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Prison de Rancagua ( Chili ) : lettre d’Elena Varela, cinéaste et documentalisteAnonyme, Dimanche, Juin 22, 2008 - 19:03
CAPMA (collectif pour l'autonomie du peuple Mapuche)
«Je vous écris depuis cette prison sinistre et froide, où il n’y a ni arbres, ni fleurs, ni poésie, ni musique, ni chansons. Un lieu où ont triomphé le ciment et les fils de fer barbelés «Je vous écris depuis cette prison sinistre et froide, où il n’y a ni arbres, ni fleurs, ni poésie, ni musique, ni chansons. Un lieu où ont triomphé le ciment et les fils de fer barbelés. Il est difficile pour moi de pouvoir raconter ce qui m’est arrivé. Il y a des années quand j’ai commencé à me rendre compte qu’il existait les belles choses dans la nature et celles créées par l’homme, je suis tombé amoureuse de la musique, de la poésie et du cinéma. Mais il n’existe pas que des belles choses de la vie, il y aussi des injustices, il y a des histoires tristes dans celle de l’humanité. Il y a, au Chili, un espace qui a souffert et a été frappé, il y a des vérités dans d’autres mondes et il y a des mémoires qui n’oublient pas. Ces dernières années j’ai lutté pour l’éducation artistique, pour créer des espaces de participation et d’expression culturelle, fondé l’école de Tous les Arts et le collectif de cinéma Ojo films, l’orchestre symphonique d’enfants de Panguipulli et la production de cinéma Ojo Film. J’ai réalisé beaucoup de créations et j’ai éduqué beaucoup de jeunes, d’enfants et d’adultes. J’ai été chargée de culture à Pucon et de beaucoup d’autres travaux artistiques. Dans mes créations j’ai cherché les histoires des groupes sociaux et politiques qui ont souffert pour les violations à leurs droits de l’homme et d’autres exemples de procès politiques, culturels et sociaux. Par ma camera sont passés tous les types d’acteurs sociaux, de personnages, quelques uns persécutés hier et aujourd’hui, parce que je suis documentaliste et artiste. Je croyais que d’avoir participé au sein du conseil de la culture et du fonds national audiovisuel et en démocratie, me permettrait de montrer d’autres mondes et que la vérité pouvait compter sur cet appui. Mais ici je suis persécutée, inculpée et détenue pour des accusations d’actions que je n’ai pas commises. Ce qui est vrai c’est que j’ai recherché la mémoire, la raison des luttes de beaucoup de groupes sociaux et que je l’ai fait en commun avec d’autres professionnels de l’audio visuel et au travers de la CORFO et du CNCA. Il y a quatre ans que je travaille sur le conflit du peuple mapuche avec les entreprises forestières et l’état, chose qui a été très difficile, parce que j’ai du m’exposer et m’engager dans leurs façon de penser et leurs croyances pour pouvoir raconter au travers de leurs regards, leurs points de vue et leurs raison. Je crois avoir compris ça et d’un autre côté compris aussi l’immense répression à laquelle sont soumis leurs acteurs. Faisant tout ça je suis arrivée à récupérer un matériel historique et à réaliser un synopsis cinématographique pour construire le film « Newen mapuche». Ce projet est passé par toutes les étapes de sa création, en premier la CORFO l’a appuyé en 2005 et aujourd’hui sa présentation est sur la page web de l’institution. Je crois en mes capacités artistiques et je me suis présentée au FONDART avec l’appui de professionnels reconnus, de documentalistes et de cinéastes, ce qui veut dire que j’ai gagné ce concours avec beaucoup d’efforts et de persévérance et aussi beaucoup d’amour pourquoi ne pas le dire. Pourtant aujourd’hui mes enregistrements qui réunissent l’accumulation d’histoires, de témoignages et de récits réalisés durant toutes ces années ont été réquisitionnés par la police de recherche, j’ai perdu mon matériel audiovisuel et cela met en danger beaucoup de mes interlocuteurs qui ont raconté leurs expériences, ont exposé leurs points de vue, témoignages et histoires dans ce documentaire. Tout le matériel écrit sur la recherche des personnages et sur des faits historiques, sur des enregistrements et le scénario a été réquisitionné par la police qui a monté une histoire médiatique, a porté offense à mon travail et aux travailleurs audiovisuels qui ont travaillé ou participé avec moi, et qui m’inculpe aujourd’hui d’être terroriste, d’attaquer des banques, d’ex miriste et d’autres charges qui me sont imputées. C’est pour cette raison que j’ai les plus grands doutes sur l’utilisation qui va être faite de ces récits historiques puisqu’ils sont utilisés contre moi pour m’impliquer dans une histoire, qu’ils n’ont pas été capables de résoudre. Ma détention a été sinistre, similaire à celles de la CNI en temps de dictature, ils m’ont interrogé, m’ont menacé tout comme ma famille et ont fait un montage médiatique pour dénigrer mon travail de cinéaste et documentaliste. Dans mes créations se sont révélés mon talent et ma forte implication dans ce que je réalise. Mon équipe technique a été détenue de la façon la plus louche, notre maison de production a été perquisitionnée, et ils ont détruit et fait disparaître beaucoup de choses. Je suis jusqu’à aujourd’hui au secret, je n’ai pas le droit de lire, de voir les informations, ni de n’avoir aucun droit. Parmi les détenus, une des femmes est elle aussi du milieu culturel, c’est la directrice de la culture d’Ercilla que j’ai rencontré en 2005, durant une formation au diplôme de gestion culturelle préparé par le CNCA. Enfin de mon autre film, “les rêves du commandant” documentaire soutenu par la CORFO 2006, et qui relate l’histoire du complexe forestier Panguipulli, du mouvement ouvrier paysan, de la caravane de la mort et de la guérilla du MIR dans les années 80, ou l’histoire sociale de NELTUME, tout les recherches, toutes les entrevues, toutes les pellicules ont subit le même sort puisqu’elles ont-elles aussi été réquisitionnées par la police. A été soustrait par la police tout type de matériel audiovisuel comme les bandes de l’époque, les banderoles, les affiches, tout comme le matériel écrit, les scénarios, les livres, les journaux, les entrevues avec d’ex militants, mapuches et d’autres comme des prisonniers ou des dirigeants. J’en appel à votre intervention pour que ce matériel soit protégé, les mémoires de ce travail, la protection des acteurs sociaux et ma liberté parce que je suis privée de tous mes droits et ne peux m’exprimer. Je vous demande de m’aider pour mes droits comme cinéaste et créatrice et pour pouvoir continuer ce film. Je sollicite un recours de protection pour ceux qui participent dans ce projet y compris pour ma fille América avec qui j’ai été menacée à plusieurs reprises. Je demande aussi la protection du matériel cinématographique, la dévolution de toutes mes pellicules, celluloïds, équipements de tournages et de son qui ont été réquisitionnés, tout comme le matériel d’art qui a été utilisé contre moi pour dénigrer ce beau projet et mon travail de documentaliste, comme des jouets représentants des armes, des déguisements, des drapeaux, des banderoles, des bijoux mapuches, des mégaphones, des téléphones portables, cameras photographiques, photos, écrits, scénarios et recherches écrites, informations de curriculum, factures d’entreprises, reçus d’achat de matériel, et d’autres frais qui ont été utilisés pour ce travail. Au nom de l’art, de la liberté d’expression et création artistique je demande ma remise en liberté. Au nom de la dignité des personnes et de tout ce qu’ont obtenu les artistes qui ont lutté pour une société plus juste, je demande ma liberté et justice pour tout ce que nous avons enduré. Elena Varela López, réalisatrice et cinéaste
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