L’espoir de vivre en Afrique, a été par ces temps, chassé par la peur de souffrir dans ce continent, le plus riche du monde, mais le plus pauvre de la planète terre. L’Afrique aux yeux du monde, et ce 1er décembre, en commémoration de la journée mondiale du Sida, est, malgré les chiffres moins catastrophiques, le continent, le plus marqué du sceau de cette pandémie, dont elle est devenue le dépositaire. Cette incarnation du mal vivre des peuples marginalisés, appauvris, se traduit par cette campagne mondiale de prévention, elle-même, dépassée par une pandémie rebelle. Au-delà des phrases apaisantes, l’Afrique est asphyxiée de maux, le souffle de vie s’est volatilisé. Au-delà des clivages et préjugés, entre le Nord et le Sud, les riches et les pauvres, le monde entier s’est passionné pour cette maladie. Les africains attendent beaucoup de l’Onusida, de l’ONU tout court. Leurs destins les y obligent. Cet espoir dans la vie les charme, bien sûr. L’ONU est appelée à encadrer les Etats, mais elle refuse de s’impliquer davantage, dans les génocides, les gabegies, les fuites de cerveaux et de capitaux. Surtout en amont, à savoir, les causes. Les intérêts des puissants, pas seulement des pays riches, mais aussi des prédateurs africains, se confondent avec ceux de l’humanité. Alors, les erreurs du passé, qui ont conduit au délitement de l’Afrique refont surface : l’Afrique aux africains et le Sida aux pauvres. L’impasse conduit ces pauvres du tiers-monde, à quêter de la vie, en vendant leurs corps, leurs âmes, pour survivre .La maladie tant morale, politique, qu’économique bat son plein. Le Sida physique et métaphysique. L’espoir se transforme en pensum, vivre en Afrique s’apparente à la déraison.
Paix et Sida
L’Afrique fait peur ! Les africains ont peur de tout. Cette peur insidieuse s’est emparée d’eux par rapport au nouvel ordre mondial, ces sept dernières années, surtout après le 11 septembre 2001. Elle a été délaissée par l’Europe, l’Amérique, l’ONU, au profit de la lutte contre le terrorisme. Après l’implication dans quelques actes terroristes, de certains ressortissants d’Afrique, il s’est transposé sur elle, les germes de la barbarie et de la maladie. En la tenant pour responsable de l’insécurité mondiale. L’ONU s’est lancée dans tous les foyers de tensions en Afrique, par cette fuite en avant d’une «guerre contre le terrorisme», guerre sans armée, sans bataille et sans paix, selon Dominique de Villepin(1). Battant en brèches les problèmes profonds qui minent ce continent. Le délaissement de l’Afrique, par la communauté internationale, est la traduction de cette peur. Ce qui s’explique sur le plan économique, par une certaine méfiance des pays riches à investir en Afrique d’une part, et d’autre part, cette attitude à tolérer, l’intolérable : les exactions civiques et politiques. Il va sans dire que, le spectacle que l’Afrique offre à l’Occident, retranchée derrières ses écrans de télévision, est celui des peuples qui n’ont pas envie de s’autodéterminer, en s’autodétruisant. Cette culture du laissez faire mondial, offre aux vendeurs d’illusions, d’utiliser le communautarisme et le fanatisme, comme leur cahier de doléances.
Selon toujours Dominique de Villepin, la peur de s’ouvrir au monde des puissances occidentales, offre un refuge à l’intolérance au dogmatisme d’un universalisme dévoyé. Le bilan est lourd, dans les pays du tiers-monde, comme en Afrique : la mal gouvernance, tue plus vite que le Sida.
Conflit des Cultures
La confiance entre le Nord et le Sud est rompue ; depuis le 11 septembre 2001, les valeurs universalistes de paix, de partage et d’équité, sont inaudibles dans un monde de gouvernement à sens unique. En paraphrasant Dominique de Villepin, Les Etats-Unis, l’Europe, comme l’ONU, se sont éloignés de leur destinée, de combattants de la liberté.
Dominique de Villepin, rêve qu’une voie s’ouvre vers les réconciliations. D’abord, la réconciliation d’une société avec son économie, tout d’abord, car le spectacle de l’effondrement de Wall Street a nourri la défiance à l’égard d’une économie opaque, lointaine, insaisissable. Ensuite, toujours selon lui, une réforme mondiale s’impose, afin que l’économie-casino cède le pas à la régulation. Le FMI aussi doit être remodelé.
Si l’économie ultra libérale a conduit aux dérives boursières, qu’adviendrait-il aux économies africaines, véritables châteaux de cartes et tavernes d’Ali Baba ? Que préconise l’ONU, par rapport à l’aide au développement qui est détournée ?
Après les rêves africains d’indépendance, L’ONU n’a pas limité la casse, en donnant une caution morale à certains dirigeants véreux, avec le principe du secret bancaire ; avec le respect factice de l’intangibilité des frontières ; avec l’approbation d’un suffrage universel scabreux ; avec le désintérêt au respect des droits de l’homme. Ce silence inapproprié, n’a que favorisé, peu à peu, la domination idéologique du Nord sur le Sud, l’autocratie sur la démocratie, la maladie sur la santé, la guerre sur la paix. Si l’ONU souhaiterait qu’il y ait une réconciliation entre les pauvres et les riches, le Nord et le sud, il faudrait qu’elle se réconcilie avec ses aspirations, son histoire et ses devoirs, afin de diffuser au monde, ses vertus de santé et de bonheur.
Le Rêve Africain
Tant que l’ONU démissionnera de ses fonctions, tant que les pauvres seront obligés, pour survivre d’offrir leurs corps au Sida, le monde basculera toujours dans la violence et l’incompréhension. L’Afrique est le maillon le plus faible, dans ce monde globalisé. L’ONU a vieilli de soixante ans, L’Afrique aussi a vieilli de son histoire qui se répète continuellement. Elle aspire au renouvellement, et impose une attention particulière sur elle. L’ONU se montre de plus en plus impuissante à la prévention des conflits ; le maintien de la paix, dans la complexité des rapports qui l’unissent à l’Afrique. Cette tendance mondiale montre que l’espoir n’est plus permis. Même si la pandémie, tant à diminuer en Afrique, une des sources de généralisation de la maladie, c’est la guerre. Un partenariat équilibré avec l’Union Africaine(U.A) s’impose ; l’action est indispensable, mais une action collective et partagée. L’Afrique ne peut plus attendre, pas plus que le Moyen-Orient, selon De Villepin.
L’Afrique est restée la même, elle veut réécrire son histoire galvaudée, en se démarquant des gouvernements imposés, et jouir des gouvernants qu’elle se propose. Une de ses priorités, c’est l’espoir. Son espoir, c’est la démocratie tant sanitaire que politique. Si, le «Oui nous pouvons » de Barrack Obama, est chanté à tort et à travers, par les chefs d’Etats autocratiques africains ; nous sommes en droit de croire à un nouvel ordre mondial. La mobilisation contre la pauvreté, passe par la préservation des richesses des pays pauvres.
AIME MATHURIN MOUSSY
(1) Dominique de Villepin, in lettre au président Obama Libération
Dossier G20
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