Comme plusieurs, j’ai participé, samedi et dimanche (8 et 9 août 2009), aux activités et à la manifestation de commémoration de la mort de Freddy Villanueva, victime présumée du capitalisme barbare (Bloodz & Co) lors d'un rite d'initiation qui a malheureusement très mal tourné... le 9 août 2008, à Montréal-Nord.
Ce texte est aussi dédié tout particulièrement à Madame Kim Ngu Lieu, assassinée par un petit entrepreneur du capitalisme barbare, le 17 mai 2009, sur le boulevard Henri-Bourassa, à l'angle de la rue Saint-Vital, à Montréal-Nord.
Les capitalistes barbares, partisans d’un « libre marché », de la création de zones de non droit (dans lesquelles les citoyens ne bénéficient plus de la protection normalement assurée par l’État), mettent en pratique la célèbre devise « Enrichissez-vous ! », à travers leurs lucratives activités économiques (taxage, marché de la drogue, exploitation ou esclavage de la main d’œuvre de la prostitution, vol et extorsion, prêt usuraire, etc.), activités si bien vantées par le gangsta-rap et autres entreprises culturelles de démolition des codes de l’honneur.
Les capitalistes barbares sont bien faits pour s’entendre avec les capitalistes sauvages, qui à la tête de leurs empires financiers, sont à même de faire des victimes sociales par millions (les chômeurs et leurs familles), et qui n’ont pas d’obstacle moral relativement à des pratiques génocidaires (Palestine, Irak, Afghanistan, etc.), lorsque celles-ci ont des impacts favorables sur les divers marchés, dont celui de l’armement.
Il est, selon moi, dommage que les organisateurs de la manifestation de Montréal-Nord, occupés à faire la promotion des « zones de non droit », aient « oublié » de rendre hommages aux autres victimes du capitalisme barbare, morts et blessés, citoyens et citoyennes exploités et terrorisés... Ne se souviennent-ils pas du jeune Daniel Desrochers, assassiné par les capitalistes barbares le 9 août 1995, sur la rue Adam, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal : Daniel avait alors 11 ans !
Au risque de me répéter…, je rappellerai aux camarades antiracistes et antifascistes que le capitalisme barbare a généralement fourni des cohortes de tueurs fascistes au capitalisme dominant en crise, et ceci indépendamment du degré de pigmentation de la peau des humains impliqués.
Dois-je avouer que je suis consterné par la naïveté et/ou l’aveuglement de certaines personnes de bonne volonté, qui se mettent involontairement au service du capitalisme barbare, tout en clamant bien haut et fort leurs idéaux « progressistes » ? Je remercie cependant tout particulièrement l’organisateur de la manifestation qui traduisait l’intervention de la mère de Freddy Villanueva en espagnol (dimanche soir, le 9 août), et qui a eu la décence d’omettre dans sa traduction certains passages qui auraient pu être mal perçus.
En proposant une lecture anticapitaliste des « événements de Montréal-Nord », je ne suis pas certain de faire l’unanimité …, mais je n’ai pas l’agilité des serpents à sornettes (sic) et je n’ai pas non plus de propension à les avaler.
Par delà les manipulations (cf les photos de Freddy Villanueva, choisies pour le représenter comme un enfant, alors qu’il avait l’apparence d’un jeune adulte en 2008), par delà une entreprise de fabrication au nom de Freddy, d’une figure mythique victimisée par les représentants de l’État, je suis heureux de constater le maintien et le développement d’un mouvement social dynamique à Montréal-Nord, de voir aussi que l’Espoir prend forme….
Yves Claudé, sociologue et militant antifasciste
Montréal, le 10 août 2009
vous utilisez dans ce débat (voir autres textes sur le CMAQ portant sur l'affaire Villanueva, en plus de celui-ci) l'expression "capitalisme barbare", qui m'était jusqu'à maintenant inconnue. Puisque vous êtes professeur de sociologie, j'assume qu'il s'agit d'un concept relativement précis !
J'aimerais donc connaître votre définition de ce terme. Pourquoi celui-ci plutôt qu'un autre pour définir cette réalité ? A-t-on affaire à une forme différente de capitalisme ? En quoi est-il plus barbare qu'un autre ? Vous serait-il possible de nous référer à d'autres auteurs traitant de cette épineuse question ?
En vous remerciant à l'avance pour vos précieuses explications,
- F
[ ]
Sujet:
Responsabilités du capitalisme d'en bas ... et de ses acteurs
Merci pour ton message. C’est le militant qui le répond…
Mon texte, première version faite « à chaud » après la manif de dimanche, n’est pas très au point…, mais je tentais de lancer un débat politique sur la question du crime organisé, étant donné que cette question a été passablement occultée dans le contexte de la mort de Freddy Villanueva et des mobilisations qui ont suivi ce tragique événement.
En fait, lorsque la question est posée, on sort son « Petit catéchisme du militant », et on récite la biblique vérité : « S’il y a du crime organisé, c’est à cause de la pauvreté, du racisme et de l’exclusion. » C’est ce que dit en gros le slogan que certains démagogues tentent de plaquer sur le quartier de Montréal-Nord, et qui clament en choeur : « Tant qu’il y aura de la pauvreté, il y aura de l’insécurité ! » Les personnes exploitées et victimisées par le crime organisé n’ont qu’à subir leur sort, puisqu’il résulterait d’un déterminisme social : elles n’intéressent aucunement nos démagogues. C’est pourquoi mon évocation de l’assassinat économique de Mme Kim Ngu Lieu à Montréal-Nord le 17 mai dernier par des apprentis de la BMF (Blood Mafia Family) les irrite au plus haut point.
Les démagogues plus sophistiqués font valoir le fait que les entreprises du capitalisme barbare ont quelquefois émergé dans la mouvance de mouvement sociaux de défense des opprimés (autre argument pour les tolérer…) : ainsi, les origines lointaines de la mafia italienne se situeraient au 19e siècle dans le mouvement de paysans sans terre exploités par des propriétaires féodaux dans le Sud de l’Italie…
Certaines entreprises barbares afro-américaines (Bloodz, Cripz, etc.) auraient émergé aux USA dans la mouvance de mouvements antiracistes, avant de prospérer en victimisant et en exploitant leurs propres communautés. Ces entreprises ont un avantage concurrentiel sur d’autres, puisqu’elles peuvent invoquer le « racisme de la police » (avec l’appui très naïf de soi-disant antiracistes…) pour tenter d’empêcher ou de réduire une présence policière qui nuit gravement à leur développement économique. Ces entrepreneurs utilisent aussi leurs investissements financiers dans la culture rap (gansta de préférence…) pour l’orienter vers des actions bénévoles de harcèlement ou d’élimination des forces policières (voire par exemple le travail des bénévoles de la BMF le 10 août 2008 à Montréal-Nord).
Un concept sociologique à usage militant :
Le fait d’employer le terme de capitalisme barbare permet d’identifier la véritable nature économique et sociale de certains secteurs économiques et industriels de notre économie. Ce terme a d’abord été employé pour désigner le capitalisme marchand qui a accumulé du capital en pratiquant le pillage armé et l’esclavage.
Le capitalisme industriel, qui s’est construit ensuite sur la base du capital ainsi accumulé s’est donné une forme légale et contractuelle, en formatant l’État selon les intérêts de la bourgeoisie industrielle. Un siècle et plus de luttes sociales et ouvrières ont permis de reformater en partie l’État moderne selon les intérêts de la majorité de la population : c’est ce que l’offensive néolibérale vise à remettre en question. Il s’agit de libérer le capitalisme des contraintes étatiques : ce capitalisme libéré prend rapidement la forme d’un capitalisme sauvage (destruction des emplois, délocalisation, dégradation des conditions de travail et de salaire, etc.). Ce capitalisme part d’en haut, à partir de ce qui a été antérieurement accumulé par le pillage armé et l’esclavage, puis par l’exploitation de la classe ouvrière.
Le capitalisme barbare actuel part d’en bas, et reprend la forme militarisée du capitalisme marchand (pillage armé et esclavage), en l’adaptant aux opportunités du monde contemporain, dans un contexte stratégique qui le situe en marge du cadre légal de l’économie capitaliste dominante. Le capitalisme barbare prospère en exploitant et en victimisant surtout les plus dominés, marginalisés et exploités de la société. La mise en esclavage de la main d’œuvre prostituée (féminine essentiellement) par les capitalistes barbares n’intéresse pas nos démagogues, surtout lorsque ces entrepreneurs sont issus de minorités dites « visibles ». Les autres secteurs économiques de cette industrie sont connus, et s’appuient également sur des structures militarisées (avec utilisation d’armes à feu souvent semblables à celles des forces armées officielles) : vols de toute nature, extorsion, prêt usuraire, jeux et paris illégaux, et surtout commerce des diverses drogues illégales. La production, l’importation et la vente de ces drogues sont très profitables, puisque la clientèle est chimiquement fidélisée, et puisque les coûts en termes de santé qui résultent de la consommation de leurs produits ne sont pas déduits de leurs profits.
Même avec leurs employés, les propriétaires d’entreprises du capitalisme d’en bas ne respectent pas les normes légales du travail, tout particulièrement la sécurité d’emploi qui est souvent interprétée comme une obligation d’employabilité à vie. Je ne parle pas ici de la main d’œuvre prostituée, puisqu’elle est une marchandise capturée et éventuellement revendue. Même pour les employés qui n’ont pas le statut d’esclave (qui ne sont pas formellement des marchandises appartenant à l’entreprise), les exemples de contrôle social barbare abondent. Mentionnons un des cas les plus récents, Eduardo Mata, employé cadre de la succursale montréalaise d’une entreprise transnationale connue sous l’appellation de « 18th Street ». Lorsque son employeur a été informé de l’intention Monsieur Mata de quitter son emploi, il a été obligé d’appliquer la sanction prévue dans ce cas, soit la peine de mort (appliquée le 16 novembre 2008), car cette forme de contrôle social n’a pas été abolie dans les secteurs de l’industrie barbare.
Les événements du 9 août 2008 à Montréal-Nord :
Depuis une vingtaine d’années, en marge de secteurs industriels établis précédemment (maffia italienne, motards criminalisés, etc.), on constate la présence et le développement de nouvelles zones du capitalisme barbare, à Montréal-Nord entre autres.
En l’absence de registres officiels, on estime à une cinquantaine les employés cadres de l’entreprise barbare principale de Montréal-Nord, soit la BMF (Blood Mafia Family), succursale d’une transnationale états-unienne ayant son siège social à Los Angeles.
Des dizaines d’articles et de reportages font état de liens entre cette entreprise et le groupe des individus directement impliqués dans les événements tragiques qui ont abouti à la mort de Freddy Villanueva le 9 août 2008. Les médias font état (entre autres…) de la possession par ces personnes d’armes à feu de divers types, y compris de type militaire (mitraillette AR-15), et ceci, à la fois avant et après les événements d’août 2008.
Les démagogues qui ont pris Montréal-Nord comme terrain de jeu politique, ne prennent pas la peine de nous expliquer pour quels types de tâches ces outils de travail sont requis. Très curieusement, ils évitent systématiquement le sujet dans leurs interventions publiques, et ils paraissent plutôt souhaiter que les médias s’abstiennent de documenter ces réalités. C’est du moins, il me semble, le sens du message qui était bien en vue sur un des camions de la manifestation de dimanche, avec un sympathique « Vos Yeules ! » à l’intention de représentants des médias…
Le policier Jean-Loup Lapointe a fait usage de son arme de service le 9 août 2008. Il affirme qu’un des individus présents a tenté de s’emparer de son arme, alors que lui et sa coéquipière Stéphanie Pilotte étaient agressés physiquement par le groupe que les médias associent au BMF. Il soutient avoir tiré en état de légitime défense, mais certains individus et groupes organisés le désignent comme « meurtrier ».
La famille Villanueva (entre autres) affirme que Freddy et le groupe ne faisaient rien d’autre que jouer aux dés lors de la tragique intervention policière. Est-il permis de préciser ici que jeu de dés est une activité favorite des organisations criminelles du milieu des Cripz et des Bloodz, et que les enjeux financiers de ces pratiques sont générateurs de violence ? Suite à des blessures graves et des morts violentes qui en ont résulté, le jeu de dés a été interdit dans la capitale mythique des gangs, Los Angeles, et la police y intervient systématiquement pour mettre fin à cette activité.
Dans le monde des entrepreneurs ennemis des Cripz et des Bloodz, les nombres sur les dés ont une signification particulière : ainsi, pour les Bloodz le chiffre 5 signifie le meurtre d’un Cripz (identifié aussi par le sigle CK – « Crip Killer » - de la marque Calvin Klein; ce sigle pouvant aussi référer à « Cop Killer »…).
Nous voilà sans doute loin du jeu innocent que les Villanueva et leurs metteurs en scène nous donnent à voir.
Ces éléments factuels, parmi d’autres, permettent de considérer très sérieusement l’hypothèse de la mort de Freddy Villanueva dans le contexte d’une activité d’initiation improvisée qui aurait mal tourné. La vie de Freddy s’est-elle jouée sur un coup de dé ?
Freddy devait certainement savoir que toute action significative envers la police est interprétée favorablement par les dirigeants d’une entreprise telle que la BMF. Aux USA, un « Cop Killer » est d’emblée admis dans les niveaux supérieurs de la hiérarchie de la transnationale Bloodz ou Cripz.
La famille Villanueva avait quitté Montréal-Nord, après que Dany eut été arrêté dans l’automobile de son père avec quatre membres armés des Bloodz, portant les signes distinctifs de cette transnationale du crime. Pourquoi est-il retourné dans ce quartier avec son frère alors qu’il avait promis au juge de s’en tenir loin, lors de sa première inculpation. Manifestement, Dany n’a pas rompu avec le milieu : les médias font état d’autres méfaits qui ont valu à Dany Villanueva d’être à nouveau arrêté et traduit devant la justice. Selon les médias, des arrestations de membres du groupe impliqué dans la tragédie du 9 août 2008 ont encore eu lieu très récemment, en juillet dernier.
Tout cela s’ajuste mal avec la mise en scène publique et médiatique élaborée depuis un an par la famille Villanueva et la mouvance de prétendus « antiracistes ». Cette mise en scène comprend, outre des expressions que la pudeur pourrait réserver à l’intimité familiale, la fabrication de la figure mythique d’un enfant lâchement assassiné : ainsi, ce n’est pas la photo du Freddy de 18 ans, jeune adulte vêtu selon les codes vestimentaires de son milieu sous-culturel (photo publiée dans certains médias canadiens anglais…) que l’on nous présente, mais la photo d’un Freddy enfant dans l’habit cérémoniel de sa première communion, qui est reproduite ad nauseam dans toutes les commémorations et dans l’espace médiatique.
Selon moi, ce n’est pas en proférant des allégations de meurtre et des cris de haine à l’endroit du policier qui a fait usage de son arme, ou en prétendant comme l’a fait Mme Lilian Villanueva (discours du dimanche 9 août 2009) que « Freddy est mort parce qu’il n’était pas né au Québec… », que l’on peut écarter d’emblée toute responsabilité des membres et amis de la famille Villanueva présents sur la scène du drame, et impliqués dans la funeste altercation.
Je pense sincèrement que, si Freddy est une victime, c’est le capitalisme barbare tel que je le nomme, et ses acteurs, qui sont responsables de son décès, même si c’est une balle tirée par un représentant de l’État qui a mis fin à ses jours. Bien que passablement mécréant, j’entends Freddy, qui est « monté au Ciel », et qui tente de nous dire : « Arrêtez votre pitoyable cinéma, je n’étais pas un enfant ! J’assume mes erreurs ! Malditos Gangstas ! »
Ce point de vue me vaudra sans doute d’être épinglé comme « raciste », « intolérant », etc, par les mêmes idiots sympathiques qui m’ont dénoncé comme « bourgeois contre-révolutionnaire » dans leur journal « En Lutte », ou cet autre esprit égaré qui me désigne dans Le Devoir comme un « antisémite » faisant la promotion d’une activité qu’il nomme la « chasse aux Juifs »…
Je crois que les mouvements progressistes devraient considérer le capitalisme d’en bas, cette économie barbare, comme une question politique majeure. Les antifascistes devraient de plus y accorder une attention toute particulière … !
Yves Claudé
Montréal, le 12 août 2009
ycso...@yahoo.ca
Pour commencer, je dois vous dire que vous ne m’avez toujours pas convaincu que l’altercation survenue lors de l’intervention policière du 9 août 2008 méritait d’être qualifiée de rite d’initiation. Le moins que je puisse dire, c’est que les faits que vous étayez en soutien à votre étonnante théorie sont plutôt minces. « Freddy devait certainement savoir que toute action significative envers la police est interprétée favorablement par les dirigeants d’une entreprise telle que la BMF », spéculez-vous, en laissant entendre qu’il aurait ainsi voulut laisser bonne impression auprès du gang local. Ainsi, vous vous permettez d’insinuer, sans aucune preuve tangible à l’appui, que Fredy aurait nourris d’obscures aspirations à l’égard du milieu criminel.
Voilà qui me semble assez énorme comme affirmation, d’autant plus que les médias n’ont jamais réussi à trouver quelque chose de péjoratif à dire au sujet de Fredy depuis un an. Ainsi, jamais personne n’a offert aux médias quelque anecdote, voire rumeur, susceptible de briser cette image de jeune au passé irréprochable que vous vous employez à mettre en doute. N’est-ce pas là particulièrement significatif quand on sait à quel point les médias n’auraient eu aucune hésitation à faire leur choux gras de ce type d’information ? Laissons faire ce que Fredy « devait » savoir ou ignorer et concentrons-nous sur les faits établis qui sont sommes toutes assez simples. Ainsi, le fait que Fredy ait vu son grand frère se faire malmener sous ses yeux par deux policiers me semble amplement suffisant pour avoir envie de réagir.
Maintenant, vous voulez que l’on parle de crime organisé ? Alors parlons-en !
L’« économie barbare », comme vous dites, continuera d’exercer un attrait auprès des jeunes des quartiers défavorisés tant et aussi longtemps qu’elle sera perçu comme une alternative crédible à la pauvreté et aux jobbines dévalorisantes. Mais la véritable question qu’il convient de se poser est pourquoi le commerce illicite est-il si payant ?
D’abord, il faut constater que le crime organisé répond plus souvent qu’autrement à une demande. Vous pouvez penser ce que vous voulez mais vous ne viendrez tout de même pas me faire accroire que la demande pour la dope est fabriquée de toute pièces par le crime organisé ! Tant et aussi longtemps qu’il y aura une demande pour la dope, alors le crime organisé aura de beaux jours devant lui. Les petits revendeurs vont et viennent au gré des razzias policières, mais le marché de la drogue demeure. Et il continuera à en être ainsi tant et aussi longtemps que l’État consacrera davantage de ressources dans une lutte à la drogue vouée à l’échec plutôt que dans les services de désintoxication et à la prévention. Le pouvoir économique qu’incarne aujourd’hui le crime organisé donne une petite idée de l’ampleur de cet échec. Or, qui dit pouvoir économique dit aussi influence politique.
Vous êtes vous déjà demandé pourquoi le Canada a été le dernier pays du G7 a adopter des mesures contraignantes à l’égard du secteur bancaire pour combattre le blanchiment d’argent ? Vous êtes vous déjà demandé pourquoi Ottawa a décidé d’offrir un magnifique cadeau au crime organisé en abolissant la police nationale des ports, et ce, contre l’avis de tous, au milieu des années ‘90 ? Vous êtes vous déjà demandé pourquoi le Canada songeait à annexer les îles Turks et Caicos, qui s’étaient illustrées au milieu des années ‘80 lorsque leur premier ministre devint le premier chef de gouvernement au monde à être condamné pour une affaire de trafic de drogue ? Et je pourrais continuer longtemps ainsi...
Quand on parle de crime organisé, ces jeunes gars de gang qui portent leur bandanas colorés au coin d’une rue ne sont que la partie la plus visible d’un phénomène beaucoup plus vaste. Par leur désir de s’afficher, ce sont souvent ces petits gangsters de quartier qui s’assument le plus dans toute cette économie dite parallèle aux ramifications infinies, en tout cas bien plus que ces « honnêtes » chefs d’entreprises ou courtiers en valeur mobilières qui ne veulent surtout pas connaître la provenance des fonds inépuisables qui leur sont acheminés par ces charmants investisseurs BCBG pleins à craquer qui sortent de nulle part.
Cela étant, la criminalité, qu’elle soit organisée ou non, ne devrait jamais devenir une excuse pour sombrer dans ce que vous appelez la barbarie. Au risque de me faire taxer de naïf, je pense qu’il devrait y avoir moyen de s’adonner à des commerces illicites tout en demeurant civilisé et en observant une certaine éthique. L’esclavagisme, qu’il soit sexuel ou autre, ne devrait être jamais être toléré par quiconque, y compris par le milieu interlope.
Affirmer que le mode de vie au sein du milieu des gangs s’accompagne de comportements antisociaux et d’actes de violence engendrant des blessures inguérissables revient à souligner une évidence. Je suis cependant d’avis que nous aurions tout intérêt à essayer de faire la part des choses lorsque nous essayons de comprendre un tel sujet, comme ont tenté de le faire les auteurs de « La gang : une chimère à apprivoiser », que je me suis permis de citer dans mon texte sur Montréal-Nord.
-Je suis absolument sidéré par votre naïveté, et votre pénible conception « romantique » du capitalisme d’en bas (voir mon message « État - capitalisme d'en haut et d'en bas ... » http://www.cmaq.net/fr/node/35345#comment-19161).
-J’ai travaillé dans le Vieux Montréal quand le clan des Dubois y faisait régner la terreur, victimisant les militants syndicaux des entreprises dont ils assuraient la « protection »… J’ai vécu dans un quartier subissant à la fois les activités du capitalisme d'en bas, et la guerre entre motards criminalisés qui se disputaient le contrôle du secteur. Je constate année après année l’emprise croissante du capitalisme barbare dans le tissu social montréalais, et ses effets sociaux dévastateurs qui ne se réduisent pas à la seule comptabilité des meurtres.
Tout cela est parfaitement étranger au tableau effectivement … et désespérément naïf du capitalisme d’en bas que vous tentez de nous dépeindre.
-Vous ne semblez absolument pas réaliser ce que vous évoquez lorsque vous parlez des « petits gangsters de quartier qui s’assument le plus dans toute cette économie dite parallèle » … Ils « s’assument », comme vous dites, par la plus cynique amoralité, les autorisant à vampiriser leur propre milieu social, considérant que la vie humaine n’a de prix que celui qui est défini par l’économie barbare.
-Quant à votre couplet final (*), il me semble dépasser en naïveté tout ce que l’on peut imaginer ! Allez déclamer votre poésie enfantine aux « petits gangsters de quartier » qui semblent mériter votre admiration : ils en seront littéralement morts de rire et vous prendront en pitié ! Ils vous diront en blague de changer de pusher et de faire affaire avec eux !
(*) : « Cela étant, la criminalité, qu’elle soit organisée ou non, ne devrait jamais devenir une excuse pour sombrer dans ce que vous appelez la barbarie. Au risque de me faire taxer de naïf, je pense qu’il devrait y avoir moyen de s’adonner à des commerces illicites tout en demeurant civilisé et en observant une certaine éthique. L’esclavagisme, qu’il soit sexuel ou autre, ne devrait être jamais être toléré par quiconque, y compris par le milieu interlope. »
-Vous mentionnez le livre de Perreault et Bibeau: « La gang, une chimère à apprivoiser ». Cet ouvrage présente une vision très partielle et partiale du phénomène, recyclant des éléments de la sociologie états-unienne de 1920 … Cette étude n’est pas une référence adéquate, et elle a malheureusement pu vous conforter dans une représentation romantique et irresponsable du capitalisme d’en bas. L’œuvre précédente de Perreault et Bibeau sur les prostituées toxicomanes (« Dérives montréalaises ») est par contre remarquable et scientifiquement recommandée !
J’habite depuis plusieurs années dans le quartier de Centre-sud à deux pas d’une entreprise très lucrative de « capitalisme barbare ». Chaque jour, je côtoie des vendeurs et des consommateurs de crack. Dans mon quartier se trouve aussi une organisation appelée l’Association des résidents et résidentes des Faubourg de Montréal (ARRFM). Cette association s’est formée pour empêcher la mise sur pied d’un projet-pilote de décriminalisation de la prostitution en 2000 (en fait, il ne s’agissait pas de créer un « red-light » dans Centre-sud comme le criait certains agitateurs mais plutôt de faire en sorte que les policiers recourent à la criminalisation des travailleuses du sexe seulement en dernier recours, après avoir offert des alternatives à ce mode de vie éprouvant).
Après avoir obtenu l’annulation du projet-pilote tant décrié, l’ARRFM est partie en croisade contre la « toxico-prostitution », notamment en mettant sur pied un projet de délation citoyenne appelée « projet cyclope ». L’ARRFM est vite devenu le meilleur allié de la « Police de quartier », avec l’association des commerçants du quartier latin. L’ARRFM était toujours là pour donner une caution citoyenne à des initiatives policières controversées comme le projet Robocam (installation de caméras de vidéo-surveillance pour filmer le « business » qui a cours sur la rue). Les membres les plus zélés de l’ARRFM allèrent même jusqu’à encourager les policiers à vider les rues des « squeegees » et autres jeunes de la rue sous prétexte que tout l’argent que ceux-ci arrivent à quêter irait remplir systématiquement les coffres du crime organisé...
En bout de ligne, qu’est-ce qu’a donné la lutte au « capitalisme barbare » que les résidents, les flics et les marchands accomplirent en symbiose quasi-parfaite dans ce quartier ? Les « toxico-prostituées » continuent à travailler mais elles le font de façon bien moins visible qu’auparavant, au grand bonheur des résidents exaspérés, mais malheureusement dans des conditions bien moins sécuritaires pour ces travailleuses. La vente de dope n’a plus pignon sur rue sur l’artère commerciale St-Denis comme autrefois, au grand bonheur de l’association des marchands du quartier latin, mais elle s’est toutefois déplacée dans les rues résidentielles du quartier, incluant à deux pas de chez moi...
Ces flics et citoyens zélés qui rêvent de faire disparaître le narco-trafic et toute l’économie parallèle qui l’accompagne sont ceux qui sont affligées de la naïveté la plus navrante qui soit. Le capitalisme, soit-il « barbare », « sauvage » ou autre, est là pour rester, d’autant plus que le système dominant ne fait face à aucune menace mettant sérieusement en cause son existence. Si l’État voulait réellement améliorer le sort des victimes du « capitalisme barbare », il serait en position de faire une différence, par exemple, en encourageant ses « entrepreneurs » à renoncer aux comportements barbares en imposant des sentences dissuasives envers ceux qui en sont les auteurs tout en se montrant tolérant envers ceux qui mènent leur business en adoptant des comportements civilisés.
Évidemment, cette idée doit vous sembler insupportable puisque les « entrepreneurs du capitalisme barbare » ne sont à vos yeux que des monstres dépourvus de toute humanité. En refusant d’adhérer à votre point de vue d’une intransigeance absolue, je devient automatiquement coupable de porter une « vision romantique » qu’il convient de caricaturer. De toute façon, je ne me fais guère d’illusion quant à la volonté de l’État de faire quelque chose pour venir en aide aux victimes : un junkie de moins, un petit vendeur cloué sur un fauteuil roulant pour le restant de ses jours, ce genre de drames « ordinaires » n’arrivent jamais à émouvoir l’industrie médiatique et la classe politique.
En conclusion, je me demande bien qui est le plus naïf entre moi et les partisans d’une lutte à finir avec le crime organisé qui n’ont pas grande chose d’autre à proposer qu’une surenchère d'une répression à la fois aveugle et incapable de tirer les leçons de plus de 80 ans de législation prohibitionniste.
Arrêtez de nous servir vos rengaines qui n’apportent rien pouvant justifier votre parti-pris pour le capitalisme d’en bas.
Quelques exemples personnels (parmi d'autres...) dans lesquels bien des concitoyens peuvent se reconnaître… :
Une piquerie s’était installée au-dessus de mon logement : je vous passe la description des effets plus qu’indésirables, 24 heures sur 24 …, sans compter le vol par effraction de mes outils de travail… J’ai fait expulser le locataire (pusher et proxénète), à mes risques et périls, et j’assume totalement cette élémentaire mesure de survie ! Vous auriez fait la même chose, à moins d’être peureux ou masochiste professionnel !
Plus récemment, lors d’une tentative d’invasion de mon domicile, par des individus d’origine haïtienne (ils tentaient de défoncer la porte arrière …), j’avais très hâte que la police arrive ! Lorsque la police est arrivée, ils ont crié au « racisme » … et les policiers sont repartis sans effectuer d’arrestations. Ces individus se sont permis, impunément, d’effectuer du vandalisme avant de déguerpir !
J’ajouterais que, lorsque ce sont nos enfants qui subissent la victimisation du capitalisme d’en bas, la tolérance-zéro est rapidement atteinte.
J’habite depuis plusieurs années dans le quartier de Centre-sud à deux pas d’une entreprise très lucrative de « capitalisme barbare ». Chaque jour, je côtoie des vendeurs et des consommateurs de crack. Dans mon quartier se trouve aussi une organisation appelée l’Association des résidents et résidentes des Faubourg de Montréal (ARRFM). Cette association s’est formée pour empêcher la mise sur pied d’un projet-pilote de décriminalisation de la prostitution en 2000 (en fait, il ne s’agissait pas de créer un « red-light » dans Centre-sud comme le criait certains agitateurs mais plutôt de faire en sorte que les policiers recourent à la criminalisation des travailleuses du sexe seulement en dernier recours, après avoir offert des alternatives à ce mode de vie éprouvant).
Après avoir obtenu l’annulation du projet-pilote tant décrié, l’ARRFM est partie en croisade contre la « toxico-prostitution », notamment en mettant sur pied un projet de délation citoyenne appelée « projet cyclope ». L’ARRFM est vite devenu le meilleur allié de la « Police de quartier », avec l’association des commerçants du quartier latin. L’ARRFM était toujours là pour donner une caution citoyenne à des initiatives policières controversées comme le projet Robocam (installation de caméras de vidéo-surveillance pour filmer le « business » qui a cours sur la rue). Les membres les plus zélés de l’ARRFM allèrent même jusqu’à encourager les policiers à vider les rues des « squeegees » et autres jeunes de la rue sous prétexte que tout l’argent que ceux-ci arrivent à quêter irait remplir systématiquement les coffres du crime organisé...
En bout de ligne, qu’est-ce qu’a donné la lutte au « capitalisme barbare » que les résidents, les flics et les marchands accomplirent en symbiose quasi-parfaite dans ce quartier ? Les « toxico-prostituées » continuent à travailler mais elles le font de façon bien moins visible qu’auparavant, au grand bonheur des résidents exaspérés, mais malheureusement dans des conditions bien moins sécuritaires pour ces travailleuses. La vente de dope n’a plus pignon sur rue sur l’artère commerciale St-Denis comme autrefois, au grand bonheur de l’association des marchands du quartier latin, mais elle s’est toutefois déplacée dans les rues résidentielles du quartier, incluant à deux pas de chez moi...
Ces flics et citoyens zélés qui rêvent de faire disparaître le narco-trafic et toute l’économie parallèle qui l’accompagne sont ceux qui sont affligées de la naïveté la plus navrante qui soit. Le capitalisme, soit-il « barbare », « sauvage » ou autre, est là pour rester, d’autant plus que le système dominant ne fait face à aucune menace mettant sérieusement en cause son existence. Si l’État voulait réellement améliorer le sort des victimes du « capitalisme barbare », il serait en position de faire une différence, par exemple, en encourageant ses « entrepreneurs » à renoncer aux comportements barbares en imposant des sentences dissuasives envers ceux qui en sont les auteurs tout en se montrant tolérant envers ceux qui mènent leur business en adoptant des comportements civilisés.
Évidemment, cette idée doit vous sembler insupportable puisque les « entrepreneurs du capitalisme barbare » ne sont à vos yeux que des monstres dépourvus de toute humanité. En refusant d’adhérer à votre point de vue d’une intransigeance absolue, je devient automatiquement coupable de porter une « vision romantique » qu’il convient de caricaturer. De toute façon, je ne me fais guère d’illusion quant à la volonté de l’État de faire quelque chose pour venir en aide aux victimes : un junkie de moins, un petit vendeur cloué sur un fauteuil roulant pour le restant de ses jours, ce genre de drames « ordinaires » n’arrivent jamais à émouvoir l’industrie médiatique et la classe politique.
En conclusion, je me demande bien qui est le plus naïf entre moi et les partisans d’une lutte à finir avec le crime organisé qui n’ont pas grande chose d’autre à proposer qu’une surenchère d'une répression à la fois aveugle et incapable de tirer les leçons de plus de 80 ans de législation prohibitionniste.
En ce qui concerne Freddy Villanueva, il me paraît tout aussi inapproprié de le présenter comme un petit ange (en diffusant ad nauseam l’image de sa première communion … qui n’a rien à voir avec le personnage du jeune adulte qu’il était en 2008…), que de charger sa mémoire de faits-divers que les curieux peuvent de toute façon trouver dans une revue méticuleuse des médias…
Je considère que Freddy est avant tout une victime du capitalisme barbare, ce qui ne m’empêche pas de m’interroger sur son comportement vis-à-vis des policiers et sur le rôle de la ritualité sous-culturelle des Bloodz dans les événements tragiques qui ont précédé son décès. Quant à la responsabilité individuelle précise de chacun des autres individus qui ont confronté le policier et sa collègue, elle sera éventuellement déterminée lors de l’Enquête, mais les faits documentés par les médias indiquent clairement une association significative avec le secteur économique barbare.
Les questions qu’une éthique militante déficiente interdit de poser :
-Pourquoi Freddy est-il mort ?
-Les frères Villanueva et leurs amis ont-ils une responsabilité dans le drame du 9 août 2008 ?
-Les entrepreneurs locaux (Blood Mafia Family), etc.) de la transnationale Bloodz ont-ils une responsabilité dans le drame du 9 août 2008 ?
-Freddy Villanueva était-il au courant du type d’activités auxquelles son frère et ses amis présents le 9 août 2008 se livraient ?
-Freddy Villanueva pouvait-il ignorer la nature de ces activités, alors que sa famille avait déménagé suite à la condamnation de son frère Dany, relativement à des faits qui établissaient clairement son implication avec les Bloodz ?
-Freddy Villanueva pouvait-il ignorer la nature et la signification du jeu de dé dans l’univers des Bloodz ?
-Freddy Villanueva pouvait-il ignorer qu’un policier en état de légitime défense est autorisé à faire usage de son arme ?
-Est-il permis de manipuler les faits, de maquiller la réalité, lorsqu’on le fait pour « la bonne cause » ???
Yves Claudé
Montréal, le 13 août 2009
ycso...@yahoo.ca
L'idée n'est pas de nier que la presque totalité des gens puissent être, quelque part, des victimes du capitalisme. Mais s'appuyer sur la mort d'une personne âgée pour rabaisser l'importance de la répression dont sont victimes les noirs, latinos et autochtones sous le capitalisme, il faut faire preuve soit de démagogie sans borne soit d'un manque flagrant de méthodologie.
Qui abuse le plus des personnes âgées? Qui abuse le plus les jeunes adultes noirs, latinos ou autochtones? Une petite étude sociologique prouverait que les pires rapaces pour les personnes âgées font partie de leurs familles ou leurs cercles de connaissances. La mort d'une personne âgée par des jeunes bums est certainement dégueulasse et lève le coeur; elle reste néanmoins un phénomène marginal non significatif. Le capitalisme, grâce à la cupidité qu'il génère chez les proches, peut être considéré comme étant responsable des abus sur les personnes âgées mais pas les gangs de rue.
Pour ce qui est des jeunes noirs, latinos ou autochtones, les abus viennent certainement de gangs criminalisés dont, le pire, le service de police de la ville de Montréal. Au métro St-Michel, les flics sont toujours là pour harceler les jeunes qui chillent dans l'entrée du métro. C'est la même chose dans les parcs. On se posterait dans un appartement pour dénombrer quelles autos se font intercepter par la police sur une rue de Montréal et il y a fort à parier que le nombre de noirs ou de latinos intercepté surpasse leur proportion dans la population. Empiriquement, sans le faire systématiquement cependant, lorsque je demeurais sur une rue passante et que, par la fenêtre, je voyais une interpellation policière d'un véhicule, dans 90% des cas, il s'agissait de jeunes noirs ou latinos. On y retrouvait rarement des "calotes de banlieues" qui, selon moi, chauffent en pas d'allure. À vrai dire, les jeunes flics et les "calotes", c'est un peu pareil.
Tout le harcèlement qu'endure les jeunes noirs et latinos de la part des flics, ça pourrait facilement être assimilables à du harcèlement criminel. Mais les flics ne vont jamais faire des enquêtes contre leurs collègues de travail. Ces criminels ne seront pas mis en prison.
Pourquoi est-ce ces populations qui se font le plus harceler. À vrai dire, depuis bien des temps, cela a toujours été les jeunes qui se faisaient le plus écoeurer par les flics. Si le capitalisme encourage les flics à harceler les jeunes, c,est pour mieux dociliser ces derniers avant qu'il rentre sur le marché du travail. Où se trouve le principal bassin d'armée de réserve? C'est là qu'on trouve le plus de harcèlement policier. L'école bourgeoise et leurs profs n'ont pas réussi à les casser et les dompter. La police va le faire. C'est pas plus compliquer que cela.
En passant, sous-estimer que certains secteurs de la population soient plus attaqués que d'autres me semble une méthode très anti-marxiste. Les trotskystes-lambertistes étaient des spécialistes dans ce genre d'analyse douteuse. Pour eux, un prof d'université était tout autant victime de l'exploitation capitaliste qu'une pauvre ouvrière immigrante du textile. A vrai dire, les trotskystes-lambertistes ont toujours eu des pratiques très douteuses oomme celles de l'organisation de leur fondateur (Lambert) qui avait fait de l'entrisme dans une organisation social-démocrate (le RNP de Déat) qui collaborait avec l'Allemagne nazie pendant l'Occupation. L'oppression des juifs à l'époque, ça ne devait pas être trop grave...
Je tiens à vous remercier pour votre solide argumentation, démontrant effectivement deux de mes péchés capitaux que je reconnais volontier : « une démagogie sans borne » et « un manque flagrant de méthodologie ».
Par contre je suis rempli d'admiration pour votre parfaite maîtrise scientifique de la réalité sociale, surtout lorsque vous afirmez, études et méthodologie à l’appui, que « les abus viennent certainement de gangs criminalisés dont, le pire, [est] le service de police de la ville de Montréal ».
Vous avez également raison lorsque vous notez très justement : « Au métro St-Michel, les flics sont toujours là pour harceler les jeunes qui chillent dans l'entrée du métro. C'est la même chose dans les parcs. »
Bien que j’habite le quartier et que j’y fasse du « terrain sociologique » depuis des années, c’est mon « manque flagrant de méthodologie » qui m’a fait voir là, en faction, en marge de la population laborieuse ou scolaire, des représentants de groupes criminalisés qui « chillent » tout en vaquant à leurs activités économiques (taxage, vente de stupéfiants, proxénétisme, etc.). Les adeptes des Maras qui ont accepté de se présenter comme tels lorsque je les ai interrogés dans leur langue maternelle ont évidemment abusé de ma crédulité de scientifique sans méthode. Les petits capitalistes barbares qui ont « taxé » mes enfants sont un pur produit de mon imagination, tout comme les pushers qui auraient investi l’école du quartier (JFP).
Là où mon « manque flagrant de méthodologie » se combine sans doute aux effets neurologiques d’un alcolisme chronique (sic), c’est que je ne saisis absolument pas où vous voulez en venir avec votre affaire des « trotskystes-lambertistes » ! Seriez-vous, comme moi (phobie des démagogues…), affecté d’une phobie politique ?
Rassures-toi, je te laisse à ta quiétude de supposé détenteur de La Vérité de « gauche ».
« La conformité, c'est la mort de l'âme », comme le disent les gothiques … c’est aussi la mort appréhendée des mouvements sociaux qui fonctionnent à la pensée unique, et qui se dirigent en chantant vers de cuisants échecs historiques, tout en se lavant les mains par avance des conséquences sociales de ces échecs !
Dans les moments forts du mouvement mao-stalinien au Québec, j’étais un pestiféré. Ce mouvement comprenant des milliers de militants s’est effondré en l’espace de quelques mois… Pour avoir oublié que seule la Vérité est révolutionnaire ! Plusieurs ont eu par la suite l’honnêteté de me remercier pour mes points de vue antérieurement « intolérables ».
Quand la Ligue antifasciste s’est dirigée vers son autodestruction, je ne me suis pas abstenu d’exprimer fermement ce qui me paraissait représenter une lucidité minimale. Il faut souvent choisir : le confort de suivre le troupeau, ou l’inconfort d’une posture critique !
Je ne peux que plaindre les « militants » si sûrs de leurs convictions qu’ils éprouvent le besoin d’en appeler à la censure ou à l’autocensure de voix discordantes qu’ils ne peuvent tolérer. Cette « gauche » là, je me fais un devoir de l’interpeller, sans ménagement.
Invoquer, comme tu le fais, la profession d’un militant pour suggérer de l’isoler par le silence, cela ne me paraît pas être un argument de grande qualité. On a les arguments que l’on mérite …
En passant, la devise du CMAQ, c’est « sortir de la pensée unique » … et non pas « s’enfermer dans une pensée unique » !
Ouais, c'est pour ça que vous avez voix au chapitre, malgré les accents réactionnaires qui ponctuent votre discours.
Je n'ai personnellement aucune espèce de sympathie pour les gangs criminalisés (et je trouve que vous êtes plutôt prompt à prêter une telle sympathie à vos interlocuteurs, ce qui trahit un certain faible pour les amalgames et les raccourcis rhétoriques), mais je trouve que votre analyse des événements du 9 août 2008 et votre appréciation totalement négative du mouvement de solidarité qui s'est constitué dans la dernière année est miné d'approximations, de projections et de présuposés infondés.
Personne ici ne prétend que les gangsters sont des anges, par exemple, et personne ne se porte à la défense de ce que vous nommez le "capitalisme barbare".
Je suis personnellement d'avis que ces bandes sont pourries jusqu'à la moelle. (Quoique ni plus ni moins que ces autres "barbares" qui mènent le capitalisme global et la cabale miltaro-industrielle. D'ailleurs, la faille principale de votre argumentaire est précisément cette qualification que vous donnez au capitalisme "d'en bas" : il n'est de capitalisme qui ne soit "barbare" en essence. Les petits entrepreneurs violents que vous évoquez à chaque phrase sont le produit d'un système "barbare", à une échelle infiniment plus grande, dont ils reproduisent fidèlement les valeurs et les modalités.)
Mais de là à prêter des intentions maléfiques à une campagne de solidarité qui se fonde sur les faits, indéniables: 1) que Fredy Villanueva ne méritait pas de mourir sous les balles de Jean-Loup Lapointe; 2) que l'impunité policière est systémique, injustifiable et mérite que l'on s'y penche sociétalement; et 3) que le profilage racial et social constitue une plaie ouverte dans des communautés a priori marginalisées, vous faites un saut que d'aucun pourrait trouver malhonnête.
Votre discours, hanté par la figure diabolique du gangster sans foi ni loi, s'apparente trop aux délires de bouffons populaires comme Richard "Ta yeule!" Martineau (dont vous reprenez certains des thèmes et arguments) pour que l'on ne l'appréhende pas avec un char de sel.
Cela dit, vous avez loisir de vous exprimer sur cette tribune tant qu'il vous plaira...
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Sujet:
Questions inspirées par la démagogie la plus abjecte...
Rappel : Les détenteurs de la Vérité affirment que les frères Villanueva et leurs amis ne faisaient que jouer à un très innocent jeu de dés lors des événements du 9 août 2008 …
Faits: Les écoles de Montréal-Nord, notamment celles investies par le capitalisme barbare, interviennent de manière assez systématique pour empêcher les jeux de dés (cf les articles 206 et 207 du Code criminel Canada) et leurs effets sociaux et financiers indésirables, notamment une école dans laquelle deux jeunes ont étés assassinés récemment dans le contexte des activités des gangs criminalisés.
-Quelle est cette école ?
-Pourquoi ces deux jeunes sont-ils morts ?
Je crois que tu paranoi un peu trop. Sur cette affaire ya juste personne qui a la vérité et ça sert a rien de se basé sur une supposition, la seul chose qu'on soit sur c'est que la mort d'un kid a déclanché une émeute et que cette émeute n'avait pas grand chose de révolutionnaire.
À mort la gauche qui tente de se réaproprier toute les "luttes" au profit d'une brumeuse révolte... c'est à nous de lutter sans recherche de légitimité, sans couvert de bonne cause puisque notre cause est nécéssairement mauvaise pour le capitalisme, barbare ou sauvage, légale comme illégale. C'est à une logique qu'il faut s'attaquer pas à du cas par cas sinon ils réussiront toujours à se frayer un chemin hors de notre rage.
Quand je lis que « C'est à une logique qu'il faut s'attaquer », je me demande bien qui est-ce qui affiche le point de vue le plus « brumeux » ici bas. Parce que « s’attaquer à une logique » m’apparaît être une proposition si abstraite qu’elle n'évoque rien d’autre chez moi qu’un espèce de duel intellectuel où les neurones tiennent courageusement la ligne de front. Par ailleurs, je ne vois rien d’autre dans le rejet du « cas par cas » qu’un rejet des pratiques de solidarité avec les victimes du système.
Si une partie de dés était à l’origine de l’intervention des agents Jean-Loup Lapointe et Stéphanie Pilote et que les jeux de dés représentent un dangereux fléau social lié au crime organisé, alors comment se fait-il qu’aucun constat d’infraction à la réglementation de l’arrondissement n’a été émis et qu’aucune accusation n’a déposée en vertu du Code criminel à l’égard des jeunes présents qui prirent part à cette partie de dés en ce début de soirée du samedi 9 août 2008 ?
Puisque la partie de dés n’a donné lieu à aucune accusation pénale ou criminelle, alors quel était le véritable motif de l’arrestation de Dany Villanueva ?
Puisque Dany Villanueva n'a jamais été inculpé d'aucune accusation quelle qu'elle soit en rapport avec les événements du 9 août 2008, son arrestation était-elle légale ?
Quelle est la jurisprudence des tribunaux canadiens concernant les cas où une personne offre une résistance physique à des policiers qui tentent de procéder illégalement à son arrestation ?
Un policier qui tire plusieurs fois à balles réelles sur un jeune qui n’est pas armé use-t-il d’une force excessive ?
Les policiers ont-ils tous les droits lorsqu’ils mènent la lutte au crime organisé ?
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Dossier G20
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