|
Penser l'éducationAnonyme, Dimanche, Novembre 11, 2007 - 15:53
Collectif
Nous, étudiants, croyons nécessaire d'alerter la communauté et le public sur l'asphyxie de notre système universitaire, mais aussi, et surtout, sur la tranquille mort de l'Université comme moteur social. En 2005, nous sommes descendus dans la rue, scandant un chiffre, réclamant une somme d'argent. Pourtant, le débat était parti de l'idée plus large de la hausse des frais de scolarité et de l'accessibilité à l'éducation. Puis, tranquillement, nous avons emprunté le langage de la gestion. Nous sommes passés de penseurs à gestionnaires. Nous avions cru que la situation des universités était catastrophique pour des raisons monétaires, pour des raisons de budget. Cette situation ne nous échappe pas davantage aujourd'hui qu'alors, mais nous n'oublierons pas cette fois-ci que ces raisons sont les conséquences du manque de positionnement philosophique de nos dirigeants face à ce que devrait être une université. L'Université ne doit pas être gérée, elle doit être pensée. Aujourd'hui, nous sommes à nouveau en grève et nous appelons à l'urgence de reconsidérer la fonction que l'on attribue à l'université. Le rôle de l'Université n'est pas limité à former des professionnels ou à assurer un meilleur revenu à ceux qui la fréquentent. L’éducation, c’est la transmission du savoir, de la curiosité intellectuelle et du désir de mieux comprendre le monde qui nous entoure. La dévalorisation de la réflexion et du savoir au profit d’une vision gestionnaire et d'une culture de la performance est la négation des principes qui ont assuré la pérénité de l'Université depuis sa création au Moyen-Âge. Dans les années 1960, au Québec, la création de l'UQAM marquait l'aboutissement d'une grève étudiante qui réclamait l'accessibilité globale au savoir. En cela, elle greffait à la fonction ancienne de l'Université des idées modernes de démocratie. On pourrait prétendre que la création de l'UQAM fut un grand moment de l'histoire québécoise, mais ce dont nous sommes certains, c'est que son déclin actuel révèle au grand jour la crise de la pensée qui infecte et contagie notre classe dirigeante. Augmentation des frais administratifs dits afférents, avec diminution en qualité et en quantité des services aux étudiants; intention de surcharger des classes déjà pleines parce que chaque nouvel élève est un revenu supplémentaire; fermeture des laboratoires la fin de semaine par souci d'économie: chaque remède appliqué à la crise financière ne fait que masquer la crise philosophique qui la sous-tend, et la nourrit. Ainsi nous retournons en grève. Nous le faisons pour que nos dirigeants qui se disent concernés par l'éducation assument ce qui leur tient à coeur; pour qu'ils entament une réflexion profonde sur les liens que le savoir et la culture entretiennent avec l'épanouissement d'une société, la nôtre, celle qu'on laissera en héritage. Nous sommes convaincus que ces liens sont forts et inextricables. Il appartient à tous de ne jamais l'oublier. Signataires:
Guillaume Martel-Lasalle
|
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|