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Une tragi-comédie dont les travailleurs et travailleuses seront les perdantEs

Eric Smith, Lundi, Décembre 1, 2008 - 14:42

Le Drapeau rouge-express

La crise politique déclenchée par la présentation de la «mise à jour économique» du gouvernement Harper témoigne des inquiétudes de la bourgeoisie canadienne face aux conséquences de la crise qui secoue actuellement le capitalisme à l'échelle mondiale et des difficultés qu'elle rencontre à définir la marche à suivre pour s'en sortir au meilleur coût possible. Du côté du Parti conservateur autant que celui des partis d'opposition, ce sont les intérêts du capital qui guident leurs positions respectives; dans tous les cas, qu'elle soit le fait d'une politique plus ou moins «expansionniste», la «sortie de crise» se fera sur le dos des travailleurs et des travailleuses, dont on exigera une contribution encore plus grande pour renflouer les coffres des capitalistes et des banquiers.

On verra bien, d'ici une semaine, si les partis d'opposition oseront mettre leurs menaces à exécution et retirer leur confiance à l'endroit du gouvernement Harper, auquel cas cela entraînera le déclenchement d'une nouvelle élection - à moins que la gouverneure générale ne se range à leur suggestion commune et les enjoigne de former eux-mêmes un gouvernement de coalition (encore faudrait-il que tout ce beau monde s'entende quant à savoir qui en serait le premier ministre!).

Pour l'instant, et malgré les concessions faites par le gouvernement Harper durant le week-end, les partis d'opposition se disent déterminés à maintenir la ligne dure. Il nous est néanmoins permis de croire que le recul du gouvernement quant à sa décision d'éliminer le financement public des partis politiques jouera pour beaucoup dans la détermination des libéraux, des bloquistes et des néo-démocrates, dont l'existence tient pour une très large part à ces généreuses allocations...

Sur le fond, de John McCain à Barack Obama en passant par Nicolas Sarkozy et le «gauchiste» Lula au Brésil, les dernières semaines ont montré que la classe politique de tous les pays est unie derrière l'idée que toutes les ressources des États doivent être mobilisées pour sauver la peau des capitalistes. Les divergences, s'il en est, tiennent surtout aux intérêts particuliers - nationaux, régionaux ou sectoriels - que défendent les gouvernements des divers pays et les partis qui aspirent à les diriger. Elles portent aussi, quoique pour l'instant de manière accessoire, sur l'évaluation de leur capital politique respectif, savoir leur capacité à convaincre les masses d'accepter de supporter le fardeau d'une crise dont elles ne sont pourtant aucunement responsables.

Il est inexact de dire que l'énoncé économique présenté par le ministre des Finances Jim Flaherty ne contient aucune mesure pour aider à la relance d'un système économique en crise. Son plan prévoit notamment l'injection de 700 millions de dollars supplémentaires dans les institutions bancaires fédérales, destinés principalement à l'aide aux petites et moyennes entreprises. On y projette aussi des investissements massifs (six milliards de dollars en 2009) dans les travaux d'infrastructure.

Surtout, le plan Flaherty établit clairement que pour aider les capitalistes à se sortir de la crise, les travailleurs, les travailleuses et les pauvres devront se serrer la ceinture: coupures massives dans les divers programmes gouvernementaux; limitation des augmentations de salaires des employéEs de l'État (dans l'espoir que cela produise un effet d'entraînement sur l'ensemble des salaires ouvriers dans les autres secteurs); remise en cause des dispositions favorisant l'atteinte de l'équité salariale pour les travailleuses assujetties au Code du travail fédéral; et ainsi de suite.

La différence avec les partis d'opposition, c'est que ceux-ci voudraient en faire plus, et plus rapidement, notamment pour les capitalistes du secteur manufacturier qui en arrache tout particulièrement au Québec et en Ontario. Il se trouve aussi que ces partis pensent qu'ils auraient plus d'ascendance sur les masses populaires et qu'ils sauraient imposer avec moins de heurts les mesures nécessaires à la relance des profits des capitalistes, cela, à même les poches des travailleurs et des travailleuses.

Nous n'avons pourtant rien à attendre de ces partis vendus aux intérêts du capital, tout autant que le Parti conservateur de Stephen Harper. Et nous avons bien raison de considérer qu'aucun de ces partis bourgeois ne mérite de recevoir un financement public de l'État: pas une seule cenne de nos taxes et de nos impôts ne devrait servir à aider ces partis corrompus à travailler contre nous, comme ils l'ont toujours fait. L'argent dont ils ont besoin, ils n'ont qu'à se débrouiller pour le trouver eux-mêmes, comme nous-mêmes sommes obligéEs de le faire pour payer notre loyer et notre épicerie!

Ce qu'il nous faut, ce n'est ni d'un gouvernement comme celui de Stephen Harper, vendu aux intérêts des pétrolières et de la bourgeoisie de l'Ouest canadien, ni d'un gouvernement Dion-Layton-Ignatieff et autres Mulcair, qui roulerait pour la bourgeoisie centrale avec l'appui désespéré des nationalistes du Bloc (méchants nationalistes que ceux-là!). Le vrai plan de lutte contre la crise dont on a besoin, c'est celui qui s'attaquera au système qui l'a créée et débouchera sur une société qui ne sera plus façonnée par le bien-être d'une poignée de parasites.

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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 198, le 30 novembre 2008.
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