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Une semaine de lutte au centre de rétention de Vincennes

Anonyme, Mercredi, Janvier 30, 2008 - 05:25

Refus d'entrer dans les chambres, refus d'être compté, refus de manger, chambres brûlées, altercation avec la police. Ces actes quotidiens de révoltes se construisent dans un rapport à l'organisation du centre et à tous les moments de contrôles et d'humiliations qui lui sont liés. Ils n'ont aucune fin, aucune limite. Ils sont repris par chaque nouveau arrivant. Seul l'isolement et la répression parviendra à arrêter la révolte de Vincennes. Mais elle durera si nous continons de téléphoner et de visiter régulièrement les détenus et d' informer sur ce qu'il se passe à l'intérieur. Elle durera si nous continuons de manifester devant le centre. Elle durera si les intitiatives se multiplient provenant de différents groupes, collectifs, individus (actions, affiches, stickers, etc). Elle durera si la révolte s'étend aux autres centres, aux autres villes, à la société toute entière. Elle durera et s'étendra si nous nous révoltons avec eux.

Mardi 22 janvier 2008 « Pendant la grande manifestation de samedi, la police filmait ceux qui étaient sur la grille. J'ai sorti un drap que nous avons accroché à la grille. Les CRS sont rentrés à l'intérieur du centre. Ils ont fouillés les chambres, ensuite ils nous ont obligés à rentrer à l'intérieur. »

« Il y a un Tunisien qui refuse de manger. Le médecin lui a dit qu'il ne le soignerait tant qu'il refuse de manger. »

« On ne dort pas. On est constamment réveillé par le haut-parleur. Ils appellent pour le comptage, les visites, les expulsions, quand on passe devant le juge. Cela ne s'arrête jamais. »

« Il n'y a pas d'accès directe à la Cimade. Il faut passer deux portes contrôlées par la police. »

Mercredi 23 janvier 2008 « Hier soir, à minuit, on a refusé d'être compté et de rentrer dans les chambres. On a essayé de dormir dehors. Tout le monde criait L-I-B-E-R-T-É. On a essayé de parler avec le chef de la police, mais il a appelé les CRS. La police disait : « Dégagez ! on ne veut pas de vous ici ! » Un policier m'a dit : « Je suis chez moi ici ! » Ils nous ont dit : « Si vous ne rentrez pas, on vous fait rentrer de force » Ils nous ont obligés à rentrer dans les chambres en nous poussant avec les casques. »

« On discute ensemble. Mais c'est difficile. Ils nous contrôlent tout le temps avec les caméras. Ils nous contrôlent la nuit et le jour. »

« Il faut faire des manifestations à l'extérieure. Cela nous fait du bien. On sort. On crie. Si on manifeste une, deux, trois fois par semaine, ils vont comprendre. »

« Ce soir, des gars ont mis le feu à leur chambre en brûlant des papiers. Les pompiers sont intervenus pour éteindre le feu. La police n'a pris personne. Ils veulent peut-être brûler le centre. »

Jeudi 24 janvier 2008 « Aujourd'hui, nous avons refusé de manger. Nous avons jeté la nourriture par terre dans le réfectoire. »

« La police filme ceux qui se révoltent. Ils les séparent et les mettent dans l'autre bâtiment. Aujourd'hui, ils ont pris deux personnes. Parmis eux, il y a un tunisien qui n'a pas mangé depuis plus de dix jours. Il a perdu 9 kg »

« Aujourd'hui ils ont expulsé un algérien, demain ils expulseront des chinois. Le soir, ils inscrivent sur un tableau le nom, la destination, l'horaire de départ et l'aéroport des gens qui vont être expulsé le lendemain. Il arrive que des gens soient expulsés sans que leur nom ne soient inscrits sur le tableau. C'est souvent le cas pour ceux qui foutent le bordel. Le matin, la gendarmerie vient les chercher et les emmène à l'aéroport. »

« Hier soir, ils ont fermés les cabines téléphoniques à minuit juste après l'agitation. Ils ne les ont ouvertes que ce matin. »

Nous parvenons à joindre la personne en grève de la faim qui a été transférée dans la journée.

« Hier, 4 policiers m'ont sauté dessus. Ils m'ont déchiré ma veste. Ils m'ont dit que je ne saurais pas soigné tant que je ne mangerai pas. Ils m'ont changé de bâtiment. »

« Ça fait 18 jours que je ne mange pas. J'ai perdu 10 kg. Je ne mange parce que la nourriture n'est pas hallal. De toute façon, je ne veux pas m'alimenter. Je ne bois que de l'eau et du café. Aujourd'hui, encore le médecin a refusé de me donner des médicaments si je ne mangeais pas. Je veux sortir du centre. Je veux être libre. »

« La Cimade a refusé de faire mon recours. Ils ont dit que les 24 h étaient passées alors que c'est faux. »

Vendredi 25 janvier 2008

18h30 Un détenu nous informe qu'ils ont brûlé une chambre, que les pompiers sont intervenus et que la majorité des détenus ont refusé de manger.

21h Un détenu nous raconte que Brard (député-maire de Montreuil) est venu dans le centre de rétention. Il a promis aux détenus de leur apporter des stylos et du papier pour décrire leurs situations. « Il nous a dit qu'il fallait respecter les policiers. Il nous a dit qu'ils n'étaient pas responsables et que les décisions venaient de plus haut. Les gens lui ont répondu qu'ils ne cherchaient pas améliorer leurs conditions de détention, ils veulent la liberté. »

Samedi 26 janvier 2008

Midi « Un premier feu a pris dans les toilettes. Ensuite, deux chambres ont brûlé. » « On a refusé de manger. On a empêché l'accès au réfectoire en bloquant les portes. La police nous a demandé de laisser passer ceux qui voulaient manger. Ils ont fini par nous dégager. Mais seulement une minorité est allé manger. »

Pendant le rassemblement (15h) « La police nous empêche l'accès à la passerelle depuis laquelle nous pouvons vous voir. Mais nous pouvons vous entendre. »

18h « Une soixantaine de CRS sont entrés dans le centre. Ils ont fouillé toutes les chambres. Ils nous ont fouillé. Ils ont trouvé un briquet. Ils ont transféré deux personnes dans l'autre bâtiment. »

Dimanche 27 janvier 2008

15h « Aujourd'hui, dans le bâtiment deux, le feu a pris dans une chambre de quatre personnes. Les pompiers sont entrés pour éteindre le feu. Ils nous ont enfermé dans le réfectoire. 20 policiers sont venues chercher 4 personnes violement. Ils sont en garde-à-vue pour avoir mis le feu au centre. »



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