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Spécial Colombie Equateur FARC otagesAnonyme, Jeudi, Mars 6, 2008 - 23:22
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La vérité des évènements. La Colombie non condamnée à l’OEA. Alvaro Uribe contre la libération des otages. ATTAQUE DE LA COLOMBIE CONTRE LES FARC EN EQUATEUR : LA VERITE SUR LES EVENEMENTS Au milieu des différentes versions sur l’attaque colombienne en territoire équatorien, et au moment où se discute au sein de l’OEA une possible condamnation de la Colombie, une mise au point et en perspective de la situation faite par Santiago O’Donnell. L’OPPORTUNITE 1 La situation. Le dentifrice est sorti du tube et il est impossible de le réintroduire. La Colombie a envahi un campement guerrillero en Équateur, violant la souveraineté de ce pays. La Colombie ne le nie pas, mais elle met sur la table d’autres faits. En somme, de supposées évidences de collaboration de l’Équateur et du Venezuela avec les FARC. Bogotá a offert de mettre à la disposition de l’Organisation des Etats Américains (OEA) les ordinateurs séquestrés durant l’opération militaire durant laquelle est mort Raúl Reyes, qui soit-disant compromet Caracas et Quito, mais l’OEA doute. "Une chose ne justifie pas l’autre. Une chose est l’innocence propre, une autre la culpabilité universelle. Si quelqu’un me vole 10 euros, cela ne me donne pas de droit d’envahir un autre pays", a dit un négociateur qui a participé hier à la réunion de l’OEA. Il faut séparer les choses. S’il y a eu des délits ou une irrégularité de gouvernements étrangers en relation avec les FARC, il y a des endroits appropriées pourtraiter le différend. Envahir un territoire étranger est un genre différent. 2 la négociation. Elle continue dans le cadre de l’OEA. Il y a eu un signal concret de l’Union Européenne. La France fait circuler un brouillon de communiqué qui évite de parler de "paix et sécurité", ce qui élèverait le conflit dans l’enceinte du Conseil de Sécurité de l’ONU. En revanche, il parle de "déséquilibres et tensions dans la région". Il s’agit d’un soutien subtil mais important pour l’Amérique latine, vu que les mots français auraient fait l’objet d’un consensus dans l’U.E. Les États-Unis, alliés de la Colombie, ont pouvoir de veto dans le Conseil de l’ONU, mais seulement une voix à l’OEA. Cependant, il ne semble pas y avoir de consentement dans l’OEA pour condamner la Colombie. La stratégie des pays du Mercosur élargi passe maintenant par la convocation d’une réunion des chanceliers. "A l’OEA, il n’y aurait pas de sanction pour la Colombie, mais à la réunion de chanceliers il peut se passer n’importe quoi", fait remarquer le négociateur. 3 les otages. Reyes était le principal point de contact avec les FARC au sujet des otages. Sa mort renvoie une grande partie de la négociation au point zéro. De plus, elle ouvre un débat interne dans les FARC et renforce l’aile non dialoguiste à l’intérieur de l’organisation. Sûrement beaucoup de guerrilleros disent : "nous leur remettons des otages et ils nous balancent des bombes". Cependant, la réaction du secrétariat des FARC a été positive, puisqu’il a laissé une porte ouverte pour continuer de négocier. Le défi pour les négociateurs est maintenant de réinstaller le sujet de l’échange humanitaire comme priorité de l’agenda international, pour ne pas rester prisonnier de la logique guerrière. Ce ne sera pas une tâche facile. 4 les doctrines. D’un côté il y a la doctrine de l’attaque préventive que Bush avalise comme partie de la guerre contre le terrorisme. De l’autre, la doctrine d’État de Droit international que toutes les nations sud-américaines défendent, à l’exception de la Colombie. C’est le débat C’est le débat idéologique qui a lieu au sein de l’OEA, qui en même temps met sur le tapis la capacité des États-Unis d’exercer leur hégémonie dans la région. C’est pour cela que ce n’est pas un hasard si Bush faisait hier une intervention sur le thème en soutien de la Colombie. En huit ans de gouvernement, Bush a parlé de l’Amérique latine à très peu de reprise. "Le sujet est clair comme de l’eau de roche. Le risque d’importer la conception de sécurité du Moyen-Orient à la région est très élevé. Peu à peu s’installe la logique suivant laquelle en cas de terrorisme, les frontières n’importent pas et n’importent pas les méthodes. Nous avons déjà eu une expérience avec le Plan Condor et la Doctrine de Sécurité Intercontinentale. Si nous laissons passer cela, cela veut dire que tout est valable et nous savons déjà où nous mène cette idée", analyse le négociateur. 5 l’opportunité. Si quelque chose a appris l’Amérique latine dans les années obscures, si quelque chose partagent les présidents "progressistes" qui dominent aujourd’hui la région, il est l’heure de le mettre en pratique. Les guerres et les guérillas ne servent pas pour affronter une armée puissante et sans scrupule. Le sauvetage des otages -ou bien la vigueur des droits de l’homme- est une priorité qui ne peut pas être opacifiée par les actions et les accusations des acteurs en lutte. Maintenant, la tâche est de consolider un front uni contre la doctrine de l’attaque préventive. Bush Bush est un fondamentaliste qui préside la première puissance mondiale mais cette crise le trouve distrait, affaibli et en retraite. Il faudrait en profiter. Peut être comme jamais auparavant, l’Amérique latine est maîtresse de son destin. Santiago O’Donnell, Pagina/12 (Argentine), 05 mars 2008. www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/subnotas/100158-31567-2008-03-05.html Traduit par http://amerikenlutte.free.fr LA COLOMBIE NON CONDAMNEE A L'OEA La pression sud-américaine a obtenu que l’Organisation des Etats Américains (OEA) approuve par unanimité une résolution qui reconnaît que "ce qu’il s’est passé constitue une violation de la souveraineté" de l’Équateur et réaffirme la nécessaire inviolabilité des frontières. Les Etats-Unis et leurs alliés ont empêché que la Colombie soit explicitement nommée. AGRESSEUR Au bouclage de cette édition, le président équatorien, Rafael Correa, a indiqué qu’il ne reculera pas avant que la communauté internationale condamne de manière "contondante", et en toutes lettres et de manière explicite, le gouvernement colombien. Correa est arrivée hier soir au Venezuela, et après s’être réuni avec son collège Hugo Chávez, qui l’a accompagné dans la conférence de presse, il a indiqué que la déclaration de l’OEA "est un premier pas", mais que si la communauté internationale "ne condamne pas clairement l’irréfutable agresseur, l’Equateur saura faire répondre l’agresseur pour son outrage". Après un ardu débat a primé le principe d’inviolabilité de la souveraineté territoriale. Bien que Bogotá a évité de recevoir des sanctions et a réussi à atténuer la portée de la commission créée pour enquêter sur l’attaque aux FARC sur le sol équatorien, les 34 pays de l’Amérique latine et des Caraïbes ont condamné la violation de la souveraineté équatorienne et ont convoqué une réunion de chanceliers. Correa a été reçue comme un héros à Caracas. La tournée latino-américaine du président équatorien a culminé en grande pompe et honneurs au Palais Miraflores. Tandis que la presse de l’opposition insistait sur le supposé soutien de Chávez aux FARC, Correa démentait les accusations d’Uribe. Le Nicaragua rompt ses relations diplomatiques avec la Colombie. Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a annoncé ce jeudi qu’il a rompu ses relations diplomatiques avec la Colombie, en solidarité avec l’Équateur et à cause des menaces réitérées de Bogota au sujet des espaces maritimes que les deux pays se disputent dans la mer des Caraïbes. Pagina/12, 06 mars 2008. Traduit par http://amerikenlutte.free.fr ALVARO URIBE CONTRE LA LIBERATION DES OTAGES Même à l’époque des dictatures militaires, les dictateurs n’ont réalisé d’actions comme celle qu’a ordonné Uribe en Équateur. Malgré l’affinité idéologique, les militaires étaient jaloux de la présence de forces d’autres pays dans leurs territoires. Pour pouvoir le faire, ils ont créé une infrastructure spéciale nommée Opération Condor. Chaque fois qu’un répresseur s’introduisait dans un pays voisin, il annonçait et coordonnait avec les locaux. Ce qu’a fait le mandataire colombien, Alvaro Uribe, n’aurait pas été permis ni même par ces dictatures qui avaient un soubassement doctrinaire (la doctrine de la sécurité nationale et la troisième guerre mondiale) assez apparenté à l’actuelle guerre contre le terrorisme de George Bush. La réaction furibonde du président équatorien Rafael Correa est due au fait que l’opération antiguerrillera a été montée en profitant du processus de négociation, qui comptait avec l’autorisation du même Uribe, qu’avaient commencé plusieurs pays, en particulier la France et l’Equateur, utilisant comme voix de contact le président venezuelien Hugo Chavez. Tous ont été critiques avec les FARC. Les forces armées de l’Équateur ont démontés plus de 40 campements guerrillero à la frontière. Personne ne pourra dire que le président conservateur de la France, Nicolas Sarkozy, est pro guérilla. Et même Chávez a été très critique avec la guérilla colombienne. Le processus de négociation pour la libération des otages a impliqué des contacts, des offres (économiques et politiques), et naturellement, dans un procesus de négociation, on évite les déclarations publiques qui l’entravent. Bien que cela ne lui plait pas, Uribe avait connaissance de tous ces contacts et des conversations avec les FARC, dont le porte-parole était Raúl Reyes. Il y avait des antécédents. Quand a eu lieu la première remise de preuves de vie, Uribe a embusqué les messagers et frustré ce début de négociation. Quand a eu lieu l’Opération Emanuel, les forces armées colombiennes ont bombardé durant un mois et demi la zone où devait se faire la remise des premiers otages et l’opération ne s’est pas faite. Les Français assurent que la négociation avait avancé à nouveau avec la libération d’autres otages la semaine dernière. Pour eux, l’accord pour libérer Ingrid Betancourt et d’autres otages était imminent. A ce moment s’est produite l’attaque où est mort le négociateur de la guérilla, qui pour accomplir sa fonction s’était placé en situation très vulnérable. Bien que l’opération eût été planifiée depuis quelques jours avant sa réalisation, Uribe n’en a pas prévenu Correa, qui conformément à Uribe négociait également avec les FARC. Après l’attaque, Uribe a menti à Correa, lui disant que c’était une réponse défensive et Correa a réagi dans un premier temps avec résignation, sûrement responsabilisant les faits à une attitude de provocation irraisonnable de la part des FARC. Quelques heures plus tard, il s’est rendu compte que l’attaque sur son territoire avait été planifiée auparavant, que d’abord Uribe la lui avait caché et qu’ensuite il lui avait menti et que autant lui même que Chávez avaient involontairement participé au piège (tendu à Reyes, NdT). Ensuite Uribe a été déloyal avec tous parce qu’il a présenté le contenu des négociations -auxquelles il avait consenties et dont il était informé- comme une connivence avec la guérilla. "Nous sommes fatigués des mensonges des FARC", argue Uribe pour disqualifier toute possibilité de négocier une sortie pacifique avec la guérilla. Le paradoxal c’est que tout au long de ce processus de déjà plusieurs mois, celui qui apparaît comme le protagoniste le moins fiable est Uribe lui même. Luis Bruschtein, Pagina/12 (Argentine), 6 mars 2008. http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/subnotas/100206-31579-2008-03-... Traduit par http://amerikenlutte.free.fr
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