|
Tchernobyl : Mort de Vassili B. NesterenkoAnonyme, Mardi, Août 26, 2008 - 15:26
nuky
Les populations des zones contaminées de Biélorussie sont un peu orphelines ce soir 25 aout. Le professeur Vassili B. Nesterenko est mort à Minsk (Biélorussie). Patron de l'Institut Belrad, Vassili Nesterenko mettait toute son énergie au service des populations des zones contaminées par l'accident de Tchernobyl, au sud de la Biélorussie. Né en 1934, en Ukraine dans le village Krasny Kout de la province de Lugansk, V.B. Nesterenko est sorti diplômé en 1958 de l'Université technologique de Moscou "N.E. Bauman". Physicien émérite, il a participé au lancement des Spoutnik avant de diriger l'Institut de l'énergie nucléaire de l'Académie des sciences de Biélorussie. Nesterenko fut un des premiers scientifiques à se rendre à Tchernobyl, et à défendre l'idée d'une évacuation massive des populations à 100 kilomètres à la ronde. En vain. On trouve son témoignage dans l'ouvrage de Svetlana Alexievitch, La Supplication. Après avoir passablement énervé les autorités de l'époque, il fut déchu de son titre de directeur de l'Institut de l'énergie nucléaire de l'Académie des sciences du Bélarus. Il parait même qu'il aurait survolé la centrale quelques heures après son explosion, à bord d'un hélicoptère qui larguait de l'azote liquide dans le trou béant du réacteur 4. Il fut le seul à survivre à ce vol... Ensuite, il a participé à l'organisation des travaux de liquidation avant de fonder l'Institut indépendant de recherches Belrad, en 1989, pour mobiliser la communauté internationale sur le sort des soviétiques obligés de vivre dans cette nature radioactive. Disposant de peu de moyens, les équipes médicales de Belrad assurent un suivi médical auprès des populations du sud-est de la Biélorussie, les plus contaminées par l'explosion de la centrale voisine, aujourd'hui ukrainienne. Les populations sont «mesurées», c'est à dire que les équipes de Belrad constituent des bases de données de mesures anthropogammamétriques afin de déterminer les niveaux de contamination de ces personnes qui se nourrissent de champignons, de baies, de petit gibier ou de poisson pêchés et prélevés dans la nature alentour. Avec l'aide d'ONG occidentales et en 14 années d'existence, Belrad parvient à mesurer près de 300000 enfants. Plus de 85% d'entre eux présentent des taux anormaux de Césium-137 dans le corps. Belrad a aussi aidé à l'établissement de cartes de contamination qui mettent en relief les fameuses taches de léopard des retombées de l'explosion de 1986. L'Institut a également réalisé un suivi médical et lancé la distribution de pectine aux enfants des régions contaminées. La pectine de pomme est réputée pour piéger les métaux lourds dans l'organisme, dont le Césium (et son avatar radioactif le 137) fait partie. Nesterenko était de tous les colloques et de toutes les réunions consacrés à Tchernobyl. Son combat pour ne pas que ces populations tombent dans l'oubli a été exemplaire. Bien sûr, il existe de nombreuses controverses quant à l'efficacité de la pectine, la pertinence de l'Institut Belrad et la nature de ses rapports avec le régime du président Alexandre Loukachenko. Mais le rôle de Nesterenko dans la mémoire de Tchernobyl est incontestable. Ce à quoi l'Europe a échappé lors de Tchernobyl : |
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|