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Montréal ville de hockey, Montréal ville d'émeute

Anonyme, Lundi, Avril 28, 2008 - 03:29

Alexandre Popovic

Retour sur le grabuge d'après-match qui suivit la victoire du Canadien, le 21 avril dernier, avec une analyse de la sous-performance policière lors des débordements des partisans du Tricolore, et sur comment les leçons de l'émeute de 1993 permirent la réorganisation d'un dispositif de contrôle de foule qui fut d'une grande utilité à réprimer la contestation sociale, avec en bonus une critique du rôle des médias en relation avec à la fois l'émeute et la police.

On est encore loin de la Coupe et pourtant la coupe déborde déjà ! Rappelons qu'à la suite du match lors duquel le Canadien élimina les Bruins de Boston en huitième de finale, des groupes de fêtards vandalisèrent seize voitures de police, dont cinq qui furent incendiées, occasionnant des dommages s'élevant à un demi-million de dollars pour le corps policier montréalais. À cela s'ajoute des pertes encourues par des commerces qui furent la cible d'introduction par effraction.

Bien que Montréal n'en soit pas à sa première émeute de hockey, il reste que ces événements se distinguent du lot. Qu'une victoire en première ronde soit capable de provoquer un tel grabuge, voilà qui sort quelque peu de l'ordinaire. Que le Canadien gagne ou non la Coupe Stanley, Montréal aura quand même eue sa droit à sa petite séance de saccage ! Un peu comme si les émeutiers n'avaient pas voulut prendre de chance. Car il est vrai qu'avec le Tricolore, on ne sait jamais. Rien ne garantit en effet que le Canadien arrivera à se rendre au-delà du quart de finale.

Il reste que le comportement de la police dans cette histoire mérite d'être analysé. Aussi surprenant que cela paraître, le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) ne s'était pas organisé en fonction des risques de débordements. Cela explique pourquoi les policiers abandonnèrent leurs véhicules ici et là dans les rues du centre-ville, sans aucune protection particulière. Rien d'étonnant à ce que ceux-ci devinrent des cibles idéales pour des casseurs cherchant à se mettre quelque chose sous la dent. Ce même corps policier n'omet pourtant jamais d'avoir sa force de frappe anti-émeute à portée de la main lorsque ce sont des anarchistes ou des opposants à la brutalité policière qui se mobilisent pour prendre la rue. Et ce, même s'il est indiscutable que les dommages à la propriété qui surviennent occasionnellement lors de ce type de manifestations ne sont que de la petite bière à comparer des dégâts causés lors des émeutes de la Coupe Stanley.

Décidément, l'histoire semble se répéter tel un disque qui saute. Que l'on pense à l'émeute de 1986, à celle de 1993 ou même au grabuge de 21 avril dernier, il semble qu'à chaque fois que les partisans du Canadien célébrèrent dans la rue la victoire du Tricolore, la performance policière laissa à désirer. Dans ce contexte, comment se surprendre si ceux qui sont à la recherche d'un prétexte pour s'offrir une petite séance de défoulement ou se livrer à du «shopping prolétarien» voient dans ce type de célébration l'occasion idéale pour passer à l'action ? N'est-ce pas la police elle-même qui créée les conditions propices à ce type de débordements en faisant preuve à la fois d'un niveau de permissivité inhabituel à l'égard des fêtards et d'une inefficacité légendaire à l'égard des casseurs ?

Il ne faudrait surtout pas négliger d'aborder le rôle des médias parmi les autres facteurs d'incitation au grabuge. Même s'ils ne l'avoueront jamais ouvertement, les médias raffolent secrètement des émeutes. Car si le spectacle de l'émeute les dégoûtait autant qu'ils cherchent à le faire croire, pourquoi alors les médias mettent-ils autant en valeur les images de casse et de véhicules de police en proie aux flammes à l'intérieur de leurs pages et sur leurs sites internet ? Poser la question c'est y répondre. Pour les médias, la violence se vend bien, peu importe qu'elle soit l'oeuvre d'un tueur en série ou d'une foule en délire.

Les commentateurs de l'actualité sont souvent les premiers à sermonner les casseurs. Pourtant, les médias sont très mal placés pour donner des leçons de morale à quiconque. Le fait est que les médias accorderont toujours une plus grande visibilité à une manifestation qui tourne à la casse plutôt qu'à celle dont le déroulement est sans anicroche, et ce, sans tenir compte de savoir laquelle des deux aura mobilisée le plus grand nombre de personnes. Avec de tels critères, c'est pas très compliqué de deviner ce que des manifestants doivent faire pour obtenir une couverture de choix au bulletin de nouvelles...

Mais ce n'est pas là la seule manifestation d'hypocrisie crasse à laquelle se livrent les médias à ce chapitre. Au Québec, il y a longtemps que les policiers ont prit l'habitude de se servir des images des médias en vue de faire progresser leurs enquêtes et de recueillir des preuves relativement à des émeutes et d'autres types d'activités prohibées par le Code criminel canadien. Et après chaque saisie d'images, les représentants des médias sortent toujours le même refrain comme quoi ils ne veulent surtout pas devenir les yeux de la police. Tu parles... S'il fallait qu'un jour les médias cessent d'être des sources aussi abondantes d'images pour les flics, il y aurait alors fort à parier que ceux-ci deviendraient borgnes par moments !

Scorer dans un filet désert

Le 24 mai 1986, le Canadien de Montréal remporta la Coupe Stanley en battant les Flammes de Calgary. Une mer de fêtards déferla sur la rue Sainte-Catherine pour célébrer le triomphe du Tricolore. Plus la soirée avançait, plus les fêtards devinrent éméchés et plus le party devint endiablé. Un gigantesque feu de camp fut allumé au beau milieu de la rue et les actes de vandalisme se multiplièrent. Des voitures furent renversées et une vingtaine de commerces, dont plusieurs boutiques de vêtements, furent pillées. Au cours des deux premières heures, les policiers brillèrent par leur absence. Lorsque les unités anti-émeute se décidèrent à intervenir, elles dispersèrent la foule et procédèrent à une douzaine d'arrestations. Les dommages s'élevèrent à plus de 1 million $. Fait particulier, une émeute semblable éclata le même soir à Roberval, une ville basée sur la rive du lac St-Jean à cinq heures de route au nord de Montréal. (1)

À Montréal, le responsable des opérations policières de l'époque, Alain Saint-Germain, affirma que ces événements étaient inexplicables et impossibles à prévoir. (2) Insatisfait des explications policières, le no.2 de l'administration municipale, Yvon Lamarre, déclara que la Communauté urbaine de Montréal (CUM) avait perdu le contrôle de sa police et se prononça en faveur d'une enquête indépendante sur la gestion de l'événement par la force constabullaire. (3) Le président de la Fraternité des policiers de la CUM de l'époque, Louis Simard, se questionna ouvertement au sujet du délai d'intervention de l'escouade tactique. (4) Le syndicat policier exprima aussi le voeu que la Commission de police du Québec, soit l'ancêtre du Comité de déontologie policière, tienne une enquête publique au sujet de la sous-performance policière lors de cet événement. Il fallut deux semaines au directeur de la police montréalaise, Roland Bourget, pour reconnaître que la réponse policière avait été... trop tardive. (5)

En mai 1993, le juge Gilles Hébert de la cour supérieure blâma sévèrement certains responsables policiers et les condamna, eux et la CUM, à verser la somme de 185 791 $ – qui s'éleva à 360 000 $ en calculant les intérêts – à deux compagnies d'assurance et à une boutique de vêtement qui leurs avaient intenté un procès. (6) Au moment où la décision du juge Hébert fut rendue, le Canadien avait le vent dans le voile et tous les espoirs étaient permis pour ses fervents partisans. Le timing particulier du jugement Hébert fit en sorte que le spectre de l'émeute se mit à plâner au-dessus du centre-ville montréalais, les réseaux télévisés se mettant à rediffuser les images de l'émeute de 1986 lors des bulletins de nouvelles. Les responsables policiers assurèrent pourtant qu'ils sauraient faire face à la musique et qu'ils avaient tirés les leçons de ces événements.

Or, le 9 juin 1993, un scénario étrangement similaire se répéta lorsque le Tricolore remporta à nouveau la Coupe Stanley en vaincant les Kings de Los Angeles. Cette victoire du Canadien fut accueillie par une retentissante explosion de joie tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des murs du Forum. Cette fois-ci l'ampleur des débordements sur la rue Sainte-Catherine fut encore plus important qu'en 1986. Bien qu'ils étaient mobilisés en nombre supérieur comparativement à 1986, les policiers perdirent rapidement le contrôle de la situation. Le nombre d'hommes en bleu, qui étaient un peu plus de 200 en début de soirée, gonfla à 600 vers 22h pour atteindre 980 vers minuit. Ce n'est qu'à 3h du matin que les policiers vinrent à bout de l'émeute, au terme d'une intervention qui se solda par un total de 115 arrestations.

L'émeute du 9 juin 1993 donna lieu à un total de 267 méfaits tandis que 168 personnes furent blessées, dont 49 policiers. En tout, 47 voitures de police subirent des dommages, 8 d'entre elles étant des pertes totales. 31 wagons de métro, 15 autobus et 12 abribus furent également vandalisés. (7) Notons que les camionnettes des réseaux télévisés de la Société Radio-Canada, de TVA et de CFCF furent aussi la cible des casseurs. Le Bureau d'assurance du Canada (BAC) évalua d'abord la facture totale des dégâts à 10 millions $. Ce montant fut ensuite rabaissé à un peu plus de 2,5 millions $, bien que cette somme n'incluait pas la valeur des dommages causés à la propriété publique. (8)

Le travail des policiers fut à nouveau vivement critiqué de part et d'autres, d'autant plus que la force constabullaire ne pouvait plus plaider l'effet surprise comme elle l'avait fait en 1986. (9) «Les policiers ont dit qu'ils nous protégeraient, mais ils ne l'ont pas fait», se plaignit à La Presse un employé de City Styles, un magasin de la rue Crescent qui fut défendu par des hommes armés de battes de baseball et de barres de fer. (10) Certains commerçants de la rue Sainte-Catherine étaient si amers qu'ils souhaitèrent même que le Canadien ne remporte plus jamais la Coupe Stanley ! (11)

À Québec, le ministre de la Sécurité publique de l'époque, Claude Ryan, demanda au juge Albert Malouf de tenir une enquête sur l'opération policière. Selon le ministre, l'enquête aura notamment pour objectif «d'identifier clairement les défaillances qui ont pu se produire dans le dispositif de protection». Lorsqu'il annonça la tenue de l'enquête, Ryan s'interrogea ouvertement sur l'efficacité du service de renseignement de la police montréalaise. «Les gens arrivaient avec des gros sacs pour piger dans les vitrines des commerces», affirma le ministre, avant de demander: «Comment se fait-il qu'on n'ait pas réussi à obtenir de tels renseignements avant, de manière à ajuster le dispositif policier en conséquence?» (12)

Dans son rapport, le juge Malouf en arriva à la conclusion que la police laissa grosso modo la rue Sainte-Catherine aux émeutiers. À la page 81 du rapport, on peut en effet lire que le directeur de police de l'époque, Alain Saint-Germain, avait téléphoné trois fois au Centre de coordination opérationnelle durant la soirée pour se plaindre de l'absence de policiers sur cette grande artère du centre-ville montréalais. Ce qui ne va pas sans rappeler les ratés de 1986. Sauf qu'ici, les soi-disant penseurs de la force constabullaire s'étaient livrés à un exercice de planification, ce qui rendit le fiasco policier encore plus accablant. Bref, si les émeutiers montréalais réussirent encore à scorer, c'est parce que le filet fut laissé désert en première période, le gardien de l'ordre public étant resté sur le banc. À cette absence de policiers s'ajouta l'improvisation et la désorganisation des effectifs déployés. «Des agents se sont attroupés un peu au hasard à certaines intersections et semblaient attendre qu'on leur dise quoi faire», lit-on notamment dans le rapport Malouf. (13)

Encore une fois, la ville de Montréal, qui succéda à la CUM en tant qu'entité légale en 2002, fut pris pour dédommager financièrement les commerçants qui ne bénéficièrent d'aucune protection policière pendant que les casseurs s'en donnaient à coeur joie. Ce n'est qu'en décembre dernier, soit plus de treize ans après les événements, qu'un règlement hors cours intervint entre les parties, la ville acceptant de verser une indemnité totalisant 550 000$ à trente commerces et compagnies d'assurance. Là-dessus, 200 000$ iront dans les poches des avocats impliqués dans le dossier, ce qui ne laissa pratiquement que des miettes aux trente commerces et compagnies d'assurance qui intentèrent cette action en justice. (14)

Montréal, ville d'anti-émeute

Ces événements eurent des conséquences diverses. Au niveau du service de police montréalais, les recommandations du rapport Malouf entraînèrent une réorganisation majeure du dispositif de contrôle de foule. La machine à répression devint mieux huilée et plus performante. Mais ce seront surtout les mouvements sociaux et politiques revendicatifs qui en feront les frais.

Pour certains officiers, l'émeute de 1993 représenta un véritable signal d'alarme annonciateur de temps troubles pour les années à venir. Dans un rapport de «rétroaction» sur ces événements, le directeur de l'ancien poste 25, Guy Lavoie, et son adjoint, Michel Beaudoin, firent part d'une «détérioration marquée» du climat social, allant jusqu'à prédire «un retour aux manifestations avec affrontement police-manifestants». Les deux officiers proposèrent même la mise sur pied d'un équivalent des Compagnies républicaines de sécurité (CRS). «Compte tenu du contexte social actuel, et qu'il ne semble pas y avoir d'amélioration prévue à court terme, faudra-t-il, dans un avenir plus ou moins rapproché, envisager la création d'un corps d'intervention spécial, tels les CRS, en France, pour faire face à ce genre de situation?», peut-on lire. (15)

Les changements au dispositif de contrôle de foule furent mis en place sous la direction de Jacques Duchesneau, le successeur de M. Saint-Germain. La chaîne de commandement fut redéfinie et l'architecture des communications fut remodelée pour éviter les embouteillages sur les ondes radio. Quatre niveaux d'alerte définirent désormais le nombre de policiers devant être mobilisés selon les besoins et la gravité de la situation. Au niveau deux, 90 policiers sont dépêchés sur les lieux, au niveau trois ce nombre grimpe à 230, et au niveau quatre, à 400. Dans un tel cas, les effectifs arriveront sur les lieux en autobus, en laissant leurs voitures aux points de ralliement prévus à cet effet. (16)

Pour mettre en oeuvre ces changements, le directeur Duchesneau appela à la rescousse un vétéran des Forces armées canadiennes, le lieutenant-colonel Normand Bernier, vers la fin de 1994. Au cours de ses 28 années de carrière au sein des Forces, M. Bernier commanda le régiment de Valcartier, travailla comme instructeur au Collège militaire royal de Kingston et occupa le poste de directeur des opérations pour le secteur du Québec de la section de l'armée de terre à Montréal. (17) Notons que Bernier compte parmi ses amis personnels le lieutenant-colonel Roméo Dallaire, aujourd'hui sénateur libéral à Ottawa. (18)

Bernier devint le commandant de la nouvelle Section de la planification opérationnelle (SPO) créée dans la foulée du rapport Malouf. Le mandat de la SPO est de veiller à la coordination de service d'ordre policiers et de prévoir des effectifs nécessaires qui sont affectés pour tout événement d'envergure attirant des foules importantes, que ce soit les manifestations politiques ou les spectacles en plein air. Pour s'acquitter de sa tache, la SPO travaille notamment en collaboration avec les enquêteurs de la Division du renseignement, qui doivent produire des évaluations de risque. Depuis son arrivée à la tête de la SPO, Bernier apporta un certain nombre d'innovations. Par exemple, il emprunta à l'armée l'idée de faire des simulations en matière de contrôle de foule lors desquelles des policiers en processus de formation apprennent à gérer un attroupement devenant hostile.

En 1996, la police se disait prête pour la Coupe Stanley. «Avec 400 policiers, on peut contrôler n'importe quel événement à Montréal», assura à La Presse le commandant Bernier, ajoutant: «L'important réside dans l'identification des points stratégiques à occuper pour canaliser la foule là où elle doit être.» Selon lui, le niveau de tolérance des médias et de la population face à une présence policière de plus en plus visible aurait augmenté. «À la dernière partie au Forum, les citoyens se sentaient en sécurité en voyant les casques et les bâtons», affirma Bernier à l'époque. «Il y a trois ans, on aurait eu mauvaise presse. Mais depuis, l'instabilité sociale a augmenté et les gens apprécient nos efforts.» Le Canadien n'ayant pas réussit à rééditer son exploit de 1993, les prétentions du lieutenant-colonel n'ont pu être mise à l'épreuve sur le terrain.

M. Bernier pouvait néanmoins se consoler en se disant que ses efforts auront au moins servit à réprimer les manifestations politiques. C'est en effet à cette époque que Montréal devint la capitale canadienne des arrestations de masse de manifestants. Parmi les plus importantes, mentionnons l'arrestation de 77 personnes occupant le carré Berri (29 juillet 1996), les 108 arrestations du commando-bouffe à l'hôtel Queen Elizabeth (3 décembre 1997), les 70 arrestations lors de l'occupation des bureaux du Conseil du patronat (10 février 1998), les 99 arrestations lors de l'Opération SalAMI à l'hôtel Sheraton (25 mai 1998), les 278 arrestations dans la cour de l'école Chomedey-de-Maisonneuve (23 septembre 1999) et les 66 arrestations d'étudiants de l'UQAM (24 novembre 1999).

À la fin du mois de novembre 1999, lorsque des manifestants réussirent à perturber sérieusement une réunion des pays de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Seattle, dans l'État de Washington, les opposants à la mondialisation en général et les militants anarchistes en particulier furent perçu comme une nouvelle menace à la sécurité publique par les corps policiers d'un peu partout à travers l'Amérique du nord. Comme la police de Montréal était déjà à l'avant-garde en matière de répression, celle-ci n'eut qu'à continuer sur la même lancée.

La vague d'arrestations de masse de manifestants se poursuivit donc de plus belle : 112 personnes à la manifestation de la Journée internationale contre la brutalité policière (15 mars 2000), 146 personnes au premier mai anarchiste à Westmount (1er mai 2000), 46 personnes aux manifestations contre la réunion des ministres des pays membres du G20 (24-25 octobre 2000), 82 personnes à une manifestation contre la mondialisation (29 septembre 2001), et 371 arrestations à la 6ième Journée internationale contre la brutalité policière (15 mars 2002). Cette dernière rafle représenta un nouveau sommet en terme de répression puisqu'il s'agissait de la plus importante arrestation de masse depuis la Crise d'octobre, en 1970. Mais les policiers n'avaient aucune intention de s'asseoir sur leurs lauriers. En effet, quelques semaines plus tard, soit le 26 avril 2002, la police créa un nouveau précédent en procédant à l'encerclement d'une foule de plus de 300 personnes qui était réunie pour protester contre la tenue d'une réunion des ministres du Travail du G-8, et ce, avant même que la manifestation ne se mette en branle.

Malgré les déboires du Canadien, la période post-Seattle fut accompagnée par une nouvelle expansion du dispositif montréalais de contrôle de foule. D'abord, il y a eut l'établissement du Centre de commandement et de traitement de l'information (CCTI) au huitième étage de l'édifice basé au 1441 St-Urbain qui sert de quartier général au SPVM depuis 2001. Lors d'un service d'ordre policier, c'est au CCTI qu'il revient de prendre les décisions cruciales, tel l'utilisation de niveaux de force élevés ou l'ordre de mettre fin à une manifestation. Aménagée au coût de 3,18 millions $, (19) la salle des opérations du CCTI dispose d'une panoplie d'équipements électroniques modernes, incluant une mosaïque d'écrans d'une largeur de 22,7 mètres permettant aux policiers présents de suivre l'action qui se déroule dans la rue en temps réel. (20)

Puis, en mai 2002, la fameuse escouade tactique du SPVM fut abolie pour laisser place aux groupes d'intervention. Communément appelée l'«anti-émeute», l'escouade tactique était une unité spécialisée qui se consacrait quasi-exclusivement au contrôle de foule. L'escouade ne comptait que 51 policiers, que l'on pouvait distinguer des autres agents par leurs casques noirs. À sa disparition, ses membres furent intégrés aux groupes d'intervention qui lui succéda. Conséquence de cette décision, le SPVM put désormais compter sur 280 policiers formés et entraînés à intervenir lors d'événements de foule. (21)

Malgré cela, le SPVM fut pris au dépourvu lorsque éclata la plus importante émeute depuis celle de la Coupe Stanley de 1993. En effet, des centaines d'amateurs de musique punk laissèrent exploser leur colère dans les rues de Montréal lorsqu'ils apprirent l'annulation du concert que devait donner le groupe britannique The Exploited avec la formation californienne Total Chaos à la salle Le Medley, sur la rue Saint-Denis, le 14 octobre 2003. Des témoins rapportèrent que les groupes d'intervention auraient mis pas moins 50 minutes avant de se décider à confronter la foule survoltée. Ce délai avaient permit aux fans déçus d'incendier huit automobiles et d'en endommager trente-huit autres, ainsi que de vandaliser onze boutiques et commerces, dont certains furent pillés. Dix personnes furent arrêtées. (22)

Les deux plus importantes arrestations de masse de manifestants qui survinrent au cours des cinq dernières années furent celles du 28 juillet 2003, où 240 personnes furent encerclées en marge d'une réunion de l'OMC, et celle du 19 novembre 2004, lors de laquelle 190 personnes furent arrêtées au terme d'une manifestation contre le congrès du Parti libéral du Québec. Par la suite, le recours à la technique de l'encerclement devint plus rare, le nombre de manifestants arrêtés rapetissa et les accusations portées contre ceux-ci furent moins sérieuses. «Les arrestations de masse, c'est une de nos méthodes de travail, mais ce n'est plus celle qui est privilégiée», expliqua au Devoir l'inspecteur-chef Jean Baraby de la SPO, en 2007. (23) «On s'est ajustés aux moyens plus raffinés utilisés par les manifestants, et on procède à des arrestations sélectives», ajouta-t-il.

Ce que M. Baraby a omis de dire, c'est que les coûts astronomiques engendrés par les procès de manifestants y sont pour beaucoup dans la décision de mettre la pédale douce en matière de répression politique. De plus, une fois acquittés, les manifestants prirent l'habitude d'intenter à leur tour des actions en justice contre les autorités, rendant ainsi la facture encore plus salée. Il faut aussi dire que les arrestations massives finirent par avoir un effet démobilisateur chez plusieurs militants. Signe des temps, en octobre dernier, 62 agents furent retirés des groupes d'intervention pour être envoyés dans des postes de quartier, ramenant ainsi le nombre de ses effectifs à 180 policiers.

Quand la coupe déborde
avant même d'avoir la Coupe

Que cela plaise ou non, Montréal est une ville de hockey, ce qui n'est pas un secret pour personne. Selon une enquête menée ce printemps par l'«Indice relatif du bonheur», la performance du Canadien influencerait le niveau de bonheur chez 18 % des Québécois, un chiffre qui s'élèverait à 28 % chez les jeunes de 18 à 24 ans. (24) Lorsque le Tricolore se qualifia pour faire les séries cette année, le niveau de bonheur grimpa de plus belle. Et lorsqu'il ne manqua plus qu'une seule victoire pour que le Canadien élimine les Bruins en première ronde, plusieurs partisans ne touchèrent plus à terre.

Le 17 avril dernier, alors que le Canadien menait 3-1 la série contre les Bruins, la fébrilité dans les rues de Montréal était telle que le SPVM jugea bon de faire savoir qu'il augmenterait ses effectifs autour du Centre Bell. «On a un plan progressif», déclara Pierre-Paul Pichette, directeur adjoint du SPVM. La police n'ignorait donc pas le potentiel de grabuge qui pouvait accompagner une victoire du Tricolore, et ce, même en huitième de finale. «Notre organisation a appris à la dure à cause des événements de 1986 et 1993», affirma Pichette pour se montrer rassurant. N'empêche que la nervosité restait palpable chez plusieurs commerçants de la rue Sainte-Catherine. Certains, comme le disquaire HMV, doublèrent le nombre d'agents de sécurité privés en prévision du quatrième match de la série Canadien-Bruins. Mais l'enthousiasme laissa vite place à la déception lorsque les Bruins infligèrent au Canadien une cuisante défaite de 4-1 devant ses partisans ce soir-là. (25)

Le 21 avril suivant, lorsque le Canadien élimina les Bruins en les blanchissant par un score de 5-0, le risque d'émeute était bien plus que théorique. Or, il semble que l'on assista à une répétition du scénario de 1986 et 1993, quoique à une moindre échelle. Selon le chroniqueur Patrick Lagacé de La Presse, les dérapages auraient commencés vers 22h10, lorsque des fêtards rassemblés à l'intersection des rues Sainte-Catherine et Stanley se mirent à brasser une voiture de marque Volvo transportant une mère de famille avec ses trois garçons souhaitant célébrer au centre-ville la victoire du Canadien. (26) Comme d'autres, elle fut victime de la décision du SPVM de ne pas fermer cette grande artère à la circulation automobile.

«Pendant que des grands primates en folie fessaient sur l'auto d'une mère de famille qui espérait participer à une fête, il n'y avait pas un flic en vue», nota Lagacé dans sa chronique. «Je me souviens que le 31 décembre 1999, le centre-ville grouillait de fêtards attendant l'an 2000», poursuivit le chroniqueur. «Il grouillait également de flics circulant en petits groupes. La police était partout. Le message était limpide: nous sommes là, restez calmes. Et tout le monde s'est tenu à carreau. Hier ? Invisibles, les policiers. Or, l'épisode de la Volvo, qui a bien dû se dérouler devant 1000 personnes, a envoyé un message bien clair à une partie de la foule. Ce soir, c'est le party. On peut brasser, briser, écoeurer le peuple. Y a pas de flics en vue! Partyyyy!»

Il était environ 22h30 lorsque les policiers débordés firent appel aux groupes d'intervention. Ceux-ci apparurent sur la rue Sainte-Catherine vers 22h50, et ordonnèrent aux fêtards de libérer la rue et de regagner le trottoir, ce qui eut pour effet de mettre le feu aux poudres. Bien que ces policiers casqués, équipés d'un bâton et d'un bouclier, furent accueillis par des jets de bouteilles, la foule finissa par reculer sans trop résister. On rapporte notamment l'utilisation de poivre de cayenne. La police forma une ligne qui pouvait être franchie selon l'humeur des agents, ce qui donna l'image d'une force constabullaire désorganisée.

De plus, en repoussant les fêtards en direction est, les policiers ne réussirent qu'à répandre les actes de vandalisme sur une distance de plusieurs intersections. À l'angle des rues Sainte-Catherine et Crescent, les voitures de police stationnées sur place passèrent un assez mauvais quart d'heure. Au coin de Drummond, une épaisse fumée noire obstruait la vue. En tout et pour tout, 300 policiers auraient pris part à l'opération, un nombre que les hauts gradés du SPVM refusèrent toutefois de confirmer officiellement. (27)

Ce n'est que vers 2h30 du matin que le calme revint dans les rues. Le nombre d'arrestations s'éleva à seize individus, soit treize jeunes adultes âgés de 19 à 25 ans et trois personnes mineures âgées de 14 à 17 ans. Ils devront répondre de divers chefs d'accusation criminelles, notamment de voies de fait, de méfait, d'agression armée contre des policiers et d'introduction par effraction. Douze d'entre eux purent regagner leur domicile après avoir signé une promesse de comparaître, tandis que les quatre autres furent libérés le lendemain, après avoir comparu détenu à la cour.

Le lendemain de cette nuit agitée, le déroulement des opérations policières donna lieu à toutes sortes de commentaires critiques, et ce, malgré l'appel du ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, à ne pas mettre «la police au banc des accusés». «Je suis ami avec les policiers, je ne veux pas les accuser, mais vraiment ils n'ont rien fait», lança Raby Bachour, propriétaire de la boutique Influence-U, qui fut le témoin impuissant d'actes de vandalisme portés contre sa boutique. (28) «Les policiers se faisaient lancer de la bière dessus, c'était un zoo. Je n'ai pu entrer dans mon magasin avant 2 heures du matin», se plaignit le commerçant. La chef de l'opposition à l'hôtel de ville, Noushig Eloyan, n'a pas hésitée à critiquer le travail des policiers. «Ce qui est évident pour nous, c'est que la police n'était pas prête à faire face à cette violence», déplora-t-elle. «Quand on regardait la télé, on se demandait «mais où est la police?»» (29)

Le président de la Fraternité des policiers, Yves Francoeur, fut l'un de ceux qui se montra le plus critique envers le SPVM. Selon lui, «le Service a sous-estimé le degré de menace». S'exprimant au nom des membres de son syndicat, M. Francoeur raconta comment les policiers vécurent ces événements. «J'ai parlé à plusieurs policiers qui étaient là. Ils avaient peur parce qu'ils se faisaient garrocher des pierres et des bouteilles», résuma le chef de la Fraternité. «Ils me disent que ça allait tout croche sur les ondes et questionnent même la stratégie policière», ajouta-t-il. «Les effectifs étaient mal divisés lundi soir. Il n'y avait pas assez de policiers de l'intervention. Ça courait de tout bord, tout côté», affirma également Francoeur. (30)

Le chef syndical blâma également les coupures qui ont été faites dans les effectifs des groupes d'intervention en octobre 2007. «On était contre, mais on ne nous a pas écoutés », déplora-t-il. «Ça allait bien parce qu'on naviguait en eaux calmes. Mais on a vu les résultats lundi et nous ne sommes qu'en huitième de finale. Il y aura d'autres événements du genre d'ici la fin des séries», a-t-il prédit. Selon lui, ces coupures firent en sorte que la police dû dépendre principalement sur le personnel des Postes de quartier (PDQ) pour gérer le grabuge de l'après-match. «Ils ont la formation de base», dit Francoeur en parlant du savoir dont disposent les policiers des PDQ en matière de contrôle de foule, ajoutant: «Ils n'ont pas l'équipement ou les qualifications pour travailler à l'intérieur de grands groupes avec la capacité de contrôler des émeutiers et de les arrêter.» (31)

Bien entendu, la direction du SPVM avait une explication toute faite à offrir à la presse pour excuser une performance policière si peu convaincante : les policiers ont eu affaire à des «groupes organisés», imaginez-vous donc. «Ces jeunes gens étaient organisés afin de commettre des actes criminels, des méfaits et mettre le feu à des voitures de police», déclara le directeur du SPVM, Yvan Delorme. (32) «C'était une espèce d'organisation - quelqu'un surveillant, quelqu'un mettant le feu à la voiture, quelqu'un s'occupant des autres», continua-t-il. Quoi, des gens qui démolissent et qui carbonisent des bagnoles de flics à visage découvert pendant qu'ils se font filmer et photographier, c'est ça que vous appelez des «groupes organisés» monsieur le no.1 de la police ?! Dirait-on d'un braqueur qui oublie d'apporter sa cagoule avant de commettre un hold-up qu'il est organisé ? Bien sûr que non. On verrait plutôt en lui un candidat-vedette potentiel pour l'émission «America's Dumbest Criminals» !

Le SPVM dû également expliquer pourquoi il tarda à mettre fin aux débordements. M. Delorme précisa que les policiers n'étaient pas là pour empêcher les Montréalais de fêter, mais bien pour «accompagner les partisans». (33) « Nous devons protéger les citoyens de Montréal, pas les arrêter», déclara le directeur de police. «Votre approche n'est-elle pas trop conviviale?» demanda un journaliste. Réponse de Delorme: «Non, on était sur un mode festif.» Le directeur du SPVM alla même jusqu'à dire: «Nous sommes tous des partisans du Canadien.» Ben tiens ! Si la ville est hockey, pourquoi la police ne le serait pas aussi tant qu'à faire ! Présent lui aussi à la conférence de presse, le directeur-adjoint Pichette s'adressa aux journalistes. «On espérait que les citoyens en général pouvaient fêter dans les rues », a-t-il indiqué, ajoutant: «On a fait du chemin depuis 1993. Je pensais que la société, aussi, avait évolué.» (Quoi, la police évolue plus vite que la société ? On en apprend chaque jour !)

Après avoir prétendu que la stratégie du SPVM était la bonne, Delorme s'empressa d'ajouter qu'il allait la revoir... Il reste que cette approche policière est symptomatique d'une politique de deux poids, deux mesures. Quand les partisans du Canadien fêtent la victoire du Tricolore, le niveau de permissivité dont fait preuve la police montréalaise sort de l'ordinaire. La police permet à une foule en liesse, souvent éméchée, d'envahir la rue et de fêter bruyamment. Les policiers tolèrent des comportements désordonnés qui, en temps normal, susciterait une réprobation probablement musclée de leur part. Les flics cassent pourtant des partys à longueur d'année. Mais ils se refusent à briser celui des partisans du Canadien. Et lorsqu'ils le font, c'est généralement à reculons et à contre-coeur, parce qu'ils n'ont plus le choix. C'est-à-dire lorsqu'ils sont déjà en train de perdre le contrôle de la situation et qu'ils tirent de l'arrière.

Pour le citoyen moyen, l'attitude tolérante des policiers rends les récents débordements d'après-match encore plus difficiles à saisir. Il est vrai qu'il est toujours hasardeux de s'aventurer à chercher à expliquer un phénomène de foule aussi complexe qu'une émeute. Un événement de ce type implique par définition une multitude de gens aux motivations nécessairement diverses et parfois même contradictoires. En même temps, il est difficile de ne pas se faire sa propre opinion sur un événement aussi polarisateur.

Bien des gens se sont dit d'avis que les casseurs ne pouvaient pas être des partisans du Canadien. Mais qu'en savent-ils au juste ? «Ces gens-là ne peuvent pas être des fans», insista le directeur Delorme. «Les vrais amateurs ne sont pas dans la foule des fêtards, mais plutôt dans les rangs de la police», nota sarcastiquement la chroniqueuse Michèle Ouimet de La Presse. Le député libéral Denis Coderre chercha lui aussi à apporter cette nuance, en s'y prenant toutefois avec autant de doigté qu'un éléphant en crise d'épilepsie dans un magasin de porcelaine : «Ce n'est pas parce que quelques sauvages ont joué aux anarchistes de salon qu'il faut mettre tout le monde dans le même bateau. Il faut faire une distinction entre eux et les vrais partisans» (34) (Dis donc, Coderre, ce n'est pas parce que les anarchistes ne votent pas que tu dois te permettre pour autant de casser du sucre sur leur dos !)

«Peu d'entre eux avaient un chandail du Canadien», observa un partisan du Tricolore en faisant référence aux vandales. (35) Peut-être. Mais, au fait, avez-vous la moindre idée combien ça coûte un chandail du Canadien ? Laissez-moi vous dire que c'est loin d'être à la portée de toutes les bourses. Si vous avez de la misère à boucler vos fins de mois, ce n'est certainement pas le genre de gâterie que vous aurez le moyen de vous offrir. En fait, cette volonté de vouloir dissocier à tout prix les partisans du Tricolore des casseurs tient probablement d'un désir de laver la réputation d'un sport professionnel que certains n'hésitent pas à élever au rang d'institution sociale plus que d'autre chose.

Il est bien possible que les casseurs se contre-fichaient du Canadien comme de leur première paire de bobettes. Mais peut-être aussi étaient-ils de vrais fans du Canadien, mais qui ont leur façon toute particulière de célébrer la victoire de leur club préféré. C'est-à-dire qu'ils fêtent en s'amusant à briser des voitures de police. «C'est clair que ce sont les véhicules et la police qui étaient visés», observa M. Delorme. (36) Une évidence qui soulève une autre question: pourquoi les flics ? Ces gens étaient-ils animés par des sentiments de vengeance ou de haine profonde envers la police ? Seuls les intéressés seraient en mesure de répondre de manière satisfaisante.

Ils critiquent tout le monde... sauf eux-mêmes

Évidemment, bon nombre d'honnêtes citoyens et de commentateurs de l'actualité préférèrent condamner sans appel les gestes de vandalisme et leurs auteurs plutôt que de faire l'effort intellectuel de se creuser la tête à chercher à comprendre les motifs sous-jacents au phénomène. Dire que les casseurs sont des «bums» (ministre Raymond Bachand), des «australopithèques» (Patrick Lagacé), les qualifier de «trous de cul» et de «fils des crottés de 1986» (Réjean Tremblay), voilà certainement un magnifique exemple de civisme et de savoir-vivre en société. Que voulez-vous, y en a qui se défoulent en saccageant la propriété pis y en a d'autre qui le font en lapidant d'insultes les premiers.

Sur le forum de discussion de cyberpresse, il ne manquait pas de lecteurs pour tenir des propos carrément haineux à l'égard des casseurs le lendemain du grabuge. (37) À lire certains commentaires, il apparut clair que les adeptes de cette rhétorique anti-émeute étaient loin d'être animés par des sentiments de non-violence et d'amour envers leur prochain. Citons les passages les plus édifiants : «Un canon a eau pour disperser les ''voyous''?!?!?!? me semble que la ville devrait étudier ça.» (kewlmart) «Quelqu'un à parlé de canon à eau. J'irais plutôt avec un canon à poivre de cayenne!» (nikopolis) «Difficile d'être contre le teaser-gun dans ce temps...» (Brutus033).

Personnellement, je ne croit pas que les gens qui tiennent de tels propos soient nécessairement contre la casse. Au contraire, je retiens de leurs propos qu'ils débordent d'enthousiasme face à un type de casse en particulier : non pas celle qui endommage biens matériel, mais bien la casse d'êtres humains en chair et en os par la police. Parce que péter des gueules, briser des côtes et fendre des crânes à coups de matraques, ça aussi c'est de la casse. Bref, à casseurs, casseurs et demi.

C'est aussi ce type de discours que tenait, à mots couverts il va sans dire, le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, le lendemain des incidents. Au cours d'un point de presse lors duquel aucun journaliste ne lui avait demandé son avis sur le grabuge de la rue Sainte-Catherine, Dumont plaida qu'il fallait «que les policiers soient en situation d'autorité», en jugeant inacceptable que ceux-ci se sentent obligés de remplir un formulaire «en quatre copies» avant de faire une intervention. (38) De son côté, le chroniqueur sportif Réjean Tremblay de La Presse estimait qu'à défaut d'«une intervention beaucoup plus énergique de la police (...) va falloir que ce soit les commerçants et les citoyens eux-mêmes qui le fassent. Ça s'est déjà fait. Ça s'appelait le Far West.» (39)

Voulant sans doute participer à l'identification des coupables, certains commentateurs de l'actualité se livrèrent à toutes sortes d'allusions en pointant du doigt des groupes en particulier, notamment les anarchistes et les opposants à la brutalité policière, peut-être dans l'espoir que ceux-ci soient livrés à la vindicte populaire. Dans le quotidien Le Devoir, l'éditorialiste Jean-Robert Sansfaçon écrivit : «il existe bien quelques bandes de casseurs à Montréal qui ne manquent pas une occasion de s'en prendre aux policiers. Il y a quelques semaines, dans Hochelaga-Maisonneuve, un groupe de pseudo-anarchistes a mis le feu à des auto patrouilles stationnées près d'un poste de quartier. Chaque année, autour de Pâques, un gang qui se dit opposé à la violence policière s'amuse à prouver le contraire. Ces gens sont connus des policiers. Et s'ils ne le sont pas encore, on se demande bien pourquoi?» (40)

Dans La Presse, le chroniqueur sportif Ronald King y alla de son analyse sur ces groupes qui ruinerait la vie nocturne dans certains secteurs du centre-ville montréalais : «Les gangs de rue sont bien installés au centre-ville, ainsi que des bandes de jeunes désoeuvrés qui s'y réunissent la nuit. Probablement ceux qui filment tous les 'exploits'. Ajoutez un groupuscule anarchiste un peu squeegee, ceux qui protestent contre la brutalité policière et organisent des manifs pour la dénoncer. Ces jeunes fréquentent surtout le coin Berri-Parc Émilie-Gamelin. Ils n'ont qu'une vague et fausse idée de ce qu'est l'anarchie, mais ils sont bien organisés et détestent la police à s'en confesser. Ils sont aussi bien ou même mieux organisés que les policiers, semble-t-il. Combien de voitures ont brûlé? Seize ? Un petit escadron qu'il faudra remplacer. Underground 16, Police 0.» (41)

Mais ces braves commentateurs se dévouent tellement dans leur rôle de dénonciateurs sans peur et sans reproches qu'ils en viennent même à oublier de porter un regard critique sur leur gagne-pain, l'industrie médiatique. Les médias dénoncent depuis toujours les émeutes et les casseurs. Et pourtant, ces mêmes médias n'éprouvent aucune pudeur à offrir le maximum de visibilité à ce type d'événement, le terme visibilité étant ici synonyme de publicité. Pensons notamment au Journal de Montréal qui annonçait «6 pages sur la nuit chaude de lundi» dans son édition du 23 avril 2008, sans compter la photo d'une voiture de police bonne pour la ferraille en guise de Une. Comment voulez-vous que les aspirants émeutiers ne voient pas dans toute cette publicité gratuite un signe d'encouragement ?

Sur les lieux de l'émeute en tant que telle, les agissements des médias sont souvent dignes de ceux que l'on appelle les agitateurs professionnels. En 1993, le rapport Malouf avait reproché aux médias télévisés de «provoquer l'agitation de la foule, qui augmente dès que s'allume un voyant rouge situé sur le dessus d'une caméra de télévision, signalant ainsi que cette caméra est en tournage», avec pour conséquence qu'il s'ensuit «une bousculade parmi les gens qui veulent apparaître à la télévision.» (42) Ce qui était vrai en 1993 l'est encore aujourd'hui, quinze ans plus tard. Chose certaine, le SPVM semble vouloir remédier à cette situation pour le reste des séries cette année. Ainsi, l'équipe policière chargée des communications organisa une rencontre, le 23 avril, avec les responsables techniques des réseaux de télévision afin d'élaborer une manière de travailler sans exciter davantage les esprits des partisans célébrant dans la rue. (43)

La prothèse oculaire des flics

Si la police se montra inefficace à sévir contre les casseurs sur le théâtre des opérations, elle pourra toujours se rattraper dans les jours à venir en se servant du matériel journalistique. Ainsi, dès le lendemain du grabuge, des enquêteurs de police exécutèrent des mandats de perquisition pour saisir les images prises le soir des incidents sur la rue Sainte-Catherine par les photographes des quotidiens La Presse, The Gazette et du Journal de Montréal et par les caméraman de la Société Radio-Canada, CTV, Global et TVA-LCN. Fait inusité, on apprit que les mandats avaient été émis par le juge de paix Jacques Barbès de... Val-d'Or, en Abitibi, et ce, par téléphone, à minuit et demi. (44)

L'ensemble des organes d'information visés décidèrent de contester collectivement la validité de ces mandats de perquisition devant la cour supérieure. Les avocats des médias entendent ainsi faire valoir que la police dispose d'autres moyens pour mener ses enquêtes avant de se tourner vers les journaux et les réseaux télévisés. Les images qui ont déjà été diffusées, qui sont du domaine public, furent remises aux policiers. Et les autres furent placées sous scellés en attendant qu'un juge tranche la question de la constitutionnalité des mandats. De son côté, La Presse ne remis rien du tout pour le moment, de consentement avec le procureur représentant la police.

Les médias souhaitaient que leurs images leur soient rendues d'ici à ce que le tribunal statue sur l'objet du litige. Mais le juge Jean-Guy Boilard décida plutôt de permettre au SPVM de conserver le matériel journalistique, tout en ordonnant aux enquêteurs de ne pas ouvrir les scellés jusqu'à nouvel ordre. Lors de l'audience, il fut révélé que les policiers avaient déjà ouvert un des objets sous scellés, accidentellement paraît-il. «On trouve cela scandaleux qu'un document sous scellés ait été ouvert. Cela montre que l'on a bien fait d'hésiter à leur donner nos images», déclara Éric Trottier, directeur de l'information à La Presse. (45)

Il convient de noter que les saisies aux photos et bandes vidéos des médias est devenue monnaie courante chez les policiers. On peut remonter jusqu'au 18 juin 1987, jour où la police de Montréal avait saisie des enregistrements vidéo de la Société Radio-Canada (SRC) montrant des manifestants en train de vandaliser un centre de tri de la Société canadienne des postes à Pointe-Claire, lors d'un conflit de travail. La SRC contesta la perquisition en cour supérieure, en argumentant que la police pouvait recourir à d'autres moyens pour arriver à ses fins. (46)

L'argument n'a pas convaincu la cour supérieure, mais la cour d'appel du Québec donna ensuite gain de cause à la société d'État. L'affaire se rendit jusqu'en cour suprême du Canada. Dans un jugement rendu à 6 contre 1 en novembre 1991, le plus haut tribunal du pays valida la perquisition policière sous le motif que la Charte canadienne des droits et libertés n'oblige pas la police à prouver qu'elle avait tout essayé pour obtenir ses informations auprès d'autres sources avant de s'adresser aux journalistes. (47) Question de donner une idée de l'ampleur du phénomène, voici une liste non-exhaustive de cas de saisie de matériel journalistique par la police :

- Durant la crise d'Oka, à l'été 1990, la Sûreté du Québec (SQ) saisissa les bandes vidéos dans les salles de nouvelle de cinq postes de télévision (CBC, CTV, TM, TQS et SRC). (48)
- En décembre 1993, la SQ saisissa des cassettes aux stations CKTM, de Trois-Rivières, et CJPM (TVA), de Chicoutimi, dans le cadre d'une enquête portant sur des gestes commis lors d'un conflit de travail dans le domaine de la construction. (49)
- En juin 1996, la SQ saisissa environ une soixantaine de cassettes tournées par les caméraman des quatre stations de télévision de Québec (SRC, TVA, TQS et RDI) pour recueillir des preuves sur les auteurs des dommages causés à l'Assemblée nationale lors de l'émeute de la Saint-Jean Baptiste. (50)
- En décembre 1997, la police montréalaise perquisitionna la station de télévision Global pour saisir les images vidéos du commando-bouffe au Queen Elizabeth. (51)
- En février 1999, la police montréalaise procéda à la saisie de bandes vidéo auprès de six chaînes de télévision à la suite d'une manifestation pro-kurde qui tourna à la casse devant le consulat israélien. (52)
- En avril 2000, la police perquisitionna à nouveau plusieurs stations de télévisions (SRC, CTV, CBC, TQS, TVA), cette fois-ci pour obtenir les images filmées lors d'une manifestation contre la brutalité policière qui s'était soldé par une arrestation de masse. (53)
- En octobre 2003, la SQ saisissa des cassettes vidéo dans les locaux de stations de télévision du Saguenay, concernant une manifestation de producteurs de bovins, à Saint-Bruno, au Lac-Saint-Jean. (54)

À chaque fois que les policiers mirent la main sur des bandes vidéos des stations de télévision, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) entonna le même refrain habituel, en exprimant la crainte que le recours aux images médiatiques par les policiers ne mettent en jeu la crédibilité et la sécurité des journalistes sur le terrain. La FPJQ semble toutefois moins se préoccuper du sort des personnes qui subissent des procès lors desquels le matériel journalistique saisi par les policiers est déposé en preuve. Depuis des années, des tribunaux de droit criminel se basent en effet sur des images saisies auprès des médias pour condamner des manifestants accusés de méfaits ou de participation à une émeute.

La semaine dernière, le chroniqueur Yves Boisvert de La Presse s'inquiéta que «les manifestants en viennent à identifier les médias comme le bras électronique de la police». (55) Comme si ce n'était pas déjà fait ! Déjà, en 1993, le rapport Malouf évoquait la perception de cette collusion police-média pour expliquer les gestes d'hostilité portés à l'égard des réseaux de télévision lors de cette émeute : «Comme il est maintenant de notoriété publique que la police utilise les prises de vues effectuées par la télévision pour procéder à l'identification de personnes qui ont commis des infractions, ceux qui se proposent de perpétrer des crimes dans le champ potentiel d'une caméra s'efforcent d'intimider les journalistes pour qu'ils s'abstiennent de filmer ou brisent leur matériel pour s'assurer qu'ils n'opéreront pas sous les projecteurs de la télévision.»

Notons aussi le communiqué de presse daté du 13 mars 2001 qu'envoya le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP) dans lequel il était indiqué que les caméras des réseaux télévisés ne seraient pas les bienvenues lors de la manifestation annuelle de la Journée internationale contre la brutalité policière. (56) Le communiqué allait même jusqu'à préciser que si certaines stations de télévision décidaient de n'en faire qu'à leur tête et de dépêcher un caméraman sur les lieux malgré cet avertissement, le COBP refuserait alors «d'assurer la sécurité de quelque équipe de télévision que ce soit». «Le communiqué prouve ce qu'on a toujours dit: que les gens assimileraient un jour les journalistes à des officiers de police parce qu'on utilise leur matériel à des fins d'enquête ou de preuve», réagissa l'avocat Marc-André Blanchard, un habitué des contestations judiciaires de saisie de matériel journalistique. (57)

Les médias ont beau contester les perquisitions exécutées dans le cadre de l'enquête sur le grabuge du 21 avril, il reste qu'ils savent pertinemment bien que ce type de bataille est souvent perdue d'avance. Bien que la cour suprême a établi une liste de neuf critères à examiner avant d'autoriser une perquisition chez les médias, «les tribunaux n'en tiennent pas compte», déplora Me Blanchard il y a quelques années. Si la validité du mandat de perquisition ne passe pas comme une lettre à la poste, alors le pire qui risque d'arriver aux policiers, c'est de se faire donner une petite tape sur les doigts.

Par exemple, en 1999, lorsque la SRC contesta la saisie d'un enregistrement vidéo d'une manifestation pro-kurde, le juge Boilard critiqua la perquisition policière en la qualifiant d'«expédition de pêche». Le coloré juge Boilard conclua que la saisie était illégale et ordonna à la police de remettre la bande vidéo à la SRC, mais sa décision fut renversée par la cour d'appel par la suite, qui estimait que le magistrat s'était montré trop pointilleux. (58)

Dans une autre affaire, la SRC contesta encore une fois une saisie de matériel journalistique, cette fois-ci en rapport avec la manifestation contre la brutalité policière du 15 mars 2000. Le juge Pierre Béliveau critiqua lui aussi la police, en écrivant que «la fausse représentation faite par l'agent Lafrenière relativement à l'obtention préalable des documents ... a eu pour effet de rendre la perquisition abusive.» Malgré cela, le juge rejetta la requête de la SRC, en concluant que l'annulation de la saisie des bandes vidéo de la manifestation «priverait l'État d'un moyen très important, sinon exclusif, d'identifier les auteurs de crimes graves à l'égard de l'ordre public et des biens de personnes innocentes.» (59)

Dans la présente affaire, la cour supérieure entendra la contestation des médias le 17 juin prochain. Les avocats auront alors beau jeu de plaider que les policiers bénéficièrent de l'aide du public afin de s'acquitter de la tâche d'identifier les auteurs des actes de vandalisme lors du grabuge d'après-match. En effet, selon les propres dires du SPVM, les citoyens auraient submergés la quarantaine de policiers affectés à cette enquête de photos et de vidéos des incidents. À tel point, que la quantité de fichiers reçus aurait mis à rude épreuve les serveurs informatiques du SPVM. «Avec les téléphones cellulaires et les petits caméscopes qui se glissent partout, nous sommes tous devenus des Small Brothers en puissance», expliqua l'observateur des nouvelles technologies Michel Dumais. (60)

À cela s'ajoute les visites frutueuses sur des sites internet tels que YouTube et Facebook, où les enquêteurs trouvèrent également une foule d'images incriminantes. «Certains vandales se sont filmés, trouvant que c'était édifiant de mettre ça sur Internet» commenta le sergent relationniste Ian Lafrenière, ajoutant: «Aujourd'hui cela nous sert. Lundi on a vu des gens qui étaient fiers de faire la casse, qui se montraient fièrement, ça se revire contre eux.» (61) Aux dernières nouvelles, la délation citoyenne allait bon train. «Jusqu'ici, on a reçu 75 informations, des centaines de photos, et une vingtaine de vidéos», indiqua le sergent Lafrenière. (62) Ainsi, les images trouvées sur internet ou fournies par les citoyens menèrent à l'arrestation de quinze autres personnes, soit pratiquement le même nombre d'individus épinglés par les policiers le soir des incidents.

Mais rien ne garanti que les arguments des avocats des médias sauront venir à bout des réticences habituelles des tribunaux à annuler les mandats de perquisition visant les médias. Après tout, même si le tribunal trouverait quelque chose à redire sur la façon de procéder des policiers dans la présente affaire, le juge risque de conclure que ce n'est pas grand chose en comparaison du grabuge d'après-match du 21 avril dernier, lequel, de l'avis de plusieurs, aurait ternie l'image de Montréal à l'étranger.

Notons que dans deux des causes mentionnées ci-haut, les tribunaux maintenirent la légalité des perquisitions de matériel journalistique même si les policiers disposaient de leur propre caméraman, comme ce fut le cas lors de la manifestation pro-kurde de février 1999 et celle des opposants à la brutalité policière du 15 mars 2000. Enfin, l'avocat du SPVM ne manquera certainement pas de plaider l'argument que la qualité des images filmées par des vidéastes amateurs ne se comparent généralement pas à celles qui sont captées par les professionnels des réseaux télévisés.

À la lumière de tout ceci, les médias devraient savoir qu'ils ne peuvent guère compter sur les tribunaux pour les préserver de sombrer dans un rôle aussi bas de gamme que celui d'auxiliaire de police. La vraie question est maintenant de savoir jusqu'où les médias sont-ils prêts à aller, non pas pour ne pas devenir les yeux de la police, mais bien pour cesser de l'être.

Lors d'un entretien avec La Presse, le journaliste vétéran Pierre Sormany préconisait il y a quelques années la destruction de tout matériel qui n'est pas utile. (63) «C'est ce que je privilégie en tant que journaliste et c'est ce que d'autres journalistes et CBC ont commencé à faire», affirma-t-il. «On n'a pas le choix d'aller vers ça, mais c'est triste: on détruit la mémoire.» Selon Me Blanchard, un tel procédé n'a rien d'illégal, à moins que la police n'ait déjà réclamé les images.

Rien n'empêche aussi les caméraman de choisir des angles de filmage qui ne permettrait pas l'identification d'individus susceptibles de soulever l'intérêt des services policiers. Auto-censure ? Peut-être. Mais les inconditionnels de la liberté de la presse pourraient être surpris d'apprendre que l'auto-censure existe déjà au sein de l'industrie de l'information, notamment chez les photographes de presse qui couvrent des événements liés au monde particulier des groupes de motards criminalisés. Voici ce qu'écrivait à ce sujet le chroniqueur Roger Blackburn du journal Progrès-dimanche, du Saguenay, quelques jours après la tentative de meurtre contre le journaliste Michel Auger, en septembre 2000:

«Quand un photographe du journal se présente dans un rassemblement de Hells, il se fait intercepter assez rapidement. 'Tu prends juste des photos de dos, OK. On a besoin de ne pas reconnaître une face sur tes photos, OK', glisse doucement le Hells à l'oreille du photographe. Pensez-vous que le photographe envoie promener le motard? Pas fou le photographe. Il prend des photos sur lesquelles on voit des motards de dos, assis sur leur 'bike'. Pensez-vous que le photographe va se mette dans le trouble pour une photo de face? Pas du tout, il ne travaille pas pour la police. On lui a clairement indiqué de faire son travail comme eux l'entendent. Les individus capables d'aller au front dans ce genre de situation sont peu nombreux, et je les comprends.» (64)

Sources:

(1) The Gazette, «Why should Stanley Cup riot be surprising?», Don MacPherson, May 30, 1986, p. B3.
(2) The Gazette, «Police took two hours to reorganize after rioters beat them back: official», Ingrid Peritz and Susan Semenak, May 27, 1986, p. A1.
(3) The Gazette, «Cup riot shows MUC has lost its control of police – Lamarre», Ingrid Peritz, May 28, 1986, p. A1.
(4) The Gazette, «Riot squad cooled heels while mob went wild: union», Robert Winters, May 29, 1986, p. A3.
(5) The Gazette, «To restore public confidence», June 5, 1986, p. B2.
(6) La Presse, «La police coupable de négligence», Lucie Côté, 28 mai 1993, p. A1.
(7) Le Devoir, «Pénible lendemain de veille -- À l'heure des bilans, Montréal, secoué, tente de se rassurer», Pierre Cayouette, 11 juin 1993, p. A1.
(8) La Presse, «L'émeute aura coûté 2,5 millions», Martin Pelchat, 3 juillet 1993, p. A1.
(9) La Presse, «Les policiers auraient dû intervenir plus vite et plus fort», Vincent Marissal, 11 juin 1993, p. A4.
(10) La Presse, «L'émeute éclate -- Vandalisme et pillage pire qu'en 1986», Richard Hétu et Martin Pelchat, 10 juin 1993, p. A1.
(11) La Presse, «Un oeil au beurre noir pour Montréal», Philippe Cantin, 11 juin 1993, p. A3.
(12) Le Droit, «Ryan commande une enquête publique», Pierre April, 12 juin 1993, p. 3.
(13) La Presse, «La police a mal fait son travail», Jean-Paul Charbonneau, 10 octobre 1993, p. A1.
(14) La Presse Canadienne, «Montréal remettra 550 000 $ aux commerçants lésés par l'émeute de 1993», 7 décembre 2007.
(15) La Presse, «Faut-il un corps de police spécial anti-émeutes?», Martin Pelchat, 17 novembre 1993, p. A3.
(16) La Presse, «La police prête pour... la Coupe Stanley», Mathieu Perreault, 17 avril 1996, p. A7.
(17) La Presse, «Un civil à la tête des opérations policières», Anne-Marie Labbé, 6 août 1996, p. A9.
(18) The National Post, «'His eyes were glazed over, like he was somewhere else'», Brad Evenson, June 29, 2000.
(19) Le Journal de Montréal, «Quand ça brasse... elle tend l'oreille», Marc Pigeon, 22 février 2004, p. 9.
(20) La Presse, «Histoire d’un projet novateur», André Cédilot, 12 février 2001, p. E1.
(21) Bilan Annuel 2002 SPVM, p. 4.
(22) http://radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200310/15/012-emeute-in...
(23) Le Devoir, «Le SPVM ne fait plus d'arrestations massives», Brian Myles, 1 juin 2007.
(24) http://www.quebechebdo.com/article-i197955-Les-Canadiens-de-Montreal-pou...
(25) La Presse, «Douche froide sur le centre-ville», Martin Croteau et Hugo Fontaine, 18 avril 2008, p. A2.
(26) La Presse, «Tout a commencé par la Volvo», Patrick Lagacé, 23 avril 2008, p. A6.
(27) La Presse, «Le SPVM avoue avoir été surpris», Hugo Meunier, 23 avril 2008. p. A2.
(28) Le Journal de Montréal, «Le grand nettoyage», Josée-Ann Moisan, 23 avril 2008.
(29) La Presse, «Le maire Tremblay se porte à la défense des policiers», Martin Croteau, 23 avril 2008.
(30) Le Journal de Montréal, «Les policiers avaient peur», Daniel Renaud, 23 avril 2008.
(31) The Gazette, «Cops at odds on tactics», Paul Cherry, April 23, 2008.
(32) La Presse Canadienne, «La police de Montréal affirme avoir été la cible de groupes organisés», Jonathan Montpetit, 22 avril 2008.
(33) La Presse, «Une police festive», Michèle Ouimet, 23 avril 2008.
(34) Le Journal de Montréal, 23 avril 2008, p.7.
(35) La Presse, «Place à la honte et au découragement», Hugo Meunier, 23 avril 2008.
(36) Le Journal de Montréal, «La police fait son mea-culpa», Daniel Renaud, 23 avril 2008.
(37) http://www.cyberpresse.ca/article/20080422/CPFRONTPAGE/80421280/6737/CPA...
(38) La Presse Canadienne, «Grabuge: Dumont veut plus de répression policière», Jocelyne Richer, 22 avril 2008.
(39) La Presse, «Que les policiers agissent!», Réjean Tremblay, 23 avril 2008, p. S4.
(40) Le Devoir, «La pensée positive du chef de police», Jean-Robert Sansfaçon, 23 avril 2008, p. A8.
(41) La Presse, «Underground 16, Police 0», Ronald King, 23 avril 2008, p. S10.
(42) La Presse, «Les troubles de la Coupe Stanley: les médias mis au banc des accusés», Marcel Adam, 16 octobre 1993, p. B2.
(43) La Presse Canadienne, «Le SPVM fait de nouvelles arrestations», Rollande Parent, 23 avril 2008.
(44) La Presse, «Perquisitions dans les médias», Christiane Desjardins et Tristan Péloquin, 24 avril 2008, p. A2.
(45) Le Journal de Montréal, «Images prises par les médias -- Perquisition suspendue», Charles Poulin et Daniel Renaud, 24 avril 2008.
(46) La Presse, «Protocole d'entente sur la protection des sources et du matériel journalistiques», Michèle Ouimet, 9 mai 1990, p. A23.
(47) La Presse, «La Cour suprême accorde à la police le droit de saisir des cassettes vidéos à Radio-Canada», Marie-Claude Lortie, 15 novembre 1991, p. A4.
(48) La Presse, «Le tribunal interdit à la SQ de visionner les bandes vidéos saisies», 4 août 1990, p. A6.
(49) La Presse, «Protection des sources», 12 décembre 1993, p. A3.
(50) Le Soleil, «La SQ saisit les cassettes», Claude Vaillancourt, 27 juin 1996, p. A3.
(51) Le Devoir, «La police a saisi les images de la station Global», Robert Dutrisac, 5 décembre 1997, p. A3.
(52) La Presse, «Manif des Kurdes: la SRC saisit la cour», 2 mars 1999, p. A3.
(53) La Presse Canadienne, «La FPJQ dénonce la saisie de matériel journalistique», 7 avril 2000.
(54) La Presse, «Saguenay: la FPJQ dénonce la saisie de cassettes», Raymond Gervais, 12 octobre 2003, p. A10.
(55) La Presse, «Les médias sont l'oeil du public - pas de la police», Yves Boisvert, 24 avril 2008, p. A3.
(56) http://www.ainfos.ca/01/mar/ainfos00279.html
(57) La Presse, «Les cameramen entre les pancartes et les matraques», Marie-Claude Malboeuf, 15 mars 2001, p. A12.
(58) La Presse, «Manif des Kurdes: la saisie de cassettes vidéo était légale», Yves Boisvert, 3 juillet 1999, p. A4.
(59) http://www.ainfos.ca/02/sep/ainfos00130.html
(60) Le Journal de Montréal, «Les citoyens à la rescousse», Jean-François Codère, 23 avril 2008.
(61) La Presse Canadienne, «Le SPVM fait de nouvelles arrestations», Rollande Parent, 23 avril 2008.
(62) La Presse, «L'identification des émeutiers se poursuit», Martin Croteau, 25 avril 2008.
(63) ibid.
(64) Progrès-dimanche, «Peur des Hells Angels?», Roger Blackburn, 17 septembre 2000, p. A20.



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