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Itinérance : pour une Politique plus qu’un plan d’actionAnonyme, Lundi, Juin 8, 2009 - 12:18
Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec (RSIQ)
Avec le dépôt attendu du rapport de la Commission parlementaire sur l’itinérance, une question continue de se poser dans la communauté des organismes communautaires : le gouvernement du Québec optera-t-il pour un plan d’action OU pour une politique en itinérance ? Une première réponse gouvernementale est venue en septembre 2008 et a pris la forme d’un cadre de référence produit par le ministère de la Santé et des Services sociaux, qui marquait une reconnaissance de l’enjeu, sans y apporter les réponses adéquates. Il est vite apparu que la Santé ne pouvait pas agir seule et qu’elle devait interpeller d’autres secteurs. Actuellement, différents ministères et institutions sont donc réunis pour produire un plan d’action interministériel en itinérance, dont la ministre responsable du dossier, Lise Thériault, annonce la sortie pour cette automne. De son côté, le Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec (RSIQ) ainsi que ses partenaires demande une Politique en itinérance. Certes, le plan d’action pourrait constituer une réponse adéquate, d’autant plus qu’il est global comme nous le demandons. Pourtant, ce n’est pas le cas. La nécessité d’une vision plus globale et de la priorisation du phénomène La Politique en itinérance repose sur une nécessité que la société québécoise et civile se positionne en faveur de l’amélioration à long terme des conditions de vie des personnes itinérantes et du respect des droits de tous les citoyens. Elle énonce une vision qui repose sur un changement de valeur, la priorisation du phénomène et des principes d’action. Nous sommes d’avis qu’il faut un engagement du gouvernement du Québec à améliorer la situation en effectuant des changements en profondeur. Bref, il faut établir des fondements avant de concevoir un plan d’action. La Politique repose sur l’énoncé des droits des personnes itinérantes et constitue un outil positif qui tient compte de la place que doit avoir une personne itinérante dans la société : une citoyenneté à part entière. De son côté, le plan d’action s’attarde à des problèmes spécifiques. Il circonscrit la situation d’itinérance en n’ayant pas l’obligation de prendre en compte la question de droit. La vision contenue dans la Politique est son moteur d’action. Un plan d’action sans Politique au préalable met davantage l’emphase sur le règlement de problèmes sans une réelle vision concrète pour l’avenir. Des assises communes plus que la recherche d’un dénominateur commun La volonté contenue dans la Politique est d’avoir une cohérence dans les actions menées par le gouvernement. Bref, que la main droite fasse la même chose que la main gauche, ce qui n’est pas le cas actuellement. Le meilleur exemple concerne l’espace public : de la main gauche, l’État finance des organismes d’aide (Santé et Services sociaux); de la main droite, il criminalise et judiciarise des personnes itinérantes (Sécurité publique et Justice). La Justice, les Affaires municipales, la Santé, l’Emploi et la Solidarité sociale, l’Habitation et les autres doivent agir selon les mêmes paradigmes et les mêmes principes. Pour cela, la Politique prend tout son sens. Elle va au-delà de la concertation et de la discussion. Elle suppose l’adhésion de tous les acteurs à des droits et des principes d’action, un caractère cadre et un engagement. Ceci pourrait entre autres se traduire en combinant un grand chantier de logement social (Affaires municipales) et le soutien communautaire pour un grand nombre d’unités (Santé et Services sociaux). Le plan d’action ne repose pas sur des assises communes, mais cherche un dénominateur commun où les secteurs présents vont tenter de s’entendre. Chacun y participe avec sa culture, ses besoins et ses exigences. La recherche du consensus va s’avérer difficile dans un contexte où les assises ne sont pas circonscrites dans un document cadre. Une fois les limites de ce consensus atteintes, le plan d’action ne comportera pas d’action structurante parce que l’adhésion des différents secteurs ne sera pas du même niveau et que chacun continuera à y chercher son intérêt. Une Politique à long terme : éviter le piège du mandat d’un gouvernement « Au lieu de travailler sur tout l’ensemble, on fait des choix et on met nos énergies sur des objectifs à atteindre rapidement. Et personnellement, dans le cadre de l’itinérance, je pense qu’on est davantage dans une approche de plan d’action que dans une approche de politique. » (Roger Paquet, sous-ministre du MSSS, octobre 2008). L’avantage du plan d’action est effectivement que les résultats sont rapidement mesurables. Cette option a cependant le défaut de ses qualités : ses assises et sa durée de vie sont à court terme. Après quelques années, l’épuisement des crédits liés au plan, le changement de gouvernement ou encore de responsable de dossier, le plan survit difficilement. Pourtant, la question de l’itinérance ne peut pas être vue que dans un sens purement opérationnel. C’est pourquoi nous demandons une Politique en itinérance, fort de l’appui du milieu communautaire, du Barreau du Québec, de la Commission des droits de la personne (CDPDJQ), de villes du Québec et partis d’opposition. Nous croyons qu’il est temps que le gouvernement du Québec s’appuie sur de nouvelles valeurs et de nouveaux paradigmes. Une vision globale du phénomène et des pistes d’actions doivent reposer sur des assises à long terme. Le but d’une Politique est de travailler sur l’ensemble et non de discriminer nos décisions en fonction des rendements que celles-ci peuvent apporter. L’heure est au développement durable, qui n’est pas seulement une notion purement environnementale ou économique. Pourquoi ne pas transposer cette notion aux citoyens et citoyennes, et ce, dans le plein exercice des droits sociaux? C’est ce que nous demandons pour les personnes itinérantes. Marie-Claude Vézina (Table de concertation sur l'itinérance de Sherbrooke),
site du RSIQ
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