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Le Ministère de l'abondance

matchafa, Samedi, Février 9, 2008 - 19:37

matchafa

Aux États-Unis (mais la situation ne doit pas être trop différente au Canada ou en Europe), la manipulation politique des données économiques gouvernementales est à ce point sévère qu’un consultant en économie se spécialise dans la rectification des données gouvernementales pour les entreprises qui font usage de ces données. La situation est à ce point sévère qu'on croyerait le Ministère de l'abondance du livre 1984 qui déclare une prospérité économique toujours grandissante d'année en année alors qu'en réalité elle se détériore sans cesse.

Ministère de l’Abondance

(photo: Bureau of Labor Statistics avec une enseigne qui lui sied)

Voici le texte explicatif que donne le consultant en question à propos des données du gouvernement, ce qui suis est ma traduction en français (pour lire l'original en anglais cliquez ici):

Introduction et considérations générales

En 1996, en plein milieu du miracle économique de l’ère Clinton, la fondation Kaiser a entrepris un sondage du public étasunien que se voulait montrer à quel point l’électorat avait perdu contact avec la réalité économique. La majorité des étasuniens croyaient que l’inflation et le chômage étaient beaucoup plus élevés et que la croissance économique était beaucoup plus faible que ce qui était rapporté par le gouvernement. Le Washington Post se plaignit de l’ignorance du public envers l’économie. On trouverait les mêmes résultats aujourd’hui.

Ni la Fondation Kaiser ni le Washington Post comprit qu’il y avait et qu’il y a toujours un bonne raison pour l’écart entre les perceptions communes et les données du gouvernement : les données gouvernementales sont biaisées sont biaisées dans une direction politiquement correcte et de plus en plus divergent de l’expérience de tous les jours et de la réalité. Cette tendance a vraiment pris son élan vers le milieu des années 80. Les chiffres gouvernementaux d’inflations et de chômage sont sous-estimés alors que données l’emplois ou ayant trait à la performance économique sont surestimés et ce intentionnellement.

Pendants des années, j’ai [ndlr : je = Walter J. Williams] entrepris des sondages auprès d’économistes des affaires afin savoir comment elles et ils percevaient la qualité des données économiques gouvernementales. Voici deux d’entres eux :

  • L’économiste en chef d’une grande entreprise de vente au détail me dit : «La qualité varie. Les données des ventes au détail sont terribles mais les données sur la masse monétaire sont assez bonnes.»

  • L’économiste en chef d’une grande banque opina : «Il y un problème avec les données de la masse monétaire mais pour ce qui est des ventes au détail je crois que c’est assez bon.»

Le point est que quand l’économiste connaît bien le domaine, elle ou il se rend compte des limites et des distorsions des données économiques apparentés. Recueillir et diffuser des informations sur des composantes de l’économie étasunienne à intervalles réguliers rapprochés (à chaque mois) est presque impossible. Néanmoins, la majorité des fonctionnaires statisticien(ne)s à Washington travaillent assidûment afin de fournir les meilleurs informations disponibles dans les limites du système existant. Un certain nombre de distorsions des données n’est toute fois pas accidentel.

Ce qui suit est un court aperçu du système de diffusion des données économiques et la façon dont l’on peut voir ses données. Les prochaines sections se pencheront chacune sur un sujet spécifique : l’inflation, le PIB et le déficit budgétaire [ndlr : et l’index des prix à la consommation (IPC). Ce qui fait cinq sections incluant celle-ci]. D’autres aspects pourront être adressés sur demande.

La publications sur une base régulière des statistiques économiques si populaires de nos jours comme le produit intérieur brut/produit national brut (PIB/PNB), le taux de chômage et l’indice des prix à la consommation (IPC) débuta dans la décennie suivant la seconde guerre mondiale. La manipulation politique moderne de ces données débuta par après dès que cela fut possible en révisant la méthodologie et souvent en incorporant un biais systématique dans la direction politiquement voulue. Cela a eu pour effet que la réalité économique sous-jacente aux données économiques a souvent échappé aux investisseurs et économistes qui dépendaient des données gouvernementales. Voyez :

  • Sous l’administration de Kennedy, le chômage fut redéfini en ajoutant le concept de «travailleurs découragés» afin de réduire le taux de chômage, cette donnée suivie par tous.

  • Quand Lyndon Johnson n’aimait pas la croissance du PIB qui allait être publiée, il la renvoyait au Département du commerce et il le fit jusqu’à ce que le Département sorte une figure qui lui plaisait. L’administration de Johnson est aussi responsable d’avoir bidouillé la comptabilité qui cache la majore partie du déficit budgétaire fédéral.

  • Richard Nixon eut un conflit très publicisé avec le Bureau des statistiques du travail [ndlr : Bureau of Labor Statistics] à propos des données sur le chômage. Il y a deux taux de chômages, un «brute» et un ajusté pour éliminer les effets saisonniers, Nixon souhaitait publier, à chaque mois, uniquement le plus petit des deux chiffres sans dévoiler au public lequel était publié. Alors que cette façon de faire fut considérée frauduleuse à l’époque et ne fut jamais implémentée, cette même méthodologie fut introduite par l’administration de Bush fils en 2004 sous prétexte que c’était la «fine pointe de la technologie».

  • L’administration de Carter fut prise à sous-estimer intentionnellement le taux d’inflation.

  • Des changements systématiques furent introduits sous l’administration de Carter pour hausser la croissance du PIB/PND publié de manière régulière. Les manipulations les plus extrêmes eurent par contre lieu lors de la crise de liquidité de 1987. En plus de l’intervention de la Banque de réserve de New York sur les bourses de contrats à termes [ndlr : futures markets] pour soutenir les cours des actions en bourse après le krach du 19 octobre, sous les ordres directs de la Réserve fédérale [ndlr : the Fed] et du Département du trésor des États-Unis, des manipulations grossières directes des données portant sur le déficit commercial des États-Unis furent utilisés en conjonction avec une intervention massive sur le marché des changes pour aider à mettre fin à la chute du dollar étasunien ainsi que pour essayer d’atténuer la panique qui s’était emparée du marché des changes fin 1987.

  • L’administration de Bush père débuta les efforts pour une réduction systématique du taux d’inflation de l’IPC publié et développa une façon extérieur au système de manipuler le PIB publié [ndlr : je crois que par cela l’auteur veut dire qu’en diminuant l’inflation publiée cela augmente automatiquement le PIB sans avoir à modifier directement les données sous-jacentes au PIB] dans le but d’aider la campagne de réélection de Bush père en 1992 qui ultimement échouera.

  • Comme l’ex-secrétaire au Département du travail Bob Reich l’a expliqué dans ses mémoires, l’administration de Clinton s’était rendue compte, à travers ses sondages du public, que si le gouvernement édulcorait ses données économiques, assez de gens y croiraient que cela pouvait devenir déterminant lors d’élections serrées. Par conséquence, toute parcelle d’intégrité qui aurait put survivre jusque là dans le système de diffusion des données économiques s’évaporèrent lors de la présidence de Clinton. Le chômage fut redéfini pour éliminer cinq millions de travailleurs découragés diminuant du fait le taux de chômage ; les méthodologies firent changée pour réduire les indicateurs de pauvreté, pour réduire l’inflation de l’IPC, pour gonfler la croissance du PIB, etc.

  • L’administration de Bush fils a continuée dans la lancé de celle de Clinton. Tout spécialement, l’administration de Bush a mis en place la structure pour l’adoption d’un nouvel IPC minimisant encore plus l’inflation et l’administration a aussi redéfinie le PIB et le concept d’ajustement des effets saisonniers.

Le résultat de ces manipulations systématiques, si la méthodologie utilisée en 1980 était utilisée pour analyser les données actuelles, la croissance de 3,0% au deuxième quart du PIB annualisé et ajusté pour l’inflation serait inférieur d’à peu près trois pourcent (ce qui veut dire que la croissance du PIB serait en fait nulle ou négative). De la même manière, l’actuelle inflation de l’IPC est sous évaluée d’environ 2,7% comparativement à la méthodologie pre-Clinton (l’inflation serait donc en fait 5,7%) et le taux de chômage est sous-évalué d’environ sept pourcent par rapport à sa définition originelle et ce que beaucoup de gens considèreraient être le vrai taux de chômage (qui serait alors de 12,5%).

À propos des résultats financiers des opérations fédérales, l’application de la comptabilité d’exercice i et des principes de comptabilité généralement acceptés (GAAP) aux comptes du gouvernement fédéral révèle un déficit de 3,7 billions (3700 milliards) de dollars pour l’année fiscale de 2003, tel que rapporté par le Département du trésor des Etats-Unis, cela est a contraster avec le déficit de 374 milliards de dollars rapporté selon une comptabilité de caisseii.

Les facteurs clés à prendre en compte avec toutes diffusion de données économiques :

Lire ou écouter les statistiques économiques dans les médias financiers n’a que peu de valeur à moins que le contexte des donnée divulguées soit claire et que soit bien détaillé tout ajustement des données : ajustement pour l’inflation, ajustement pour les effets saisonniers ou ajustement découlant de toute révision.

Ajustement pour les effets saisonniers : Les statistiques populaires sont fréquemment ajustées pour soustraire les tendances qui reviennent sur une base régulière, année après année, ou qui sont liées aux jours d’affaires ou de bourse. Les ventes au détail sont par exemple plus nombreuses durant le temps des Fêtes ; un autre exemple est qu’il y a des années bissextiles où février a un jour de plus.

Bien que l’ajustement saisonnier soit un outil légitime permettant de faire meilleures comparaisons mois sur mois ou trimestre sur trimestre de données qui sinon pourraient être biaisée par des tendances saisonnières, il s’avère que le gouvernement a des problèmes avec ses ajustements. Certaines données s’ajustent très mal : les demandes de prestation de chômage hebdomadaires ou encore les effet saisonnier sur l’emploi des vacances et de l’année scolaire.

Une façon de éviter les complications des tendances saisonnière est de regarder la variation sur une base annuelle, juillet 2004 par rapport à juillet 2003 par exemple. Ces variations sur une base annuelle sont largement exemptes de distorsions saisonnières.

Les biais saisonniers sont typiquement calculés annuellement sur la base des tendances des années récentes. Le Bureau des statistiques du travail [ndlr : Bureau of Labor Statistics] décida par contre depuis janvier 2004 de réviser et des recalculer ses biais saisonniers à chaque mois.

Ajustement pour l’inflation : Si l’inflation augmente de 3,0% pour l’année et que les ventes augmentent de 2,0% pour la même année, alors les ventes ont en fait chutées de 1,0% après ajustement pour l’inflation [ndlr : plus précisément, la croissance des ventes ajustée pour l’inflation est de 100%*(1,02/1,03-1)= -0,97%]. Ce genre d’ajustement pour tenir compte des effets de l’inflation est une façon tout à fait justifiée de regarder les données.

Les tournures de phrases qui veulent dire que les données ont été ajustées pour l’inflation sont entres autres : réel, en dollars constants, en dollars de 2000, en dollars de 2000-chaîne pondérés. Les tournures de phrases voulant dire que les données n’ont pas été ajustées sont entre autres : nominal et en dollars courants.

La donnée statistique économique ajustée pour l’inflation la plus suivie est le PIB qui reflète croissance de l’économie en dollars moins la croissance de l’inflation. Donc si l’inflation est sous-évaluée, le PIB sera surévalué en conséquence.

Type de croissance : Le taux de croissance rapporté est-il mensuel, annuel ou bien annualisé ? La majorité des données économiques publiées mensuellement sont des taux de croissances mensuel (la croissance par rapport au mois précédent). Les données trimestrielles donnent habituellement la croissance par rapport au trimestre précédent (comme par exemple l’indice du coût à l’embauche) et ce parfois à un taux annualisé (comme pour le PIB par exemple).

Comme mentionné précédemment, les tendances les plus significatives se voient dans les changement annuel même si ces tendance sont très peu publicisées. Les changements d’année en année (ce qui a la façon dont la plus part des entreprise analysent leurs ventes – Comment je me compare à l’année précédente ?) éliminent habituellement les distorsions saisonnières des donnée non ajustées et les distorsions résiduelles des données ajustées.

Révision : La majeure partie des données économiques subit régulièrement des révisions parfois significatives. Les données sont typiquement révisées au cours des quelques parutions subséquentes après la publication initiale et annuellement par la suite au cours d’une sorte de révision étalon quand le gouvernement obtient de meilleures données ou des données plus complètes. Une donnée mensuelle peu apparaître forte ou faible simplement à cause d’une révision des données de la période précédente.

L’IPC et le taux de chômage non ajustés pour les effets saisonniers sont deux indices qui ne sont pas révisés à moins qu’une erreur ait été faite ou que leur définition soit changée. S’il y a changement de définition, alors la donnée antérieure n’est plus comparable a la nouvelle donnée mais les médias de la finance ne portent que très peu attention à ces détails.

i Méthode de comptabilisation qui consiste à tenir compte, dans la détermination du résultat net d'une entité, des produits et des charges découlant des opérations d'un exercice lorsque les produits sont gagnés et les charges engagées, sans considération du moment où les opérations sont réglées par un encaissement ou un décaissement ou de toute autre façon. [http://www.granddictionnaire.com/]

ii Méthode qui consiste à constater les produits au moment où ils font l'objet d'un encaissement et à imputer les charges aux résultats de l'exercice au cours duquel elles font l'objet d'un décaissement. [http://www.granddictionnaire.com/]

En plus de cette introduction, il explique plus en détail les situations particulières du chômage, du déficit, de l'inflation et du PIB.

Preuve que le monsieur en question dit vrai (du moins pour ce qui est de la dette), voici un extrait de ce que les auditeurs du gouvernement fédéral des États-Unis ont à dire à propos des états financiers du gouvernement en 2003 (donc avant même la guerre d'Iraq) (vous pouvez lire l'original en cliquant ici):

«As in the 6 previous fiscal years, certain material weaknesses
in internal control and in selected accounting and reporting practices resulted in
conditions that continued to prevent us from being able to provide the Congress and
American citizens an opinion as to whether the consolidated financial statements of the
U.S. government are fairly stated in conformity with U.S. generally accepted accounting
principles. [...] There are three primary reasons why the consolidated financial statements remained
unauditable for fiscal year 2003: (1) serious financial management problems at the
Department of Defense (DOD), (2) the federal government’s inability to account for
billions of dollars of transactions between federal government entities, and (3) the federal
government’s ineffective process for preparing the consolidated financial statements.»

Matchafa: pour comprendre le monde
matchafa.quebecblogue.com/


Sujet: 
1983, 1984, 1985...
Auteur-e: 
Richard Huot
Date: 
Dim, 2008-02-10 12:14

Salut Matchafa,

juste comme ça, il y a une faute dans le titre et tu fais référence à 1983. Je connais 1984 et 1985, un essai sur le livre d'Orwell par Anthony Burgess (Orange mécanique) mais pas 1983. Je te laisse aller pour la correction et après, il me fera plaisir de le valider!!!

EDIT par Mic: j'ai fait les corrections et validé vu que l'auteur n'a pas réagi.


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