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L'Histoire en bref de la STASI

Anonyme, Mardi, Février 19, 2008 - 06:58

RUBY BIRD -

En parcourant le livre d’Anna FUNDER «STASILAND» (première publication en 2002 - Editions Héloïse d'Ormesson pour la version française), j'ai découvert en détail le monde de la STASI. Je reprends pour ma part, certaines idées afin que l'on puisse mieux se familiariser avec une façon particulière de gérer un pays, un peuple. Cela s'adresse à l'ex-RDA. On sait que l'Allemagne était coupée en deux juste après la deuxième guerre mondiale. L'Allemagne de l'Ouest = RFA, liée aux pays occidentaux et l'Allemagne de l'Est = RDA, liée à l'ex-URSS (aujourd'hui la Russie).

Les agents de la STASI avaient des consignes strictes en matière de filature. Une liste de signes pour l'observation d'un suspect devait être suivie à la lettre :
1) Attention ! Le sujet arrive.
Se toucher le nez avec la main ou avec un mouchoir.
2) Le sujet avance, s'éloigne ou dépasse
Se caresser les cheveux de la main, ou faire un bref salut du chapeau.
3) Sujet immobile
Poser la main sur les reins ou sur le ventre.
4) L'agent en poste désire terminer son observation par crainte d'être découvert
Se baisser et renouer ses lacets.
5) Le sujet revient
Les deux mains sur les reins ou sur le ventre.
6) L'agent en poste désire parler au chef d'équipe ou à d'autres agents
Ouvrir le porte-documents ou son équivalent & en examiner le contenu.

Cela fait rire de nos jours mais à l'époque, toute cette mascarade relevait du plus haut sérieux. La STASI était plus que méthodique, c'est simple, l'information circulait en circuit fermé entre le Gouvernement & ses organes de presse. L'Etat contrôlait les journaux, les magazines & la télé, même la formation de journalistes (futurs porte-paroles du Gouvernement). L'accès aux livres était limité, les écrivains étaient constamment menacés de censure. Les seuls médias incontrôlables venaient des stations de télévision de l'Ouest. C'est aberrant les mesures qui étaient employées pour limiter leur influence.

Jusqu'au début des années 1970, la STASI, sérieusement, calculait l'angle des antennes qui dépassaient des appartements & punissait ceux qui les orientaient vers l'ouest. Mais la STASI finit par comprendre qu'en abreuvant les citoyens de programmes commerciaux soporifiques, ils ne tiendraient même plus compte des bulletins d'informations venant de l'ouest.

La STASI s'occupait spécialement des enquêtes sur la sédition. Contrairement aux autres nations européennes de l'Est, la RDA pouvait se débarrasser de ses dissidents en RFA où ils étaient systématiquement naturalisés. Les demandeurs, bien évidemment, étaient sous étroite surveillance. Quand une demande de quitter le pays était déposée, quelque soit la raison, on soupçonnait la personne de vouloir s'exiler, ce qui était un crime en soi. La personne devait déposer «une demande de sortie de territoire» qui était soumise à l'appréciation des autorités. Deux cas de figure pouvaient être avancées pour refuser cette demande : la calomnie ou la diffamation, une sorte de haine contre la RDA.

Les procureurs, les avocats qui représentent les accusés et bien sûr les juges faisaient partie d'un système d'illusion démocratique. Le parti au pouvoir se nommait le Parti d'Unité Socialiste, avec comme principal instrument la STASI. Les juges recevaient leurs ordres de cette dernière qui leur communiquait jusqu'aux termes du verdict à appliquer contre les accusés. La STASI, pour bien ficeler son système, recrutait des étudiants obéissant et loyaux afin de les orienter vers des études de droit.

Il y avait aussi un système d'échanges de citoyens entre l'Allemagne de l'Est & de l'Ouest. On négociait le prix d'achat pour la liberté de citoyens de l'Est au Gouvernement de l'Ouest. Les prix variaient en fonction du niveau d'éducation. Plus il était élevé, plus le montant était élevé. Le clergé constituait l'exception, les pasteurs ne coûtaient rien, ils étaient considérés comme des «esprits libres», donc dangereux. On était bien content de s'en débarrasser.

La RDA aimait ce genre de transactions humaines car elles étaient une source importante de revenus (devises) & elle se débarassait aussi des indésirables. Les «IM» étaient les collaborateurs officieux. Ils étaient les plus haïs, c'étaient des indicateurs mouchardant familles & amis, à leur insu. Ils étaient la face cachée du système où l'on ne voyait que les officiers en tenue & les employés administratifs.

La STASI, sur sa fin, comptait 97 000 employés sur un pays qui comptait 17 Millions de personnes. Elle avait 173 000 indicateurs au sein de la population. Par comparaison, sous Hitler, on estime encore qu'une personne sur 2 000 était un agent de la Gestapo. Sous Staline, une personne sur 5 830 était agent du KGB. En RDA, une personne sur 63 était agent ou indicateur de la STASI. En comptant les indicateurs occasionnels, la proportion peut atteindre une personne sur 6,5.

Le siège de la STASI se situait à la Normannenstrasse ou 15 000 bureaucrates y travaillaient chaque jour. Ils géraient les activités de la STASI à l'étranger plus le programme de surveillance nationale, à travers ses 14 antennes en RDA. On estime que la RDA n'a jamais eu ou connu une culture de dissidence (contrairement aux autres pays du bloc de l'Est). On considère que cela vient probablement du plus haut niveau de vie de l'époque que dans les autres pays, ainsi que de l'efficacité de la STASI. Mais la raison principale serait logiquement à la capacité de la RDA à se débarrasser de toute dissidence embarrassante. On procédait à l'incarcération puis à l'échange contre des devises.

Finalement, le niveau critique de dissidence ne fut atteint & remarqué qu'en 1989, quand l'Union Soviétique, à travers Gorbatchev, y donna un coup de pousse. Même l'Union Soviétique commençait à être mal vue, le pouvoir en place en RDA ne voulait pas évoluer ou lâcher du lest (l'exemple de la «Maison Mère» ne tentait nullement). En 1988, les dirigeants interdisaient les films & magazines soviétiques afin d'empêcher toute contamination. Ils préféraient réprimer & exiler un nombre énorme de sujets indésirables.

Comme c'était quasiment impossible de tous les expulser, une alternative fut trouvée, l'emprisonnement des dissidents sur place. Ce plan était déjà en voie d'exécution depuis le début des années 1980. On prévoyait de surveiller & d’incarcérer l'équivalent de 85 939 ressortissants bien cités dans des documents que l'on retrouvera après la «Chute du Mur de Berlin».

Dans les 211 antennes régionales de la STASI, dès que l'alerte serait donnée, on avait l'ordre d'ouvrir des enveloppes cachetées refermant la liste des personnes à expressément arrêter. 840 personnes toutes les deux heures. Toutes les prisons & camps pouvaient être réquisitionnés à cet effet. En cas de surpopulation, on avait prévu la reconversion d'autres bâtiments : anciens centres de détention nazis, établissements scolaires, hôpitaux & villages de vacances d'entreprises.

Même la tenue vestimentaire des personnes arrêtées était spécifiée : brassard «vert, 2 cm de largeur» pour les plus âgés de la cellule ; «vert avec trois bandelettes de 2 cm» pour les plus âgés du camp & jaune avec l'inscription SL en noir pour les chefs d’équipe. C'était à porter sur le bras gauche. Au moment de l'arrestation, les personnes devaient se munir de : 2 paires de chaussettes, 2 serviettes, 2 sous-vêtements, 1 lainage, 1 brosse à dents & dentifrice, 1 kit de cirage. Pour les femmes, elles devaient prévoir des serviettes hygiéniques. On n'avait pas à spécifier pourquoi et combien de temps la personne se retrouverait en prison.

JOURNALISTE


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