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La Nouvelle Orléans, un chantier d’expérimentation du PSPMichael Lessard..., Mercredi, Juillet 30, 2008 - 17:40 (Analyses | PSP - SPP -ASPAN | Ecologie | Imperialism | Racism | Resistance & Activism | Syndicats/Unions - Travail/Labor)
En avril 2008, le premier ministre Stephen Harper s’est à nouveau réuni avec ses homologues américain et mexicain pour faire le point sur l’intégration nord-américaine et sur des centaines d’initiatives du Partenariat pour la sécurité et la prospérité(1) (PSP) touchant, entre autres, l’énergie, la réglementation, la coopération en matière de sécurité, la santé, la sécurité alimentaire. À nouveau, les grandes entreprises du Conseil nord-américain de la compétitivité (CNAC) étaient au rendez-vous.
par Ghislaine Raymond, membre du conseil d'administration d’Attac-Québec. source: Bulletin d'ATTAC-Québec de juillet 2008 [en ligne] Mais pourquoi une rencontre dans une zone dévastée? « J’ai choisi la Nouvelle-Orléans comme lieu de rencontre avec le Mexique et le Canada parce que je voulais lancer un message clair aux gens de mon pays : la Nouvelle-Orléans est de retour. C’est un bon endroit à visiter et après le ravage de Katrina, c’est devenu une ville d’espoir .»(2) De quel espoir est-il question ? Alors que les rencontres antérieures de Montebello, Cancun et de Waco ont servi à mettre en place les balises d’un nouvel ordre économique, celle de la Nouvelle-Orléans servait à montrer à l’élite politique et économique conviée à la rencontre, les réalisations concrètes des nouvelles politiques souhaitées à l’échelle nord-américaine laissant toute la place aux profits des entreprises. Un nouveau terrain de jeu où la population locale, évincée à la suite d’une catastrophe naturelle, ne se trouve pas conviée à réintégrer ses quartiers. Comment avancer de tels dires ? En effet, le Sommet s’est encore tenu dans le plus grand secret. Ainsi, le groupe de journalistes qui accompagnaient le premier ministre Harper a été tenu à l’écart des échanges. Les journaux américains ont peu ou pas couvert l’événement, il en a été de même au Canada. La déclaration finale ne faisait même pas mention nommément du PSP. Ce fut un non-événement. Toutefois, c’est lors du Contre Sommet tenu en parallèle de celui des chefs d’État que des représentants de la société civile de la Nouvelle-Orléans ont pu expliquer ce qui se passait sur le terrain pour la population locale. Le succès du programme néolibéral à la Nouvelle-Orléans et sur la côte du Golfe, affirme Kali Akuno, directeur de Stop the Demolition Coalition, est directement lié à l’oppression nationale de la communauté noire au cœur de la nouvelle stratégie du PSP. La gentrification de la ville en cours depuis trente ans a connu un bond fulgurant depuis l’ouragan Katrina. Akuno cible cinq composantes de cette opération stratégique : 1) le déplacement forcé des noirs de leurs quartiers; 2) la militarisation permanente de ces zones; 3) l’exclusion systématique d’importantes parties de la population ouvrière noire du marché du travail; 4) l’élimination ou la privatisation des institutions et des services publics de cette zone; 5) l’institutionnalisation de cette façon de faire par des mesures législatives spéciales.(3) En effet, le Président Bush a permis à la classe dominante de saisir les avantages du processus «sécuritaire» du PSP sur le terrain d’une catastrophe naturelle, d’expérimenter une nouvelle approche facilitant les déplacements de populations, assurant de nouveaux débouchés aux entrepreneurs et ouvrant un tout nouveau site résidentiel sécurisé pour la classe aisée. Ce modèle pourra être exporté tant au Mexique qu’au Canada pour mettre au pas les communautés autochtones ou tout groupe de la société civile qui conteste l’économie de marché et les atteintes aux droits fondamentaux des peuples. Il est alors conséquent d’entendre le Président Calderon déclarer : « Ce matin, les dirigeants du monde des affaires nous ont tracé un agenda spécifique à suivre et nous sommes là pour les soutenir.»(4) Mayaba Lebenthal du Critical Resistance New Orléans exprimait en ces termes le processus en cours : « Ce que nous avons expérimenté à la Nouvelle-Orléans devrait être un avertissement pour toutes les autres communautés des États-Unis nous démontrant jusqu’où peuvent aller ces politiques. Il en résulte des investissements dans la privatisation plutôt que dans la reconstruction intégrée d’une communauté ce qui entraîne insécurité et baisse des conditions de vie de la population touchée.»(5) La résistance s’organise, les syndicats de l’énergie se réunissent. Le Sommet des peuples était organisé par une coalition de plus de 35 organisations représentatives des populations marginalisées de la Nouvelle-Orléans dans la perspective de lier la lutte de la côte du Golfe à la lutte pour la survie des communautés du Mexique, du Canada, du Québec et du reste des États-unis. « Comme mouvements sociaux, nous sommes en train d’établir un modèle alternatif de relations entre les peuples qui promeut un modèle de développement national harmonieux fondé sur la justice et une redistribution équitable de la richesse.» disait Alejandro Villamar, du Réseau mexicain d’action sur le libre-échange (RMALC). (6) Deuxième réunion syndicale tri nationale du secteur de l’énergie. Cette rencontre, dans le suivi de celle de Montebello, a réuni le 20 avril 2008 des représentants ouvriers du secteur de l’énergie de l’Amérique du Nord. Deux enjeux-clé déjà abordés à Montréal ont été approfondis, soit l’énergie en tant que droit humain fondamental et des actions face aux défis environnementaux dans le secteur énergétique(7) à l’encontre des visées du PSP. En effet, sur le terrain de l’énergie, le PSP comprend onze groupes de travail composés de représentants non élus des corporations et de gouvernements. Ils traitent d’enjeux tels les réserves énergétiques du continent, les sables bitumineux du Canada, la privatisation de la compagnie pétrolière et gazière publique Pemex, les réseaux d’électricité, l’énergie nucléaire et les normes environnementales. Cette rencontre a facilité le développement d’une solidarité qui s’appuie sur une politique énergétique indépendante, démocratique et durable au sein de chacun des pays. Le travail conjoint d’organisations syndicales des trois pays est un pas en ce sens. « Il est inacceptable que la sécurité de l’ensemble des citoyens, les politiques énergétiques, les droits des travailleurs ainsi que les standards environnementaux soient laissés entre les mains de Walmart, Lockheed Martin, Halliburton, Power Corporation et leurs semblables, de notre monde. Nous assistons à la privatisation du pouvoir législatif ce qui peut être associé à un coup d’État, alors que des changements en profondeur sont en cours, faisant fi des institutions démocratiques que sont les Parlements et les Congrès.» affirmait Pierre-Yves Serinet, coordonnateur du Réseau québécois d’intégration continentale (RQIC), une des quatre coalitions contre le libre-échange dans la région, au sortir du Sommet des peuples des la Nouvelle-Orléans. Le PSP doit nous inciter à une vigilance accrue du fait de son caractère informel qui est en train de créer du droit nouveau. Des enjeux fondamentaux qui affecteront l’avenir de nos sociétés sont compromis par le PSP. Nous devons nous y opposer et tout faire pour l’arrêter. Notes
[1] Pour un historique du PSP : Bulletin d’Attac-Québec, Une intégration en catimini pour le profit des riches, juin 2007. [2] La Presse, 22 avril 2008, « Sommet de la Nouvelle-Orléans : Harper fait l’éloge de George Bush », p. A-13. [3] Kali Akuno, Neo-Liberalism, the Security and Prosperity Partnership Agreement, and the assault on the Black Nation. May 19th, 2008. [4] Open for Business Closed to the Public. [5] Idem. [6] Idem [7] United Steel Workers, Invitation à de la deuxième réunion trinationale des travailleuses et travailleurs de l’énergie de l’Amérique du Nord, mars 2008.
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