GUERRE DE GAZA ET AUTOREDUCTIONS :
L’ANTI-TERRORISME A L’OEUVRE
Une révolution socialiste ayant pour but la société sans classes sous la dictature du prolétariat est-elle encore possible à notre époque ? On peut répondre sans hésiter : « c’est seulement aujourd’hui qu’elle est possible ». Mais pas pour cette année. L’ouverture d’une situation révolutionnaire nécessite de longs mois et années de confrontation de classes ouvertes et claires dans un moment dramatique de crise économique profonde et de guerres. Or, pour l’heure, tout ce qui domine est de nature militaire, impérialiste et baigne dans l’idéologie des races, des pauvres et des riches, toutes notions qui masquent la réalité de la domination capitaliste. Depuis le 19 décembre dernier et la dite fin de la trêve du Hamas, la guerre civile interne fait rage en Palestine découpée en camenberts invraisemblables.
Dans toute guerre il ne faut jamais croire un camp. Le mensonge est bipolaire. Peu importe qui a commencé. Peu importe même qui a commencé localement. Peu importe que l’on fasse porter le chapeau au nationalisme du Hamas ou au terrorisme pachydermique de l’Etat hébreu. Chaque média y va de son commentaire : l’Etat d’Israël avec sa politique d’implantation par le vol des terres veut-il s’accaparer tôt ou tard la Cisjordanie et la misérable bande de Gaza ? Les leaders politiques du Hamas sont-ils des crétins politiques suicidaires ?
Voilà à peu près ce que toute la presse bourgeoise mondiale nous sert comme « explications ».
L’explication dominante en Occident est évidemment que le preux Etat d’Israël ne fait que se défendre contre d’ignobles terroristes qui prennent en otage les populations de colons comme celles qui les ont élus face à un Fatah collabo et décrédibilisé. L’explication dominante sur les chaînes de télévision arabes est évidemment tout opposée. Si les divers et hétérogènes pays arabes représentaient un bloc puissant et uni on aurait toute latitude de croire que la route vers la troisième boucherie mondiale est ouverte. Il suffit pour mesurer l’importance des germes de division interclassistes semés dans les populations de regarder la nature des manifestations de protestation et les hystériques prises de position de chaque clan ou individus paumés sur le web. La haine est telle que les organes de presse gouvernementaux ont fermé des commentaires jugés trop « glauques ».
Or, la philosophie dominante du bloc impérialiste de l’empire occidental est trop simpliste et opaque. Elle se résume à l’antiterrorisme. Qu’est-ce que l’anti-terrorisme ? La lutte des Etats bourgeois armés jusqu’aux dents contre des bandes de tueurs de l’ombre ? La lutte du probe Bush contre les vilains individualistes d’Al Qaida ? La répression du petit télégraphiste US Sarkozy contre une poignée d’épiciers marginaux de Tarnac ?
Le terrorisme est-il le seul apanage du pauvre nationaliste opprimé ? Le fait de sans-patrie qui n’ont pour ressource que de crever à la périphérie du capitalisme opulent et malade ? Le petit con de banlieue qui met le feu à la voiture du retraité ? Le patron qui met la clé sous la porte et s’enfuit avec les bénéfices ?
L’antiterrorisme est en tout cas le principal credo politique de la bourgeoisie dominante sur la planète sur le plan social comme sur le plan impérialiste. Toute révolte est taxée immédiatement d’action « terroriste ». Le terrorisme est-t-il aussi responsable de la crise économique des capitalistes ? L’utilisation à tous crins du terrorisme comme deus ex machina vient d’être la réponse à l’immense protestation étudiante en Grèce. La bourgeoisie secrète naturellement le terrorisme au petit pied. Les tirs à balles réelles contre des policiers grecs viennent à point pour calmer le jeu ; ce n’est pourtant pas avec les méthodes de la police et de l’armée que le mouvement social pourrait trouver l’issue. L’emprisonnement arbitraire des jeunes étudiants de Tarnac a été dans le même sens une action préventive pour indiquer que la lutte des classes ne peut avoir droit de cité que si elle est rangée derrière les syndicats corporatifs alliés à l’Etat, ou se ridiculiser par des actions individuelles suicidaires.
La classe ouvrière, pourtant touchée de plus en plus durement par l’économie en crise, comme disent les bourgeois, reste ficelée derrière les syndicats officiels et n’a pas levé le petit doigt pour soutenir les révoltes étudiantes ni pour sortir les emprisonnés de Tarnac de leur isolement carcéral. Cela vérifie qu’elle reste soumise pour sa plus grande part aux mensonges dominants. Si un tel amorphisme devait perdurer, elle le payerait très cher. Mais faisons confiance à dame la Crise.
En France, comme ailleurs dans le monde, il existe une crise générale de tous les partis, bourgeois bien sûr, les PS, PC et NPA (qui ne décolle toujours pas) – dont on n’a rien à braire - mais aussi de toutes les petites sectes révolutionnaires de type marxiste ou anarchiste qui font l’objet du doute universel sur leur probité et leur désir désintéressé de renverser le pouvoir capitaliste pour le remettre pieusement au prolétariat. Comme on l’analysera ici en deux parties, ce n’est pas pour autant que les « professionnels de l’agitation » vont délaisser les dangereuses questions de la guerre et de la paupérisation à une supputée spontanéité prolétarienne…
Comment la bourgeoisie pourrait-elle être inquiète et ne pas perpétrer ses projets criminels ? Il n’y a plus de parti digne du prolétariat. On n’entend plus parler de regroupement des révolutionnaires pour parler d’une seule voix, pas tant du fait de l’inanité d’un éventuel collage de poignées d’individus dispersés, que parce qu’il n’existe plus vraiment de milieu révolutionnaire mondial pour discuter de théorie et de projet politique universel, de creuset d’une volonté commune de donner une armature solide à la théorie du prolétariat comme le furent ICO en 1968 et Révolution Internationale dans les années 1970. Plus aucun groupe n’est crédible. La fantasmatique évocation d’une ultra gauche fantomatique par madame la ministre de l’Intérieur a fait flop avec l’incarcération arbitraire des jeunes anarchistes marginaux de Tarnac. Le maintien en détention totalement illégal et infondé du jeune couple, Julien Coupat et sa compagne, tout comme la mise en examen, comme de vulgaires politiciens compromis, de leaders lycéens, vérifient plutôt un Etat faible qui pense favoriser un terrorisme de bon aloi pour l’ordre vertueux parmi une frange de la jeunesse et éviter à celle-ci de se situer du point de vue des véritables actions de classe pour confronter la bourgeoisie. Etat faible non pas son imprévoyance – les montages frauduleux existent en nombre dans les cartons des Préfectures et le flicage généralisé qui confine à la paranoïa monarchique est leur bréviaire – mais parce qu’il ne dispose plus d’une opposition crédible. La peur du vide politique est plus terrorisante pour le sommet de l’Etat que la peur des bombinettes que sa police peut déposer opportunément ou laisser déposer à dessein par n’importe quel cénacle clandestin ou taré manipulé.
Après une année 2008 d’économie « en crise » voire de « crise économique » hard, voici 2009 comme année de « crise politique ». On ne dira pas que la crise économique ne contenait pas déjà la crise politique parce que la crise politique précède toujours la crise économique en l’annonçant par des scandales secondaires, avec des règlements de compte politiques entre fractions ou individus de la bourgeoisie. On ne dira pas que la crise politique va se résoudre dans la crise économique parce que la crise économique aggrave la crise politique en révélant les dessous financiers malodorants des dominants. Combien de Madoff vont-ils sortir de la boite de Pandore à subprimes ? On ne dira pas que la crise politique va ouvrir la voie à la révolution car les miasmes de la crise politique donnent l’occasion aux partis et sectes vertueux de la contestation de prétendre pouvoir laver plus blanc l’argent trop cher. On ne dira pas que la crise affaiblit les investissements militaristes : tous les budgets militaires ont explosé en 2008, en France comme ailleurs, et Israël avait doublé son budget d’armement bien avant que le Hamas annonce la rupture de la trêve, après avoir bénéficié lui aussi du surplus des pays amis ; l’armée sale d’Israël a investi dans la recherche de moyens pour paralyser les fusées ennemies à courte portée et pour être le meilleur laboratoire des armes et stratégies de la bourgeoisie mondiale pour contrer toute guerre civile, y inclus « de classes ».
Crise politique dans une situation où dominent les affrontements militaires, voilà malheureusement le tableau astrologique que nous pouvons figurer pour l’heure. Ceux qui croient que les Etats bourgeois se penchent pour l’essentiel dans une noble recherche pour trouver des fonds pour « sauver l’industrie automobile » ou limiter l’inflation, sont d’indécrottables naïfs. Le pourcentage des crédits consacrés aux dépenses d’armement dépasse vertigineusement celui consacré à indemniser le chômage. L’équation est simple sur la planète terre : si dans l’auge consommatrice il n’y a plus assez pour nourrir tout le troupeau, il faut en éliminer une partie. Comme en 1914, comme en 1939, la bourgeoisie ne peut pas faire de sentiment… si le prolétariat lui laisse libre cours, si un pan du prolétariat occidental se laisse bercer les théories bicéphales simplistes, l’idéologie nationale-chrétienne-écologique versus un autre pan par l’idéologie nationale/juive ou musulmane/communautariste, indoue/pakistanaise, Islam/Occident, terrorisme/démocratie, etc. et etc. Sous le capitalisme omnipotent et impotent, il n’y a ni solution à l’éternisant conflit israélo-arabe ni aux multiples guerres locales « internes ». Avec la doctrine dominante de l’antiterrorisme, comme avec l’antifascisme naguère, les termes politiques sont inévitablement faussés. Si vous parlez de destruction de l’Etat d’Israël vous devenez un ami du Hamas, vous voulez « jeter les juifs à la mer », pire vous êtes un horrible négationniste (l’imbécile clown de service Dieudonné est bien placé pour rappeler que cette catégorie fait encore partie du tableau). La gauche mondiale bien pensante dénonce les crimes de l’armée d’Israël mais au nom de la fiction de deux Etats contigus et emmêlés ! Du point de vue marxiste, la destruction de l’Etat (bourgeois) d’Israël est un truisme mais en même temps que la destruction du Hamas, des monarchies et des dictatures militaires arabes – plus certainement après la culbute de grands Etats: voilà la tâche du prolétariat international s’il parvient à dépasser les clivages artificiels entretenus par les diverses bourgeoisies.
LA FIN DE LA FICTION D’UN ETAT PALESTINIEN
Par un long blocus, en dosant au millimètre la fermeture des points de passage, Israël a plongé la bande de Gaza dans un état de misère abjecte, sans pour autant qu'une famine s'y développe pour le moment. Pour le Hamas, déjà boycotté par la communauté internationale et tenu à distance par ses rivaux du Fatah - l'organisation du président Mahmoud Abbas, boutée hors de Gaza lors des affrontements de juin 2007 – il n’y avait pas de meilleur conditionnement à la guerre. L'embargo a entretenu un climat de haine qui a renforcé le Hamas et ses islamistes pour préparer leur réplique de décembre 2008. En lançant son offensive « Plomb durci » contre la place forte des islamistes du Hamas, l'Etat juif poursuit une stratégie sur plusieurs fronts: militaire, politique, économique, selon la presse gouvernementale. Or, les journalistes aux ordres (ubiques ?) reconnaissent que les "buts de guerre" d'Israël, dans la bande de Gaza, restent opaques. Les vagues de bombardements ininterrompues, copiées sur le modèle de l'opération américaine "Choc et effroi", menée en prélude à l'invasion de l'Irak en 2003, confirment une action toujours téléguidée par la bourgeoisie US ; Bush et Obama sont totalement complices. Adieu l’Etat palestinien promis par une série de verteuses poignées de main des protagonistes et de leurs pères putatifs dominants. Entre autres cibles, dont des bases de miliciens palestiniens, ces frappes ont pulvérisé des dizaines d'édifices publics, comme ceux de la présidence palestinienne, du Parlement, du conseil des ministres et du ministère de l'Education. Le gouvernement israélien a affirmé, sans fournir de preuves, que ces bâtiments étaient réquisitionnés par la branche militaire des islamistes du Hamas; ils avaient été construits dans les années 1990, grâce aux fonds de la communauté internationale, pour servir d'ossature au futur Etat palestinien. Les bombardements ont fait très nombreuses victimes parmi les civils, mais le mirador hébreu des Etats-Unis a affirmé que c’était surtout des terroristes du Hamas et ses dérivés islaminguants, quand la presse reconnaît que les troupes du Hamas sont pour l’essentiel restées intactes. Lundi 5 janvier, 517 Palestiniens étaient morts; dont 20 %, selon les Nations Unies, de femmes et d'enfants. Les tirs de roquettes du Hamas n’auraient fait que 4 morts et, hier, une poignée de soldats israéliens tués par leurs propres chars. La fringante ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni a choisi l’opportunité de sa réception par le premier blaireau français pour criminaliser le « camp ennemi de l’intérieur ». L’évacuation des colonies juives de la bande de Gaza durant l'été 2005 aurait été une fleur de l’Etat hébreu pour donner aux Palestiniens de Gaza l'opportunité de poser les fondations de leur futur Etat, au lieu de quoi ils ont choisi d'élire le Hamas et de lancer des roquettes sur l'Etat juif. La représentante de l’Etat « le plus démocratique de la région » révélait ainsi tout le mépris de la bourgeoisie non pour les élections, dont elle use que pour s’en servir à ses fins internes, mais pour les masses palestiniennes qui choisirent de virer une OLP corrompue et molle. Le retrait de Gaza n'était pas destiné à faciliter l'accession des Palestiniens à l'indépendance. Au contraire même. Dès octobre 2004, dans une interview au quotidien israélien Haaretz, Dov Weisglass, chef de cabinet du Premier ministre d'alors, Ariel Sharon, avait prévenu: "Le désengagement fournit la dose de formol nécessaire pour qu'il n'y ait pas de processus politique avec les Palestiniens." De fait, avant même la victoire électorale du Hamas en janvier 2006, les Palestiniens de Gaza ont été privés des moyens de se gouverner. Tout en maintenant son emprise sur les points de passage, bouclés à la moindre alerte, le gouvernement israélien dénia à l'Autorité palestinienne le droit de bâtir un port, de rouvrir son aéroport ou d'aménager un couloir routier avec la Cisjordanie. Ce simple remodelage du système d'occupation empêcha toute reprise économique à Gaza et accéléra le discrédit du Fatah.
L'échec de la trêve négociée en juin 2008 est le produit d'une double provocation. La première est le fait d'Israël. Le 4 novembre, après cinq mois de cessez-le-feu globalement respecté, l’armée sale (Tsahal) pénètre en force à Gaza pour détruire un tunnel creusé par des militants islamistes. Six Palestiniens armés sont tués dans cette incursion, dont la nécessité n'a jamais été démontrée. En conséquence, et comme les stratèges israéliens l'avaient sans doute prévu, sinon voulu, le Hamas reprend aussitôt ses tirs de roquettes. Seconde provocation, le 19 décembre: la direction du mouvement islamiste décide de ne pas renouveler le cessez-le-feu conclu pour six mois. De son point de vue, cet accord n'a plus de sens dès lors qu'Israël viole une clause portant sur la levée graduelle du blocus. Depuis le début de novembre, en effet, l'étranglement du territoire palestinien atteint un niveau tel que les agences des Nations unies ne parviennent plus à faire entrer leurs convois d'aide humanitaire ni le moindre journaliste voyeur. En l'espace d'une semaine, le Hamas lance 200 roquettes sur Israël. Ce coup de sang des « terroristes islamistes » fait l'affaire des autorités israéliennes. Elles estiment qu'en refusant de revoir à la baisse ses exigences pour libérer le soldat Gilad Shalit, capturé en lisière de Gaza en juin 2006, et en poursuivant la contrebande d'armes via les tunnels creusés sous la frontière avec l'Egypte, le Hamas n'a pas non plus respecté sa part du contrat. Le Premier ministre Ehud Olmert ordonne donc à l'armée de mettre en oeuvre le plan d'attaque sur lequel elle travaillait depuis le mois de juin. Rendus prudents par le fiasco au Sud-Liban, lors de l'été 2006, les dirigeants israéliens disent ne pas tant vouloir détruire le Hamas que "redonner une vie normale aux habitants du sud d'Israël". On peut éclater de rire ? De 2001, date de leur mise en service, à la veille de ¬l'offensive contre Gaza, près de 3 700 roquettes de type Kassam ou Grad se sont écrasées sur le territoire israélien, en particulier dans la petite ville de Sderot. Curieusement, malgré une telle avalanche, l’Etat d’Israël tait le nombre réel de victimes et n’exhibe que quelques bâtisses effondrées et de braves habitants juifs terrorisés dans leurs HLM. La force de frappe des artilleurs du Hamas demeure limitée: 24 morts et un millier de blessés en sept ans. Mais leur capacité de nuisance est réelle. Les multiples opérations militaires ¬menées en représailles, comme l'incursion, en mars 2008, qui avait tué 120 Palestiniens, en majorité civils, n'ont jamais réussi à faire cesser les tirs. Normal. Persuadé que là où la force a échoué une force plus grande pourrait réussir, Israël s'est donc lancé dans une campagne de bombardements massifs. Avec la complicité hypocrite de la bourgeoisie internationale, la victoire militaire semble promise à Israël. Mais ses fruits risquent d'être amers: si le Hamas réussit à préserver sa tutelle sur Gaza, le mouvement islamiste aura, par son endurance, galvanisé le nationalisme palestinien impuissant et affirmé que la solution ne réside que dans une guerre généralisée. Mais qui peut croire vraiment qu’il s’agirait d’une simple guerre locale entre bandes armées palestiniennes nationalistes et l’Etat néo-colonial d’Israël avec son armée sale?
Entre un triste Noël et une gueule de bois du jour de l’An, la pachydermique action de l’armée de l’Etat bourgeois d’Israël a donné le ton. Les médias ont mis en vedette deux types de protestations inoffensives et contre-révolutionnaires. Ces deux actions, comme on le verra, sont si minables qu’elles ne diminuent en rien la crise politique et la crise de représentativité bourgeoise et prolétarienne.
DANS LA GUERRE IMPERIALISTE INTERNE, LES FANATIQUES GAUCHISTES CHOISISSENT UN CAMP BOURGEOIS « PAUVRE » ou « VICTIME »
L’action de l’armée israélienne est sans conteste ignoble, comme est ignoble le soutien de divers lobbies juifs et des artistes idoines. Les actions provocatrices de l’armée nationaliste de l’ombre, le Hamas, sont aussi ignobles visant les civils israéliens, juifs et souvent même arabes. Israël n’est pas un pays composé des seuls juifs, c’est une population civile constituée de multiples nationalités, religions et de courageux pacifistes (dont on oublie que certains sont morts écrasés par l’armée d’occupation.
L’action armée incrustée au sein de la population civile est la politique de tous les Etats capitalistes désormais. Autant l’armée israélienne, tenue à bout de bras par l’armada US, terrorise journellement des populations enclavées et ghettoïsées comme jamais, autant le Hamas prend en otage la population civile arabe en mettant tout sur le dos des représailles « juives ». Les corps des femmes et des enfants leur servent de sacs de sable contre les armes sophistiqués de l’Etat mirador de la bourgeoisie US. Inutile d’en appeler à la cessation du massacre. Tant qu’il y aura du pétrole au Moyen Orient, perdurera le montage (les inégalités sociales et les murs de la honte) de la comédie de la haine éternelle juivo-arabe dont la fameuse blague a déjà détruit toute crédibilité (cf. « Qu’est-ce qui différencie un juif d’un autre arabe ? »). Deux guerres mondiales ont eu lieu pour le contrôle du Moyen Orient, il ne faut donc pas croire que la question a été réglée ni éclaircie pour le troisième tour!
Reprenons notre questionnement : qui et quoi est derrière ?
Joyeuse fin d’année d’ « économie en crise », face au massacre de centaines de personnes, on nous a assuré qu’il s’agissait soit de soldats du Hamas (selon une version du camp des « forts » de l’Etat juif) soit de civils (selon une autre version du même camp des « forts » de l’Etat « juif ») pour culpabiliser encore plus le « lâche » ennemi du Hamas. Face au massacre incontestable et disproportionné de l’armada de l’Etat fantoche d’Israël fantoche, la gauche bourgeoise et l’extrême gauche petite bourgeoise européennes ont renoué avec les manifestations « anti-impérialistes ». Manifester contre la guerre oui, mais pas derrière des drapeaux nationalistes, pas par des attentats antisémites !
Cela avait un petit air fans des sixties. Ils furent par exemple des milliers de jeunes lycéens et étudiants, ceux de tête revêtus de kefiehs de Londres à Madrid jusque dans les rues lyonnaises. Cortèges denses marchant généreusement pour demander l'arrêt du "génocide du peuple palestinien". Une vingtaine d'associations, de syndicats et de partis politiques de gauche avaient appelé à la manif à Lyon entre autres. Derrière une banderole demandant la "levée du siège criminel de Gaza, liberté pour Gaza", les manifestant scandaient : "Israël terroriste", "Nous sommes tous des Palestiniens" et "Sionistes, fascistes, c'est vous les terroristes". De très nombreux drapeaux palestiniens flottaient au-dessus des têtes, tandis que et des banderoles affichaient : "Halte au blocus", "Halte au massacre" ou bien encore "Israël assassin, pays arabes complices", mais derrière les drapeaux nationaux de l’Algérie dictatoriale et de l’éternel virtuel drapeau palestinien. Certains manifestants portaient des mannequins représentant des enfants morts dans l'offensive. Même dans un trou de province comme Annecy, un millier de personnes a manifesté devant la préfecture de Haute-Savoie, jusqu’à un bled comme Privas devant la préfecture de l'Ardèche en "solidarité avec le peuple palestinien face à la politique meurtrière de l'Etat d'Israël sur la population de la bande de Gaza". Bien frelatée la dénonciation ficelée partout par les vieux machins des partis staliniens et trotskiens ! Si on pouvait comprendre autrefois la naïveté des manifestations estudiantines contre la guerre du Vietnam, au profit du bloc russe, les manifestations contre Israël ont été menées, peu ou prou, inconsciemment et consciemment au profit du Hamas. Comme souteneurs à la sanglante armée bourgeoise du Hamas on vit défiler les habituels et creux groupuscules nationalistes arabisants mais surtout les vieux cons staliniens du parti chagrin de Mamie Buffet et tous ses imbéciles aux marges de ce parti de l’époque fasciste comme le cercle « Prométhée » - qui défila jadis aussi en soutien à Saddam Hussein – et qui voient une cure de jouvence possible dans le bain glauque du NPA de Tintin Besancenot. Toujours prêts à soutenir un camp impérialiste contre un autre, nos braves trotskiens nationaux n’ont pas été en reste, ils étaient là avec leurs drapeaux rouge-sang « guerre révolutionnaire »… de mes couilles. Ces manifs pacifistes contre la guerre ne sont ni pour la paix ni pour la révolution puisqu’elles soutiennent un camp dit « plus pauvre » ou « plus opprimé » !
Relativisons : le prolétariat universel, qui conchie Israël comme tous les autres vieux Etats impérialistes ou à naître, n’est pas prêt à se laisser séduire ni par les fanatiques arriérés du nationalisme arabe ni par les fanatiques sous-développés d’un gauchisme pour pauvres cons. Le prolétariat dort encore. D’un œil.
Naguère les manifestations pacifistes « anti-impérialistes » étaient téléguidées par le bloc de l’Est. Aujourd’hui, qui est donc derrière le Hamas et ses supporteurs occidentaux ?
- Des parrains qui aiment leurs peuples soumis à Mohamed ou à Bouddha, affamés et torturés : l’Egypte, le Quatar, la Syrie, l’Iran et… la Chine !
Participer à ces manifestations pacifistes contribue à mieux préparer une guerre à plus grande échelle, en posant l’alternative d’une paix impossible contre une révolution forcément « terroriste ». Les manifestants en Occident, à dominante maghrébine, sont donc eux aussi les dindons de la farce. L’enjeu est grave. Les Etats les plus puissants favorisent le développement du terrorisme pour mieux aller au bout de leurs préparatifs impérialistes majeurs. Dans ces conditions, un dérapage dramatique est possible. L’Iran n’a pas besoin de fabriquer sa propre bombe atomique. Les fournisseurs potentiels sont nombreux qui peuvent faire parvenir la « camelote », et pas par de misérables souterrains. Un scud nucléaire chinois ou russe peut fort bien partir d’Iran ou d’ailleurs dans la région et détruire une partie du territoire d’Israël sans choquer des masses de populations humiliées, meurtries et paupérisées. Adieu la révolution humanitaire et vive la guerre mondiale vengeance suicidaire des pauvres !
L’axe nouveau de l’impérialisme pourra alors figurer la « guerre des civilisations » : Occident contre Orient et Extrême-Orient, où la Russie choisira naturellement le second comme le profile la « guerre du gaz ».
L’anti-terrorisme des « démocraties guerrières » n’a pas heureusement encore le poids de la mystification antifasciste. Le fascisme et l’antifascisme avaient gagné la population mondiale à la nécessité de la guerre mondiale grâce à l’écrasement de la révolution en Russie. L’anti-terrorisme ne peut gagner ses lettres de noblesse en exhibant ses charniers militaires et en comptant sur le coup d’épaule pacifiste de la gauche bourgeoise et de ses succédanés gauchistes et anarchistes.
Il faut donc à l’anti-terrorisme labourer le terrain social explosif par temps de crise de l’économie, même si la proportion mondiale du nombre de chômeurs n’est jamais comparée à celle de 1929, leur nombre étant de toute façon supérieur en fonction de l’accroissement de la population et vu l’impossibilité d’incorporer une telle masse sous les drapeaux. L’anti-terrorisme peut compter sur la gauche, même affaiblie, et justement parce qu’affaiblie pour éliminer le danger prolétarien en ôtant tout critère de lutte des classes à la volonté croissante d’en finir avec le capitalisme. L’idéologie d’Union nationale de l’anti-terrorisme dispose de son relais sur le terrain social. Il faut être aveugle ou niais pour ne pas le considérer.
DANS LA MISERE CAPITALISTE INTERNE, LES ADMIRATEURS DE LA MISERE DES PAUVRES FONT LEUR CINEMA
Dans le spectacle rayé de fin d’année, les médias bourgeois exhibent toujours un reportage consacré aux sans-abris, à Toto, pauv’mec mort de froid à l’entrée du métro no future, image rassurante de l’enfer entre le radiateur du spectateur et son écran plasma. Ringard non ? Dans le même sens, l’ensemble de la presse bourgeoise a commenté avec ravissement et la larme à l’œil les actions de nos nouveaux « autoréducteurs ». On se pâma du Figaro sarkozien au 20 minutes gouvernemental. Même la police reçu ordre de se tenir coite face aux nouveaux taxis de la Marne de la pauvreté. Panégyrique made in Libération :
« Ces désobéissants civils sont aussi des vigies de la crise. «Leur acte est public, non violent, illégal et décidé en conscience», comme le commente le philosophe américain John Rawls, qui en donne la raison : «Les principes de coopération sociale entre des êtres légaux ne sont pas actuellement respectés.» L’idée de ces jeunes descendants de Henry David Thoreau est de monter un acte symbolique qui en appelle à la conscience citoyenne. L’écrivain américain disait qu’«un homme qui aurait raison seul contre ses concitoyens constitue une majorité». Bien sûr, ces «enleveurs de chariots» ne sont qu’une toute petite minorité, leur acte, malgré ce dossier de Libération, risque de passer quasi inaperçu. Il ne faut pas pour autant se fermer à leur forme de militantisme. En dehors du champ politique et syndical traditionnel, de droite mais aussi de gauche (menteur ! ndt). Comme si cette crise par sa violence, par son radicalisme, demandait d’autres formes d’action. A première vue, simplistes, comme le sont ces Robin des bois des Monoprix. Penser donc : prendre aux riches pour donner aux pauvres. Mais les politiques auraient tort de ne pas écouter ces bruits d’une société poussée à bout, qui sent que la philosophie ultralibérale qui lui tenait lieu de camisole se déchire ».
Question ad hoc de Libé aussi sur les nouvelles « autoréductions » gauchistes à un certain Bernard Maris, professeur agrégé d’économie : « La crise ne pousse-t-elle pas à revoir nos modes de consommations ? « Dans toute période de crise, et donc de défiance, la circulation de marchandises se développe en marge, hors circuit traditionnel : dans les entreprises où, faute d’avance et de cash, on multiplie les «papiers commerciaux» et les lettres de changes pour trouver d’autres canaux. Et dans de nouvelles formes d’organisations, avec la création de monnaie locale ou la multiplication actuelle des SEL, les systèmes d’échanges locaux ».
Tout cela entre par conséquent parfaitement dans le citoyennisme d’Union nationale qui sous-tend que la misère peut être partagée ou amoindrie car la petite bourgeoisie flouée par la crise économique rêve de développer échanges ou trocs parallèles et d’ouvrir une, deux, trois épiceries comme à Tarnac. Grâce aux « Robins des bois » de supermarchés, justiciers pipoles inventés par les crânes bas de l’appareil cégétiste, la contestation supranationale a ripoliné la misère ambiante. Si le cadavre du stalinisme « anti-impérialiste » de pacotille bouge encore, le cadavre du gauchisme infantile frétille grâce aux « assocs » comme le DAL, organisme para-policier qui, même si ses séides écopent de coups de bâtons policiers, pose à l’interlocuteur des « pauvres » comme les syndicats posent aux enculeurs des ouvriers jusqu’au fameux milieu de coordination des intermittents aux revenus opaques, et obligés des camarillas de la gauche caviar et de la mafia d’AC. Récit ad hoc : « Quelques heures avant les bombances du réveillon, au Monoprix de la rue du Faubourg-Saint-Antoine à Paris, une cinquantaine de précaires, de chômeurs et d’intermittents du spectacle «réquisitionnent» une dizaine de chariots, après les avoir remplis de fois gras, de saumon, mais pas seulement: pâtes, patates, huile sont aussi raflés. Ils bloquent ensuite les caisses du supermarché et exigent que le directeur les laisse sortir sans appeler la police. «C'est une autoréquisition qui est juste en ces temps de crise et qui permet aux précaires de fêter aussi le Nouvel An dignement», explique un membre du collectif au «Prolétariat universel ». Les victuailles ont été redistribuées à la Bourse du travail, occupée par des sans-papiers, au gymnase Merry, où sont installés des mal-logés, et lors d'un «réveillon des luttes» dans le 19e arrondissement de Paris. Le samedi 20 décembre, une première «autoréduction» a été menée aux Galeries Lafayette de Rennes, puis le samedi suivant au Monoprix de Grenoble ».
Cette pratique du pillage organisé est pourtant une vieillerie gauchiste (Ah ! Fauchon et ses braves maoïstes !) qui ravit les intellectuels dégrisés communisateurs quand les choses se tassent. Quand les actions d’appropriation de nourriture sont spontanées, les prolétaires sont de tout cœur avec les « affamés », et la justice ne s’y trompe pas qui condamna lourdement des pauvres gens antérieurement. Mais l’action petite bourgeoise, menée par les professionnels recyclés du gauchisme des 70 (cf. L’Italie), en France et en Grèce pour des « autoréductions », qui cambriole Champagne et foie gras pour les « jetés à la rue », est non seulement infinitésimale et ridicule, mais elle figure une charité d’Union nationale qui agit en lieu et place du prolétariat en prétendant lui donner la leçon. Ce sont les mêmes qui ont crié « nous sommes tous des Palestiniens » ! Si nous sommes tous des Palestiniens alors nous resterons aussi impuissants qu’eux et à la merci de la charité internationale. Si nous supportons la comparaison, comme il n’y a pas de classe ouvrière forte et indépendante au Moyen Orient, alors nous n’existons plus que comme prolétariat de « pauvres précaires» tout juste bons à être « assistés », alors que c’est tout le prolétariat qui fait bouffer la bourgeoisie.
Ce qui fascine avec tous ces clans d'extrême-gauche et du PCF, cachés derrière les « assocs » qui prétendent lutter contre la pauvreté, c'est qu'ils ressortent des tiroirs les vieilleries anarchistes de l’autogestion villageoise contre toute réelle centralisation des besoins radicaux du prolétariat mondial. C’est plus dur et moins médiatique de faire grève, de laisser les assemblées générales d’entreprises et de quartiers organiser des manifestations auprès des mairies ou préfectures pour assurer un digne ravitaillement à toute la population. Ce genre d’action ne peut que complaire à l’Etat bourgeois car elle signifie que les prolétaires salariés eux ne font rien pour les éjectés de la production et surtout qu’ils sont incapables d’agir en tant que classe ouvrière solidaire. Les taxis de la pauvreté ronronnent bien pour désarmer le prolétariat dans les futures confrontations majeures. Mais, hélas pour eux ils n’ont plus le pétrole idéologique de leurs ancêtres en « mystification socialiste », ils n’ont même plus de projet social radicalement alternatif au capitalisme !
Votre espoir est utopie, me direz-vous en conclusion, alors que la lutte du prolétariat est quasi inexistant officiellement, voire évanescent ! Pas du tout. La force du prolétariat est très simple et ravageuse quand la misère et l’oppression deviennent insupportables, face à un coup d’Etat de type fasciste ou une ruée brutale vers la guerre mondiale. Prenons la description de la façon dont a été maîtrisé le putsch de Kapp en Allemagne au début du siècle dernier par le lucide Malaparte, méprisé et traité à tort de fasciste par le paon Trotsky : « …Mais comment obliger une masse énorme d’ouvriers à reprendre le travail ? Pas par les armes, à coup sûr. Dans la soirée même du 13 mars, Kapp qui se croyait, à midi, maître de la situation, se trouva prisonnier d’un ennemi imprévu. En quelques heures, la vie de Berlin fut paralysée. La grève se répandait dans la Prusse entière. La capitale était plongée dans l’obscurité ; les rues du centre étaient désertes ; un calme absolu régnait dans les faubourgs ouvriers. La paralysie avait foudroyé les services publics : même les infirmiers avaient quitté les hôpitaux. Le trafic avec la Prusse et avec le reste de l’Allemagne avait été interrompu dès les premières heures de l’après-midi ; au bout de quelques heures, Berlin allait se trouver affamé. De la part du prolétariat, pas un geste de violence, pas un geste de révolte. Les ouvriers avaient quitté les usines avec la plus grande tranquillité. Le désordre était parfait.
Dans la nuit du 13 au 14 mars, Berlin parut plongé dans un sommeil profond. Cependant, à l’hôtel Adlon, résidence des Missions Alliées, tout le monde resta sur pied jusqu’à l’aube, dans l’attente d’événements graves. L’aube trouva la capitale sans pain, sans eau, sans journaux mais tranquille. Dans les quartiers populaires les marchés étaient déserts ; l’interruption du trafic ferroviaire avait coupé les vivres à la ville. Et la grève, faisant tâche d’huile, s’étendait à tous les emplois publics et privés. Les téléphonistes, les télégraphistes ne se présentaient plus à leur bureau. Les banques, les magasins et les cafés restaient fermés. Nombre de fonctionnaires, dans les ministères même, se refusaient à reconnaître le gouvernement « révolutionnaire » (…) Impuissant à régir contre la résistance passive des travailleurs, Kapp recourut à l’aide de techniciens et de fonctionnaires de confiance pour tenter de remettre en marche les rouages les plus délicats des services publics ; mais il était trop tard. La paralysie avait gagné la machine même de l’Etat… ».
Epoque dangereuse pour la bourgeoisie mondiale, époque hantée par le « programme communiste » et non par les bêlements pacifistes et les quêtes misérabilistes de la gauche caviar et anar. Epoque qui taraude la mémoire d’aujourd’hui et que l’anti-terrorisme ne pourra pas bafouer au moment crucial.
Permettez-moi de saluer ici la mémoire de la « terroriste juive » Rosa Luxemburg assassinée par les socialistes gouvernementaux « anti-terroristes » !
(Dans mon prochain livre, je montre les conditions d’une insurrection moderne réelle et possible, hors des âneries altermondialistes et des bagarres ploum-ploum des rues exaltées par l’infantile « L’insurrection qui vient » attribué aux gentils pâtres bobos de Tarnac, fascicule gnangnan admiré par les journalistes en mal de sensation néo-situs ou communisatrices).
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