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Terre et liberté

Anonyme, Mardi, Mars 24, 2009 - 12:09

brahim fillali

Avant propos

Le Maroc est un pays de la différence et de la diversité .Certes , ces critères sont très importants , car il en résulte une richesse matérielle, sociale et culturelle ,etc.

Le Maroc est aussi le seul pays colonisé par deux forces impérialistes (Espagnol et Français) maintenant ils sont nombreux sous la dominance Américaine .

Et dans cette diversité ,il y a ceux qui ont pris le chemin des négociations en se préparant pour l’avenir ; c’est –à- dire pour le déplacement prévu et seront l’élite fondatrice de l’Etat national indépendant , il y a ceux qui sont le bras droit des autorités coloniales , ce sont eux qui s’approprient des milliers des hectares hérités du colonialisme . Les premiers ont hérité le pouvoir , les deuxièmes ont hérité les capitaux et les terres , tandis que les troisièmes sont ceux qui ont pris les armes contre l’existence coloniale …ceux qui ne sont pas battus ou exécutés ont hérité la misère . Mais est-ce que nous sommes indépendants ? Non .

C’est quoi l’alternative donc ? Surtout dans une société de l’analphabétisme et de l’ignorance , de la religion et de la peur du pouvoir .

Il faut chercher des façons efficaces pour changer le cours des choses .Cela n’est possible sauf ,si tout le monde comprend qu’il est concerné et que le changement dépend de lui .Il faut courir à l’évidence et choisir un point du départ qui ne nécessite pas des discours continus , mais une présence consciente dans la situation . Lequel ? C’est la terre et la liberté .

C’est depuis la terre qu’on peut tout faire et qu’on ,même , comprendre que la liberté nécessite une existence réelle sur la terre .

La terre

Nous allons soulever un problème très compliqué , que l’état marocain ne peut pas résoudre depuis son implantation jusqu’à nos jours ; la terre est une problématique et non pas un simple problème ou une théorie qui nécessite un effort à fournir pour la comprendre .C’est vrai que la question de la terre est au premier plan philosophique et c’est dans cette dimension que l’ignorance et l’analphabétisme jouent le rôle de la barrière du blocage et de l’interdiction .

On ne peut pas poser des questions philosophiques sans aucune préparation précédente , que soit dans l’école ou dans l’en dehors . Pouvoir philosopher c’est résister face à l’échec de la réponse à la question .

La question philosophique ne nécessite pas une réponse immédiate et satisfaisante .C’est une question à multiple dimensions qui nécessite la raison ; c’est-à-dire que la question posée est une sélectionnée – vu sa validité , sa précision et sa clarté – parmi des questions produites au cours du processus du développement de l’intelligence et de la réflexion . On ne peut pas savoir laquelle est la question d’origine ou laquelle est la première des premières .

La question produit d’autres questions puis , quelques unes trouvent la réponse et beaucoup d’autres la cherchent encore et au cours de la recherche la question se transforme en des questions .

Si on prend ,donc , la terre comme question philosophique , on va la considérer et la comprendre comme la vraie mère . C’est sur elle que tout devient possible . C’est clair et évident , nécessaire et légitime de débuter par la terre = question source .

Parlons autrement , la chose évidente qui ne nécessite pas d’argumentation et d’explication c’est que cette terre est habitée avant l’existence de l’Etat .Elle n’est pas seulement celle de nos ancêtres , mais elle est l’une d’eux . Nous devons la respecter , car elle nous donne les conditions de la vie plutôt, elle est a priori la condition préalable de toute vie .C’est pour cela nous disons que la terre est notre mère ensemble , et ce n’est pas raisonnable de l’exploiter sauvagement , de la piller , de la vendre et de la tracer conformément aux intérêts privés .

Défendre la terre c’est défendre la vie .

Terre et liberté

Ou

Libération de la terre et de l’Homme

Tels sont les slogans éternels , universels et légitimes que tout le monde peut comprendre facilement sans faire appel à un processus d’explication et de conviction , etc. , Car la terre est une évidence . Rien ne devient possible que sur la base d’existence matérielle sur un espace. Même les animaux défendent l’espace où ils existent. Et la liberté est une condition préalable de l’existence de l’être humain. C’est à elle que tout individu aspire et si on en est privé on ne pourra pas construire une société d’égalité, c’est un objectif et un moyen de vivre. Pas d’égalité sans liberté.

L’objet de la pétition (contre le vol de la terre collective à msemrir –Ouarzazate- Maroc ) diffusée , circulée et publiée dans certains sites comme ; www.alternativelibertaire.org et www.rojoynegro.info et www.fibra.over-blog.com.over-blog.com et http://www.cmaq.net/node/32296 bien d’autres , l’objet , j’ai dit, est la terre comme propriété collective . Il y a ceux qui disent que cette terre est une propriété collective de la tribu d’Ait Aatta ou ,précisément, terre des Ait Aatta qui habitent à Msemrir et cela , selon eux, est une question d’histoire , ce sont eux les premiers habitants . Le reste , ceux qui sont venus dans de différentes conditions après , sont toujours des étrangers ( barrani) par conséquent , ils n’ont pas le droit de bénéficier de la terre. C’est-à-dire que ceux qui sont hors de la tribu sont hors sujet .Mais qui peut nous montrer le blad de ces gens si ce n’est pas ici ? Nous voici dans un cadre tribal. Comment ,donc, peut-on parler du citoyen ?

Mais juste à côté de cette logique , on trouve le concept du citoyen, de la nation, de l’Etat. Les deux logiques,tribale et étatique,coexistent et cohabitent.

L’Etat ,on le sait très bien, n’a pas d’histoire dans l’espace occupé par des tribus en état de rébellion pendant la période coloniale , c’est après la colonisation qu’il a pu être généralisé dans tout ce qu’on appelle maintenant le Maroc. Il y a ,bien sûr , tas de problèmes suspendus ,que le colonisateur n’a pas pu résoudre et qui sont une partie de l’héritage .Parmi ces problèmes : la propriété de la terre .

A qui appartient la terre ? Ou qui appartient à la terre ?

L’Etat ne peut pas et n’est pas de son intérêt de détruire la tribu dans toutes ses dimensions , il impose la coexistence sous sa dominance lui aussi dominé et dépendant .

Pour dominer il faut déformer et mettre dans un autre sens la logique tribale , c’est-à-dire la détruire partiellement , mettre fin à une autre conception et une autre logique d’organisation sociale , détruire un autre mode ou style de vie , dévier le sens du parcours historique , briser l’engagement de la société envers elle, pour la dépendre d’une autre logique et d’un autre engagement imposé, par violence, sans retour .

Mais en même temps , encourager et défendre un système d’idées, des croyances et des pratiques qui handicape et entrave la prise de conscience de la situation, folkloriser les coutumes et les cultures, les vider de leur vrai sens, tuer l’imaginaire , les rêves , la création et la critique , les remplacer par l’imitation , l’exécution et l’obéissance , avec l’illusion d’un peu de joie maquillée , une joie qui est comme les fleurs du plastique ; un décor qui n’a pas d’odeur , celle-ci provient de vrais fleurs , ainsi la joie ne supporte pas l’hypocrisie .

La relation établie entre l’Etat et la tribu est déterminée par celle déjà nouée entre le colonisateur et la tribu . C’est pourquoi on trouve les éléments résistants relativement,comme la terre et l’eau , le sont encore . ce sont deux moyens de production et deux conditions d’existence .

La terre est une propriété collective et ce critère collectif a engendré une culture d’entraide, de solidarité, de cohabitation . Tout cela a alimenté un esprit de résistance . On résiste car on défend une chose commune .C’est la force de Nous dans chaque un de nous qui pousse le Moi à être fort et à résister ou la légitimité de la cause .

Mais l’Etat ne peut pas privatiser la terre collective , il ne peut pas détruire l’un des aspects de la tribu qui dérange le capitalisme , celui de la communisation de la terre ou de n’importe quoi .Le fait de communiser fait appel à l’horizontalité , au partage , à l’égalité ,etc. Donc c’est un sens qui détruit le pouvoir du capital . Mais le capitalisme tend à mondialiser l’individualisme et la dictature du capital .

L’impasse de l’Etat ou du régime post-colonial est celui de la nature de son émergence , de son essence , de sa formation et de sa structure .Il n’est pas un régime en soi , issu d’une révolution au sein de la société . Il est implanté .La bourgeoisie ici n’a été pas une classe qui détient un projet de société qui va marquer un point de non retour vers un passé vaincu .

L’impasse de l’Etat , comme expression politique du régime et d’un mode de production ,c’est qu’il reconnaît l’existence de la tribu , cela via la tutelle du ministère de l’intérieur sur la terre à travers la formation d’un comité ,par les autorités , mais qui dépend naturellement de la tribu ; c’est –à-dire que les membres qui le constituent sont issus de différentes fractions et chaque une d’elles est représentée par une ou deux personnes ,ce sont les délégués=comité .

L’Etat,donc, puisqu’il ne peut pas détruire la tribu , comme nous l’avons déjà signalé , il va essayer de voler la terre par ce qu’il appelle la tutelle ( pseudo loi) .

Mettre une chose sous la tutelle veut dire que celui qui la détient n’est pas apte à s’en servir , ne mérite pas la garder .

La tutelle c’est le vol institutionnalisé , c’est aussi une transition entre la coutume et la loi .entre la résistance de la première et la faiblesse de la deuxième .

Puisque l’Etat reconnaît l’existence de la tribu , comment il parle d’un projet de société qu’il prétend détenir et qui dépend de la contribution de ce qu’il appelle la nation , c’est-à-dire que l’Etat opère à l’échelle nationale ?

Mais ,ici l’Etat ne fait que : - imposer des taxes et des impôts , - dépeupler l’espace par l’immigration , - monopoliser la pratique de la violence légalisée par la loi et la constitution , via la gendarmerie , la police , le militaire bref , via la machine répressive , - encourager les crimes par la création de leurs conditions nécessaires , - voler la terre au nom de l’intérêt publique .Mais est-ce que la construction des institutions de l’Etat est un intérêt publique ?

C’est quoi l’utilité des commissariats , des brigades , des prisons , des tribunaux ? Et pourquoi on ne construit pas les hôpitaux , les écoles , les collèges , les lycées , les universités , les librairies publiques , les salles des arts , du débat sur des choses qui nous concernent , les routes pour faciliter les échanges et les rencontres ,etc. ?

C’est quoi ,donc , l’intérêt publique ? C’est comme le secteur publique . celui-ci dépend de l’Etat .

Mais est-ce que la propriété de l’Etat est celle du publique , de tout le monde ? Est-ce que l’Etat représente toute la société ? Non , bien sûr, car il est une expression politique des classes sociales qui détiennent les moyens de production et les capitaux . Il est celui des capitalistes et non pas de toute la société .L’intérêt publique , le secteur publique , la loi au dessus de tout le monde , l’Etat est neutre …Tout cela n’est que des mensonges qui légalisent le vol et la répression .

La terre , donc, objet de notre discussion , n’est pas une propriété de l’Etat , car ces régions ne l’ont pas connu que récemment , et c’est la raison pour laquelle nous trouvons la présence de l&a logique tribale dans la relation avec la terre puis, c’est parce que l’Etat comprend très bien qu’il n’est pas le bienvenu ici , par conséquent il renforce constamment sa présence militaire et policière .Mais est-ce qu’elle est une propriété de la tribu ? C’est quoi la tribu maintenant , au xx1è siècle ?

Toutes les sociétés ont été des tribus, avant qu’elles connaissent des évènements qui les ont changées .Les révolutions scientifiques , politiques et sociales ont mis les sociétés dans un chemin qui a nécessité de briser les limites de la tribu , de la caste et d’autres formes d’organisation sociale , c’est une mutation vers une société qui n’est plus simple .L’existence d’une société complexe fait appel à un nouveau contexte , à un nouveau champs de problématiques , à un autre réseau relationnel , à un autre système de valeurs , etc.

Malgré que nous n’avons pas changé tout cela nous-mêmes , mais les choses ont changé , soit qu’on fait l’action ou on l’a subie , on ne peut pas arrêter l’histoire , tandis que ne pas contribuer au changement réalisé et subi nous laisse toujours accablés par la nostalgie qui nous incite à fuir la réalité . C’est pourquoi la tribu est encore là , et c’est la raison pour laquelle , aussi , l’Etat fait appel à des pratiques médiévales , c’est une nostalgie envers sa nature obscurantiste et répressive .

La nostalgie est une chose commune entre la tribu et l’Etat avec une grande différence du contenu . la tribu l’éprouve envers un passé de simplicité , d’égalité , d’autogestion , d’auto organisation , d’entraide , de solidarité et de l’amour pour la terre . Tandis que l’Etat l’éprouve envers un passé d’or, d’empire , d’envahissement , de destruction des villes et des villages révoltés .

L’alternative libertaire

Si la tribu s’appuie sur l’histoire pour défendre la terre , l’Etat, lui , s’appuie sur la légalité , la loi , la constitution , l’unité territoriale de la patrie ,etc.

Dans les deux cas , la terre est toujours victime de l’arnaque et du vol…Elle est tout le temps victime des frontières et des conneries humaines . C’est pour quoi nous disons que le temps de la tribu est fini. Quant à l’Etat il n’a jamais existé ici , comme il le prétend .

Pas de rationalité , ni exploitation des acquis scientifiques afin d’améliorer la vie de ce qu’il appelle les citoyens , pas de respect pour leurs droits, pas d’institutions capables de réaliser ce qu’il considère comme des projets , pas de stratégie , pas de projet de société . C’est un Etat mafieux . Ce que nous disons n’est de n’importe quoi , car toutes les campagnes et les enquêtes faites sur les drogues, surtout l’exportation du hashish et la vente des autres importées , posent la main sur des responsables , à haut niveau , de l’Etat. Et lorsqu’on arrive à ce stade on essaie de clore le dossier au plus vite possible et de terminer par mettre en prison quelques victimes ainsi que quelques mafieux . Ce n’est pas assez grave , lorsqu’on ne touche pas à la mafia politique . Ce qui s’est passé à Chakib Elkhayari à Nadore est claire et confirme ce que nous venons de dire .

Pour ces raisons nous luttons contre l’Etat et ses chiens policiers et nous considérons cette terre une chose qui ne lui appartient pas . Quant à la tribu ,il ne reste d’elle que des bandes qui sont au service de l’Etat .

Cette terre appartient à ces habitants sans aucune différence.

La solution est de comprendre ce Maroc comme une société de la différence et de la diversité , une société des autonomies .

L’unité est possible si la relation établie entre les différentes autonomies est égalitaire .Si nous ne sommes pas égaux , nous produirons l’inégalité , l’exploitation , le pouvoir et la répression .Et nous allons imposer une unité légalisée , intouchable et sacrée , ainsi toute différence est séparatiste et, doit être écrasée , car elle est une menace de l’ordre publique et la sécurité du régime et de l’Etat .

Nous sommes pas contre l’unité mais , une unité qui n’anéantit pas l’existence de la différence et des autonomies . L’Etat ne peut pas être cette unité qui reconnaît la différence, car il est un phénomène produit par l’inégalité .

L’alternative libertaire c’est de reconnaître ces autonomies existantes sociologiquement et historiquement , pour que chaque région ait son indépendance , afin qu’elles puissent réaliser une unité réelle , ainsi un autre Maroc est possible . Un Maroc des autonomies égales et associées librement.

Pour quoi ou ce qu’on appelle le séparatisme est mal vu ? Car il menace le monopole de l’exercice du pouvoir de l’Etat .

Nous sommes pour une société égalitaire , libertaire , indépendante , qui garantit la la liberté et l’épanouissement de ses individus .

En théorie et en pratique l’Etat est un obstacle historique non pas une force historique révolutionnaire .

La société doit lutter contre l’Etat et non pas à ses côtés. il est son ennemi pas son camarade /.



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