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Pour sortir du traumatisme du 15 mars

Anonyme, Lundi, Mars 30, 2009 - 13:33

Mathieu Francoeur

En 13 ans de journées internationales contre la brutalité policière, rarement le cirque médiatique aura autant dégénéré que dans les jours qui ont suivi l'édition de cette année. Tellement dégénéré que même les organisateurs de la manif, le Collectif opposé à la brutalité policière(COBP), ont perdu les pédales en remettant en question la poursuite de cette tradition durable -la durabilité étant plutôt rare dans le milieu libertaire(La Presse 19 mars 2009).

Il faut préciser que deux jours plus tôt, le 17 mars, sur la page couverture du brillant quotidien gratuit --dans tous les sens du terme-- 24 heures, par ailleurs complice très actif du lock-out au Journal de Montréal, certains « travailleurs sociaux » du centre-ville ont craché sur les manifestants et manifestantes du 15 mars, y compris sur « leurs » marginaux de qui ils prétendent améliorer quotidiennement l’image auprès de la population.
Dans ce contexte hystérique, bien alimenté par les populistes de l’écrit et de l’électronique -qui on même eu l’aide de certains avocats racoleurs-, nous avons fait face à une charge à fond de train en apparence unanime contre les militants, les anarchistes, les jeunes de la rue, les marginaux, etc. (même Gil Courtemanche s’y est mis dans Le Devoir du 21 mars). Il est toujours révélateur de constater qu’autant de représentants des médias n’aient à peu près pas vus la même chose, c’est-à-dire la diversité des gens présents le 15 mars dernier, aient volontairement passer sous silence le nombre de participants et participantes --plus de 1000 personnes-- n’aient pas questionné la complicité inacceptable de la STM qui a livré deux stations de métro à une police survoltée tout en feignant une panne de métro sur la ligne orange.

La police de Montréal en guerre

Il était clair que la marche de cette année visait directement la Fraternité des policiers et policières de Montréal (FPPM), qui s’était surpassée depuis un an au chapitre du corporatisme mafieux, de la démagogie et de la bêtise. La question était de voir à quel point la direction du SPVM allait donner carte blanche aux policiers pour mettre en place un appareil d’intimidation et de répression qui s’est mis en marche bien avant le début de la manif. En écho à la déclaration de leur président, les membres de la FPPM ont déployé un arsenal paramilitaire qui contrôlait la rue, le souterrain et même le ciel. Ils ont pu bouclé tout le secteur du siège de leur fraternité, fermer plusieurs rues, fouiller qui ils voulaient (un refus était passible d’arrestation), arrêter des gens à la gueule du client (le profilage en action), utiliser de nouvelles armes (dont les balles de peinture), détourner des lignes d’autobus et chose incroyable, on se doit de le répéter, arrêter le métro! Tout s’est terminé par une nouvelle arrestation de masse et du tabassage au hasard qui a même inclut des journalistes. Un flic, cadre ou exécutant, reste un flic…
La police de Montréal est en guerre plus que jamais contre ceux et celles qui osent critiquer et dénoncer ses abus et ses crimes. La dernière année a été plus que remplie d’événements et de démarches qui ont renforcé la conviction chez de plus en plus de gens que la police de Montréal est une entité autonome du politique et de la justice : à l’impunité et au camouflage s’est rajoutée l’intimidation par le biais, entre autres, d’injonctions de la part de la FPPM et de pressions politiques pour faire adopter des nouveaux règlements répressifs (interdiction du port de masques dans les manifs et interdiction des insultes contre les pauvres policiers).
Dans les jours précédents le dernier 15 mars, le travail d’intimidation s’est accéléré et a sciemment créé un climat de peur qui justifiera les abus et les arrestations le jour de la marche. Ce climat de peur a parfaitement camouflé les revendications et les dénonciations de cette année comme l’assassinat de Fredy Villanueva, l’obstruction dans l’enquête sur la mort de Anas Bennis et l’utilisation meurtrière du Taser Gun.

Manif volée

Dans cette même logique de guerre, nous avons eu droit le 15 mars dernier à une « manifestation de la police » qui, en occupant le terrain de cette façon, allait augmenter la colère légitime des participants et participantes. En nous imposant le trajet de départ de la marche (impossibilité d’aller à l’édifice de la FPPM, interdiction de prendre la rue Mont-Royal vers l’est), elle allait s’assurer de la désorganiser et de nous faire passer pour de dangereux imprévisibles.
Dans le délire médiatique suivant les événements , les propositions les plus délirantes se sont succédées telles l’interdiction de la marche de la Journée internationale contre la brutalité policière ou l’imposition d’un permis et d’un itinéraire pour toute manif! Non seulement ces mesures seraient des atteintes à la liberté d’association et d’expression, mais de les proposer suite au 15 mars où les policiers ont carrément kidnappé la manif, ça dépasse l’entendement!
Dans ce contexte, il faut s’inquiéter du travail que la police fait dans les manifs sur le « contrôle des foules », questionner son rôle de plus en plus politique qui lui permet de décider si un rassemblement est légal ou pas et combattre l’impunité totale dont elle jouit au niveau juridique tout en conservant une image quasi-intacte dans les grands médias. D’ailleurs, nous avons aussi entendu la semaine dernière que les policiers ont été trop « mous et patients »!

Réactions déplorables

Quiconque était au Métro Mont-Royal le 15 mars dernier pouvait avoir légitimement peur d’une police hors-contrôle et prête à tout pour discréditer les participants et participantes à la marche. Cette agression de la police justifie à elle seule un événement annuel contre ses abus. Les organisateurs du COBP ont senti une énorme pression, mais la manif du 15 mars ne leur appartient pas, ni les « débordements » qui en résultent. Ce rassemblement est essentiel pour défendre ce qui nous reste de droits fondamentaux, mais il est vital surtout pour certains groupes discriminés, ciblés, stigmatisés, profilés et judiciarisés tels les jeunes de la rue, ceux des communautés immigrantes et aussi les militants et militantes les plus réprimés à l’année longue.
Le 15 mars est presque le seul moment où un discours clair et radical envers la répression policière peut être entendu et diffusé de manière plus large. C’est aussi le seul moment où plusieurs personnes peuvent exprimer leur colère de façon collective, colère qui répond à la violence structurelle et quotidienne qu’elles subissent. D’ailleurs, il est assez déplorable de constater le mépris avec lequel certains intervenants communautaires, comme certains militants et militantes, dénoncent la façon de s’exprimer, certes maladroite et provocante, de ces groupes marginalisés. Ces moralistes de la bonne tenue en démocratie sont les mêmes qu’on ne voit jamais dans la rue et qui ne perdront certainement pas leur précieux temps dans des manifestations autonomes et directes.
Sans appuyer la « casse », il est facile à la lumière de ce qu’on a décrit plus haut d’expliquer et de comprendre ce qui s’est passé, surtout quand on sait que la police anti-émeute a décidé d’interdire l’accès au centre-ville à la marche qui venait à peine de commencer. D’ailleurs, le plus gros de la pseudo-casse (quelques vitres fissurées) s’est déroulée sur la rue Sherbrooke après cette nouvelle initiative de ce qu’on peut appeler la « manif de la police ».
Il faudrait d’ailleurs se souvenir, contrairement à ce qu’on a entendu, que la majorité des 15 mars se sont déroulés sans « débordements majeurs », et que ces « débordements » sont proportionnels à la présence de la police aux abords de la marche. Se souvenir aussi que sur les 371 personnes arrêtées le 15 mars 2002, aucune n’a été reconnue coupable de quoi que ce soit!

Vers un temps dur

En bout de ligne, le constat post-15 mars reste inquiétant et nous laisse devant plusieurs questions sans réponse. L’absence de contrôle sur la police de Montréal par les élus municipaux conjuguée à l’inefficacité des moyens institutionnels et légaux (Commission de la sécurité publique, déontologie policière, recours collectifs) pour combattre l’impunité des agents du désordre public présage des jours noirs pour le milieu militant et la population en général. Il est toujours sidérant d’entendre le maire de Montréal, Gérald Tremblay, et le responsable de la sécurité publique, Jacques Dauphin, défendent unilatéralement le travail policier tout en étalant leur ignorance de ce qui se passe dans la rue.
Jusqu’où les policiers vont aller pour faire taire toute opposition à leurs abus et leurs crimes? Jusqu’où les médias vont persister dans leur couverture biaisée et leur course au sensationnalisme? Jusqu’où iront les intervenants communautaires dans leur obsession de la réinsertion à tout prix, quitte à instrumentaliser « leurs » marginaux?
Et malheureusement, jusqu’où flanchera le COBP ou d’autres groupes dits radicaux, pris dans leur désorganisation et leur discours contradictoire?
À l’approche du 1er mai anticapitaliste, le SPVM se prépare déjà à se payer un autre party sur notre dos. Le dernier 15 mars nous a rappelé le 1er mai 2008 et ses lendemains traumatisants. Avant d’être en choc post-traumatique permanent, il va bien falloir se décider un jour à le faire le débat sur les formes de résistance active et la diversité des tactiques. Va-t-on attendre que l’État-policier nous mette tous et toutes à terre et nous oblige à le faire?

Mathieu Francoeur, militant anarchiste
et fier participant aux 13 éditions de la Journée internationale contre la brutalité policière

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POUR SORTIR DU TRAUMATISME DU 15 MARS.doc0 octets


Sujet: 
Petite rectification
Auteur-e: 
patc
Date: 
Lun, 2009-03-30 19:30

Tellement dégénéré que même les organisateurs de la manif, le Collectif opposé à la brutalité policière(COBP), ont perdu les pédales en remettant en question la poursuite de cette tradition durable -la durabilité étant plutôt rare dans le milieu libertaire(La Presse 19 mars 2009).

Ce n'est pas tout à fait exact.

Dans l'article en question http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-dive... ,
les propos de la porte-parole du COBP ont plus qu'un peu été déformé.

D'une part, le COBP, ne s'est jamais "dissocié" de la prétendu violence, sinon qu'en précisant que ce ne sont pas les membres du COBP qui commettent des gestes violents (ces gestes sont à 99% commis par la police).

La position du COBP, vis-à-vis de la prétendue violence des manifestants et manifestantes (il est ici surtout question de vandalisme, avouons-le, puisque les gestes d'agression envers la police s'apparentent davantage à de la légitime défense dans la majorité des cas), est qu'elle n'est pas encouragée lors de la manif du 15 mars, mais qu'elle n'est pas non plus condamnée, vu les circonstances (c.-à-d. un délire policier lors d'une manif contre la la violence policière).

Quant au passage sur "la pertinence d'organiser une telle marche l'an prochain", cela relève de l'interprétation de la journaliste, puisque les organisateurs et organisatrices n'avaient pas encore eu leur réunion de bilan au moment où l'entrevue a eu lieu.

En fait, ce que Gabrielle a dit à la journaliste, c'est qu'à l'occasion de cette réunion de bilan, le COBP s'interrogerait sur la forme a donner aux prochaines mobilisations du 15 mars. Il n'a jamais été question de cesser d'organiser une manifestation contre la brutalité policière le 15 mars.

Il est d'ailleurs étonnant que des militants et militants d'expérience accordent autant de crédibilité au travail de tâcheron auquel les journalist-e-s de la presse à merde nous ont habitué.

Les propos du COBP ont d'ailleurs été systématiquement déformé, détourné ou ignoré avant, pendant et après la manif.


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Sujet: 
Qu'en dis-tu PatC. ?
Auteur-e: 
alexandre popovic
Date: 
Lun, 2009-03-30 21:11

Il est indéniable que le COBP en a bien fait couler de l'encre dans les médias de masse durant ses 14 années d'existence, donnant lieu à de nombreuses inexactitudes et certaines faussetés.

Pourtant, dans toute l'histoire du COBP, un média de masse n'était jamais allé jusqu'à écrire que le COBP se dissociait de la "violence" des manifestants. Jusqu'au 19 mars 2009, jour où Cyberpresse publia l'article auquel PatC. fait référence dans son commentaire.

Je suis convaincu que la majeure partie des sympathisants du COBP ne demanderait pas mieux que de croire que la porte-parole du COBP n'a jamais tenu les propos étonnants que l'article de Cyberpresse lui attribue. Le problème c'est que plus de dix jours après la parution de cet article, le COBP n'a toujours pas démenti officiellement le contenu de l'article de Cyberpresse.

Dans ce contexte, je vois mal comment on peut reprocher aux "militants et militants d'expérience", pour citer PatC., de prêter foi au contenu de l'article de Cyberpresse.

Maintenant, PatC. écrit que le COBP ne s'est jamais "dissocié" de la prétendu violence. Toutefois, ce que la plupart des gens ne savent pas c'est que l'article de Cyberpresse est basé sur une lettre ouverte que le COBP a envoyé à La Presse et au Devoir.

La question que je me pose est la suivante : pourquoi le COBP ne met-il pas en ligne cette lettre ouverte ? Il me semble que cela permettrait de tirer au clair si le COBP s'est réellement dissocié de la "violence" des manifestants ou non.

Qu'en dis-tu PatC. ?


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Sujet: 
J'en dis
Auteur-e: 
patc
Date: 
Mar, 2009-03-31 01:36

qu'il est sympa de constater qu'un vétéran comme toi a toujours à cœur le bien-être et l'intérêt du COBP...

Quand à savoir si la lettre ouverte devrait être publiée au CMAQ, ce sera au COBP de le décider.

La lettre en question reflétait malheureusement l'ambiguïté qui a marqué ce processus d'organisation (nous n'encourageons pas la violence, mais ne la condamnons pas). Ambiguïté qui a depuis été dissipée hors de tout doute au sein du comité organisateur de la dernière manif du 15 mars, tel que l'indique le communiqué émis ce soir même par le COBP, justement en réponse aux "interrogations et inquiétudes" qui s'expriment ici.

http://www.cmaq.net/node/32444


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Sujet: 
On peut dire qu'ils l'ont échappé belle
Auteur-e: 
alexandre popovic
Date: 
Mar, 2009-03-31 03:22

Hé bien, le COBP doit aujourd'hui être soulagé que la Presse et le Devoir n'aient pas jugé bon de publier intégralement une lettre d'une telle ambiguïté !

En révélant l'existence de cette lettre, j'ai simplement voulut m'assurer à ce que la discussion sur la dissociation ou non du COBP sur la question des actes de violence se fasse de la façon la plus honnête possible.

Je suis sûr que tu conviendras avec moi que la franche-camaraderie est un principe de base essentiel à l'avancement du mouvement.

D'ailleurs, tu auras sans doute compris que je suis le genre de "vétéran" qui tend à placer l'intérêt de la lutte au-dessus du bien-être d'une organisation, peu importe qu'elle quelle soit.


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Sujet: 
camaraderie
Auteur-e: 
patc
Date: 
Mar, 2009-03-31 07:11

Personne n'est au-dessus des égarements occasionnels...


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Dossier G20
  Nous vous offrons plusieurs reportages indépendants et témoignages...

Très beau dessin: des oiseaux s'unissent pour couper une cloture de métal, sur fonds bleauté de la ville de Toronto.
Liste des activités lors de ce
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Media Co-op Toronto
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