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Discrimination, contrôle et élitisme musical dans le métro - Vive la musique libre!Djôh, Vendredi, Mars 26, 2010 - 12:34 Récemment, le Regroupement des Musiciens et Musiciennes du Métro a décidé d'imposer des auditions et l'obtention d'un permis pour pouvoir jouer dans le métro. En rupture avec la longue tradition de "liberté" musicale, cette mesure prendra effet - ironiquement - à compter du 1er mai. Voici une lettre que je leur ai fait parvenir afin de dénoncer ces mesures discriminatoires et élitistes et de comprendre de quel droit ils et elles croient pouvoir s'ériger en autorité et imposer des mesures de contrôle méprisantes et onéreuses sur des gens qui parfois crèvent la dalle et jouent autant par passion que pour survivre. S'il y a parmi vous d'autres musiciennes et musiciens amateurs qui croient, comme moi, que la musique dans le métro devrait rester libre, vous pouvez m'écrire et/ou envoyer vos doléances au Regroupement à : musi...@hotmail.com La lettre : Bonjour, J'aimerais bien comprendre ce qui vous motive à imposer des auditions et l'obtention d'un permis, à la hauteur de 80 $ pour les deux opérations, pour pouvoir désormais jouer dans le métro. Un de vos porte-paroles avait déclaré au journal Métro que vous vouliez améliorer la "qualité" de la musique dans le métro tout en évitant la discrimination. Eh bien, si imposer des critères de sélection et des frais onéreux aux musiciens et musiciennes du métro n'est pas de la discrimination, je me demande bien ce que c'est. De quel droit vous érigez-vous en autorité ? Qui seront les juges de ces auditions ? Quelle est la nature de vos liens avec la STM qui vous permettent de prétendre avoir le monopole et la juridiction sur les emplacements de musique du métro de Montréal ? Ce ne sont pas des questions pour la forme, j'aimerais vraiment avoir des réponses. Pour ma part, je joue depuis peu au métro Joliette. Oh, ce n'est pas du "grand art", contrairement à la virtuosité incontestable de certains musiciens professionnels dans vos rangs : je gratte ma guitare et je chante des "covers" de pop-rock (Beatles, Radiohead, Renaud, Violent Femmes, David Bowie, Rolling Stones, etc.). Cependant, je le fais avec coeur et émotion et les gens de passage me témoignent souvent leur appréciation. C'est plus sympa que pratiquer tout seul dans mon coin, ça me motive à apprendre sans cesse de nouvelles chansons, ça met de la vie dans le métro - endroit gris et déprimant par excellence - et en plus ça m'aide à me ramasser un peu d'argent de poche, ce dont j'ai bien besoin puisque je suis présentement aux études et sans-emploi. Je ne comprend pas votre décision de réglementer l'expression musicale dans le métro. Elle est présentement libre et c'est peut-être le dernier espace de liberté qui reste dans ce lieu soi-disant "public", bondé de gens tenant souvent plus de l'automate que de l'humain et d'agents agressifs et méprisants qui vous collent un ticket à la moindre occasion. J'ai pu expérimenter la camaraderie entre musiciens, le respect de cette simple règle informelle qui consiste à céder sa place à la personne qui s'est inscrite sur la liste bien dissimulée. Cet univers underground et libre me semblait vivant, passionnant, mais votre exigence de "qualité" me semble entrer en contradiction totale avec lui. J'appuie votre effort de représentation de nos intérêts de musiciens et musiciennes auprès des bureaucrates de la STM et votre engagement à récupérer les espaces de musique qu'ils nous ont "volé" au cours des années. Cependant, je ne peux me solidariser avec votre initiative de contrôle : par l'imposition d'auditions et de permis, vous faites preuve d'élitisme et de corporatisme, vous vous désolidarisez des gens qui n'en ont pas les moyens, pour qui jouer dans le métro n'est pas une question de "business", mais de passion, de survie ou de dignité (ou les trois à la fois). Je pense entre autre à un de mes camarades musiciens du métro Joliette qui vit maintenant à la rue. À moitié aveugle, il peine à s'orienter : il est déjà tombé de la rame du métro, on lui a volé son violon à l'hôpital et quand il ne joue pas dans le métro, il joue sur la rue. Pensez-vous qu'il soit en mesure de se déplacer pour une audition, de payer 20 $ en espérant obtenir son permis pour lequel il devra débourser 60 $ de plus, alors qu'il n'a même pas de toît au-dessus de sa tête, qu'il joue pour survivre ? Pourtant c'est un musicien merveilleux, un violoniste talentueux qui joue avec passion. Pas besoin d'audition pour le reconnaître. Par cette lettre, je ne cherche pas seulement à dénoncer, je cherche surtout à comprendre vos motivations et vous faire comprendre les miennes. J'ai l'impression que vous jouez le jeu des bureaucrates de la STM - qui pensent en termes de revenus, dépenses, utilisateurs-payeurs - que vous enclenchez un cercle vicieux de discrimination et de répression. En effet, qu'arrivera-t-il à ceux et celles qui jouent sans permis ? Encore des tickets et de l'humiliation en perspective. Je n'ai pas l'impression que vous voulez vous rendre responsables d'une telle situation. Et qu'est-ce que ça peut bien faire si certaines personnes jouent tout croche ? J'aime mieux entendre fausser que ne rien entendre du tout. La "qualité" vient de la diversité, non de l'épuration, du contrôle. Pour ma part c'est clair : je n'ai pas l'intention de me présenter à vos auditions et je songe à encourager les autres musiciennes et musiciens amateurs à la dissidence. Si votre initiative fait suite à des pressions que la STM exerce sur vous, je vous invite aussi à la résistance et je serais heureux de me battre à vos côtés pour que la musique reste libre et obtenir plus d'emplacements pour jouer dans le métro. Avec espoir d'avoir une réponse sous peu et de pouvoir engager un dialogue avec vous. - Un musicien parmi tant d'autres [ EDIT (Mic à titre de validation au CMAQ)
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