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Colombie : trois indigènes tués et plus de 100 blessés

Anonyme, Vendredi, Octobre 17, 2008 - 17:17

P12

Des milliers de leaders de l’ethnie uwa et des paysans réclament au gouvernement Uribe sécurité et terre. Dans ce qui va de l’année, 17 leaders communautaires ont été assassinés par les forces de sécurité, par des sicaires ou par des groupes armés non identifiés.

Trois indigènes colombiens sont morts et plus de cent ont été blessés lors d’une des plus grandes protestations des dernières années. "Nous allons tous sur la route pour qu’ils nous suicident si le gouvernement ne nous reçoit pas", a dit avec la voix presque cassée Berito Cobaría, un des vieux leaders de l’ethnie uwa. Les chocs entre plus de huit mille manifestants et la police ont commencé mardi et ont continué durant l’aube et la matinée d’hier. Avec la devise "Que l’état de commotion intérieure (sorte d’état d’urgence NdT) n’éteigne pas la voix des Peuples Indigènes et le cri de la Mère Terre", plus de quatre mille indigènes et des paysans essayaient de rejoindre l’épicentre des protestations, sur la route Panaméricaine à la hauteur de la municipalité de Piendamó, dans le département de Cauca. Ils demandent la sécurité de leurs -17 ont été assassinés dans ce qui va de l’année - et que l’on leur remette les terres qu’ils leur ont été promises.

Les protestations sociales et syndicales ne laissent pas respirer le gouvernement d’Alvaro Uribe. Il y a cinq jours le président a déclaré l’état de commotion intérieure pour freiner plus de 37 jours de grève judiciaire ; dans les deux dernières semaines il a expulsé du pays trois travailleurs sociaux européens pour aider les travailleurs de l’industrie de la canne à sucre, qui sont en grève depuis deux semaines et le mardi il a ordonné de réprimer des milliers de familles indigènes, sous l’argument déjà familier qu’ils avaient été infiltrés par la guérilla. Un des trois morts de la répression a été un enfant. Selon l’Organisation Nationale Indigène de Colombie (ONIC), l’enfant, dont le nom n’a pas été divulgué, est mort asphyxié par les gaz lacrymogènes que la police antiémeutes a lancés sans discrimination.

Le conflit avec les indigènes est entre les mains de la vice-ministre de l’Intérieur, Maria Isabelle Nieto qui depuis le début a marqué son style de négociation. "Nous n’allons pas permettre que des mesures de force soient prises", a-t-elle assuré, après avoir donné l’ordre de libérér la route coûte que coûte. La Panaméricaine unit le sud-ouest du pays avec Bogotá et le reste de la zone centrale.

La dernière fois que cette route a été prise par les mouvements indigènes ce fut en 2006, quand les protestations contre le Traité de Commerce Libre (TLC) avec les États-Unis ont connu leur paroxysme. A cette occasion, Uribe a utilisé la même logique. Il a dénoncé que les mouvements sociaux légitimes avaient été infiltrés par les FARC, ce qui a immédiatement converti la protestation en menace à la sécurité nationale et l’a obligé, selon ses termes, à la réprimer. Deux ans après, la logique est la même.

La Minga Nacional de Resistencia Indigena y Popular, comme les 102 ethnies colombiennes ont appelé les journées de mobilisation, ont commencé dimanche dernier. Des milliers d’indigènes sont arrivés à Cauca depuis les départements voisins de l’ouest du pays. Au commencement ils étaient peu nombreux, mais au fil des heures et avec l’augmentation de la présence policière, la route s’est peuplée de familles et de militants sociaux. Lundi dans la nuit, les coupeurs de canne à sucre, en grève depuis presque un mois et demi, se sont joints à la revendication de sécurité et distribution des terres des indigènes.

Depuis le début de l’année, 17 leaders communautaires ont été assassinés par les forces de sécurité publique, par des sicaires ou par des groupes armés non identifiés. De plus, l’ONG colombienne Consultoría para los Derechos Humanos y Desplazamiento (Codhes) a fait remarquer hier que les indigènes sont les communautés les plus affectées par le conflit interne et oubliées par l’État. Actuellement il y a 4 millions de déplacés internes en Colombie et 81 pour cent d’entre eux vit dans l’indigence. Comme l’a dénoncé la centrale indigène, cette année, sur les 102 ethnies qui existent dans le pays, au moins 18 sont en danger d’extinction.

Tandis que le gouvernement accuse les FARC de la croissance des déplacés, les indigènes signalent les supposés désarmés paramilitaires. "Le réarmement paramilitaire associé à la fragmentation des cartels de la drogue et à l’intentionnalité d’assurer le dépouillement de terres pourraient expliquer en partie cette augmentation de déplacements forcés, qui prennent naissance dans les zones dans lesquelles les démobilisées Auto-défenses Unies de Colombie (AUC, le plus grand bloc paramilitaire) ont assuré un contrôle politique et institutionnel", a signalé le président de l’ONIC, Luis Evelis Andrade.

Hier les manifestants demandaient à dialoguer directement avec le président. : "Pourquoi Uribe ne se montre pas ? Nous voulons qu’il regarde la réalité. Pourquoi a-t-il peur ?", a assuré irrité l’ex-sénateur national et militant indigène Daniel Piñacué à la radio locale La W. Dans le Palais présidentiel de Nariño personne n’a répondu. Nieto, la vice-ministre de l’Intérieur, a dit que tandis qu’elle se rendait au coeur de la protestation que les conditions n’étaient pas réunies pour que la présidence soit présente. Elle ira et leur communiquera ce qu’elle a déjà dit mardi : que le gouvernement s’acquitte de la dévolution de leurs terres, mais qu’il n’a pas assez d’argent pour les acheter toutes maintenant.

Pagina/12, 16 octobre 2008.

http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-113382-2008-10-16.html

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr

amerikenlutte.free.fr


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