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Une campagne de vaccination contre le VPH : mais encore ?Anonyme, Lundi, Octobre 1, 2007 - 15:25
FQPN
Le gouvernement du Québec a annoncé la mise sur pied d’une campagne de vaccination contre le virus de papillome humain (VPH) à partir de l’année scolaire 2008. Probablement pressé de réclamer sa part du gâteau fédéral de 300 millions $, le Québec a-t-il pris le temps de bien penser sa stratégie d’action ? La Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN) croit que non. Le vaccin Gardasil n’immunise pas contre toutes les formes de cancer du col de l’utérus, mais contre deux souches de VPH responsables d’environ 70 % des cas de cancer du col. Même chose pour ce qui est de la protection offerte par le vaccin contre les verrues génitales qui protègerait les femmes dans environ 90% des cas. Le vaccin n’offre donc pas de protection complète ni contre le cancer du col, ni contre les verrues génitales. C’est pourquoi la FQPN partage les inquiétudes de nombreuses personnes qui craignent que la campagne de vaccination contre le VPH puisse procurer un faux sentiment de sécurité et conduire à une diminution du recours aux tests de Pap et au dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). Répétons-le, une campagne de vaccination contre le VPH ne diminuera pas le besoin pour les femmes de faire un test de Pap de façon régulière, ni de se prémunir contre les autres formes d’ITSS, ni d’avoir accès à des services complets en matière de planning des naissances et de santé sexuelle, ni d’avoir accès à un programme d’éducation sexuelle dans les écoles digne de ce nom, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. De plus, la FQPN constate que l’accès à l’ensemble de ces services est déjà très limité dans le réseau public de la santé. Moins de 25 % des établissements de la santé offrent des tels services. Et connaissant la difficulté d’avoir accès à un médecin de famille au Québec, il devient de plus en plus difficile pour les femmes d’obtenir le test de Pap de façon régulière et de recevoir les services et les suivis appropriés. Ainsi, au Québec, le taux de participation des femmes au dépistage par le test de Pap est un des plus bas au Canada. Selon certaines études, les femmes les plus à risque de développer un cancer du col et d’en mourir sont les femmes marginalisées sur le plan socioéconomique et qui n’ont pas accès au dépistage ni aux suivis médicaux nécessaires. Considérant que même vaccinées, les femmes devront recourir au test de Pap, ne serait-il pas préférable d’en faire la promotion et d’en accroître l’accès, notamment auprès des femmes les plus à risque ? Ne serait-il pas pertinent de permettre aux infirmières de faire les tests de Pap ? Les statistiques en matière d’infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) sont aussi très peu reluisantes au Québec. Les données en 2005 indiquent que la plupart des infections sont en augmentation ou demeurent à des taux élevés. Par exemple, les cas de chlamydiose (principale cause connue d’infertilité chez les femmes) se comptent par milliers chaque année et ont doublé depuis les 10 dernières années. Cette infection est très répandue dans tout le Québec chez les jeunes âgés entre 15 et 24 ans. Dans un contexte où l’éducation sexuelle dans les écoles n’est plus une priorité et est devenue aléatoire, il est clair qu’il reste encore beaucoup à faire en matière d’éducation, de promotion de la santé sexuelle et reproductive et d’accès à des services complets. De plus, considérant la nouveauté du vaccin et le manque de connaissances sur des aspects qui nous apparaissent essentiels (tel que la durée de protection du vaccin et ses effets à long terme sur la santé), il est dommage que le gouvernement du Québec n’ait pas profité de cette occasion pour revoir ses politiques sur les soins de santé reproductive et sexuelle, et notamment d’évaluer la place d’un programme de vaccination dans ce contexte.
Nathalie Parent
Site de la FQPN
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