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brochure "Insurrection" (1979) [sur les groupes autonomes]

Anonyme, Vendredi, Janvier 18, 2008 - 15:35

sabaté

à télécharger sur https://infokiosques.net/spip.php?article521

Editée en 1979, cette brochure se veut être une mise au point sur l'organisation et les actions des groupes autonomes français et espagnols. Textes "théoriques" et témoignages viennent compléter les nombreux communiqués et comptes-rendus d'actions...

Extraits :

Le pourquoi des groupes autonomes...

Aujourd'hui, la nouvelle vague insurrectionnelle regroupe ceux qui sont restés en dehors de la politique professionnelle de gauche ou de droite, ou qui y sont passés le temps d'une erreur.

L'expérience amère, qui pour les uns suppose le passage par le cadavre putréfié du léninisme, et pour les autres les convictions libertaires, nous a porté à penser et mettre en pratique des formes organisationnelles qui ne sont pas nouvelles, mais que beaucoup semblent avoir oubliées. Tout au long de l'histoire de la lutte des classes, il y a des exemples de luttes autonomes. Les groupes autonomes naissent, non par décret, ni par nostalgie des temps passés, mais par nécessité révolutionnaire, par la somme de nos propres vécus, de notre pratique quotidienne.

La lutte révolutionnaire est jalonnée par la présence de ces groupes. Depuis les groupes affinitaires de la F.A.I. jusqu'aux expériences plus récentes des M.I.L., G.A.R.I., N.A.P.A.P. (en France), N.A.P. (en Italie), Mouvement du 22 Juin (en Allemagne), il y a toute une réalité pratique que nous recueillons, non comme une ligne ou une doctrine, mais d'un point de vue critique, comme des expériences dont il faut profiter, des moments historiques qu'il faut savoir dépasser.

Nos différences avec la F.A.I. sont, en plus du niveau idéologique, de type pratique. Nous ne concevons pas la reconstruction d'une organisation par nostalgie des temps passés. La coordination de divers groupes doit partir d'une nécessité, c'est à dire qu'avant tout l'existence de ces groupes doit être une réalité. On n'arrive pas à une pratique révolutionnaire en partant d'une coordination. C'est la pratique révolutionnaire, le développement réel du groupe qui impose la coordination, et dans le cas de la F.A.I., il est évident que ces groupes n'existent pas, sinon de manière artificielle, ou dans l'imagination de quelques-uns. La réanimation bureaucratique d'un cadavre ne nous intéresse pas.

Pour nous, le groupe n'est ni le parti du futur, ni la panacée. C'est la forme la plus libre que nous ayons imaginée pour nous organiser ici, maintenant. L'individu ne vient pas dans le groupe en laissant à la porte ses idées, il participe avec elles à la création et au développement postérieur de celui-ci. Partant de cette base, le groupe ne regroupe pas les révolutionnaires. Ceux-ci se réunissent par affinités et créent les groupes. Ce processus est peut-être plus laborieux et plus lent, mais il n'y a aucun doute qu'il soit plus sûr, et qu'on évite ainsi l'apparition de leaders et de groupuscules dirigeants. Nous croyons que c'est dans nos propres relations que se trouve la négation du vieux monde. C'est une contradiction dangereuse que de copier les schémas organisationnels de la société capitaliste sous prétexte de la combattre, et les hiérarchies des comités exécutifs ne nous servent à rien, car c'est dans la séparation exécutif/exécutant qu'ils impliquent, que dorment les bureaucraties. Celles-ci sont, si cela peut se faire, encore plus dangereuses que le capitalisme lui-même. à la force matérielle que leur donne le contrôle de l'appareil-parti, s'ajoute la force morale des symboles et des luttes ouvrières qu'elles s'approprient et capitalisent dans leurs désirs de pouvoir. Entre leurs mains, les morts de toutes les révolutions, les morts de la Commune de Paris, sont aussi importants que les millions pour une multinationale.

Ceci étant bien clair, les groupes autonomes ne prétendent pas organiser les masses, mais s'organiser à l'intérieur de celles-ci, avec les armes à leur portée. Le concept d'autonomie se développe à partir de notre propre fonctionnement. Il est inclus dans toutes nos relations. Toutes les actions et tous les pas du groupe sont discutés en commun. Ces discussions ne se limitent pas à aborder les problèmes politiques, mais aussi et surtout les problèmes de comportement, de relations et de vécu entre ses membres.

La relation entre plusieurs groupes autonomes se limite à l'échange d'expériences et à l'organisation de taches concrètes. Avec l'autonomie réelle des groupes, on évite les dépendances des uns par rapport aux autres, ainsi que les protagonismes. Chaque groupe intervient à l'endroit où il naît et se développe. Sa politique, ses actions sont le résultat de la réalité dans laquelle il se meut et des nécessités du moment. La coordination des groupes n'implique pas la dépendance des uns aux autres.

Elle suppose camaraderie et solidarité et renforce en l'étendant notre lutte pour la liberté.

Nous ne sommes ni les premiers ni les derniers.

Groupe autonome incarcéré à la Modelo - Août 78.
(Modelo : Prison de Barcelone).



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