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LE MEXIQUE A MAL : répression arrestations arbitraires tortures disparitionsAnonyme, Lundi, Novembre 24, 2008 - 21:58 (Analyses) Le Mexique tente par tous les moyens de donner au monde une image d’un pays démocratique. La vérité est tout autre : le gouvernement de Felipe Calderón, au pouvoir depuis 2006 à la suite d’un scrutin marqué par de nombreuses irrégularités, impose sa politique néolibérale « con mano dura ». selon son slogan de campagne. Militarisation, contrôle de la population, barrages militaires, création de forces militaro policières, répression féroce des luttes sociales, arrestations arbitraires, emprisonnements sans jugement, tortures systématiques, enlèvements, menaces de toutes sortes, ajoutés à la corruption généralisée du système sont la réalité dans laquelle tente de survivre la majorité de la population mexicaine dans une situation de pauvreté côtoyant d’immenses fortunes souvent liées au trafic de drogue. DES FAITS RECENTS SIX MORTS POUR L'EXPULSION D'UN EJIDO AU CHIAPAS INCIDENT DE LA VIE ORDINAIRE DES INDIGÈNES Selon le bulletin du 10 octobre 2008 , du Centre des Droits Humains Fray UN JOURNALISTE DU QUOTIDIEN "NOTICIAS DE OAXACA" SÉQUESTRÉ ET SOUMIS À DES TRAITEMENTS BARBARES PENDANT DOUZE HEURES Les attaques contre les journalistes indépendants se multiplient Pedro Matías Arrazola, du quotidien "Noticias de Oaxaca" et correspondant de l'hebdomadaire national "Proceso", collaborateur d’une radio, où il critique régulièrement des responsables du gouvernement de l'État membres du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). a été enlevé dans la soirée du 25 octobre alors qu'il quittait le siège du quotidien pour regagner son domicile.dans la ville d'Oaxaca. Détenu pendant plus de douze heures dans la nuit du 25 au 26 octobre 2008, le journaliste a subi de multiples violences et des tortures psychologiques. Le 10 octobre dans la matinée, la police mexicaine a retrouvé le corps de Miguel Angel Villa Gomez Valle dans une décharge d’ordures, le long d’une route, à une cinquantaine de kilomètres de Lazaro Cardenas (Michoacán, Sud-Ouest). Le journaliste avait été tué de deux balles au ventre et une à la tête. LE CAS LYDIA CACHO En 2008 la journaliste mexicaine Lydia Cacho a reçu le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO-Guillermo Cano créé en 1997 du nom du directeur de publication colombien Guillermo Cano, assassiné en 1987 pour avoir dénoncé les activités des puissants barons de la drogue dans son pays. Journaliste indépendante Lydia Cacho ,présidente du CIAM, centre d'assistance pour les femmes, et militante en faveur des droits humains, collabore au quotidien `La Voz del Caribe´. Elle a enquêté sur la mort violente de centaines de jeunes femmes dans la ville de Ciudad Juarez au nord du Mexique. Ses enquêtes journalistiques ont mis à jour la participation d'hommes d'affaires, de politiciens et de trafiquants de drogue à des réseaux de prostitution et de pornographie enfantine. Auteure du livre « Los Demonios del Edén El poder que protege a la pornografía infantil (2005) Rústica: 224 p. Grijalbo Random House Mondadori, ISBN 968-5957-58-4. México. », menacée de mort, Lydia Cacho a été victime de harcèlements policiers, sa voiture a été sabotée. Enlevée par des policiers à Cancun conduite à la prison de Puebla où elle a fait l’objet d’intimidations, elle a été libérée sous caution et poursuivi pour diffamation. Lors de son passage à Mexico, la haute représentante pour les droits humains de l’ONU , impuissante, lui a conseillé de quitter le Mexique LA CCIODH Dans ce contexte, la Commission Civile Internationale d’Observation pour les Droits Humains (CCIODH), créée en 1998, a réalisé une sixième visite au cours du premier trimestre 2008 à Mexico, San Salvador Atenco dans l’Etat de Mexico, au Chiapas et à Oaxaca. Ses conclusions sont accablantes et rejoignent celles d’Amnesty International et de Human Rights Watch. Cette commission avait réalisée sa première visite en 1998 à la suite du massacre le 22 décembre 1997 de 45 indigènes, hommes, femmes, enfants, dans une église à Acteal dans l’Etat du Chiapas, par un groupe de paramilitaires sous les yeux de la police de l’Etat. Son premier rapport était sans concession pour le gouvernement mexicain. En novembre 1999, la Commission a effectué une deuxième visite au Chiapas afin d’évaluer la situation et de vérifier l’application de ses recommandations. En 2002, une troisième visite a été réalisée, objet d’un volumineux rapport. Comme pour les précédents, il a été remis aux autorités mexicaines et aux différents interlocuteurs. Il a été présenté à plusieurs parlements nationaux, au Parlement Européen et à la Commission des Droits Humains de l’ONU. Une Quatrième visite eut lieu en 2006 dans l’Etat de Mexico. En effet un projet de création d’un aéroport international sur des terres agricoles avait provoqué l’hostilité de la majorité des habitants de San Salvador Atenco et de Texcoco. La population organisée autour du Front des Communes pour la Défense de la Terre (FPDT Frente de Pueblos en Defensa de la Tierra) s’est opposée pacifiquement au projet du gouvernement. Les 3 et 4 mai 2006, une violente répression s’est abattue sur la population, mobilisant les différentes forces de police de l’Etat de Mexico et les forces spéciales fédérales. Le résultat de cette intervention fut dramatique : deux garçons de 14 et 20 ans tués. des dizaines de blessés, des centaines d’arrestations arbitraires et illégales suivies de tortures et de viols systématiques et des maisons saccagées. Les responsables du mouvement paysan ont été lourdement condamnés jusqu’à 67 ans de prisons. La cinquième visite s’est déroulée dans l’Etat d’Oaxaca, où le gouvernement a réprimé sauvagement les manifestations d’un mouvement d’enseignants pour l'amélioration des conditions salariales. La population s’est solidarisée en un vaste mouvement populaire, exigeant des réformes et la destitution du gouverneur Ulises Ruiz Ortiz. La répression a été une fois de plus la réponse du gouverneur : des centaines d’arrestations, viols, tortures et disparitions de personnes. Un journaliste américain Brad Will travaillant pour Indymedia a été tué. De juin à décembre 2006, 23 morts ont été officiellement dénombrés auxquelles s'ajoutent un nombre indéterminé de disparus. Pour sa VIe visite, la Commission Civile Internationale, composée de 51 personnes de neuf pays, s’est donné pour objectif de vérifier l’application de ses recommandations antérieures à la lumière de la situation actuelle. A Atenco, les responsables des agissements criminels restent impunis. Au Chiapas, on constate une recrudescence de l’activité des paramilitaires, et, 10 ans après le massacre d’Acteal, l’impunité subsiste. A Oaxaca, malgré l’emprisonnement de plusieurs leaders, la lutte sociale n’a pas faibli. La situation politique et sociale est explosive et la population est étroitement contrôlée par l’armée et la police. Lors de sa visite, la CCIODH a recueilli des centaines de témoignages. Elle a rencontré des membres du gouvernement fédéral et des Etats ainsi que des représentants d’organisations des mouvements sociaux et de défense des droits humains et des victimes de violations des droits. Elle s’est rendue dans plusieurs prisons afin de s’entretenir avec des détenus victimes d’arrestations arbitraires et de tortures. MEXIQUE UN ETAT DE DROIT ? Rien n’est moins sûr. L’armée est chargée de contrôler et d’intimider la population. Le régime devient chaque jour plus proche d’une dictature militaire composée de politiciens corrompus avec ou sans uniforme. L’administration comme une partie de la justice est corrompue. Des bandes organisées et bien armées, liées au trafic de drogue, défient le pouvoir se livrant en toute impunité à des vols, des pillages et des enlèvements. Des policiers et des militaires de haut rang s’associent aux mafias. Economiquement le Mexique est au bord du gouffre. Les réserves en devises s'épuisent .En septembre, la production pétrolière avait chuté de 10 % en un an. Mais dans les Assemblées Internationales les Ambassadeurs et délégués se montrent rassurants s’ingéniant avec succès à donner une autre image du Mexique très éloignée de la réalité. De son côté, en signant cette année une association stratégique, l’Union Européenne renforce sa coopération faisant fi des clauses démocratiques et de respect des Droits Humains qui figurent en tête des accords de coopération économique. L’Union Européenne interpellée ignore superbement les appels répétés des organisations de Droits Humains. Dans la situation actuelle du pays on ne voit pas d’où peut venir l’espoir d’un changement. Bernard Riguet |
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