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Comment la chaine de télévision française FR3 prépare la guerreJean-Louis Roche, Jeudi, Décembre 4, 2008 - 07:38 2008-12-04 03:00 COMMENT FR3 PREPARE LA GUERRE… MARIE DRUCKER EN MARRAINE DE GUERRE : Après avoir été le bouffon de Mitterrand et de Chevènement, Max Gallo, le pseudo-historien s’est mis au service de Sarkozy and Co. En récompense il patronne la nouvelle émission de propagande de FR3 aux côtés de l’élégante brunette Marie Drucker. Dans cette émission militaire mensuelle, on ne cause pas, on ne débat pas, généraux, spécialistes ou témoins lambda doivent dire leur texte entrecoupé d’un montage d’images. Papy Gallo trône comme père fouettard et la brunette comme l’élève qui pose les bonnes questions. Héroïque service public télévisuel. Le scénario est cousu de fil sarkozien d’emblée : on ne commence pas par 1789, comme cela eût été logique, mais par l’évocation pleurnicharde du pauvre Guy Mocquet dont le grand historien Sarkozy avait rappelé la mémoire. A Chateaubriant (en allant à la mort) : « tous chantent la Marseillaise », déclare un quidam. Des mecs qui se sacrifient pour la patrie, doit comprendre le spectateur obligé, pas comme ces crétins de stade qui bouffent des frites et picolent en sifflant l’hymne sacré sans risque de se prendre un obus boche. Le ton est donné. Le grand historien sarkozien place la Marseillaise sous le parapluie de l’anti-fascisme, ce gros mensonge déconcertant. Ce n’est pas Gallo qui ira vous expliquer pourquoi Mocquet a été flingué, il faut rester ami avec la vieille mafia du PCF. Mocquet a été flingué à cause des attentats terroristes des abrutis de partisans du PCF, et le parti du pacte avec le nazisme s’en est servi pour faire oublier sa collusion à la queue de l’impérialisme russe. C’est cela l’union nationale intellectuelle, il faut ménager pour son passé débile cette faction stalinienne fossile qui a été si utile pour remettre les ouvriers au travail en 1945, et, en la consolidant pour ses mensonges historiques lui donner toute latitude pour aboyer à l’unisson de l’Etat si guerre il y a (afin, en particulier que, comme en 1914, les délégués CGT, ces petits bourgeois planqués, ne soient pas envoyés au front). La Marseillaise, à la Libération est un tube inégalé dès lors, ajoute, indifférent à notre œil critique, un autre zozo. INTERMEDE CONTESTATION : Faut bien en parler parce que ça se sait, les années 1960 sont d’étranges années d’insubordination, où « rien n’est épargné », où la contestation érode tout. Ce charlot de Jimmy Hendrix détourne l’hymne national US en mangeant sa guitare. Les affreux Sex Pistols dénaturent God save the Queen. La France n’est pas épargnée, Gainsbourg transforme l’hymne sacré en reggae, mais il fait amende honorable en achetant à prix d’or l’original après avoir réussi à faire chanter avec lui les crânes rasés sous le béret vert qui étaient venus plomber son concert. Brave Gainsbourg patriote reggae. TRAVERSEE DU DESERT : La Marseillaise n’est plus ensuite qu’une vieille relique pour le FN ou pour « nos » sportifs en larmes chauvines scolaires lorsqu’ils décrochent l’or des stades. Yannick Noah tente une rermake flower power avec « Aux rêves citoyens ». Jusqu’où allait-on aller dans l’indécente décadence ? L’EMBELLIE ELECTORALE : Heureusement, main dans la main Ségo et Sarko sortirent de la tranchée boueuse des stades de foot et du découpage bourgeois des circonscriptions pour se saisir de l’étendard ensanglanté des mains fragiles de Le Pen et le lever à la gloire de la bourgeoisie française ininterrompue de Thiers à Pétain, de Mitterrand à Chirac. Le pouls du spectateur s’accélère lorsque la charmante présentatrice, d’une diction parfaite, annonce la venue de Philippe Seguin, haut personnage cramoisi de l’Etat. Vient-il le brave pour jouer son rôle de sermonneur politique contre les offenses au drapeau ? Non, comme un vulgaire invité, il vient témoigner que son père a bien été tué par des balles allemandes et qu’il frissonne encore de cet évènement capital dans la vie d’un enfant, la remise d’une médaille posthume en l’honneur de son papa. Très touchant, et combien cette prestation sincère nous donnait grande envie de mourir pour la patrie afin de laisser à nos enfants un souvenir pieux. SEQUENCE RETOUR ARRIERE : « On va leur en mettre une couche féministe en revenant sur 14 », a dit Gallo à l’équipe de préparation du scénario patriotique et unanimiste. Gallo ne va pas avouer dans ce chapitre en arrière qu’on impose une vision pétainiste de l’histoire dans nos écoles, ni rappeler les causes de la guerre de rapine (dixit Lénine) ni qui a provoqué l’arrêt de la guerre, non, il vient nous conter la vie des « héroïnes ». Honneur aux poilus mais aussi à leurs femmes. Les héros masculins meurent en masse pourtant grâce aux bombes fabriquées à l’arrière par les « héroïnes ». La vie est un calvaire pour tous en 1914, sauf pour les marchands de canon et les exemptés syndicalistes. SEQUENCE : 1915, LES LETTRES RAYONS DE SOLEIL De 1917 on revient à 1915 ! Faut plaindre la femme à Gallo quand il va au supermarché, elle croit qu’il est au rayon légumes et il a déjà filé à la quincaillerie. Il serait indécent de laisser l’homme Gallo monopoliser le crachoir concernant ces héroïnes méconnues par les sorbonnards, aussi la douce Marie reprend-elle la chansonnette sur les marraines de guerre. Créées « spontanément » les « marraines de guerre » deviennent « dans l’enfer du front », « la conscience patriotique du soldat ». Gallo en rajoute une louche : « ils sont des milliers à tenir dans les tranchées grâce aux marraines ». Bobard, ils ne tiennent pas mais vivent dans la terreur totale. Les marraines - ces tocards de FR3 ne le précisent pas - sont surtout aussi des petites filles, auxquelles on imagine mal que les soldats aient envie de confier les horreurs de la guerre et leur misère sexuelle. On trouve des lettres de « marraines » sur nombre de cadavres et cela leur fait une belle jambe. SEQUENCE PAIX : 11 NOVEMBRE 1918 Par la grâce du saint esprit et le vide des manuels scolaires, la guerre s’arrête : « les cloches sonnent », « les femmes sont devenues plus fortes ». On les remercie, il faut rendre les usines aux hommes et accoucher massivement. Gallo semble déplorer que la contraception soit sévèrement punie, mais avec un soupir qui laisse entendre qu’il faut bien comprendre les généraux patriotiques et les blessures au moral des bourgeois, frustrés de la non continuation de la guerre. SEQUENCE ACTUALITE : Une femme est à présent dans le studio, elle aura deux fonctions successives ; la première femme de soldat en Afghanistan et par après, militaire en retraite. SEQUENCE 1923 ( !!??? le spectateur suit-il encore ?) Max Gallo : un événement considérable, Radiguet qui publie un roman pour les femmes. Et aussi une loi qui définit que l’avortement est une atteinte à la sûreté de l’Etat ! La voix caverneuse de l’historien s’est à peine éteinte qu’on reste sur le cul : n’y-a-t-il pas des événements plus importants et plus graves en 1923, une tentative insurrectionnelle du prolétariat en Allemagne, Hitler et Mussolini qui paradent, la société des nations qui culbute… SEQUENCE 1943 : La femme de Gallo le cherche au rayon papier WC maintenant. Une gentille mamie vient apporter le témoignage de ses dix neuf ans, sans rapport ni avec 1914 ni 1923. Elle a vu les sévices des schleus et a été elle-même prise en otage. Question subtile du maître de cérémonie, près des rouleaux Sopalin : ON sent là très nettement que l’historien de gare veut nous aider à comprendre que depuis la grande Muette a nettement évolué. Gros plan sur Rirette en uniforme de l’armée de l’air. Elle est jeune et déjà médaillée. Elle est déjà cadre supérieur dans ce métier d’avenir qu’est l’armée. Elle était chauffeuse-livreuse de bombes avec ce langage communiquant si bien manié par les militaires pour journalistes. Elle a appris par cœur les réponses à fournir : La femme du militaire qui regarde internet en Afghanistan revient en uniforme civil. Elle témoigne combien encore lycéenne elle avait été traumatisée par le massacre de 38 militaires français à Beyrouth. TABLEAU DE REPARTITION DES 13.000 SOLDATS FRANÇAIS SUR LES « TERRITOIRES D’OPERATION » DANS LE MONDE . SEQUENCE REPENTIR ALGERIE 1956 Habile orang-outan Gallo va et vient du présent au passé. Ce grand singe sarkozien a voulu prévenir et justifier les nouvelles interventions contre les indigènes en montrant qu’il se soucie d’un embrigadement correct des rebeus de banlieues déshéritées dont les grand-pères et familles ont été massacrés par l’armée française en pleine « pacification du département ». Mais avant de lancer le sujet colonial qui fâche, la séquence est rocky : on massacre chez les Bédouins mais on danse en métropole. Toujours ce souci de l’unité du front et de l’arrière chez le grand macaque historien. Les appelés obligatoires n’avaient-ils pas les mêmes aigreurs que ceux de 1914 pour l’arrière qui batifolait ? On ne nous dit pas si les femmes se libèrent dans les usines de l’arrière ni combien de femmes algériennes ont été « libérées » par le viol des soudards. Un témoin vient témoigner que « adversaire invisible » (sic) « les indépendantistes ont recours à la terreur » ; les anciens fellaghas qualifiés alors de terroristes, et victimes de sévices, apprécieront, mais pas grave, ils sont en voie de disparition comme les pioupious de 14 pense Gallo, et on peut donc embrouiller leurs petits enfants. SEQUENCE QUATRIEME HOMME Gallo ex-cire pompe de Chevènement adopte le profil bas. Chevènement, ex-gauchiste et ex rédacteur du programme commun de la gauche fait tout de même la fine bouche sur l’interprétation de la guerre d’Algérie mais il laisse faire. Dans un studio d’Union nationale on ne va pas se disputer n’est-ce pas ? Hé Toto elle était où la défense de la patrie entre départements ? Du côté des fellaghas peut-être. Le Che réformard noie le poisson : Avis aux « ennemis » donc, notre glorieuse démocratie bourgeoise dépend d’un zigoto que le citoyen lambda ne connaît pas, qu’il ne contrôle pas ! SEQUENCE DEBARQUEMENT De 1962 on retourne à 1944, la femme de Gallo pense à ce moment-là qu’il est au rayon des surgelés. Quatre « héros » prêts à mourir sur terre, en mer ou dans les airs pour la France, mais selon la candide Marie. L’exode est survolé comme une honte. Ces fuyards ne connaissaient-ils donc pas la page glorieuse et pétainiste de Verdun où nos « héros » ont fait front pendant que leurs femmes se libéraient à la tambouille des obus ? Heureusement les témoignages des héros du débarquement viennent effacer cette lamentable débâcle. Les anciens combattants me plaisent toujours pourtant au niveau des tripes et les journalistes n’arrivent jamais à les faire passer pour des cons. SEQUENCE ACTUALISATION-MOBILISATION C’est la séquence la plus ridicule. Le sous-off qui apparaît sur le plateau a le visage lisse d’un jeune adulte, s’exprime difficilement comme la plupart des jeunes officiers. L’intention de Gallo implose d’elle-même. Ce n’est pas un appelé, livré au front révolver dans le dos par la bourgeoisie, c’est un de ces gars qui n’ont pour espoir de faire carrière et de gagner le niveau de vie des couches moyennes qu’en s’enrôlant volontairement au service de l’industrie d’armement. Ce n’est ni un héros ni un patriote, les mercenaires marchent au fric et leurs employeurs leur font dire ce qu’ils veulent. Candide Marie est la voix des généraux : (Candide Marie en aparté à Max : putain il est con ou quoi on lui avait dit de dire qu’il pensait à la patrie !) Candide Marie (insistante): vous combattez pour l’honneur de la France. Vous vous voyez comme un patriote n’est-ce pas ? Vous imaginez que vous allez mourir pour la France ? CONCLUSION AU GALOP Max Gallo : oui çà a un sens… il y a la crise financière… il y a des solutions coordonnées nationales. Entre les nations il y a des rapports de force. Le XXI e siècle montrera que la guerre est une possibilité. Dès lors la question se pose de mourir pour la collectivité. La défense du sol peut se faire sur des territoires extérieurs ». Edifiant chers lecteurs internautes ! Vous avez là le résumé de la théorie sarkozienne et le but recherché d’Union nationale par un minable traficotage de l’histoire. Le sergent recruteur Gallo et la petite marraine de FR3 se sont adressés aux prolétaires et au peuple comme ils n’osent pas le faire dans les médias pour intellectuels. Le langage chauvin et militariste apparaît indéniablement clair : la bourgeoisie aux abois va vouloir demander les mêmes sacrifices en vies humaines pour régler l’addition de sa monstrueuse crise. Mais c’est une autre histoire entre vouloir et pouvoir. A suivre…
Oui
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