|
Phoques, la Sénatrice et le terrorisme végétarienAnonyme, Vendredi, Mars 12, 2010 - 10:45
Marjolaine Jolicoeur
Pour sauver la chasse commerciale des phoques, le gouvernement et les valets de l'industrie de la fourrure sont prêts à tout. Même à verser dans le mépris de la liberté d'expression, la propagande et la désinformation. Depuis plusieurs années la Sénatrice Céline Hervieux-Payette fait une agressive campagne de promotion pour la chasse aux phoques et l’industrie de la fourrure. Rien ne l’arrête : victimisation des gentils chasseurs de phoques face aux violent(es) végétarien(nes), divagations sur le « prélèvement éthique » des phoques et le bien-être animal, diffamation envers les « mangeurs de carottes, extrémistes et terroristes.» Cette tactique de la Sénatrice d’insinuer que les végétarie(nes) veulent l’instauration d’une « société totalitaire et végétarienne » parce qu’ils s’opposent aux massacres des phoques, ne sert qu’à détourner l’opinion publique des véritables enjeux de cette chasse. La plus grande tuerie commerciale de mammifères marins au monde est avant tout un maillon de l’industrie de la fourrure. Une industrie du luxe qui n’a toujours eu que du mépris pour les animaux, les autochtones et l’environnement. Un vent de panique souffle sur l’industrie du phoque. Pour sauver sa propre peau, elle est prête à tout. Même à accuser les végétarien(nes) de vouloir renverser le gouvernement à coups de tarte au tofu et de bâtonnets de carottes. Selon la Sénatrice ses hostilités verbales envers les végétarien(nes découlent de l’entartage de la ministre fédérale des Pêches et des Océans Gail Shea, en janvier 2010, par une militante du groupe PETA. Après l’incident qualifié « d’acte de terrorisme », la Sénatrice a déclaré que « les lobbies végétariens » regroupaient « des extrémistes qui ne respectent pas nos institutions démocratiques. » On peut s’interroger sur la démocratie canadienne quand on sait combien a gagné, en 2009, cette Sénatrice élue non par le peuple mais nommée au Sénat par l’ex-premier ministre Jean Chrétien après trois échecs pour se faire élire en tant que députée. Son salaire est 130 400 $ plus une indemnité en tant que leader de l’opposition de 20 906 $ Pour ses frais de déplacements elle reçoit 54 802 $ et pour son personnel de recherche, ses employés et ses autres dépenses 150 518 $ (1) Est-ce que tout cet argent ne sert qu’à payer son lobbying pro-chasse aux phoques et ses apparitions publiques pour nourrir son ego médiatique? La sénatrice tape du pied et veut absolument des excuses de la part des opposants à la chasse aux phoques pour la tarte au tofu de PETA. Pourtant, silence complet sur cette militante de PETA qui, quelques jours plus tard, s’est à son tour fait entarter à Terre-Neuve par un militant pro-chasse. Une militante contre la chasse aux phoques qui reçoit une tarte au visage c’est comique, quand c’est une ministre pro-fourrure cela relève du « terrorisme végétarien ». Est-ce que la sénatrice a demandé à l’entarteur de la militante de PETA de s’excuser? LOBBYING IDÉOLOGIQUE DE LA SÉNATRICE Malgré les prétentions de la Sénatrice, ses propos envers les « terroristes végétarien(nes » datent de bien plus loin que ce récent entartage, ils ne sont pas le fruit du hasard et ce n’est pas de l’humour non plus. Tout son discours autour des défenseurs des animaux et des végétarien(nes est orchestré et calculé. Depuis de nombreuses années, à chaque fois qu’elle radote sur les bienfaits de la chasse aux phoques la Sénatrice ne rate jamais une occasion d’égratigner au passage les végétarien(nes ou les groupes de défense animale. Les accuser de violence ou de terrorisme est une manœuvre de diversion. En frappant sur la mauvaise cible, on oublie le massacre des phoques pour leur fourrure. En octobre 2007, dans une longue missive adressée au président Sarkozy, la Sénatrice s’en prend à ceux qui « discréditent l’image du Canada, les animalistes c’est-à-dire des fondamentalistes de la cause animale …qui manipulent les émotions dans un but lucratif … je crois que l’objectif de ces groupes dits de défense des animaux n’est pas la protection animale mais la volonté d’imposer à terme leur vision morale de la société qui passe inéluctablement par le végétarisme. Tous les sites Internet de ces organisations font la promotion du végétarisme à commencer par celui de madame Bardot où l’on peut trouver une rubrique sur la cuisine végétarienne.»(2) Donner des recettes végétariennes au public, tout un acte subversif. Mettant dans le même sac idéologique un membre de la faculté de théologie de l’université d’Oxford le révérend Andrew Linsey, la fondatrice de PETA Ingrid Newkirk et les membres de l’Animal Liberation Front, pour la Sénatrice notre civilisation est en grave danger face à ces extrémistes qui veulent imposer à la fois une éthique de la compassion, les droits des animaux et le tofu. «Vous constaterez que la chasse aux phoques ne revient pas seulement à défendre une chasse…mais c’est aussi défendre l’esprit contre la manipulation et la désinformation. C’est aussi défendre l’esprit de la démocratie et la liberté contre l’imposition d’un ordre moral.». Mais quel est donc cet ordre moral que défend la Sénatrice? Celui d’un monde cruel envers les humains, les animaux et la planète, une idéologie basée sur la violence mercantile des industries avides de profits? Les calomnies de la Sénatrice envers les opposants à la chasse aux phoques, son racolage pseudo-scientifique et son pathétique recours à des arguments dignes d’un gala Juste pour rire n’ont eu, heureusement, aucun effet sur le président Sarkosy et les européens. L’interdiction de tous les produits dérivés du phoque dans l’Union Européenne (UE) est effective dès cette année. Même Carla Bruni, l’épouse du président, est contre la fourrure et affirmait en 2009 : « Je ne porte, ni achète, ni possède de fourrure. Tous les créateurs qui me prêtent gentiment des vêtements pour des apparitions publiques peuvent vous dire que je n’accepte pas de pièces de fourrure, même si elles ne représentent qu’une petite partie de la tenue. » La fourrure de phoque est aussi interdite aux États-Unis et par voie de communiqué la femme du président, Michelle Obama, a confirmé qu’elle ne porte jamais aucune fourrure tout comme l’animatrice de télé Oprah Winfrey. DÉSINFORMATION ET PROPAGANDE PRO-FOURRURE Les opposants contre cette chasse industrielle d’une rare violence – écologistes, biologistes, vétérinaires, politiciens, éthiciens, philosophes, protecteurs des animaux, sportifs, artistes, écrivains, théologiens, etc. - proviennent de divers milieux de notre société. Des centaines de milliers de personnes à travers le monde ont signé des pétitions contre la chasse aux phoques dont le Dalai-lama, l’écrivain Mathieu Ricard, l’actrice Isabelle Adjani, Garou, Isabelle Boulay, la championne olympienne Hannah Terre et l’ex-joueur de hockey George Laraque. Le sénateur libéral MacHarb, en tant qu’observateur, a assisté plusieurs fois à la chasse aux phoques et se déclare lui aussi contre. Tout comme le Parti Vert: « Nous sommes contre l’abattage annuel parce que cette chasse demeure intrinsèquement une chasse cruelle, non durable et dommageable pour le Canada sur le plan économique. Au congrès politique bisannuel du Parti tenu en Nouvelle-Ecosse au début du mois de mars, les membres ont donné leur appui à une politique de rachat des permis de chasse au phoque commerciale par le gouvernement et de développement de l’écotourisme dans les collectivités côtières.» (mars 2009) Des organisations de défense animale aussi diverses que l’International Fund for animal Welfare (IFAW), la Société Protectrice des Animaux (SPA), la Fondation 30 millions d’Amis et la Fondation Franz Weber (FFW) militent activement contre la chasse aux phoques depuis des décennies. Dès la fin des années 1970, la Fondation Franz Weber s’est déplacée avec des observateurs sur la banquise pour documenter cette chasse. Avec cette Fondation, il n’a jamais été question de végétarisme. Seulement d’une brutale sauvagerie infligée à des phoques juvéniles, des « chiots » comme disent les chasseurs, dont 98 % sont âgés entre 15 jours et 3 mois. La législation canadienne protège les phoques jusqu’au 12e jour de leur vie et permet leur abattage peu de temps après, comme si par magie en quelques jours, des bébés devenaient des adultes. Ces phoques pouvant vivre jusqu’à 30 ans sont abattus à peine sevrés de leur mère à coups d’hakapiks – un long marteau terminé par une pointe de métal – ou par balles de carabine, dépecés parfois vivants par des chasseurs excités et nerveux. Des chasseurs qui tout comme le gouvernement n’aiment pas les observateurs ni les défenseurs des animaux. VIOLENCE DES CHASSEURS En avril 2006, afin de documenter et de filmer la chasse aux phoques, une quinzaine d’observateurs et la Fondation Franz Weber accompagnent Carl Schlyte, membre de la commission chargée des questions d’environnement au Parlement européen ainsi qu’un groupe de journalistes internationaux. Alors qu’ils tentaient de quitter leur hôtel de Blanc Sablon pour rejoindre leur hélicoptère, le groupe d’observateurs a été assiégé par une soixante de chasseurs qui n’hésitèrent pas à leur proférer des menaces de mort. Les observateurs purent finalement sortir mais le véhicule de la fondation Franz Weber fut heurté en pleine course par le camion d’un chasseur, provoquant une collision et une sortie de route. Vera Weber a ressenti cette situation comme menaçante pour sa vie : «Des foules déchaînées ont fait usage de moyens violents pour nous empêcher de partir vers les lieux des massacres. La police locale n’a rien fait pour nous protéger ou nous aider. Il est navrant d’être témoin de première main de la connivence entre le gouvernement canadien et cette industrie corrompue. J’ai honte pour le Canada.» Dès son retour en Europe le député Carl Schlyte a œuvré, avec d’autres parlementaires européens, en faveur d’un boycott des produits dérivés du phoque. Il a témoigné devant le parlement européen : « Je suis allé suivre au printemps dernier avec un groupe de journalistes européens la chasse aux phoques. Nous sommes parvenus à assister à cette chasse cruelle de bébés phoques abandonnés à leur souffrance sur la glace. Les changements climatiques et le recul de la calotte glacière menacent leur survie, car leur bien-être nécessite la présence de glace…Ma présente demande représente une extension de l’interdiction et elle permettra enfin à l’éco-tourisme de remplacer les carnages. » Est-ce que la Sénatrice a demandé aux chasseurs de phoques de s’excuser auprès de Verra Weber, des journalistes internationaux et de Carl Schylte pour leur violence et leurs menaces de mort qui discréditent l’image du Canada? PHOQUE, LES SUBVENTIONS Lors de sondages d’opinion – en 2008 – la majorité des canadiens (6 sur 10) s’opposent à la chasse commerciale aux phoques. Plus du deux tiers d’entre eux (65%) ne veulent pas qu’on utilise l’argent de leurs impôts pour soutenir cette chasse. Ils considèrent aussi que la chasse commerciale aux phoques pour leur fourrure est une industrie dépassée qui devrait être graduellement éliminée. Finalement, près des trois quarts (72 %) souhaitent que le gouvernement canadien mette fin à la chasse commerciale. (3) Allant à l’encontre de la volonté du peuple canadien, à tous les niveaux et depuis des années cette chasse reçoit subventions, aides gouvernementales et divers services de soutien. En février 2010 le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation a annoncé une aide financière de 192 520$ au Groupe canadien de mise en marché du phoque, formé de l’entreprise québécoise Les produits du loup-marin Ta Ma Su Inc. et des entreprises terre-neuviennes Nu Tan Furs Inc. et GC Rieber Carino Ltd. L’entreprise Ta Ma Su Inc. ne survit que grâce aux subventions gouvernementales. Par le passé elle a aussi profité d’une aide de 80 000 $ pour la recherche sur les valves de phoques, malgré sa condamnation devant les tribunaux pour des délits d’insalubrité. En février 2006 Ta Ma Su Inc. a payé une amende de 17 700 $ pour des infractions à la Loi sur la qualité de l’environnement. Son traitement des peaux et de son huile de phoque a entraîné une pollution de l’eau, facteur commun à beaucoup d’industries liées à l’industrie de la fourrure et du cuir. L’Association des chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine pour sa part bénéficie lui aussi du ministère de l’Agriculture d’une aide financière de 71 700 $ pour diverses activités de promotion de la chasse aux phoques. L’Association mettra en œuvre une campagne publicitaire dans différents médias et sur Internet pour recueillir appuis et dons ainsi que pour diffuser Phoque, le film de Raoul Jomphe. En 2006 et 2007, afin de contrer le boycott européen, le gouvernement a dépensé une fortune et englouti des millions pour envoyer dans les capitales de l’UE délégations gouvernementales, lobbies de l’industrie de la fourrure, fonctionnaires, Inuits et chasseurs. Puis en 2009, le gouvernement a contesté le boycott européen auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette plainte auprès de l’OMC pourrait prendre trois ans pour se finaliser et coûter plus de 10 millions de dollars, selon l’avocat MacCarthy Thétrault (Globe and Mail, juillet 2008). A tout ce gaspillage des fonds publics s’ajoute l’intervention des brise-glaces, des avions patrouilleurs, des hélicoptères et des services de surveillance pendant la chasse aux phoques, destinés plus à décourager les observateurs et les opposants à la chasse qu’à contrôler les agissements des chasseurs. PHOQUE, LE FILM Le récent budget fédéral annonce une ère d’austérité pour le pays mais cela n’a pas empêché le gouvernement de donner à une firme spécialisée, au début de 2010, entre 50 000 $ et 100 000 $ pour surveiller les propos des opposants à la chasse aux phoques sur Internet, dans les sites de réseautage comme Facebook ou Twitter.(4) La chasse aux phoques coûte cher, rapporte peu et ne touche que 6 000 chasseurs. Pour défendre cette chasse condamnée d’avance et par entêtement idéologique, la Sénatrice aime bien saigner à blanc les défenseurs des animaux qui « manipulent l’information, l’image et l’émotion des citoyens et des parlementaires de tous les pays », se servant des phoques pour demander des dons, selon elle. Même campagne de salissage dans Phoque, le film de Raoul Jomphe, un navet financé et diffusé par un réseau de télévision appartenant au gouvernement canadien. Pour se donner de la crédibilité, Jomphe se prétend végétarien, mais n’a pas hésité à mettre en scène l’égorgement en direct d’un cochon. Son film n’est rien d’autre qu’un outil de propagande qui manipule les faits dans un manque total d’objectivité. Pour Jomphe les groupes de défense animale seraient menteuses en plus d’être multimillionnaires, ramassant des fortunes sur le dos des phoques. Jean Lapointe augmente la dose de diffamation dans sa chanson La Chasse aux phoques, écrite à la demande de sa collège la Sénatrice. Les opposants à la chasse aux phoques, tous des pantins à la merci d’organisations qui gardent leurs revenus « cachés dans des banques…à l’étranger comme de raison…seuls les intérêts qui chantent…font danser tous ces cornichons ». Au Québec les groupes de défense animale sont loin, très loin d’être des « cornichons millionnaires ». (Un exemple pour empêcher leurs actions et leurs campagnes de financement : ces groupes – et aussi ceux militant pour l’environnement ou pour le contrôle des armes à feu – ne peuvent être reconnus comme organismes de bienfaisance, les empêchant d’émettre des reçus pour fins d’impôts. Au contraire, tous les regroupements pro-fourrure ou associations de chasseurs détiennent eux un tel statut de bienfaisance, un avantage certain pour récolter les dons.) (5) Les opposants à la chasse aux phoques ne sont les pantins de personne. Les vidéos sur le comportement des chasseurs de phoques parlent d’elles-mêmes.(6) De l’argent caché dans des banques? La HSUS tant décriée par la Sénatrice, Raoul Jomphe et Jean Lapointe met ses états-financiers en ligne sur Internet. La Charity Navigator, un groupe indépendant et formé d’experts qui analysent les chiffres financiers des organismes de bienfaisance aux États-Unis donnait, en 2007, 4 étoiles (sur un total de 4) à la HSUS pour son administration financière.(7) Contrairement à la HSUS ou à PETA, le Conseil canadien de la fourrure et l’Institut de la fourrure du Canada - deux organismes à but non-lucratif qui font du lobbying pro-fourrure – ne mettent pas en ligne sur Internet leurs états financiers, le salaire des dirigeants ou leurs subventions gouvernementales. L’Institut de la fourrure du Canada finance et opère le Réseau des phoques et de la chasse aux phoques, mais pour quels montants? Chaque année depuis plus de quinze ans, l’Institut reçoit 200 000 $ du ministère fédéral de l’Environnement afin de soi-disant améliorer la mise à mort des animaux par le piégeage. Quand on sait que 80% des fourrures au Canada proviennent de fermes d’élevage (et de Chine) et que les animaux souffrent toujours autant dans des pièges bien souvent interdits dans d’autres pays, l’argent du gouvernement ne semble servir, là encore, qu’à graisser la patte de l’industrie de la fourrure. UN LOBBY D’EXTRÈME DROITE Les chiffres et les faits reproduits par Raoul Jomphe, Jean Lapointe, la Sénatrice et son valet politique Maximilien Dupontailler pour dénoncer les groupes de défense animale proviennent du Center for Consumer Freedom (CCF).(8) Qui tire les ficelles de ce Centre pour la liberté du consommateur ? Richard Berman, un lobbyiste américain devenu multimillionnaire grâce à ses activités rémunérées par les industries du tabac, de l’alcool, du jeu ou de la viande. Berman est à la tête de plus d’une vingtaine de groupes de lobbying - le plus souvent désignés comme des organismes à but non lucratif – dans lesquels il n’a aucun scrupule à utiliser des procédés frauduleux ou à falsifier les données et les chiffres. Sa tactique préférée : noircir la réputation d’honnêtes militants ou d’organisations pour mieux cacher les agissements des multinationales qui le payent. « Notre stratégie offensive est de tirer sur le messager… nous devons attaquer la crédibilité des militants », a-t-il déjà déclaré. Berman ne travaille pas pour la « liberté du consommateur », mais pour que les industries soient libres de détruire les humains, les animaux et l’environnement sans l’opposition de personne. Depuis 1996, Berman a obtenu de la multinationale de tabac Philip Morris près de 3 millions $. En 2001 Mosanto lui a donné 200 000 $ afin qu’il mette en place des campagnes pour faire croire que les produits biologiques sont dangereux. Ce lobbyiste, surnommé Dr. Evil, empoche plus de 40 % des dons obtenus de ses patrons industriels – soit près de 1,62 million par année – pour orchestrer des campagnes de désinformation et de diffamation. Certains autres de ses revenus ou les noms de ses commanditaires ne sont pas publics et demeurent secrets. Berman est aussi financé par des multinationales de la viande comme Smithfield Foods et Tyson Foods. Smithfield Foods, est le plus grand producteur de cochons au monde, avec des ventes annuelles de 11,4 milliards $. La compagnie tue plus de 30 millions de cochons chaque année, avec tout ce que cela comporte de pollution des sols, de l’air, d’excréments, de gaspillage de céréales, d’eau potable et de souffrance animale. (Même s’il est juif, Berman n’hésite pas à travailler pour des multinationales faisant leur argent – et le sien – avec le porc, viande interdite dans le judaïsme.) Tyson Foods – le fournisseur de Kentucky Fried Chicken et de MacDonalds– opère le plus vaste réseau d’abattoirs de poulets et de bœuf aux États-Unis. Mondialement, le groupe a des entreprises et des fermes d’élevage intensif dans 90 pays, avec des profits se chiffrant dans les milliards de dollars. Le fondateur de Tyson Food, Donald John Tyson, s’est retiré en 2001 avec un magot de 1 milliard $, ce qui fait de lui un des hommes les plus riches des États-Unis. Son successeur, son fils John Tyson, recevait en 2003 plus de 20.9 millions $ tout en refusant les demandes d’augmentations salariales de ses employé(es), très souvent de pauvres immigrants. Tyson Foods a payé Berman pour qu’il fasse un lobbying politique afin que les employé(es) ne puissent pas avoir le droit de s’associer à des syndicats ou contre la hausse du salaire minimum. A plusieurs reprises, certaines pratiques cruelles de Tyson Foods furent dénoncées par PETA. A l’aide de caméras cachées PETA a infiltré des abattoirs et des fermes d’élevage intensif de la multinationale, les faisant condamner pour maltraitance animale. Il y a quelques mois, la HSUS s’est introduite clandestinement dans un abattoir de l’industrie laitière. Dans un vidéo, on pouvait y voir des veaux âgés d’à peine quelques jours dépecés vivants ou agonisant empilés les uns par-dessus les autres. Grâce à la HSUS, l’abattoir a fermé et a été condamné. David Martosko, un des associés de Berman et travaillant à la CCF, n’a pas eu l’air de s'émouvoir sur toute cette cruauté envers les animaux. Il a simplement dit qu’il fallait à tout prix que PETA et la HSUS cessent d’infiltrer les fermes et les abattoirs, que le mouvement pour les droits des animaux soit détruit. Avec l'argent des multinationales de la viande, Berman a ouvert un site web haineux, un de plus, pour s’attaquer à la crédibilité de PETA et de la HSUS. Berman et le CCF encouragent un climat d’agression verbale à l’égard des défenseurs des animaux ou des « extrémistes de l’environnement ». Écologistes ou militants pour les droits des animaux ne sont pas leurs seules cibles. Quiconque s’oppose aux méfaits d’une industrie agroalimentaire, encourage des réformes visant les pauvres, l’environnement ou la santé publique peut s’attirer les calomnies de ce lobbyiste d’extrême-droite. C’est d’un tel personnage aux procédés anti-démocratiques comme Berman et du Center for Consumer Freedom que proviennent les faits et les chiffres financiers sur les organisations de défense animale donnés par la Sénatrice. Des informations se voulant véridiques et transmises au président Sarkosy ou aux médias. Les accusations absurdes et les propos venimeux de la Sénatrice envers les « lobbies végétariens » ou les « végétariens extrémistes » ressemblent à s’y méprendre aux stratégies de Berman, une source d’inspiration pour plusieurs de ses interventions publiques. La Sénatrice met en pratique cette tactique à la Berman dans son lobbying pro-chasse aux phoques : détourner l’opinion publique des horreurs de l’industrie de la fourrure en salissant la réputation des activistes ou des groupes de défense animale au moyen d’insultes et de faits inventés. DU SANG DANS LA BOUCHE ET SUR LES MAINS Pour inciter le bon peuple canadien à fermer les yeux sur les magouilles politiques autour de la chasse aux phoques, la gouverneure-générale Michaëlle Jean, la bouche pleine de sang, a grignoté du cœur de phoque cru avec des Inuits. La Sénatrice, pour sa part, invite les politiciens à manger à la cafétéria du Parlement canadien du filet de phoque enrobé de porc , accompagné d’une macédoine de « carottes ». Elle s’est aussi pavanée lors d’une chasse aux phoques avec des Inuits avec force photographies, dont une la montrant vêtue d’une peau d’ours. Sanglante désinformation : la chasse des Inuits n’est nullement visée par les défenseurs des animaux. Les Inuits tuent moins de 2 000 phoques annelés adultes par année, les chasseurs Blancs plus de 300 000 phoques du Groenland juvéniles. Certains Inuits s’opposent même à cette chasse commerciale du phoque comme Arnaituk M. Tarkirk qui a écrit dans une lettre au journal Ottawa Citizen : « Nous avons tous suivi le vote de l’Union européenne interdisant l’importation de produits dérivés de la chasse aux phoques. Je suis un Inuk et je tiens à dire ce que je pense à ce sujet. Le membre du Parlement Peter Ittinuar a dit que ce vote mettra beaucoup d’Inuits au chômage. C’est stupide. La plus grande partie de l’argent de la chasse va à la Norvège et n’a rien à voir avec les Inuits. Nous sommes d'habiles chasseurs qui chassons les animaux adultes pour nous nourrir, ce n’est pas la même chose que frapper à la tête un bébé qui ne peut se déplacer. En fait, si les chasses étaient arrêtées, nous en bénéficieront le plus. Il y aurait plus de phoques pour nous à manger, quand ils sont âgés de quelques années et les gens n’auraient pas d’aversion pour les produits dérivés du phoque, comme ils en ont forcément après avoir vu la façon dont ils tuent les petits ; l’artisanat réalisé avec des peaux d’adultes serait plus populaire. Je suis un Inuk et je suis opposé à la chasse au phoque. » Les Inuits consomment peu de viande de phoque puisque seulement de 15 à 20% du poids de l’animal est comestible. Cette viande est aussi extrêmement contaminée aux BPC, DDT, pesticides, mercure, cadmium et renferme de grandes quantités de parasites. Il est fortement recommandé de ne jamais manger du foie de phoque adulte et sa viande pas plus qu’une fois par semaine. Certains diront que seuls les phoques adultes sont concernés, mais les phoques femelles contaminent dangereusement leurs bébés via l’allaitement. La viande d’un phoque juvénile est tout aussi contaminée sinon plus que celle de sa mère. C’est cette viande, véritable déchet toxique et aussi cette huile de phoque sous forme de supplément d’Omega 3 qu’on veut à tout prix nous faire ingurgiter. Belle arnaque : on subventionne une viande ou une huile amenant cancers, problèmes immunitaires et cardiaques histoire de pouvoir ensuite nous vendre des valves de phoque. Pas besoin de justifier le carnage des phoques par des appels à la science ou à la survie humaine. D’autres méthodes plus éthiques existent et qui tendent vers une disparition des organes d’animaux tels les organes mécaniques. On peut aussi remplacer les suppléments d’Omega 3 d’huile de phoque par des sources végétales non toxiques et meilleures pour la santé. MENSONGES ET HYPOCRISIE Les pro-chasse aux phoques se gargarisent de mots vides de sens comme conservation des espèces vivantes, approche écosystémique, chasse réglementée et sans cruauté, respect pour le bien-être animal. Sous ce vocabulaire pour endormir les consciences, les pro-chasse pensent pourtant de bien vilaines choses : « J’aimerais voir les six millions de phoques, ou quel que ce soit leur nombre, tués et vendus, ou détruits et brûlés. Peu m’importe ce qui leur arrive, plus ils en tuent, plus je me réjouis », déclarait en 1998 John Efford, ministre des Pêcheries et de l’Aquaculture de Terre-Neuve. On peut même recommencer la chasse au blanchon et tuer des bébés-phoques, pas de problème pour Raoul Jomphe qui critique l’éthique des défenseurs des animaux mais ne semble n’en avoir aucune : « Je serais d’accord pour que l’on autorise la chasse au blanchon. Le blanchon se tient sur les berges au début de la période de chasse. Après, il part au large et la seule façon de le chasser, c’est en bateau. Pour les petits chasseurs qui n’ont pas de bateau, ce serait une ressource facilement exploitable.»(9) ÉTHIQUE ET FRIC A bout de souffle après le boycott européen, l’industrie des produits dérivés du phoque se tourne maintenant vers la Chine. Il sera de plus en plus difficile de nous faire croire qu’il est écologique d’exporter aussi loin des produits dérivés du phoque, avec toutes les dépenses en pétrole pour les acheminer. Difficile aussi d’évoquer l’éthique pour la Chine, un pays totalitaire, anti-démocratique et adepte de la censure qui n’a aucune législation sur le bien-être des animaux. Et où des millions de chiens et de chats périssent dans des conditions de cruauté et de douleurs atroces pour leur fourrure.(10) Assommés, pendus, brûlés, battus, écorchés, bouillis encore vivants, les chiens et les chats de Chine alimentent eux aussi l’industrie de la fourrure. Leurs peaux se vendent au Canada alors qu’elles demeurent interdites dans de nombreux pays. Manteaux, chapeaux, bibelots en fourrure de chiens et de chats entrent sans problème au Canada sous l’étiquette de fourrure de loup ou de lapin. Selon Industrie Canada, l’industrie canadienne de la fourrure et de la vente de vêtement au détail a importé de Chine en 2004 près de 5 millions de dollars de peaux et 28 millions de dollars de vêtements garnis de fourrure. Il pourrait s’agir de fourrures de chiens et de chats, personne ne peut et ne veut vraiment le savoir. Le gouvernement canadien n’a jamais eu l’intention de légiférer sur la fourrure de chiens et de chats ou sur l’étiquetage des produits en fourrure, de peur de voir son commerce du phoque remis en question pour sa cruauté. DÉCLARATION UNIVERSELLE SUR LE MASSACRE DU PHOQUE La Sénatrice est l’instigatrice d’une « Déclaration universelle sur le prélèvement éthique du phoque », poussant l’odieux jusqu’à mettre en préambule « Nous avons à cœur .». Assez hypocrite comme démarche et pas très honnête non plus comme titre. Il ne s’agit pas de « prélèvement » ou de « récolte», mais bien d’abattage; les phoques ne sont pas des carottes mais des êtres vivants et sensibles. La Sénatrice dénonce les défenseurs des animaux pour leur recours aux émotions. Pourtant, elle-même et sa Déclaration font vibrer la corde de l’émotionnel en associant la chasse aux phoques et le cœur. Sous un verbiage pompeux et insignifiant, cette Déclaration tente désespérément de nous faire croire que c’est un geste d’amour que de fracasser la tête d’un phoque à coups d’hakapiks ou de l’achever à la carabine pour s’approprier sa peau et la vendre à une industrie du luxe. Selon la Sénatrice, « les chasseurs ont toujours eu a cœur le bien-être animal ». Oui, il faut beaucoup de cœur, comme Raoul Jomphe, pour vouloir que la chasse aux bébés-phoques reprenne. Sur le site web de la Sénatrice, www.phoque.org - financé avec l’argent des contribuables? – sa pétition en faveur de sa Déclaration n’est pas très populaire. En ligne depuis un an, elle ne comporte que 2 100 signatures. En comparaison, le sénateur MacHab a présenté au gouvernement, en 2008, plus de 200 000 pétitions dont les signataires demandaient la fin de la chasse commerciale aux phoques. Elles s’ajoutaient à des milliers de courriels, d’appels téléphoniques et de lettres que le sénateur MacHarb a reçus à l’appui de son projet de loi pour interdire cette chasse. Gail Shea, la ministre entartée, a récemment critiqué les prises de position du sénateur MacHarb, pendant la période de questions au Parlement : « C’est malencontreux que le chef libéral permette à un sénateur de son parti de critiquer la chasse au phoque ». La Sénatrice peut dire n’importe quoi sur n’importe quelle tribune médiatique, personne pour relever ses énormités et ses propos indignes d’une représentante du gouvernement. Le sénateur MacHarb, une conscience individuelle ayant le courage de ses opinions devant une majorité oppressante, devrait au contraire recevoir des félicitations de Michael Ignatieff, ce chef libéral qui se targe d’être un grand démocrate. Cette Déclaration universelle sur le massacre des phoques n’est que de la poudre aux yeux, du vent sur du papier. La Sénatrice, les gouvernements, les lobbies de l’industrie de la fourrure et les chasseurs peuvent bien signer n’importe quoi. En réalité, sur le terrain, il est impossible de contrôler cette chasse qui n’a comme seul objectif que de tuer un maximum de phoques en un minimum de temps, pour faire encore plus d’argent. « Le gouvernement du Canada insiste pour dire que la chasse au phoque est une industrie de production animale comme toutes les autres. Il dit que ce n’est pas beau, mais qu’au fond c’est la même chose que dans un abattoir, sauf que cela se passe sur la glace. Pourtant, nous avons découvert des niveaux évidents de souffrances qu’aucune autre industrie animale dans le monde ne tolérerait.» – Ian Robinson, vétérinaire britannique et observateur pour l’IFAW La Déclaration ne met pas de l’avant une éthique pour protéger les animaux mais cautionne plutôt les industries qui les exploitent. L’humain n’est qu’un rapace, à la merci de ses instincts, une bête sauvage qui court après sa proie comme la Sénatrice après les végétarien(nes): « Un écosystème équilibré est le résultat d’une interaction constance entre prédateurs et proies tout au long de la chaîne alimentaire et les humains font partie de l’écosystème et, par conséquent ne peuvent être séparés de la nature », peut-on lire dans la Déclaration. A voir la dégradation de la nature, la pollution, les industries de la pêche qui vident les océans, la violence et la dictature des industries agroalimentaires, on peut douter que l’humain soit une source d’équilibre pour les écosystèmes. Devant ces carnages et ces holocaustes, il serait peut-être plus qu’urgent d’être autre chose que des prédateurs sous l’emprise de la loi du plus fort. Le respect de la vie de l’autre, quelque soit son espèce, sa race, sa religion, sa tribu, sa famille, voilà l’essence de l’évolution éthique chez l’humain. La Sénatrice défend une vision archaïque, dépassée et rétrograde de notre relation avec les animaux et l’environnement. Elle devrait sortir de sa caverne, le temps des femmes de Cro-Magnon est terminé depuis longtemps. Dans sa résistance à évoluer et dans son ignorance aussi, la Sénatrice s’enlise dans des divagations presque comiques : « Les groupes végétariens ont considérablement accru leur pression sur les gouvernements du monde et réclament des changements à notre société qui auront de graves répercussions…des organisations et des personnalités ont même demandé une Journée nationale du végétarisme.» Un lundi sans viande ni poisson, toute une répercussion dangereuse pour notre société , notre santé et pour notre planète. Les phoques peuvent bien être les victimes des changements climatiques, ne plus avoir de glace disponible pour se reproduire, se faire défoncer le crâne à peine sortis du ventre de leur mère, mourir au bout de leur sang et de leur souffrance, qu’importe. Il faut pointer du doigt les végétarien)nes afin de détourner l’opinion publique des problèmes éthiques et écologiques de la chasse aux phoques et de l’industrie de la fourrure. Au lieu d’insulter les végétarien(nes) en les traitant de « mangeurs de carottes» ou de « terroristes », la Sénatrice devrait au contraire les remercier de ne pas être complices de la souffrance humaine, animale et planétaire : « Être végétarien de nos jours, c’est vivre en désaccord avec le cours des choses. La privation, la faim dans le monde, la cruauté, le gaspillage et les guerres. Il faut se prononcer contre tout cela. Le végétarisme est ma façon de me prononcer. Et c’en est une puissante », écrivait Isaac Bashevis Singer, prix Nobel de littérature. Toutes les violences sont liées et interdépendantes. C’est la non-violence qui fait évoluer notre civilisation, pas le saccage de la planète par des industries uniquement préoccupées par leurs profits, pas plus que les armes à feu et les coups d’hakapiks sur la tête d’animaux sans défense. Marjolaine Jolicoeur, mars 2010 – coordonnatrice d’A.H.I.M.S.A. (Association Humanitaire d’Information et de Mobilisation pour la Survie des Animaux) -ahi...@distributel.net – * Texte libre de droits de reproduction * ( 1) Salaire de la Sénatrice : Comptes Publics du Canada
ahimsa@distributel.net
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|