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La correspondance complète de Guy Debord (6 tomes parus) à L'INSOUMISE

Anonyme, Jeudi, Octobre 4, 2007 - 17:12

Disponible à : LA LIBRAIRIE L’INSOUMISE
2033 St Laurent Montréal. Tel: 313-3489

« La vie de Debord, sa vraie vie, son parcours, ses révoltes intimes, son rejet du siècle et son suicide final, se placent au cœur de son œuvre.

Qu’est-ce que l’Internationale situationniste, sinon un groupe de théoriciens, qui prétendit fonder des situations ? Qu’est-ce qu’une situation, sinon un instant de vie réellement vécu ? La révolution de la vie quotidienne se trouve au centre du projet situationniste.

La vie de Guy Debord s’inscrit dans son œuvre littéraire. Dans ce cas, la correspondance entre de plein pied dans l’édifice littéraire, dont elle devient même éventuellement la clef de voûte.

L'ensemble est foisonnant, désordonné, à l’image de la vie. Debord y apparaît tantôt comme un ange, un éclaireur, tantôt comme un démon, un destructeur. C’est un homme, au fond. A quoi bon s’attarder sur la beauté, la laideur, les étincelles, les ragots, les coups bas, l’amour et le mépris ?

Dans In Girum Imus Nocte et Consumimur igni, Guy Debord évoque le poids de la vie : “ Quant à moi, je n’ai jamais rien regretté de ce que j’ai fait, et j’avoue que je suis encore complètement incapable d’imaginer ce que j’aurais pu faire, étant ce que je suis �?. Vers la fin de Guy Debord, La Révolution au service de la poésie, Vincent Kaufmann conclut : “ La vie et l’œuvre de Guy Debord sont décidément une même chose ".

Que reste-t-il d’une vie, et quel bilan allons-nous dresser, quand le destin de Guy Debord paraîtra, dans sa complexité ? Ou encore : qu’adviendra t’il de Debord, lorsque la correspondance sera entièrement publiée ?

La litanie des interrogations nous amène à une question aussi insidieuse qu’architectonique : le mythe se fracassera-t-il sur le mur de la réalité ?

Tout ceci rappelle une phrase d’Aristote, extraite du Livre VII de la Métaphysique : “ De même que les yeux des oiseaux de nuit clignotent devant l’éclat de la lumière du jour, ainsi le regard des mortels est ébloui devant ce qui est le plus manifeste ".

La vie même de Guy Debord est une collision de la poésie et du réel.

Sans cesse, Debord mesure l’abîme qui le sépare d’un monde obstinément baigné par les eaux glacées du calcul égoïste. Dès l’origine, ses textes sont marqués par le désenchantement. Il n’est pour s’en convaincre, que d’écouter la voix off des Hurlements en faveur de Sade : “ Nous vivons en enfants perdus nos aventures incomplètes ".

Le désenchantement irrigue toute son œuvre, au point de lui conférer une saveur unique. Ce désenchantement culmine dans les derniers ouvrages. On songe à Martin Heidegger, qui définit l’histoire comme un éternel déclin. Jean Beaufret insiste sur cet aspect : “ Heidegger, s’il n’est pas optimiste, n’est pas non plus pessimiste (...). Mais enfin le déclin du jour n’en demeure pas moins une diminution du jour et de sa lumière ".

Dans une lettre inédite adressée à Ricardo Paseyro le 12 mars 1993, Guy Debord exprime un sentiment, qui s’est maintenu tout au long de sa vie comme un sol invictus, un soleil invaincu : “ Et je ne dirai certes pas improbable que tout finisse par quelque abominable “ meilleur des mondes �?. Mais enfin, nous sommes embarqués. N’était-il pas dans notre essence d’être imprudent ? "

Sonne encore dans nos oreilles cette confidence à Giorgio Agamben : "Je ne suis pas un philosophe, je suis un stratège".

Ce qui reste de Guy Debord, ces volumes qui paraissent, il a désiré qu’il en soit ainsi.
Lors d’une conversation privée avec Ricardo Paseyro dans sa maison de Champot en octobre 1994, Debord s’explique : “ Nous avons fait le tri, brûlé une masse de papiers inutiles et gardé ici à la disposition de mes lecteurs tout ce qui importe ".

La divulgation de la correspondance ne saurait être perçue comme un accident de parcours, ou comme le dévoilement intempestif d’une vie privée qu’il importerait de relativiser, mais comme l’indice d’un plan soigneusement élaboré.
Voici l’heure du soleil déclinant. Ce que Guy Debord nous offre, c’est le cadeau empoisonné de la vie. Les rêves, trucidés par le quotidien.
(…)
Dans une lettre inédite, adressée à Daniel Joubert et André Bertrand le 22 janvier 1967, Guy Debord conclut : "En général, toutes les lettres échangées dans l'IS (...) n'ont rien de secret, sauf dans des cas très précis où elles portent la mention "à détruire". (...) Et alors, elles sont détruites."

La correspondance de Guy Debord n'a pas été détruite. »
- Christophe Bourseiller, 23 septembre 2006



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