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Argentine: Otages de MosantoAnonyme, Jeudi, Mai 15, 2008 - 02:29
Raúl Montenegro *
Qu'il est dur est de se rappeler que ces casseroles reluisantes, ces étudiants mobilisés et ces familles craintives du désapprovisionnement ne sont pas descendues dans la rue quand les propriétaires fonciers de ce XXIe siècle ont expulsé des familles et des peuples entiers pour planter leur maudit soja. Qu'il est dur de se sentir minorité dans un pays de fausses majorités. Qu'il est dur de voir que le gouvernement national et les ruralistes luttent entre eux quand ils sont des complices nécessaires du pays du soja. Qu'il est dur de voir des casseroles reluisantes et pleines de soja RR sur l'asphalte civilisé de Buenos Aires. Qu'il est dur de voir les casseroles noirâtres et sans terre des paysans (de la province) de Santiago del Estero. Qu'il est dur de voir les étudiants d'universités argentines avec leurs affiches de soutien aux ruralistes en grève, comme si Monsanto et le Che Guevara pouvaient se donner la main. Qu'il est dur est de se rappeler que ces casseroles reluisantes, ces étudiants mobilisés et ces familles craintives du désapprovisionnement ne sont pas descendues dans la rue quand les propriétaires fonciers de ce XXIe siècle ont expulsé des familles et des peuples entiers pour planter leur maudit soja. Qu'il est dur de voir la furie ruraliste sous la protection des rois du soja comme le Groupe Grobocopatel. Qu'il est dur de voir le visage desséché de madame Juana expulsée, de madame Juana sans terre, de madame Juana avec ses morts sous le soja. Qu'il est dur de voir que les routes se coupent pour que la Chine et l'Europe ne cessent pas d'avoir du soja frais, et pour que Monsanto ne cesse pas de vendre ses graines et ses produits agrochimiques. Qu'il est dur de vérifier, avec les dents serrées, et avec le coeur désert et sans bois que personne n'a parlé au nom des indigènes expulsés de leurs territoires, de leurs plantes médicinales, de leur culture et de leur temps pour que le soja et (l'herbicide) glyphosate (Roundup) soient les nouveaux caroubiers et les nouveaux lutins de la montagne. Qu'il est dur de voir avec les mains et de toucher avec les yeux le fait que personne n'a parlé au nom des paysans expulsés à coups de bulldozers, à coups de battes et de décisions judiciaires sans justice pour que rentrent le pesticide "endosulfan", les promotrices de Basf et les pelles mécaniques avec air conditionné. Qu'il est dur de savoir que personne au nom du sol détruit par le soja et par le cocktail des pesticides "plaguicides". Qu'il est dur de vérifier que beaucoup de producteurs, de gouvernements et de citoyens ne savent pas que les sols sont seulement fabriqués par les bois et les environnements natifs, et jamais par les cultures industrielles. Qu'il est dur de savoir que pour fabriquer 2,5 centimètres de sol dans des climats tempérés, sont nécessaires de 700 à 1200 ans, et que le soja les cassera en beaucoup moins de temps. Qu'il est dur de rappeler que 80 pour cent des bois natifs a déjà été détruit et que fonctionnaires et producteurs ne voient pas ou ne veulent pas voir que l'unique forme d'avoir un pays plus soutenable est de conserver dans le même temps des surfaces d'environnement naturel et de cultures diversifiées. Qu'il est dur d'observer comment disparaît le paysan qui vivait avec le bois et comment le remplace une grande entreprise agricole qui commence ironiquement ses activités en détruisant ce bois. Qu'il est dur de voir que la monoculture du soja réflète la monoculture de cerveaux, l'ineptie des fonctionnaires publics et le silence des bonnes personnes. Qu'il est dur de savoir que des milliers d'argentins sont exposés aux basses doses de plaguicides, et que des milliers de personnes se rendent malade et meurent pour que la Chine et l'Europe puissent nourrir leur bétail avec du soja. Qu'il est dur de savoir que les basses doses de glyphosate, "endosulfan", 2,4 D et autres plaguicidas peuvent altérer le système hormonale de bébés, enfants, adolescents et adultes, et que nous ne savons pas combien d'entre eux sont tombés malades et sont morts par la faute des basses doses parce que l'État ne fait pas d'études épidémiologiques. Qu'il est dur de savoir que les bois et environnements natifs s'effondrent, que les bassins hydriques où se fabrique l'eau sont envahies par des cultures et que l'Argentine exporte son génocide du soja à l'Amazonia bolivienne. Qu'il est dur de vérifier que les casseroles reluisantes sont plus faciles de sortir que les bulldozers et la monoculture. Qu'il est dur de vérifier qu'au nom des exportations sont violés tous les jours, impunément, les droits de générations d'argentins qui ne sont pas encore nés. Qu'il est dur de voir les images de télévision, les barrages de routes et les casseroles tandis que les âmes sans terre des paysans et des indigènes n'ont pas d'images, ni de barrages, ni de casseroles qui les défendent. Qu'il est dur de vérifier que ces réflexions écrites à minuit circuleront seulement dans la presque clandestinité tandis que Monsanto envoie ses divisées aux États-Unis, tandis que les bulldozers démontent des milliers d'hectares dans notre (province du) Chaco semiaride pour que nous ayons rapidement 19 millions d'hectares plantés avec du soja, et tandis que des milliers d'enfants argentins dorment sans savoir que leur sang a des "plaguicides", et que leur pays a eu une fois des bois qui fabriquaient un sol et conservaient l'eau. Tout près d'eux, les casseroles bosselées reviennent à la cuisine. * Biologiste. Prix Nobel Alternatif (Stockholm, Suède). Professeur titulaire de Biologie Évolutive à l'Université Nationale de Cordoba (Argentine). mont...@funam.org.ar Pagina12, 14 mai 2008. Traduit par http://amerikenlutte.free.fr [ EDIT (Mic pour le CMAQ) |
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