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Récit subjectif manifestation contre les brutalités policièresAnonyme, Dimanche, Mars 22, 2009 - 23:48 (Analyses)
MVPS
Ceci est un récit subjectif de la manifestation du 15 mars 2009. Je vais essayer de retracer un peu mon parcours de cette manifestation . Avec mes ami-e-s nous n’étions pas décidés d’en découdre avec la police Montréalaise. Nous étions motivés par cette cause, et sans doute de plus en plus révoltés au fur et à mesure du parcours. Nous étions décidés également à manifester et d’avancer coute-que-coute. Avant le départ, sur la place du métro Mont-royal, j’ai écouté intéressé les discours du COBP –qui avertissait notamment les manifestants à ne pas répondre aux provocation de la police, de ne pas tomber dans le piège de la violence etc─ au milieu d’une foule fort hétérogène : de tout âge, des femmes et hommes, d’origines différentes, des familles, quelques enfants/jeunes, des handicapés, des punks, des black blocks encagoulés, des clowns, une fanfare…et des policiers en civil facilement identifiables malgré leur accoutrement. Environ un millier de personnes présentes. Une ambiance bon-enfant même si une certaine tension était palpable. Des hélicoptères nous survolaient constamment, des rues étaient bloquées par un dispositif imposant de policier (à pied, à cheval, en voiture…) préparés pour l’affrontement. Nous savions également que tout s’apparentaient à une chronique d’une émeute annoncée (les articles de presse précédant la manifestation, les avertissements de la police, la diffusion d’avis à la population et aux commerçants et les précédentes manifestations). Ceci n’a pas freiné la volonté des manifestants. J’ai appris par la suite dans la presse qu’un représentant de la police avait déclaré au micro avant le départ, ce rassemblement illégal : je n’ai pas du tout entendu cette annonce. Le parcours n’était pas prévu d’avance, mais nous savions que l’un des buts était de manifester aux alentours du bâtiment de la fraternité des policiers, rue Gilford. Les accès à ce secteur étaient complètement bloqués. Je suppose que c’était pour empêcher d’atteindre ce lieu mais aussi de ne pas laisser la manif avancer dans la rue commerciale et fréquentée de Mont Royal. Le fait de bloquer cet accès a provoqué un léger affrontement avec la police présente avec quelques projectiles (surtout des fruits distribués), puis la ma manif est partie de l’autre côté vers la rue Saint Denis où tout un tas de spectateurs étaient ravis de voir passer le défilé : l’Attraction du dimanche. A ce moment la manif était joyeuse, il faisait beau, même les encagoulés semblaient avoir le sourire. L’hélicoptère zigzaguait toujours au dessus de nos têtes. Les choses se sont gâtées au niveau de la rue Sherbrook : la police nous empêchait à nouveau d’avancer, tirant deux bombes lacrymogènes (assourdissantes ?) blessant au passage quelques personnes et brisant une vitrine (je l’apprendrai par la suite). Je ne sais pas si cela répondait à des projectiles venant de la part de manifestants (qui a tiré le premier ?), en tous les cas ils semblaient déterminés à nous empêcher de descendre vers le sud. Ils ont ensuite coupé le cortège en 2…poussant les manifestants à se séparer en groupes distincts pour échapper aux premières charges de police. Je précise ce point important car j’ai lu à plusieurs reprises dans la presse que les manifestants avaient choisis stratégiquement de se séparer en petits groupes pour déstabiliser la police. Au contraire durant tout le long de la manifestation, la police à sans-arrêt cherché à séparer les différents groupes, tandis que les manifestants cherchaient à se rassembler. Dans un premier temps les policiers nous forçaient, sans contact, à nous replier dans telle ou telle direction donnant en effet l’impression d’un jeu de chat et de la souris. C’est à ce moment que la tension est montée au sein des manifestants et que certains, sans doute les plus révoltés (subissant sans doute tout aussi bien la violence sociale que policière), s’en sont pris à du mobilier urbain (quelques poubelles brulées) et quelques vitrines ciblées ou non (Hilton, Lotto Quebec, dépanneur, pizzeria…). D’autres manifestants, plus pacifistes, tentaient régulièrement de les en dissuader (surtout quand il s’agissait de cibles au hasard et sans connotations « capitalistes »)…et cela marchait généralement. J’ai été surpris par le dialogue qui pouvait se faire sur ce point. Je suis habitué en France dans certaines manif à assister à des actions ciblées visant certains bâtiments (banques, agences de travail temporaire etc…) qui amènent généralement la sympathie des manifestants…surtout si elles ne mettent pas en danger les personnes présentes. Malheureusement, force est de constater que plus on avançait, plus on nous barrait la route, plus la police était violente et plus la violence de certains manifestant était difficile à contenir. Je n’insisterai pas sur les violences opérées par certains, largement reprises, commentées, exagérées, dans les différents organes de presse en ne reprenant pratiquement que la version officielle de la police. (Par exemple la seule voiture que j’ai vu endommagée est un 4x4 qui a tenté de foncer dans la foule pour essayer d’avancer, mettant ainsi des vies en danger). Ce qui m’a le plus énervé c’est –en moindre mesure─ l’irresponsabilité de certains énervés mettant parfois en danger les autres manifestants (jetant par exemple un projectile dans la confusion (souvent sans véritablement viser), puis s’enfuyant et légitimant la police à charger sans distinction….mais c’est surtout le comportement brutal de la police visiblement débordée et pas habituée à gérer ce genre de manifestation. La police nous a en effet chargée à plusieurs reprises avec une violence assez impressionnante (je suis plutôt habitué à la voir se contenir jusqu’à un certain degré). Au niveau de l’Université Mc Gill elle nous a chargé à plusieurs reprises, nous a pris en tenaille, poussant les manifestants (et certains passants) à courir au risque de trébucher, de bousculer les moins rapide et créant une confusion qui attisait le désir d’en découdre chez certains. Le moment le plus stressant à été vécu pour moi dans cette zone, alors que la police nous poussait dans un escalier (avec les dangers que cela comporte) nous visant au pistolet à balles en caoutchouc…on peu très bien imaginer que dans la confusion, un coup est vite partit et peut toucher au hasard et provoquer de graves blessures. J’ai craint à ce moment une bavure. Des passants étaient alors consternés par la violence de la police. J’ai du aviser un jeune coupe avec un enfant de s’éloigner de la zone dangereuse, j’ai croisé un étudiant calme allant à la bibliothèque qui s’est pris des coups de matraque. Dans la confusion, notre groupe d’amis a été séparé, je me suis réfugié dans l’université. Quand le calme est revenu à cet endroit nous avons essayé de rejoindre la manifestation alors très mobile et éclatée mais qui semblait se rassembler vers la places des arts. Beaucoup de monde semblait révolté par ce qui venait de se produire jusqu’à présent. Les plus censés diront que c’était le moment de rentrer à la maison, mais je voulais retrouver mes compagnons et manifester (toujours pacifiquement, malgré la révolte) ma colère. Arrivés sur la place des arts, tout semblait prêt pour le spectacle/bouquet final : pleins de spectateurs surplombant la scène, une foultitude de journalistes, de nombreuses télés (pas présentes auparavant sauf au départ), des manifestants encore plus remontés et un dispositif policier encore plus imposant qui bloquait la place vers l’est. Certains éléments déterminés ont monté un semblant de barricade (qui ne résista pas longtemps) mais restaient en attente. Les projectiles ont commencé à partir quand les policiers ont fait mine de s’avancer, puis ont chargés…cependant la fuite était impossible vers l’ouest, un autre cordon de policier bloquait la rue de l’autre côté. Pris en tenaille une partie des manifestant est montée sur les marches de la place des arts, se mêlant ainsi aux curieux…A ce moment la police est apparue dans tout les sens, bouchant toutes les issues, bousculant et poussant tout le monde sur son passage en vociférant (c’est vraiment le terme) des « hou hou hou », des « bouge, bouge, bouge », arrêtant des gens au passage (y compris des journalistes et des passants) et distribuant quelques coups de matraques à ceux (dont mes ami-e-s) qui trainaient. J’ai remarqué certains policiers tentant quand même de calmer certains de leurs collègues les plus violents…enfin, une piteuse image de la police de Montréal. Profitant d’une accalmie et de la désorganisation de la police, nous nous sommes regroupés puis enfuis tandis que les forces de l’ordre (du désordre !) procédaient à de nombreuses arrestations dont certaines de groupe et non-ciblées…du grand n’importe quoi ! Que retenir de cette journée ? Tout d’abord que la police a tenu ses promesses de répressions largement annoncées et qu’elle a prouvé une fois de plus sa brutalité, son inefficacité à éviter les débordements et son manque de subtilité. On peut se demander dans quelle mesure elle n’a pas cherché à provoquer les affrontements et les désordres notamment en séparant le cortège et en usant de la violence disproportionnée et non-ciblée. Un manque d’organisation flagrant de sa part est à pointer peut être par manque d’habitude, à gérer ce genre d’évènements (qui se produisent très régulièrement en Europe). La riposte de la police ne répondait pas à une logique graduelle en fonction des exactions (ce n’est pas une poubelle brulée qui nécessite une charge non-ciblée) et contribuait à alimenter un jeu de chat et de la souris (ou de gladiateurs) et des affrontements sporadiques mettant en danger l’ensemble des manifestants (pour la plupart pacifiques je le répèterai jamais assez) et les passants (et eux-mêmes par ailleurs). Du côté des manifestants je critiquerais peut être un manque de visibilité du COBP tout au long du cortège…une fois les discours finis, ils se sont fondus dans la foule. Plus de banderoles, plus rien. Je ne sais pas si un itinéraire tracé d’avance permettrait d’empêcher le déroulement de tels évènements (et surtout de laisser libre court au déchainement de la police)…j’ai participé à de nombreuses « manifs sauvages » (ce qui est difficile à cette échelle) comme on dit par chez nous, sans que l’on atteigne se paroxysme de grand n’importe quoi (des deux côtés !). Je pense tout de même qu’avec un nombre aussi important de manifestants un itinéraire serait plus judicieux ainsi qu’un minimum de service d’ordre géré par le COBP évitant les débordements injustifiés et permettant surtout de se protéger des exactions de la police. Le plus important à mettre en place est avant tout une Legal-Team, composé d’avocats et d’observateurs s’assurant du bon déroulement de la manif en matière de répression, violence policière et surtout d’arrestations arbitraires. Quand on voit que plus de 200 personnes ont été arrêtées on est en droit de s’interroger sur les méthodes de la police. La prochaine fois On reviendra, mais mieux organisé ! |
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