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Très bref, au Québec: sur la confusion capitalisme, économie, biens individuels

Michael Lessard..., Jeudi, Mars 20, 2008 - 10:19

Si on regarde ce qui se dit lors de débats à la télévision (Il va y avoir du sport) ou simplement nos conversations de tous les jours au Québec, on constate à quel point nous sommes mêlés sur ce que sont vraiment le capitalisme, la gauche, la droite, sans compter les définitions très variables de la démocratie.

Je vous partage quelques mots, c'est ma première «tentative publique» de nous démêler, car nous sommes le fruit de notre culture-éducation qui nous laisse penser, entre autres, que le capitalisme c'est l'économie et le droit à des biens individuels.

CAPITALISME - notre culture-éducation nous laisse penser que le capitalisme, c'est l'économie, et le droit à la propriété individuelle. Je sais que l'expression employée, en fait, est «propriété privée», mais il est commun que des gens insinuent 'biens individuels'.

La propriété individuelle ou les biens d'un individu ne sont pas du capitalisme en soi.

L'économie naturelle, soit les échanges libres entre les individus, n'est pas du capitalisme, point. Le capitalisme, c'est une forme d'autorité dans une entreprise, une manière de gérer le profit et donc la propriété (privée) de l'entreprise.

Si tu valorises une gestion anti-démocratique d'une entreprise, c'est-à-dire où les employé-es n'ont pas un droit de vote sur les questions fondamentales —telle la décision de délocaliser l'entreprise au complet dans un autre pays—, alors tu es partisan-e du capitalisme.

Si tu estimes qu'il est préférable que les profits soient capitaliser entre les mains d'une infime minorité (les profits sont leur propriété individuelle avec tous les droits) dans les entreprises —et donc, en fin du compte, entre les mains d'une minorité de la société—, alors tu es clairement capitaliste.

Si tu crois que les entreprises devraient, dans un monde démocratique, fonctionner de manière coopérative ou plus démocratique, en considérant les employé-es comme des partenaires ayant droit au vote sur les questions fondamentales et sur les questions qui les concernent directement, tu préfères donc le socialisme (peut-être sans le savoir :o).

Dan Bigras, après avoir écouté un très mauvais débat à l'émisson télévisée Il va y avoir du sport discutant de la gauche/droite, déclarait « J'suis pas contre le capitalisme, j'ai moi-même une entreprise.» Si je regarde les propos de Dan Bigras quand il anime Gang de rue, on peut se dire qu'il gère peut-être l'entreprise de manière plus coopérative et démocratique que la moyenne. Si c'est le cas, surtout s'il donne un droit de regard ou de vote aux employé-es, il n'est peut-être pas vraiment partisan du capitalisme; même si techniquement il est un capitaliste s'il a des pouvoirs privilégiés (sans élection) sur les décisions fondamentales dont la répartition des profits.

Au-delà de notre culture nord-américaine
— s'auto-éduquer sur la vraie question politique...

La question ou l'enjeu, c'est la démocratisation de l'économie et de nos vies de tous les jours au travail.

Au Québec, des imbéciles ou des manipulateur-trices déclarent parfois qu'il n'y a pas de droite au Québec.

Si vous préférez démocratiser l'économie à sa base (dans les décisions d'entreprise), vous êtes de tendance de gauche, sinon vous êtes de tendance de droite.

D'ailleurs, l'idée que notre liberté de choisir notre consommation fait en sorte que le capitalisme est démocratique, est évidemment de droite.

Le syndicalisme, quand à lui, est un compromis qui s'est imposé comme nécessaire: il est basé sur le droit d'association des personnes, considéré un droit humain fondamental (estimé inviolable en toute circonstance, en théorie, selon le droit international). Vu que le syndicalisme donne des droits, dont parfois un droit de regard sur la gestion ou la structure du travail, il tend vers la gauche, mais certains syndicats sont partisans du capitalisme (droite) en acceptant sans critique la structure fondamentalement anti-démocratique du capitalisme.

Quand des personnes parlent de lutte ou de guerre de classe, expression que je trouve négative, elles veulent dire dans le fonds qu'il y a une compétition un conflit social entre les propriétaires d'entreprises et celles/ceux qui sont les employé-es sans droit de vote sur les questions fondamentales et sur le profit (entre autres). Évidemment, cette division, c'est ma simplification, parce que l'on peut aussi se demander si les propriétaires d'actions en bourse sont des sortes de mini-capitalistes ou si c'est une forme de semi-démocratisation vu que les actionnaires ont des votes (?).

En tout cas, je m'arrête là. Pour arriver à cette définition simple, il m'a fallu de nombreuses années (! j'ai 36 ans), parce que nous sommes politiquement incultes au Québec. J'suis désolé si c'est insultant, mais ça me semble trop vrai pour être ignoré.

Merci,
Michaël Lessard
à Québec



Sujet: 
Le capitalisme en mots clairs et directs !
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Jeu, 2008-03-20 17:32

Tous ses petits capitaux qui montent toujours en haut

Pour le fun, je suggère cet exemple.

Une entreprise avec mille personnes employées, et trois propriétaires ou actionnaires majoritaires. Ces trois derniers décident seuls qu'il serait le fun de fermer et de délocaliser aux Philippines pour faire plus de profit. C'est ça le capitalisme.

Si tu donnes un droit de vote au 1003 personnes dans cette entreprise, je doutes fortement qu'elles voteraient pour «s'auto-flusher» et, si un jour elles le faisaient par un vote important, ça serait parce que c'est vraiment intéressant pour elles. C'est ça le socialisme.

Une entreprise coopérative et démocratique pourrait bien faire de la coopération et de la solidarité internationale, mais pas de manière autoritaire en flushant les gens.

n.b.: j'aurais aimé donné cet exemple avoir été invitée à l'émission «Il va y avoir du sport», mais je crains que j'suis bien trop 'wildcard' pour être porte-parle. ;o) Quoique la station a quand même invité Martin Matte, l'idéologue néo-libéral total.

Michaël Lessard [me laisser un message]
Siriel-Média: média libre sur les 'politiques de destruction massive'


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Sujet: 
Relire les vieux barbus
Auteur-e: 
anarseniciste
Date: 
Jeu, 2008-03-20 22:01

Je trouve ta définition du capitalisme un peu bizarre, probablement parce que as choisi de la circonscrire à l'exemple de la démocratie au sein d'une entreprise (modèle capitaliste par excellence)...

Tu nous dis entre autre "Le capitalisme, c'est une forme d'autorité dans une entreprise, une manière de gérer le profit et donc la propriété de l'entreprise". En fait, c'est infiniment plus vaste que ça. Selon moi, le capitalisme actuel est avant tout un SYSTÈME ÉCONOMIQUE basé sur l'EXPLOITATION, soit un rapport social inégalitaire qui permet aux détenteurs des MOYENS DE PRODUCTION (terres, machines, usines, etc.) de prélever un profit sur le travail d'autrui par le biais du SALARIAT, c'est-à-dire une rétribution fixée par contrat (en théorie...) en échange de la force de travail. Bref, le capitalisme n'est pas lui-même la forme des rapports sociaux autoritaires au sein de "l'entreprise", ce n'est pas "une manière de gérer le profit", car la notion de profit suppose déjà la présence d'un mode de production et d'échange capitaliste.

Plus loin tu nous affirme : "Si tu crois que les entreprises devraient, dans un monde démocratique, fonctionner de manière coopérative ou plus démocratique, en considérant les employé-es comme des partenaires ayant droit au vote sur les questions fondamentales et sur les questions qui les concernent directement, tu préfères donc le socialisme (peut-être sans le savoir :o)."
Premièrement, le socialisme autoritaire, soit sa forme la plus répandue, a rarement encouragé l'autonomie et la démocratie au sein des entreprises, préférant renforcer l'emprise de l'État dans le secteur économique (notons comme exception la Yougoslavie socialiste sous Tito et ses tentatives autogestionnaires, mais là encore la tendance centralisatrice était grande).
En second lieu,la vision que tu nous offres ici est, au pire aller, une forme de cogestion, soit un compromis pseudo-démocratique entre patrons et travailleurs-euses ou alors, dans le meilleur des cas, il s'agit d'une forme d'autogestion en coopérative. Mais cette forme de gestion démocratique ou de "contrôle ouvrier" n'est pas garante du socialisme, au contraire ! En effet, l'économie capitaliste compte en son sein ce que l'on appelle le "Tiers-secteur" (par opposition aux secteurs public et privé), qui regroupe l'économie sociale (les coopératives de travail et de service, les mutuelles, les réseaux de troc), ainsi que les organismes à but non-lucratif. Ce secteur fonctionne parfaitement à l'intérieur du capitalisme mondial, malgré le fait que les coopératives soient effectivement gérées de manière démocratique.

Bref, il me semble hasardeux d'opposer de facto démocratie et capitalisme ou du moins de prendre cette opposition (vraie dans la plupart des cas)comme point de départ pour une définition du capitalisme. Pour ce qui est de la propriété, la gauche/droite et la démocratie, une autre fois, là chus tanné d'écrire ;)

En terminant, un petit conseil pour aider à dissiper cette inculture politique québécoise que tu dénonces : relire les vieux barbus ! (genre Marx et Proudhon pour ce qui est du capitalisme, mais tout en faisant gaffe à les actualiser, sinon le dogme et la pensée mécaniste nous guettent !)


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Sujet: 
Re: Relire les vieux barbus
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Ven, 2008-03-21 02:56

Primo, merci de réagir, ça aide à améliorer cette vulgarisation (chose qui ne doit pas déformer le sens).

Quand tu écris ce qui suit...

Selon moi, le capitalisme actuel est avant tout un SYSTÈME ÉCONOMIQUE basé sur l'EXPLOITATION, soit un rapport social inégalitaire qui permet aux détenteurs des MOYENS DE PRODUCTION (terres, machines, usines, etc.) de prélever un profit sur le travail d'autrui par le biais du SALARIAT...

il faut voir que je veux dire la même chose, mais avec des mots actuels, et je le dis d'un point de vue micro-économique plutôt que sociologique ou macro. Évidemment, c'est plus concret vue de l'entreprise où l'on travaille, au lieu de parler d'un système en général.

Certaines de mes phrases sont molles ou floues par exprès, pour aller à l'essentiel: vouloir la démocratisation des entreprises (de facto décider en collectif des moyens de production), c'est préférer la gauche.

Edit: Je crois avoir trouvé le bogue de logique dans ma vulgarisation qui explique ce que tu trouves bizarre. Je dis souvent, en gros, Le Socialisme, c'est l'entreprise socialiste, or Le Socialisme ça serait une société socialiste.

Néanmoins, dans ma conception des choses, le système économique est en grande partie fait des micro-systèmes de tous les jours, mais on ajoute à cela ensuite des politiques pro-capitalisme, les systèmes financiers, etc. Tout comme notre culture ou notre société est en réalité composée de nos décisions de tous les jours.

Au sujet du profit, je n'ai pas la même définition du mot que toi (j'ai remarqué ça aussi avec bien des gens de gauche; je n'ai pas nécessairement la bonne définition). Une coop peut dégager des profits, mais la répartition se fait par des règles décidées en Assemblée générale. Donc le profit n'est pas capitaliste en soi, ce sont juste les revenus d'entreprise qui dépassent les coûts globaux. Aussi, y'a de l'argent dans une société socialiste, libertaire, etc. (parfois pas dans les modèles plus communistes).

Edit: Les deux affirmations suivantes, à la fin du compte, reviennent à la même chose:

a) la propriété des moyens de production est collectivisée, donc le collectif de travailleur-euses est propriétaire;
et b) les employé-es ont le droit de vote sur les questions fondamentales de l'entreprise, dont la gestion des profits.

Dans cette dernière affirmation, il n'y a clairement plus de propriétaire capitaliste si toutes les décisions sont collectives. Je flush sciemment l'ancienne manière de le dire qui, à moi en tout cas, me disait pas grand chose. J'ai dû le traduire en des concepts plus réels pour moi.

Edit: Aussi, dans ma logique, une entreprise ou un milieu peut être «communiste» ou encore «socialiste (libertaire)», en soi, même si entouré d'un système capitaliste.

Pour la question du socialisme, oui certain-es l'ont présenté ou appliqué comme des politiques collectives d'un gouvernement, mais il me semble que ce n'était pas la véritable essence du socialisme. Dans mon idéologie, le socialisme n'existe pas vraiment si la majorité des entreprises sont capitalistes (qu'elles soient respectueuses ou autoritaires). Ça me semble un non sens. Un peu comme des régimes communistes du passé où les soviets étaient flushés, alors que les collectifs/soviets devaient être la base du communisme.

En résumé, pour moi, tu es de gauche si tu refuses d'appliquer les modèles capitalistes du pouvoir. Quand les gens feront ça, le système changera nécessairement.

Anyway, j'suis pas convaincu que les vieux barbus aident vraiment dans notre culture. Juste faire avancer la démocratisation de l'économie, d'abord dans nos entreprises, c'est un beau défi, voire peut-être la chose à faire maintenant.

Ich, il est tard, ciao :o)
Michaël Lessard [me laisser un message]
Siriel-Média: média libre sur les 'politiques de destruction massive'


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