aider à faire sienne « cette conscience des fins » de façon plus claire et distincte ».

Le parti puise dans la classe les « éléments formateurs de la conscience », toutefois il n’est pas le fruit historique de la lutte de classe, mais le produit de l’activité et de l’élaboration « des penseurs, de politiques, d’intellectuels liés au marxisme » et donc il ne peut naître qu’à l’extérieur de la classe. Le parti, « et la conscience de classe pour soi », qui le présuppose, plongent leurs racines dans les rapports d’exploitation entre le capital et le travail mais ne naissent pas spontanément de la lutte de classe que le rapport d’exploitation génère. En réalité parti et conscience révolutionnaires sont l’un à côté de l’autre mais ils « surgissent à partir de prémisses différentes » (Lénine - Que faire ? p. 72).

D’autre part, si la conscience et le parti seraient « l’un et l’autre le fruit historique de la lutte de classe et si le développement de cette dernière est à son tour le produit du développement des forces productives », il persisterait un mystère inexplicable planant sur la naissance du parti communiste russe en 1912 et le fait qu’aujourd’hui, à l’époque de l’automatisation la plus avancée des processus productifs, la naissance d’un authentique parti communiste n’est pas non plus en gestation. L’histoire serait-elle devenue stérile ?

Malgré cela, face à nos objections critiques, on nous répondit qu’il s’agissait de dérapages formels et le document fut mis à l’écart.

Mais, par la suite, ces dérapages formels sont non seulement réapparus, mais se sont conjugués aux écarts ‘mouvementistes’ inscrits - comme nous l’avons à plusieurs reprises dénoncé - dans ‘l’ADN’ des éléments provenant des GPL dissous, qui constituaient la majorité de la section de Parme, et ont alimenté un lent et irréversible processus d’orientation de la majorité de Battaglia Comunista vers des positions mouvementistes et spontanéistes avec une forte fascination pour les situationnistes et l’anarcho-syndicalisme, positions plus proches de celles de ‘l’économisme russe’ du début du siècle précédent que de la tradition léniniste du PCInt. Ainsi, jusqu’à un certain point, il n’a plus été assigné au parti la tâche « d’introduire dans la classe la conscience de sa situation et de sa mission » mais –textuellement – « de favoriser la spontanéité des luttes ». Ce qui est en nette opposition avec Lénine pour lequel : « la tâche de la social-démocratie ( [1]) consiste à combattre la spontanéité, et préserver le mouvement ouvrier de la tendance spontanée du trade-unionisme à se réfugier sous l’aile de la bourgeoisie » ( [2]).

La présence organisée du parti dans la classe et les groupes d’usines communistes internationalistes, considérés comme la « première condition sine qua non » pour qu’une conscience communiste puisse se produire, ont été remisés aux archives et leur ont été substitué des organismes plus conformes à la nouvelle tâche par la mise en place d’un « réseau ouvrier et territorial de tous les travailleurs les plus conscients » en vue de « renforcer les luttes et faire en sorte qu’elles soient dirigées et organisées par les travailleurs eux-mêmes , par leurs comités de lutte par leurs assemblées », ou bien, comme « …une organisation de la jeunesse de la gauche communiste » ayant « l’objectif [...] de fondre les forces internationalistes dans une organisation estudiantine de classe en vue d’affronter concrètement le défi que cette phase du capitalisme nous tend » et « la création d’un journal politique des jeunes pour toute l’Italie... ».

Ou encore, comme on pouvait le lire dans le tract de la majorité du Comité Exécutif et diffusé à Rome lors de la grève générale de la CGIL du 13 février dernier : « …comités de lutte et assemblées territoriales, sur le type des mouvements No Tav / No Dal Molin ».

Entretemps, dans la fédération milanaise, on a pensé qu’il fallait également reconsidérer la question de la baisse tendancielle du taux de profit moyen et l’analyse de l’impérialisme.

Tout-à-coup, à l’encontre de tout ce que nous disions, ce serait « l’augmentation de la productivité du travail, la création de plus-value relative [ad aver] a activé la plus importante des contradictions du capitalisme, la baisse tendancielle du taux de profit » et non, comme le soutiennent Marx et le livre III du Capital, l’augmentation de la composition organique du capital consécutif au développement des forces d’accumulation capitalistes.

Objectivement, nous attendons toujours qu’on nous explique comment, diable, le capitalisme a-t-il fait pour survivre à « sa plus importante contradiction » bien que, durant le siècle dernier, la productivité du travail a enregistrée sa plus puissante croissance de l’histoire.

Par contre, pour ce qui concerne l’analyse de l’impérialisme, on redécouvre même les guerres de libération nationale et la distinction entre « bourgeoisie qui attaque pour s’étendre » et « bourgeoisie nationale qui se défend », positions qui se rapprochent de celles qui considèrent la possibilité de guerres de libération nationale et qui appuient certaines fractions de la bourgeoisie des pays « périphériques », même la plus réactionnaire et la plus férocement anticommuniste comme, par exemple, la bourgeoisie arabe, chaque fois qu’il y a un conflit avec l’un ou l’autre grands pays impérialistes et plus particulièrement les USA.

Dans la version originale de l’article « Terrorisme et démocratie » apparu dans Prometeo n°11 Série VI, pourtant amplement revue et corrigée, on pouvait lire : « Le terrorisme, dans son acception courante d’attaque des civils désarmés et des plus faibles, qu’il appartient à un camp social ou à l’autre, fait partie de l’idéologie bourgeoise, quel que soit le scénario de référence, celui d’une bourgeoisie agressive qui déploie son offensive, ou celle d’une bourgeoisie nationale qui se défend. Un mouvement révolutionnaire qui tenterait alors de se frayer une voie à l’intérieur d’une guerre de libération nationale, devrait malgré tout tenir compte de la présence de l’armée occupante ». D’ici - peut-être pour favoriser le prosélytisme envers la gauche extra-parlementaire bigarrée - à la réhabilitation de la Résistance, le pas accompli a été extrêmement court : « La plus grande partie des partisans rouges - pouvait-on lire dans la recension du livre Cœurs rouges et cœurs noirs, parue dans BC n° 10/2008 - ont combattu dans l’espoir de voir surgir avant ou après, avec toute la confusion idéologique qu’on veut, un monde sans classes et sans frontières, ainsi que comme tous les ‘cœurs rouges’ qui depuis la fin de la dernière guerre à aujourd’hui sont tombés sous les féroces coups de la violence anti-ouvrière et anticommuniste ».

Arrivés à ce point, nous avons compris que notre présence dans Battaglia Comunista n’avait plus de sens. Par ailleurs, la moindre de nos réserves était reçue comme une agression contre l’intégrité de la chapelle, et la moindre critique comme une manifestation diabolique d’arrogance intellectuelle : pour la direction sacerdotale de droit héréditaire et ses disciples, nous étions devenus des corps étrangers qu’il fallait expulser au plus vite, dans la meilleure tradition stalinienne par la force du nombre et de la calomnie.

Il nous faut l’admettre : peut-être pour d’évidentes raisons psychologiques, nous avons eu beaucoup de difficultés à reconnaître dans les ‘bavures formelles’ le début d’un processus de dégénérescence irréversible qui, depuis, s’est confirmé. Auparavant, nous pensions qu’il était question de ‘défaillance’ de quelques camarades. Par contre, nous aurions dû comprendre que, lorsque une organisation révolutionnaire n’est plus en mesure de réparer les erreurs individuelles par le débat et la confrontation critique interne, c’est le signe que l’organisation est profondément dégénérée et que son expérience historique est épuisée ou tarie.

En réalité, l’effondrement de l’ex-URSS, si d’un côté il a confirmé la justesse et la validité de la critique de la contrerévolution stalinienne et de la nature capitaliste du soi-disant socialisme réel produite par le PCInt et plus généralement par toute la gauche communiste italienne, d’un autre côte, il a révélé aussi les multiples faiblesses d’élaboration (théorique) par ce courant au cours de cette période. En d’autres termes, une fois la duperie russe dévoilée, la base fondamentale de sa raison d’être s’est effondrée ainsi que le voile qui recouvrait son réel délabrement.

Pour notre part, - peut-être que le retard dans la compréhension de la véritable nature de la situation vient de ce qui suit - nous étions convaincus que Battaglia Comunista, par son histoire, par le fait que ses fondateurs lui avaient laissé un patrimoine des plus respectables, avait la capacité d’entreprendre un nouveau processus d’élaboration de systématisation scientifique des données inhérentes à la situation du prolétariat. Par contre, en dépit de la critique lucide du mécanicisme développée par Onorato Damen, la précipitation de la crise a mis en évidence qu’un certain ‘scientisme positiviste’ hérité de la seconde et troisième internationale, qui non seulement n’a pas été digéré, mais a été repris à un point tel que la crise révolutionnaire, l’émergence de la pratique révolutionnaire, pourrait être conçue comme l’aboutissement inéluctable des contradictions inhérentes au développement capitaliste des forces productives.

C’est un bond en arrière d’un siècle et peut-être plus, d’autre part, certains considérèrent l’élaboration et la formation théorique comme une perte de temps au détriment de l’activité de propagande et de prosélytisme. Une telle chose a revêtu une pertinence et un sens tel que la même majorité des camarades composant l’actuel Comité Exécutif se sont soustraits à la confrontation politique en déclarant explicitement ne pas posséder les instruments théoriques nécessaires pour une évaluation correcte des questions mises sur la table.

Mais comme le rappelait Lénine : « Sans théorie révolutionnaire il ne peut exister de mouvement révolutionnaire ». C’est encore plus vrai aujourd’hui car la domination idéologique de la classe dominante imprègne chaque moment de la vie quotidienne des prolétaires, plus que jamais en concurrence entre eux.

Et notre conviction est que, si nous ne repartons pas de l’analyse de toutes les causes de la défaite historique qu’a subi le prolétariat au cours du dernier siècle et qui vont au delà de la contrerévolution russe, les prolétaires ne pourront pas parvenir à la conscience d’appartenir à une même classe d’exploités, ni même a imaginer l’auto-organisation révolutionnaire.

Afin de ne pas alimenter une énième scission, ni non plus à constituer un autre soi-disant Parti Communiste Internationaliste, nous voulons résolument nous engager sur la voie consistant à faire vivre un point de référence ouvert à la contribution de tous ceux qui ont à cœur le sort du prolétariat et qui pensent que les problèmes de la révolution socialiste du XXI° siècle ne peuvent être affrontés avec les mêmes schémas de la Troisième Internationale, ni revenir à ses positions, quand ce n’est pas sur celle de la Seconde ou de l’économisme russe des premières années du siècle précédent.

Pour pouvoir retisser le fil rouge rompu par une défaite de dimension historique, il faudra nécessairement le courage de dire point à la ligne (Punto e a capo), autrement dit, il faut tourner la page et analyser au moyen du plus rigoureux matérialisme historique les profondes mutations qui se sont produites dans les formes de la domination idéologique de la bourgeoisie, dans l’organisation et la division internationale du travail, dans la composition de classe, dans le rapport entre capital et travail en relation avec le développement des formes de domination impérialiste et des processus de globalisation capitaliste dans le cours du dernier siècle.

Et à qui dédier cette nouvelle initiative sinon à Onorato Damen ? Pas seulement pour nous avoir averti que l’expérience de Parti Communiste d’Italie, duquel il fut un des fondateurs, était en train de se tarir et qu’il fut le principal animateur du Comité d’Entente (la première tentative d’organisation de l’opposition antistalinienne) mais surtout, parce que mieux que tous dans la Gauche Communiste Italienne, il comprit que sans une boussole solidement orientée dans la direction du matérialisme historique, ténue est la frontière entre le mécanicisme et l’idéalisme, entre Marx et Hegel et fausse l’idée de la révolution en soi.

[1] ) Lénine écrivit ‘Que faire ?’ d’où cette citation est tirée, avant que l’aile révolutionnaire de Parti Social Démocrate Russe, dont il était le principal représentant, se détache du parti pour fonder en 1912, le regroupement des bolcheviks, qui en 1918 adopte le nom définitif de Parti Communiste Russe.

[2] ) Op. cité.



Sujet: 
Réponse à un commentaire simpliste «anonyme«» du 5 juillet 2010
Auteur-e: 
mihelich
Date: 
Jeu, 2010-12-09 22:00

Sur les événements douloureux du passé

Rapport sur l’Assemblée générale annuelle du Parti Communiste Internationaliste (Battaglia Comunista), mai 2009

À la dernière Assemblée générale du parti eut lieu un épisode désagréable : l’expulsion de notre section de Catanzaro de ses rangs. Le but de cet article est de tenter d’identifier et de clarifier les questions politiques - si elles ont réellement existées - à la base de cette rupture.

Les critiques soulevées par la section de Catanzaro contre le reste de l’organisation comprenaient les questions suivantes :

1- le fascisme et l’antifascisme;
2- les méthodes et les organisations d’un parti de classe;
3- les origines historiques et le rôle du parti de classe;
4- l’interprétation correcte de la loi de la baisse tendancielle du taux de profit;
5- l’impérialisme et les luttes de libération nationale.

Le premier problème est que plus les camarades qui ont tenu ces positions – accusant le reste de l’organisation de s’éloigner de la tradition internationaliste dans une «dérive gauchiste» - les ont accentuées, plus ils ont refusé de produire des documents expliquant leurs critiques. Leurs conclusions – sauf sur la question de la baisse du taux de profit – furent tout simplement tirées de très brèves citations, dans certains cas tronquées de manière opportuniste, prélevées de divers tracts ou articles. Malgré les nombreuses occasions d’en discuter (par ex. l’AG de 2008), ils n’ont jamais été plus loin que l’envoi de brefs courriels (emails). Ils nous ont ensuite accusé d’éviter la discussion (par voie de courriels) ou de ne l’avoir tenue que superficiellement. Leur accusation était si sérieuse – la prétendue dérive gauchiste ou mouvementiste du Parti Communiste Internationaliste – qu’elle ne pouvait être adressée par un simple échange ping-pong de courriels; l’allégation était donc absurde. La seule façon de traiter sérieusement la question était la discussion en AG, qui est l’équivalent d’un congrès. Prenant avantage du ton acrimonieux du débat, ces camarades se retirèrent cependant de la vie interne du parti et des lieux où une discussion correcte pouvait avoir lieu. Ils démissionnèrent en premier lieu du comité exécutif, puis du comité de rédaction et en arrivèrent enfin au mois de mai, à refuser catégoriquement de défendre leurs positions, en ne participant pas au principal forum de discussion de l’organisation - son assemblée générale.

La plus grande partie des membres du parti ne pouvait que constater le refus de ces camarades de se présenter – même si l’AG était consacrée aux questions qu’ils avaient soulevées, et ne purent faire autrement que de reconnaître cet état de faits avec leur expulsion de l’organisation. En fait, par leur comportement, ces camarades s’étaient eux-mêmes déjà placés hors du parti, et on n’a pu faire autrement que d’en prendre acte et de décider leur expulsion.

Cependant, la même AG fit face à toutes les accusations qu’elle avait reçues avec clarté et sérénité et, en l’absence des accusateurs, le débat fut très franc et ouvert. En voici brièvement le contenu :

1. Fascisme et antifascisme

La thèse de l’accusation

L’article mis en cause, qui démontrerait la dérive de notre organisation dans une direction proche de l’antifascisme démocratique était «Cœurs rouges et cœurs noirs», paru dans Battaglia Comunista (10-2008).

Sur l’article en question, il fut suggéré que l’auteur et le parti avaient tendance à sympathiser avec l’un des camps dans la guerre impérialiste, à soutenir les luttes de libération nationale et à trahir le défaitisme révolutionnaire en prenant partie pour la faction impérialiste qu’ils considéraient la plus progressiste.

La réponse de l’Assemblée générale

L’équidistance des révolutionnaires en relation avec les deux camps de la guerre impérialiste (la Seconde Guerre mondiale – note du traducteur) n’était pas équidistante par rapport à la base des partisans, qui croyaient qu’ils défendaient la cause des exploités (même s’ils ont été piégés dans des formes idéologiques bourgeoises et qu’ils finiront dans les bras de l’ennemi de classe) contre ceux qui soutenaient le fascisme. Un des premiers efforts de la propagande internationaliste fut de soutirer le premier groupe à l’influence du réformisme, ce qui était possible, alors que ce ne l’était pas chez le second. En effet, durant les années 40, nos camarades sont intervenus parmi les partisans et non parmi les républicains (1); et c’est pourquoi les staliniens les ont persécutés. (2)

Même s’ils représentent deux formes du pouvoir et de l’oppression bourgeoises, nous ne devrions jamais mettre sur le même pied le fascisme et la démocratie, puisqu’en fait ce sont deux formes différentes de domination capitaliste. En combattant les deux, nous devons établir leurs différences. Si nous combattons la démocratie en tant que «meilleur cadre d’exercice du pouvoir bourgeois», de la même manière nous devons dire que nous combattons le fascisme comme étant la face la plus brutale de l’anticommunisme capitaliste. De toute façon, on ne peut combattre l’une ou l’autre, si l’on ne combat pas le capitalisme dans son ensemble. Le fascisme et la démocratie sont toutes les deux des superstructures, des politiques et des idéologies du capitalisme qui doivent être combattues et, de ce point de vue, ils sont tout à fait de même nature. Mais ils ont des caractéristiques différentes et ainsi, à certains égards, sont placés à différents niveaux, ce que les révolutionnaires ne doivent pas ignorer.

Nous sommes toujours anticapitalistes, quelle que soit la forme que l’administration du capitalisme peut épouser. Le fascisme est le principal instrument de préservation du pouvoir bourgeois lorsque la lutte des classes s’intensifie. Nous caractérisons alors notre opposition révolutionnaire «d’antifascisme de lutte de classe», elle représente notre résistance à la forme que le capitalisme se donne dans une période historique particulière comme alternative à la démocratie.

Durant les crises, ce sont nous, les internationalistes qui pouvons et devons regrouper les éléments de la classe ouvrière qui soutiennent des positions anticapitalistes, et ce serait donc une erreur de suivre la bourgeoisie sur son propre terrain, celui de l’antifascisme. Ce qui manquait à l’article était que le mouvement des partisans ne fut pas présenté en tant que force au sein d’un des camps impérialistes dans ce conflit. L’auteur, notre camarade Giacomo voulait souligner les caractéristiques différentes des idéologies fascistes et antifascistes, différences qui ont mené les internationalistes à intervenir en direction des partisans et, de toute évidence, non vers les fascistes. Les limites de l’article furent de s’en tenir qu’aux idéologies. Cette insuffisance donna l’impression que les mouvements de masse comme le fascisme ou les partisans n’étaient jugés que pour leur contenu idéologique. Si la phrase avait été plus claire, elle aurait démontré l’abîme qui nous sépare de ces deux idéologies et par conséquent des deux fronts impérialistes. Cette distance fut clairement réaffirmée par l’AG et par Giacomo lui-même.

De toute façon, les camarades de Catanzaro, qui siégeaient alors au comité éditorial, auraient dû faire connaître leurs critiques à Giacomo clairement, suspendre la publication de l’article et le faire paraître ultérieurement avec les modifications appropriées. Les camarades de Catanzaro ont plutôt choisi de d’abord publier l’article et ensuite de le critiquer.

2. Les méthodes et les instruments du parti dans la classe (un réseau de groupes agissant indépendamment du parti?)

La thèse de l’accusation

«…la lutte pour nos conditions de vie et de travail passe par une lutte sans compromis contre ce système, une lutte qui requiert inévitablement des formes et des méthodes incompatibles avec la pratique des syndicats (comités de lutte et assemblées territoriales du type des mouvements No Tav/No Dal Molin).» (3) (tract pour la grève de la CGIL – Confédération générale des travailleurs italiens – du 13 février 2009)

«Il est presque impossible de ne pas noter ici que tandis que le parti a littéralement disparu, de même que ses organisations d’entreprises et de territoires, vous soutenez que les outils essentiels pour mener une lutte de classe consistante en défense des conditions «de vie et de travail» sont des comités de contrôle et pire encore, des «mouvements citoyens» tels que «No Tav» et «No Dal Morin», qui sont par définition interclassistes par contenu et par composition de même que par les objectifs sociaux qu’ils espèrent atteindre. Selon notre opinion, cette position n’est pas sans rappeler l’appel lancé par L. visant à mettre sur pied un réseau de groupes territoriaux et d’usines ainsi qu’une ligue étudiante (au moins cet appel s’adressait à des travailleurs et des étudiants internationalistes!), indépendants et à côté du parti, l’été dernier. Il est plutôt déconcertant que ce tract fut approuvé malgré le fait que le comité exécutif avait à l’époque rejeté cet appel (…).»

Nous sommes convaincus cependant, comme notre plateforme politique et syndicale l’avait préalablement exprimé, que sans la présence organisée du parti dans les lieux de travail et les localités (les groupes internationalistes d’entreprises et de territoires) comme point de référence, même les plus anticapitalistes de ces groupes disparaîtront avec la fin de la cause leur ayant donné naissance. C’est pourquoi, il nous semble que le fait de croire, comme il est affirmé dans le tract, qu’ils peuvent être des outils essentiels dans la poursuite d’une pratique «incompatible avec les syndicats» n’est pas réaliste et est le résultat d’une approche clairement mouvementiste sur la question de l’intervention et sur la relation entre le parti et la classe.

La réponse de l’Assemblée générale

Sur la critique du tract – et en ne tenant pas compte du fait que le tract, tout comme l’article de Giacomo, fut critiqué après sa publication et sa distribution – il fut réaffirmé, comme il le fut souvent durant les semaines précédent le débat, que la phrase était certainement regrettable mais qu’il aurait été suffisant de la réviser sans tomber dans le drame. La référence au type de mouvements comme No Tav/ No Dal Molin exprimait l’opportunité et le besoin d’un possible mouvement de lutte des classes. Une lutte qui «requiert inévitablement des formes et des méthodes incompatibles avec la pratique des syndicats» et ne reste confinée aux limites d’une entreprise ou d’une catégorie mais s’efforce immédiatement de s’étendre au-delà de son secteur immédiat, comme No Tav/No Dal Molin tenta de le faire. Cette interprétation aurait certainement pu être exprimée plus clairement. Cela ne voulait pas dire que les mouvements No Tav/No Dal Molin étaient ouvriers, ou que la classe peut produire une conscience révolutionnaire en l’absence de groupes d’entreprises et de territoires et d’un parti organisé dans ces mêmes entreprises et territoires, ou encore que No Tav/No Dal Molin est la configuration du mouvement auquel nous aspirons. Le texte n’avait en fait utilisé ces mouvements que comme des exemples d’extension organisationnelle des luttes sur une base territoriale.

Néanmoins, nous devons clarifier au moins trois questions. La première est qu’il nous semble que c’est au moins une illusion de penser qu’un mouvement prolétarien, surtout à ses débuts, peut apparaître dans une forme «pure». Les premières formes de lutte des classes, surtout après trente années durant lesquelles cette lutte des classes a déclinée, peuvent facilement être «contaminées» par des mouvements aux mots d’ordre interclassistes, contre lesquels notre responsabilité se doit de présenter une opposition suffisamment claire de manière à développer dans le prolétariat la conscience révolutionnaire de ses propres intérêts de classe. La seconde clarification est que les assemblées sont des instruments organisationnels de la lutte de classe prolétarienne et un terrain intermédiaire entre le parti et à la classe où nous pouvons intervenir, par le biais de nos membres organisés dans les entreprises et les quartiers, afin de gagner la direction de la classe ouvrière. Ici, l’accusation commet une erreur sérieuse : les groupes d’usines sont les outils d’intervention du parti dans la lutte des classes et non pas les instruments de la lutte des classes comme tels. Il y a et il y aura toujours des assemblées prolétariennes, qui se réunissent aujourd’hui dans le contexte de la lutte contre les attaques des patrons, et qui demain pourraient constituer, d’une part la base de la construction du sujet de la révolution communiste, si le parti est capable de les diriger, et d’autre part l’établissement des futurs instruments du pouvoir prolétarien. Cette confusion entre les formes organisationnelles à travers lesquelles la lutte des classes s’exprime et les outils que le parti se donne pour y intervenir, semble bien résumer la position des camarades de Catanzaro qui tendent de sous-estimer systématiquement les questions réelles de l’intervention dans la classe. La troisième et dernière clarification est qu’il n’y a jamais eu «d’appel lancé par L. visant à mettre sur pied un réseau de groupes territoriaux et d’usines ainsi qu’une ligue étudiante, indépendants et à côté du parti». Les camarades de Catanzaro ont dans ce cas complètement dénaturé un autre tract, mais malgré de nombreux rappels de faits, ils n’ont pas cessé d’utiliser ce faux argument. La question de la «mise en réseau» de groupes fut discutée au comité exécutif de façon exhaustive, comme le fut celle de la ligue de la jeunesse. Mais, tout cela est parfaitement conséquent avec leur attitude qui s’est développée ces dernières années, qui cherche toujours à déformer et à falsifier de façon éhontée les positions des autres.

3. Les origines historiques et le rôle du parti de classe (le parti né de la lutte des classes et ses organisations)

La thèse de l’accusation

«Un des points cruciaux, l’obstacle contre lequel souvent des tentatives et des approches échouent, est l’incompréhension du rôle que le parti… doit avoir pour introduire une conscience de classe claire au sein du prolétariat.»

«Il faut remarquer dans la phrase ce qui suit : «…introduire une conscience de classe claire…», car elle suggère de voir la classe comme quelque chose d’objectivement acquise puisqu’elle ne serait qu’un élément passif dans la production de la conscience révolutionnaire, un simple contenant que le parti, vu comme une espèce d’usine à conscience en soi ayant la mission de remplir. » (Catanzaro, le 4 décembre 2008)

«L’article écrit par D.C., «Riposter en tant que classe aux attaques du capital en crise», réitère l’affirmation selon laquelle les travailleurs, spontanément et avec un coup de pouce du parti, qui serait toutefois toujours en construction, puissent créer une organisation «à l’extérieur et contre la logique de la négociation pure comme seul but de la lutte, une organisation indépendante et libre des contraintes syndicales, etc. et qui ne se laissera influencer ni par les conceptions du genre anarcho-syndicaliste, ni par les appels de type radical ou maximaliste.» En pratique, cela confirme la validité des conclusions du tract et ultimement, de l’argument de D.C. dans son pamphlet «Lutte de classe, État politique, etc.» dans lequel il déclare : «Le conflit entre le prolétariat et la bourgeoisie lorsqu’il se développe en lutte ouverte, classe contre classe, prend un aspect clairement politique : l’organisation de la classe prolétarienne se transforme en parti politique. Porté à son expression la plus élevée, elle mène à un conflit social et culmine en révolution totale.». F.D., quand à lui, lors d’une discussion écrite avec la Fraction du Courant Communiste International a affirmé : ainsi, la conscience (révolutionnaire – note de l’éditeur) n’arrive pas de l’extérieur, le parti n’est pas un corps étranger dans la classe, mais tous les deux sont les fruits de la lutte des classes à travers l’histoire.» Que le parti ne devrait pas être un corps étranger dans la classe est correct, mais de dire que la conscience communiste est le produit de la lutte des classes et est donc spontanée ne semble pas se conformer beaucoup à la conception léniniste du parti ou avec ce qui a été confirmé par l’histoire du mouvement ouvrier.» (Catanzaro, le 15 avril 2009)

La réponse de l’Assemblée générale

Comme avec les autres questions, les camarades de Catanzaro ont produit un collage plutôt questionnable et «suggèrent» que le parti est à la dérive puisqu’il dit que le parti et la conscience sont «un produit de l’histoire et donc de la lutte de classe spontanée». À part le fait que nous ne comprenons pas pourquoi un produit historique doit automatiquement être spontané (tout événement humain est un produit historique, produit par l’histoire des êtres humains qui y participent, quelques fois involontairement, quelques fois consciemment), les mêmes camarades qui sont «accusés» ont produit des documents-clés qui n’ont jamais soulevé de telles critiques.

Cela dit, il fut réitéré que personne dans l’AG n’endosse ou ne soutient le conseillisme, qui nie le rôle essentiel du parti et il fut décidé que la discussion sur cette question soit approfondie à tout points de vue. Il y a donc eu discussion sur ce sujet.

De toute façon, deux choses doivent être considérées : la première est que derrière ces critiques il y a manifestement de la mauvaise foi, puisqu’une lecture sérieuse des articles en question démontre que leur argument n’a jamais été ce que les camarades de Catanzaro ont voulu mettre dans la bouche de leurs auteurs. La seconde est que même s’il est très clair qu’il n’y a pas de dérive du parti en cette matière, nous devons noter qu’en fait, ici et là, il y a quelques fois des imprécisions dans le vocabulaire utilisé. Cela est tout à fait normal dans un groupe constitué d’être humains et non d’entités supérieures. Bien entendu, cela ne doit pas servir de prétexte à négliger les questions théoriques et politiques, mais en même temps, cela ne donne pas le droit aux camarades de Catanzaro de porter un jugement sur quiconque, ni d’être les prêtres ou les gardiens de l’orthodoxie. De toute évidence, toutes les critiques ne furent pas erronées, mais même dans ce cas, elles ont été déformées et ont dégénérées dans un esprit de critique préconçue évident.

Si nous utilisions la même méthode, c'est-à-dire la déformation et l’exagération, nous pourrions trouver plusieurs poutres dans les yeux des camarades de Catanzaro, telles celles signalées par Fabio sur la question de la baisse du taux de profit. La question de la plus value absolue est passée, comme d’habitude, d’un extrême à l’autre, l’attribuant d’abord à l’économie allemande dans son ensemble, puis la niant plus tard, pour la voir réapparaître dans un des derniers articles parus dans la version de Battaglia Comunista éditée à Catanzaro (sous la signature de U.P.). Pour ouvrir une parenthèse, ce même camarade évoqua un retour de la plus value absolue en tant que délégué au Congrès de 1997.

4. Une interprétation correcte de la loi de la baisse tendancielle du taux de profit

À cause de la nature de la question, l’AG a décidé de ne pas traiter cette question en profondeur, mais y consacrera un article dans la prochaine édition de Prometeo. (4) Pour le moment et en résumé, nous nous contenterons de dire que l’approche de nos anciens camarades de Catanzaro renie non seulement celle prise par le parti depuis des décennies, mais aussi la méthode utilisée par Marx dans le Capital, dans les Grundrisses, dans la Théories de la plus-value et dans tous les autres textes se référant à la question. Pour l’ancienne section de Catanzaro, la plus-value relative est la plus importante contre tendance à la baisse du taux de profit moyen, alors que pour Marx (et en réalité), elle est le plus important accélérateur. De toute évidence, le ratio de la plus-value relative, l’accumulation et la baisse du taux sont en relation dialectique, mais Marx n’a en aucune manière argumenté la question comme nos ex-camarades le font maintenant.

5. L'impérialisme et les luttes de libération nationale

La thèse de l'accusation

« Nous ne partageons pas la distinction entre l'impérialisme "qui vient du dehors" et l'impérialisme national "qui vient de l'intérieur" ou entre "l'impérialisme attaqué" et l’"impérialisme agresseur". Nous pensons que ces formulations sont erronées et qu’elles contredisent ce qui est dans la plate-forme de notre parti, qui traite à la fois la bourgeoisie des pays périphériques et ceux des centres métropolitains comme une seule classe internationale de capitalistes… Considérant, toutefois, que la pratique du défaitisme révolutionnaire n'a jamais été remise en question, nous croyons qu'il est de notre devoir d'apporter le plus grand soin à la formulation de ces questions délicates pour empêcher que des personnes extérieures à l'organisation puissent en déduire, par exemple, notre soutien à l'Iran. »

La réponse de l'Assemblée générale

Les camarades de Catanzaro ont écrit ce qui précède en 2007 (la version complète se trouve dans le bulletin interne numéro deux).

Tout d'abord, nous ne pouvons pas manquer de remarquer deux choses. La première est que l'assemblée générale annuelle de 2008 s’est tenue quelques mois plus tard. Or, pourquoi ces camarades n'ont-ils pas soulevé la question lors de ce forum? La seconde est qu’une fois de plus dans ce cas, ils commencent par des citations composées uniquement de mots (pas même de phrases entières), isolés de leur contexte afin de parvenir à des conclusions qui n'ont jamais réellement été exprimées.

Dans tous les cas, l'assemblée générale annuelle a réagi de manière appropriée. Les positions classiques du parti ont été réitérées dans ce cas aussi. La bourgeoisie de chaque pays périphérique fait partie de la bourgeoisie internationale et en tant que telle participe à l'exploitation internationale du prolétariat et à la lutte inter impérialiste. L'impérialisme est un stade de développement du capitalisme et toutes les bourgeoisies sont impérialistes. La distinction entre «l'agresseur» et «l’agressé» se réfère simplement aux faits : dans le déroulement de la lutte inter impérialiste, il y a certains épisodes dans lesquels certaines bourgeoisies jouent le rôle de «l'agresseur», comme les États-Unis pour l'invasion de l'Irak, par exemple. Établir cette distinction ne signifie pas accorder son appui à une fraction de la bourgeoisie dans cette guerre (la bourgeoisie irakienne en l’occurrence). Dans tous les cas, les internationalistes appellent à l'autonomie politique du prolétariat, à la lutte de la classe prolétarienne contre toutes les bourgeoisies, à l'internationalisme prolétarien et à la révolution communiste comme seul moyen de lutte contre l'impérialisme, ce qui exclut tout soutien à une fraction bourgeoise.

C'est ce qui a été dit lors de l'AG et en particulier par Fabio en réponse aux accusations de Catanzaro. Contrairement à la crainte des camarades de Catanzaro qu’un soutien à l'Iran pourrait être déduit par des personnes à l’extérieur de notre organisation, Fabio a écrit dans «Les éléments de classe dans la crise irakienne» : «Certes, nous ne développerons pas la formation de l'avant-garde communiste en Irak, ou dans tout autre pays du Moyen Orient, en appelant les masses prolétariennes à lutter juste pour la démocratie contre l'occupation de l'impérialisme américain, ou de soutenir les diverses composantes bourgeoises de l'intégrisme ... Ce n'est pas non plus notre thèse, qui est soutenue par les révolutionnaires locaux habituels, que tout acte concret d'opposition contre l'arrogance de l'envahisseur est en soi un acte de lutte anti-impérialiste. L'histoire de la lutte des classes a amplement démontré que le seul anti-impérialisme possible est anticapitaliste, tout le reste est, et reste dans le cadre capitaliste et bourgeois, conservateur par nature et réactionnaire dans ce cas. »
Qu’est-ce qui pourrait être plus clair que ça ...?

Conclusion

Comme il a été abondamment démontré, il n'y a pas de changement dans les positions de l'organisation. Les raisons qui ont conduit les camarades de Catanzaro à quitter l'organisation peuvent alors se réduire à trois possibilités:

1. Le refus de quelqu’un qui aspirait à jouer un rôle de premier plan dans l'organisation d'accepter les principes du centralisme démocratique, ou plutôt l'émergence d'une personnalité mécontente qui, tout en étant l'un des leaders, n'a pas hésité à briser notre micro organisation et à créer quelque chose de différent, par lequel son besoin d'épanouissement individuel et sa reconnaissance a finalement été satisfait ;

2. ou - que oui - un type de purisme contre toute déviation (un purisme erroné, cependant) et à la recherche psychotique de toute erreur, imperfection, ou imprécision, a mené le parti à la paralysie qui a caractérisée ces dernières années, avec le résultat, pour les scissionnistes de tenter sur des positions purement philosophiques, de «restaurer la doctrine marxiste » purgée même des plus petites «impuretés», mais naturellement en dehors de toute pratique concrète et matérielle;

3. ou, plus probablement, ces deux facteurs se sont infiltrés dans la section de Catanzaro, qui s’est positionnée en super champion et en défenseur du parti, mais a évité tout, même les règles les plus élémentaires du centralisme démocratique, a saboté le travail du parti et, jusqu’à la fin, a refusé de faire valoir les motifs de la rupture avec rien de plus substantiel que quelques lignes tirés de leur contexte.

Enfin, nous pouvons dire qu’il y pour l’essentiel deux leçons à tirer de l’expérience : La première est que nous ne devons jamais délaisser le travail de formation et de préparation des camarades, l’étude et la recherche dans l’adhésion continu à la méthode marxiste et la cohérence de ses positions. La seconde est que nous ne devons jamais tolérer un climat qui nie le centralisme démocratique et le fait que la pleine liberté de discussion puisse se développer dans le parti. Comme plusieurs des questions soulevées par les camarades de Catanzaro auraient pu être résolues par un simple débat au moment opportun, cela aurait facilité la correction d’erreurs possibles et l’identification des voies par lesquelles tous les camarades puissent apprendre de ces erreurs. Si seulement ces questions avaient été traitées à temps… Si seulement il y avait eu une intention de mettre les intérêts du parti au dessus des intérêts personnels.

Le parti est constitué de personnes qui comme telles sont capables d’erreurs. Aussi longtemps qu’un groupe organisé existe, ce que nous souhaitons être pour longtemps, il est concevable que nous devrons traiter de problèmes semblables qui sont d’une part la nécessité d’améliorer la préparation des camarades, et d’autre part, de «contenir» de ceux et celles qui, consciemment ou non, prépare la destruction du seul pôle de regroupement du futur parti révolutionnaire à l’échelle nationale et internationale : le Parti communiste internationaliste et le Bureau international pour le parti révolutionnaire. (5)

Notes additionnelles à l’intention des lecteurs francophones

La mesure d’expulsion a été votée contre six compagnons de la section de Catanzaro et un camarade de la province de Salerne qui avait décidé de ne pas participer à l’AG. Le fait qu’ils aient constitué l’Institut Onorato Damen le 30 avril, donc avant l’AG, a fait que l’expulsion n’était plus qu’une formalité.

Il y avait trois camarades de Catanzaro au comité de rédaction, dont deux siégeaient aussi au comité exécutif, donc tout le matériel (articles et brochures) passait dans leurs mains avant la publication.

Le tract dont il est question dans la Section 2 fut distribué à Naples pour annoncer une réunion publique. Pendant cette réunion, nos positions furent réitérées : le besoin d’un parti de classe ainsi que de groupes internationalistes d’usines et de territoires.

Sur la question de la Ligue étudiante, il s’agissait d’une proposition vieille d’un an, mise en avant par l’un de nos plus jeunes sympathisants. La question d’une Ligue de la jeunesse communiste a par la suite été discutée au comité exécutif et le jeune sympathisant (maintenant membre) a réalisé à quel point c’était un projet illusoire et potentiellement opportuniste.

(1) Lorsqu’on parle de républicains ici, il s’agit des fascistes de la République de Salo ; le dernier bastion de Mussolini dans le Nord de l’Italie (1943-1945).
(2) Deux camarades du Partito Comunista Internazionalista, Mario Acquaviva et Fausto Atti seront assassinés par le parti stalinien de Togliatti en 1945.
(3) Il s’agit de mouvements populaires qui s’opposent à l’élargissement de la base de l’armée américaine à Vicenza (Veneto) «Dal Molin» et au train à grande vitesse (treno ad alta velocità-TAV) à Val di Susa dans les Alpes du Sud.
(4) Prometeo est la revue théorique du Partito Comunista Internazionalista.
(5) Devenu depuis, la Tendance communiste internationaliste lors d’une réunion tenue les 26 et 27 septembre 2009, à Milan.


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