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Mouvement d'étudiants à Barcelone : une expression de solidarité ouvrièreAnonyme, Vendredi, Mai 15, 2009 - 01:32
Un sympathisant du CCI
Mouvement d'étudiants à Barcelone : une expression de solidarité ouvrière... Les étudiants sont de plus en plus préoccupés par leur propre situation et de plus en plus déconcertés et indignés à cause de l’avenir que la classe dominante leur réserve. Cela n’est pas du tout étonnant : ce sentiment s’accroît de jour en jour et partout dans le monde (voir les mobilisations des étudiants et des travailleurs en France et en Grèce (1)) surtout parmi les prolétaires et dans les couches les plus pauvres de la société. Beaucoup de ces prolétaires sont des parents ou des proches de ces mêmes étudiants, tous touchés par l’avancée implacable de la crise qui les condamne avec de plus en plus de dureté à des conditions de vie vraiment insupportables. Mais cette crise les pousse aussi à la réflexion, à se demander quelle issue il y a, si le capitalisme est capable d’assurer autre chose que toujours plus de misère, de chaos et de barbarie. Chaque jour qui passe, ces étudiants sont de plus en plus “chauds”, même si pour le moment ils gardent la tête froide, c’est-à-dire qu’ils réfléchissent. Leur méfiance vis-à-vis des “solutions” qu’on leur propose s’accroît et, surtout, ils ne paraissent pas disposés à tout accepter : un futur incertain quant à la possibilité de trouver un travail, des crédits qui les “hypothéqueraient” en les ligotant à vie... Il y a aussi cette énorme indignation contre la brutale répression commise par les Mossos d’Escuadra de la Généralité (2) de Catalogne dirigée par la “coalition tripartite” (3), à laquelle participe la version catalane de la prétendue “radicale” et “amie des ouvriers” Izquierda unida (Gauche unie). La férocité de la répression contre les jeunes (tabassages, arrestations musclées, expulsions…) montre clairement ce qu’on peut attendre de n’importe quel gouvernement, qu’il soit de droite ou qu’il se présente comme “progressiste” et “social”. Si les étudiants restent enfermés dans le carcan d’une “lutte universitaire”, s’ils restent seuls, l’État bourgeois pourra les isoler et les forces de répression du gouvernement régional tripartite pourront leur taper dessus en toute impunité avec la complicité des autorités administratives, de la presse et de tout le “monde officiel”. Mais si les étudiants, comme ils ont commencé à le faire, étendent leur lutte aux enseignants, aux travailleurs d’autres secteurs, aux lycéens, leur force, comme celle de tous les exploités, sera énorme et les gouvernants devront reculer. Le fait que les étudiants aient été présents à la grande manifestation de l’enseignement qui a eu lieu à Barcelone le 18 mars (plus de 30 000 manifestants), même s’ils n’auraient pas dû rester séparés de la manifestation mais y être pleinement intégrés, fut un grand pas en avant. La situation est difficile, cela va être encore plus dur pour les uns et les autres, mais peu à peu la confiance en soi va s’accroître ainsi que la détermination pour affronter les attaques de la crise et de l’État qui essaye de la gérer, que ce soit à travers le “Plan Bologne” ou n’importe quel autre. A la suite de l’expulsion musclée de l’Université occupée et de la charge violente de la police dans la soirée du 18 mars qui s’est soldée par de nombreuses arrestations et une soixantaine de blessés parmi les quelques cinq mille manifestants présents, les étudiants réagirent rapidement en organisant une manifestation en solidarité. Le Gouvernement catalan a été obligé de présenter des excuses et de pousser à quelques démissions dans son ministère de l’Intérieur. Depuis lors, les étudiants continuent à aller de l’avant, en faisant des assemblées, des grèves et des occupations, des réunions avec des groupes sociaux qui les soutiennent, en débattant, en échangeant des informations avec d’autres universités, dont certaines ont répondu en manifestant en solidarité avec eux (à Madrid, Valence, Gérone...). Les étudiants, qui ont affirmé haut et clair “qu’ils ne sont pas des délinquants, pas des révoltés sans perspective et pas non plus de la chair à canon pour les bureaucrates et les mossos”, sont toujours déterminés à parvenir “grâce à un large mouvement étudiant, car l’union fait la force”, à “non seulement faire reculer les attaques du capital – Plan Bologne ou Tartempio –” mais aussi à “une société juste, tolérante, solidaire et libre”, car “nous nous sentons capables de changer la réalité dans laquelle nous vivons” (extraits de Quelles réflexions... sur les événements du 18 mars à Barcelone, un tract distribué dans la manifestation du 26). Les étudiants ont donc convoqué une manifestation pour le 26 mars. Ils comptaient sur la solidarité de ceux qui, comme eux, affrontent la réalité du “c’est pire chaque jour qui passe” et sans la moindre perspective d’amélioration : de leurs propres camarades, des enseignants, de tous ceux qui partagent leurs préoccupations et leurs efforts, de tous ceux qui sont à leur côté et qui savent qu’ils seront, demain, aux côtés de toute la classe ouvrière. Face à eux il y avait bien plus que quelques dizaines de mossos qui les attendaient l’arme au poing, prêts à parer “à toute éventualité”. Le tout préparé par une intense propagande lancée par la Généralité dans tous les médias, selon laquelle “de tels actes” était illégaux et qu’elle allait prendre des mesures appropriées pour y faire face, “comme il se doit”. Place de l’Université, nous attendions, inquiets, mais de pied ferme ; on a pu voir que les étudiants étaient sûrs d’eux, qu’ils tenaient la situation en main. Les mossos nous fermaient l’accès de l’itinéraire prévu et les organisateurs ont eu le courage de décider un itinéraire alternatif vers un lieu plus tranquille. Ce fut une manifestation bien différente des processions folkloriques des syndicats : pas de sifflets assourdissants, pas de gueulantes par haut-parleur ni de slogans à l’emporte-pièce : les manifestants pouvaient se parler, choisir des slogans et des réponses appropriées et inventives contre le gouvernement et ses exécutants du ministère de l’Intérieur, c’est-à-dire les mossos qui s’étaient défoulés à coups de matraque les jours précédents sur tout ce qui bougeait. Depuis les balcons fusaient des encouragements de solidarité avec les manifestants, des applaudissements. Les locaux des partis du gouvernement ont été couverts de graffitis dénonciateurs contre ses responsables. D’autres personnes se sont peu à peu jointes à la manifestation, de sorte qu’à la fin plus de 10 000 personnes étaient rassemblées et, comme en Grèce, toutes générations confondues : des étudiants, des parents, et aussi des travailleurs d’âges différents... Le Plan Bologne ne va certainement pas être retiré de sitôt, les souhaits des jeunes manifestants ne vont sans doute pas se réaliser facilement, mais cette manifestation était une victoire importante : tout le monde est reparti avec la nette impression que le combat va se poursuivre et que le débat doit continuer, pour échanger aussi les expériences, pour ainsi continuer un combat qu’ils ne considèrent surtout pas comme terminé. Les étudiants mobilisés insistent sur le fait qu’ils vont continuer à se rencontrer jusqu’aux vacances dans quelques “Campus-assemblée”, dans les quartiers. Est-ce que cette lutte s’intègre dans une perspective de luttes massives dans d’autres secteurs (enseignants, industries, fonctionnaires, services, actifs et chômeurs…) ? Oui, nous en sommes convaincus. Beaucoup de ceux qui étaient présents en étaient aussi convaincus (même si nous n’avons pas entendu des appels et des slogans explicites dans ce sens). Les conditions pour développer cela se consolident, toute la dynamique du mouvement va dans ce sens. L’intervention de la classe ouvrière, son expérience, sa solidarité, sont très importantes pour nourrir ce processus. Les étudiants doivent compter là-dessus. En fin de compte, ils savent qu’ils feront partie de la classe ouvrière. Beaucoup d’entre eux savent qu’ils en font déjà partie. Traduit de Acción proletaria, publication du CCI en Espagne 1) Cf. Revue internationale nº 136 : “Les révoltes de la jeunesse en Grèce confirment le développement de la lutte de classe”. 2) La police régionale du gouvernement catalan. 3) Ce gouvernement est dirigé par une coalition de gauche : socialistes, catalanistes républicains et anciens staliniens (avec “Verts” inclus), auxquels appartient d’ailleurs le conseiller (ministre) de l’Intérieur, Joan Saura, qui dirige la police et qui déclare aujourd’hui (01/04), face à l’indignation provoquée par la répression, que la “réponse des policiers était “disproportionnée”... [ndt].
CCI
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