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Les Neo Nazis Du Cameroun

Anonyme, Dimanche, Octobre 5, 2008 - 19:53

AIME MATHURIN MOUSSY

En quelques mois, de janvier à juillet 1933, la République de Weimar bascule dans la dictature et la terreur. Cette époque, bien que lointaine, n’est pas différente de ce que les camerounais vivent au quotidien : crise politique, économique, sociale et culturelle. De 1990 à 2008, Le Cameroun traverse ses années de torpeur et d’horreur.
GOEBBELS LE CAMEROUNAIS
Le 11 mars 1933, Hitler nomme Goebbels ministre de l'Information et de la Propagande. Son rôle est très important dans la mise en place de la dictature nazie et de la diffusion des mots d'ordre.
Selon lui : « l'idéal, c'est que la presse soit organisée avec une telle finesse qu'elle soit en quelque sorte un piano sur lequel puisse jouer le gouvernement » et « la critique n'est autorisée qu'à ceux qui n'ont pas peur d'aller en camp de concentration ». Sommes-nous si loin de ce mode opératoire ? La mise en garde et les menaces proférées à l’encontre des journalistes, par le ministre de la communication suite à l’interview accordée à Yves Michel Fotso à la presse le 11 septembre 2008, n’en disent-elles pas long ? Le ministre se substitue-t-il à l’autorité judiciaire ? Ce mélange de genre, n’est-il pas le fait même du président de la République ? Cette libéralité avec laquelle le ministre fonctionne ne peut que susciter quelques interrogations. Nous sommes en droit de nous demander, au nom de quoi une autorisation d’émission n’a pas été délivrée à Freedom FM de Pius Njawé, tandis que certains promoteurs qui ne remplissent pas toutes les conditions requises fonctionnent ?

C'est le ministère de Goebbels qui régente et censure la presse écrite, la radio, le cinéma, l'art…
Le 21 mars 1933, c'est lui qui organise la Journée de la Propagande dite de Potsdam peu avant le vote de la loi des pleins pouvoirs par le Reichstag. Biyiti Bi Essam, ministre camerounais de la communication, utilise les mêmes procédés que son homologue allemand. Il s’est trouvé dans l’obligation de travestir la réalité à propos de des événements malheureux de février 2008. La censure effectuée contre les journaux et médias audiovisuels quelques jours plus tard-fermeture de Magic FM, Equinoxe TV-, n’avait pour but que de faire passer sous cape la modification de la Constitution, instituant la présidence à vie à Paul Biya. La Constitution a été votée dans des conditions de terreur. La « démocratie » camerounaise pouvait continuer son bonhomme de chemin.
L’AXE PARIS-YAOUNDE

Dès septembre 1933, une loi oblige à adhérer à une Reichskulturkammer (chambre nationale de la culture) pour pouvoir exercer une profession artistique ou celle de rédacteur en chef d'un journal. Aujourd’hui, pour être journaliste au sens absolu du terme, avec une certaine aisance financière, il faut soit être membre des diverses connexions du pouvoir ou proches d’elles. Raison pour laquelle, des artistes, journalistes contestataires, sont voués aux gémonies. Les cas des musiciens « Joe la Confiance » et « Lapiro de Mbanga » sont là pour illustrer cette pratique. Nous ne saurions citer le nombre de journalistes ayant fui la prison, qui sont en exil.

L’ambassadeur d’Hitler à Paris, Otto Abetz, jouit d’importantes entrées dans le monde parisien. À la fin de 1935, ses efforts débouchent sur la fondation d’un « Comité France-Allemagne » qui, grâce à une liste de membres prestigieux réussit à atteindre un cercle assez large et diversifié de la vie publique française. Ces jours, Paul Biya passant le clair de son temps en Europe, a pu par ses diplomates créer des amitiés dans les cercles culturels et intellectuels français, pour bâillonner tous ceux qui de l’étranger voudraient apporter un autre son de cloche à sa lecture des événements ; tandis que les camerounais de l’étranger sont abandonnés à eux-mêmes, sans oublier les ambassades qui sont dans leur majorité vétustes.
La plupart des journaux panafricains installés à Paris, sont des excroissances des dictatures africaines. Il faut dire qu’avec l’argent du contribuable, les réseaux des dictateurs africains ont pu infiltrer le milieu parisien du journalisme. Les intellectuels français sont réputés être prolixes et regardants sur les droits de l’homme, mais leur silence mortuaire sur ce qui se passe au Cameroun, et en Afrique en général, laisse interrogatif. Maître Vergès, qui prétend souvent être du côté des faibles, semble maintenant se ranger du côté des forts. Il a pu défendre Omar Bongo, aujourd’hui il est très copain avec Paul Biya. Ce dernier lui a même accordé une audience officielle ! Un nouveau « Comité France- Cameroun » vient de naître.

Les intellectuels et la collaboration

Parmi les intellectuels qui collaborèrent, citons Bertrand de Jouvenel ou Drieu La Rochelle.

De nouveaux journaux sont fondés, la direction étant souvent confiée à ses hommes de confiance, tels Jean Luchaire, Jean Fontenoy, Henri Jamet ou Jacques de Lesdain, pendant l’occupation. Il en est de même au Cameroun, des journaux sont crées à tour de bras, comme pour montrer que la démocratie est effective. Ce ne sont que des façades, pour faire croire à l’opinion internationale qu’il existe une liberté d’expression. Paul Biya sait pertinemment que pour faire fonctionner un journal, il faut beaucoup d’argent, et pour cela, ceux qui voudront continuer de vivre seront obligés de lui faire des courbettes, puisque les journaux ne sont pas subventionnés. Cette subtilité a trouvé ses exécutants, dans les années 1994-1995, certains hommes d’affaires proches du pouvoir font une OPA sur la presse. Un de ces précurseurs dans la presse opère aujourd’hui comme ministre du gouvernement de Paul Biya.
A l’instar de la propagande du gouvernement de Pétain, il s’agit désormais de créer l’illusion d’une vie « normale » qui fait oublier la présence d’une armée étrangère sur le sol camerounais. Une force invisible occupe et dirige le Cameroun. Une caste d’irréductibles a fait main basse sur l’économie, la politique, la culture. Le Cameroun jadis pays à revenu intermédiaire, est devenu pays pauvre et très endetté(PPTE).Cet événement a été fêté à grands coups de trompettes, hélas !

Pour gagner la sympathie des écrivains et leur soutien à la politique de collaboration vichyste, ceux-ci deviennent l’objet d’une attention toute particulière. Voyons quel traitement de valeur les intellectuels collabos bénéficient au Cameroun ; de triste mémoire l’appel des intellectuels et universitaires en 2004 à voter Paul Biya ; les initiateurs de cette forfanterie, jouissent d’immenses strapontins dans le gouvernement actuel.

De nombreux écrivains sont alors disposés à s’engager en faveur de l’idée d’une collaboration avec l’occupant, tels que Alphonse de Châteaubriant ou Louis-Ferdinand Céline. Voyons sans fermer les yeux, comment certains écrivains, musiciens, jadis défenseurs des laissés-pour- compte, sont devenus les chantres d’un pouvoir de plus en plus violent et insoucieux de nos jours au Cameroun, comme leurs homologues français.

A son époque, Louis-Ferdinand Céline, écrivain d’abord perçu comme un Zola moderne, célébré par la gauche française, rendu célèbre par son roman le plus connu « Voyage au bout de la nuit » reçoit le prix Renaudot en 1932. Souvenons-nous de ce musicien qui se déclarait être le « libérateur » du peuple camerounais, ayant eu un disque d’or qui l’a rendu célèbre, a pu humer l’odeur de quelques liasses, et s’est retrouvé en train d’animer la caravane de campagne électorale d’une prédatrice de l’économie camerounaise, une incarnation du monolithisme.

Déçu, Céline rédige un court texte antisoviétique qui se vendra bien. Tout comme dans le cas du Cameroun, il y a des myriades de Céline, ceux qui n’ont pas cru au changement, ou qui ont pensé que le changement se ferait du jour au lendemain, ont vite fait de passer chez l’adversaire.

Céline aura alors l'idée de rédiger des pamphlets où il écrira à l’instar de « L'École des cadavres » en 1938 :
« Les juifs, racialement, sont des monstres, des hybrides, des loupés tiraillés qui doivent disparaître. [...] Dans l’élevage humain, ce ne sont, tout bluff à part, que bâtards gangreneux, ravageurs, pourrisseurs. Le juif n’a jamais été persécuté par les aryens. Il s’est persécuté lui-même. Il est le damné des tiraillements de sa viande d’hybride. »

N’a-t-on pas vu des propos similaires être déversés par des universitaires en 1991, avec le mouvement « autodéfense de l’université de Yaoundé », et, plus proche de nous, le rappel à l’ordre des élites de Yaoundé qui déclaraient en mars 2008 que : « Ceux qui veulent mettre la capitale à feu et à sang, sont priés de rentrer chez eux… ».Ces propos n’ont pas été dénoncés par le pouvoir en place.

Les intellectuels Du Réveil

Louis Aragon est lui aussi, avec Paul Éluard et quelques autres, parmi les écrivains qui prennent résolument parti, durant la Seconde Guerre mondiale, pour la résistance contre le nazisme. Au Cameroun aussi il y a des écrivains bien que rares, qui ont pris sur eux de résister : Mongo Beti, Eboussi Boulaga, Sindjoum Pokam, Jean Marc Ella, etc.

Louis Aragon vivra une rupture avec son ami Pierre Drieu La Rochelle, qui après avoir « hésité entre communisme et fascisme » se tourna vers le nazisme. Sorte de suicide intellectuel, qui le poussera à vraiment se donner la mort à la libération. Il y a beaucoup de personnages dans l’aréopage du pouvoir en place qui étaient des chevilles ouvrières du changement, qui sont passées du changement au conservatisme ; kodock, Bello Bouba, Dakole Daïssala, etc. Pourront-ils se donner la mort si le changement s’opérait un jour au Cameroun, comme le fit Pierre Drieu le Rochelle à son époque ?

Elsa Triolet, Albert Camus, Jean-Paul Sartre ont joué un rôle prépondérant dans la résistance française. A cette heure où la classe résistante a vieilli, et qu’il faille un renouveau tant culturel que politique, serions-nous en droit de compter sur une génération qui sache dire non aux sirènes du pouvoir et de l’argent ?
Contribution des intellectuels Camerounais à la préparation du débarquement alliés

Outre les militaires et autres volontaires, des intellectuels, comme Maurice Schumann, René Cassin et Jacques Soustelle, avaient également rejoint Londres où de Gaulle a constitué le gouvernement en exil. Dans le contexte camerounais, et si on se réfère aux grands mouvements qui ont conduit aux révolutions contemporaines, ne faudrait-il pas un peu de niaque à la diaspora et tous ses intellectuels, pour qu’elle forme un gouvernement en exil ? Paul Biya a échoué !

Misant sur l'intelligence et les capacités de Jean Moulin, le général de Gaulle le charge d'unifier les mouvements de résistance et tous leurs différents services (propagande, renseignements, sabotage, entraide) sur le territoire français. Il serait aussi temps, dès lors que les forces camerounaises de l’étranger sont dispersées et éparses qu’un rassemblement fédérateur se forme dans l’intérêt du peuple camerounais. Comme à la préparation du débarquement en Normandie, cette fédération des intelligences camerounaises, sera chargée de créer le Conseil National de la Résistance qui contribuera de manière forte à rendre possible le débarquement des forces de changement, pour redonner au mot « indépendance » tout son sens.



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