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Le système électoral cubain : On est bien loin de ce que prétendent bien des médias

PCQ, Mardi, Février 5, 2008 - 12:56

PCQ

(basé sur un article du People's Weekly World,
le journal du Parti communistes des E.U,
paru le 2 février 2008)

Les récentes élections tenues à Cuba pour les choix des 614 membres de l'Assemblée nationale ont été la cible d'un grand nombre de critiques dans les médias. Le message était simple : il ne s'agissait, selon la plupart des reportages, que d'une parodie de démocratie puisqu'il n'y avait pas vraiment de choix possibles lors de ces élections.

Comme c'est souvent le cas lorsqu'il s'agit de Cuba, bien des médias ont tout simplement coupé les coins ronds et n'ont finalement gardé, pour leur reportages, que les faits qu'ils voulaient bien garder, parce que cela faisait leur affaire. En même temps, ce qui faisait moins leur affaire, parce que cela ne cadrait pas vraiment avec leur parti pris anti-Cuba, était mis de côté.

Une fois cela dit, la réalité des choses, à Cuba, demeure pas mal différent de ce que ces reportages laissaient entendre. À plus d'un égard, leur système électoral pourrait même être considéré comme plus avancé que le notre.

Premier mythe : les Cubains n'avaient aucun véritable choix dans ces élections. Faux. Il faut en effet savoir que le processus électoral, pour la détermination de qui deviendra membre de l'Assemblée nationale, se fait en plusieurs étapes. Dans un premier temps, il faut d'abord élire ceux et celles qui composeront les assemblées municipales.

Cela se passait l'automne dernier. Près de 55 000 candidatures furent ainsi soumises afin de combler quelques 15 236 postes, soit à peu près la moitié de tous les postes requis , à travers toutes les différentes municipalités, l'autre moitié devant être comblée par des candidats et des candidates en provenance de différentes organisations de la société civile (ex: les syndicats). Dans plusieurs endroits, il y avait même jusqu'à huit (8) candidatures par poste !

Par la suite, c'était le rôle de chacune de ces assemblées locales de se choisir un certain nombre de représentants et de représentantes qui iraient ensuite à l'Assemblée nationale.

L'élection du 20 janvier représentait la dernière étape de ce processus, au cours de laquelle l'ensemble de la population cubain, en âge de voter (note : à Cuba, il suffit d'avoir 16 ans), avait une fois de plus la possibilité de dire son mot. Chaque Cubain et chaque Cubaine avait en effet la possibilité, à ce point, de se prononcer sur le choix des assemblées municipales en endossant en bloc (ou non) l'ensemble des candidatures retenues. Ils pouvaient aussi décider de ne voter qu'en faveur de ceux et de celles qu'ils ou elles voulaient. Il faut aussi dire que le fait de voter n'est pas obligatoire à Cuba (contrairement à beaucoup d'autres pays). D'une manière ou d'une autre, un candidat ou une candidature doit absolument recueillir au moins 50% des votes pour être déclaréE éluE.

Deuxième mythe : Seuls les membres de la "nomenklatura" au pouvoir à Cuba peuvent espérer se faire élire; finalement ce sont toujours les mêmes gens, déjà au pouvoir, qui se feraient réélire. Encore faux. Suite aux élections du 20 janvier, 63% des membres de la nouvelle Assemblée nationale sont des gens qui siègeront pour la première fois de leur vie.

Autre fait à noter : 43% d'entre eux sont maintenant des femmes, ce qui fait de Cuba le 3e pays dans le monde possédant le plus haut taux de participation des femmes à la vie politique. Cela représente en même temps une nette progression sur ce qui se passait avant, puisque ce pourcentage était alors de 36%. D'une manière ou d'une autre, c'est tout à l'honneur de Cuba. Ici même, au Québec, on aurait encore pas mal de chemin à faire pour rejoindre Cuba à cet égard.

On notera également, qu'à Cuba, tous les députéEs peuvent être démiEs de leurs fonctions, suite à une procédure de destitution, déjà prévue dans la loi. Aucun députéE ne reçoit de rémunération spéciale pour son travail de député (puisque les députéEs ne siègent pas tout le temps et qu'Ils continuent également, entre deux sessions du parlement, de travailler là où ils oeuvraient avant leur élection). Les dépenses électorales sont d'autre part très sévèrement contrôlées de manière à éviter les excès et aussi éviter qu'un candidat ou une candidate puisse tirer plus avantage de sa situation qu'un ou une autre.

À l'occasion des élections du 20 janvier, les Cubains ont également élu quelques 1 400 autres déléguéEs qui siègeront au niveau des différentes assemblées provinciales.

Le 24 février prochain, quand la nouvelle Assemblée nationale se réunira pour la première fois, les nouveaux députéEs devront commencer par décider qui formera le nouveau Conseil d'État, en même temps que le prochain président de ce conseil (qui sera en même temps le président de Cuba; jusqu'ici c'était Fidel Castro), qui sera vice-président, qui aura la responsabilité de présider la nouvelle Assemblée nationale et, finalement, qui composera les dix Commissions permanentes de cette assemblée.

Le système cubain n'est peut-être pas parfait. Il ne pourrait pas se calquer directement chez nous, ne serait-ce qu'à cause de la présence, ici, de nombreux partis politiques. Ce qui n'est pas le cas à Cuba. Les Cubains, y compris les principaux porte-parole du gouvernement, sont les premiers à reconnaître que ce système a aussi ses défauts et qu'il n'y aura jamais un système parfait. Une fois cela dit, on demeure très loin du portrait sombre que nous donnait, encore récemment, la plupart des médias à propos de Cuba.

PCQ
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