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Quoi construire? Québec Solidaire ou un parti révolutionnaire?

Mathieu Linhart, Vendredi, Septembre 7, 2007 - 04:16

Mathieu Linhart

À l'étape où nous nous trouvons, que devons nous construire? Un parti réformiste comme Québec Solidaire ou un parti révolutionnaire. Si on favorise la construction du premier on ne fait pas l'autre.

Il y a quelque temps, on a pu voir combien le PCQ-pensée André Parizeau démontrait plus d'empressement à ménager ses amis de Québec Solidaire plutôt qu'à faire la promotion de la révolution lorsque, après avoir signifier leur intention de joindre le contingent anti-impérialiste et révolutionnaire, a tout simplement décider de retirer son nom de l'appel à celui-ci. Il faut savoir que lorsqu'on fait un choix politique, celui-ci n'est pas innocent. Le communisme n'est pas une joute oratoire extrême où on tente, dans l'abstrait du discours, de montrer qu'on en sait beaucoup sur l'histoire du marxisme et que, à ce titre, on tente de disqualifier l'adversaire en l'accusant de ne pas l'être au nom d'une vision abstraite des choses. Seuls des crétins de trotskystes peuvent réduire l'activité communiste à cela.

Quel est le concret du communisme aujourd'hui? Fondamentalement, tant que le communisme intégral n'existe pas, il s'agit de mener la lutte pour transformer des rapports sociaux actuellement marchands et capitalistes en rapports sociaux communistes. Donc, il faut savoir à quel étape nous sommes et agir en conséquence. Il faut aussi savoir vers où on va (notre but) et avoir une bonne idée d'un chemin à prendre (la stratégie et la tactique). Sous le communisme, puisqu'il n'y a plus de propriétaires privés des moyens de production et puisque les relations marchandes n'existent plus, les biens et services ne sont plus échangés mais partagés ou redistribués sans que l'argent n'entre en ligne de compte. S'il demeure une certaine comptabilité des ressources allouées pour les différentes activités, elle ne se fait plus par le biais de l'argent (Engels parle d'unité de compte comme unité de comptabilisation). Une petite étude de la notion de la monnaie dans le Capital peut nous montrer quelle fonction, elle occupe sous le capitalisme, fonction qui n'existerait plus sous le communisme. Tout cela pour dire que le travail des communistes consistent à transformer les rapports sociaux.

Comment on fait maintenant pour passer de la situation actuelle à celle de la construction effective du communisme. Il y a différentes étapes à suivre. Chaque étape, une fois effectuée, devrait permettre de poser les jalons pour passer à l'étape suivante. Cela veut dire qu'à tous les moments, il y a une analyse de la situation concrète à faire pour déterminer les mots d'ordre concrets à appliquer. Cela veut dire quil faut donc une direction consciente, en lien avec les masses, un parti révolutionnaire prolétarien donc. Sans cela, on ne peut espérer passer d'une étape à l'autre pour transformer les choses. Pour le moment, les tâches tiennent plus à la lutte idéologique et politique qu'à la lutte économique.

Il y en a cependant pour dire qu'il ne faut pas trop insister sur la question des étapes; une fois que l'on se serait engagé dans un certain type d'activités, les choses débouleraient tout seul et on se dirigerait vers le communisme. Il s'agit ici de la fumeuse théorie de la révolution permanente du fumeux contre-révolutionnaire Trotsky. Cette théorie se résume à un schéma bien simple. Maintenant, on crée le grand parti des travailleurs (que ce parti ait conscience qu'il l'est ou qu'il ne l'est pas importe peu?). Ce parti grossit et grossit. Il arrive un temps où, les travailleurs et travailleuses, comme par magie, prennent conscience qu'ils et elles peuvent prendre le pouvoir. Cependant, une minorité dans le parti freine cette marche. Alors vient un conflit et se crée un parti révolutionnaire qui prend le pouvoir. Le parti prend quelques mesures dites révolutionnaires en faisant des nationalisations et comme par magie le socialisme se transforme en communisme. Sous le socialisme, il y a bien sûr des conflits. Il y a toujours une fraction du parti qui sait quoi faire; les trotskystes. Ce sont elles et eux qui doivent être les dirigeantEs dans les instances. Il y a toujours d'autre monde pour faire le travail de bras et ces dernières et derniers doivent suivent les directives des trotskystes qui sont au courant de tout parce qu'ils et elles lisent beaucoup les oeuvres de Trotsky. S'il arrive que les trotskystes sont expulsés du Parti, alors la révolution est trahie. Des incultes qui n'ont pas lu Trotsky ne peuvent rien faire...

Comment des trotskystes peuvent appliquer ce schéma au Québec? Ils et elles joignent Québec Solidaire. Ils et elles font des jeux de coulisse pour se retrouver dans les instances. Ils et elles doivent encore se dire communistes et maintenir l'existence d'une petite coterie. Cette fraction doit servir pour permettre aux tenants de cette ligne dans les instances d'imposer leur point de vue. Des menaces de départ en bloc, ça fait toujours peur et il faut bien utiliser cette possibilité dans des rapports bureaucratiques. Ces trotskystes font des propositions de programmes. Par exemple, il faut faire des nationalisations. Mais pourquoi? D'après ce qu'on peut comprendre, cela serait bon pour l'économie (les forces productives) ce qui, comme par magie, devrait permettre de passer au communisme. N'oublions pas que nous sommes dans un processus de "révolution permanente" où une petite gang en sait beaucoup et où les choses se réalisent comme cela, la dite "avant-garde trotskyste" monopolisant les postes dans les instances et savant tout.

Disons que des nationalisations peuvent se faire sous le capitalisme et peuvent même le servir. Au Québec, cela s'est fait dans les années 60 et il semble que la bourgeoisie québécoise y a trouvé son compte. Pourtant, l'électricité demeure une marchandise. Elle est vendu à des consommateurs et consommatrices et elle cherche à dégager de gros profits pour son actionnaire, l'État bourgeois du Québec. Si toutes les entreprises nationalisées fonctionneraient comme hydro-québec sous le socialisme, nous n'approcherions certainement pas du communisme. C'est ce qu'on appellerait du capitalisme d'État.

Dans le programme de Québec Solidaire on retrouve la création d'Éole Québec et Pharma Québec, deux entreprises publics qui feraient pression sur les entrprises privées pour faire baisser les prix des marchandises. Le PCQ, si on se fie à certains textes d'André Parizeau où on retrouve une idée du programme économique de cette organisation, demande que soit nationalisée au moins une banque1. Pour quelle raison: « Non seulement la mise en place d'une banque sous le contrôle de l'État pourrait devenir, avec le temps, une source appréciable de revenus pour ce dernier, lesquels revenus pourraient alors servir à financer encore mieux nos services publics (au lieu de servir uniquement les intérêts de spéculateurs et autres investisseurs privés, ce qui est totalement inutile d'un point de vue social), mais cela permettrait sûrement aussi, et ce à très court terme, de réduire le fardeau des dépenses pour les simples citoyens, ainsi que pour la petite et moyenne entreprise, en forçant en particulier les autres institutions financières à changer leurs propres politiques en matière de frais d'administration et de fixation des taux d'intérêts.»
Eh bien soit... une banque nationalisée au service de la population! Pourtant, Trudeau, dans le domaine du pétrole n'avait-il pas tenté de créer une entreprise qui aurait profité de l'exploitation pétrolière pour rendre abordable l'essence aux citoyenNEs et aux entreprises du Canada. On parle ici de Petro-Canada. Avec les résultats que nous voyons, le but de Pierre Elliot Trudeau n'a pas été atteint. Même que cette entreprise fort profitable maintenant, n'est plus une société de la couronne. Dans la même veine des nationalisations, on pourrait aussi envisager celles de toutes les compagnies d'assurance au Québec. Cela ferait un vaste fond d'argent dont une partie pourrait être retournée à la population sous forme d'une assurance médicament gratuite comprenant certains soins dentaires gratuits et autres, et dont une autre partie pourrait servir pour financer le développement économique du Québec comme le fait la caisse de dépôt et de placement du Québec qui gère les fonds de la Régie des rentes du Québec. Ça pourrait rejoindre celles contenues dans le document Des propositions concrètes en six points pour relancer l'économie du Québec2, relance qui se fera en redevenant maître chez nous et en créant une auto électrique.
En admettant que, certaines de ces propositions pourraient avoir une certaine utilité pour un premier stade du socialisme et qu'elles permettent de cheminer effectivement vers le communisme, aident-elles maintenant à mobiliser les masses populaire sur l'essentiel actuellement soit la construction d'un parti révolutionnaire. La bourgeoisie pourrait récupérer certaines de ces propositions économiques si elle en voit un certain intérêt. Une nationalisation, en soi, n'a rien de prolétarienne. Elle le devient si elle permet au prolétariat d'exercer son pouvoir politique. Si ces nationalisations permettent l'expression effective d'une politique prolétarienne au poste de commande, c'est ce qui compte. Mais aujourd'hui, à notre étape, peut-être existe-il des revendications plus simples mais plus mobilisatrices pour les masses? Une revendication doit servir à organiser le camp des masses et doit servir à élever son niveau de conscience politique.
Ces revendications qui répondent aux besoins des masses, on doit en articuler les luttes de manière à ce qu'il y ait un travail politique de fait. On dit que, sous le socialisme, la politique prolétarienne doit être au poste commande de l'économie. Comment, maintenant, crée-t-on les conditions pour passer à cela. Il faut bien créer le parti. Il faut qu'une partie importante des masses y adhèrent. Il faut bien que les masses soient pour la révolution et pour le socialisme. Si on en parle jamais et si on fait la promotion d'un programme économique dont la bourgeoisie peut s'accomoder, en quoi faisons-nous avancer la cause du communisme?

Il y en a qui vont dire que les masses ne sont pas prêtes pour le communisme et qu'il faut les attraper en faisant un certain détour (Québec Solidaire). Comment peut-on espérer que les masses prolétariennes puissent exercer un pouvoir un jour, si on ne leur fait pas confiance aujourd'hui et si on ne croit pas que, suite à un processus, leur niveau de conscience peut s'élever? D'ailleurs, l'histoire montre qu'il peut arriver un moment où le niveau de conscience des masses devient supérieur à celui de l'avant-garde. C'est donc dire qu'il doit exister une relation dialectique entre les masses et le parti prolétarien. Participer à des forums internet, et discuter de Trotsky, de Staline et de la pensée André Parizeau ne sont pas les éléments qui aident le plus à créer cette relation dialectique.

Travailler surtout à la construction de Québec Solidaire et se refuser à construire un parti révolutionnaire revient tout simplement à mépriser les masses. Les communistes croient fermement que les masses prolétariennes pourront exercer le pouvoir un jour. En conséquence, ils et elles ne craignent d'aller les voir, les interpeller et discuter franchement de révolution. Ils et elles organisent le parti qui va jouer un rôle déterminant dans cette révolution. Il y en a qui parlent de faire l'union de la gauche. Les masses ne votent pas pour la "gauche" et ne s'intéressent pas vraiment à la politique bourgeoise parce qu'elles n'y trouvent pas un intérêt. Ceci dit, il se peut aussi qu'elles rejettent aussi tout ce qui concerne la politique, l'assimilant à quelque chose de malsain et on comprend pourquoi. Les communistes prônent l'unité avec les masses, prônent la fusion du socialisme scientifique avec le prolétariat et cela n'a rien à voir avec l'unité de la gauche actuellement.

L'espace prolétarien


Sujet: 
J'y crois encore, mais la critique est un peu vraie quand même
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Ven, 2007-09-07 20:54

En tant que membre de Québec solidaire, je crois encore que ce parti peut amener quelques avancées dans le sens « révolutionnaire », du moins les révolutions au sens sociologique (changements radicaux d'une norme ou d'une manière de faire, mais pas nécessairement de tout le système d'un coup). Pourquoi j'y crois? Ce qui m'a attiré à Option citoyenne, c'était ces forums de discussion (en personne) sincèrement démocratiques. Mais c'est fragile. Est-ce que QS va se rappeler de faire autrement et de profiter du jeu électoral pour surprendre par une autre forme de démocratie plus directe, ou va-t-il sombrer rapidement dans l'électoralisme? Ça reste à voir, mais au moins nous sommes plusieurs dans ce parti à vouloir changer les choses vers une démocratique plus directe. Pis sinon, ben je vais quitter et ça n'empêche pas le progrès autrement.

Mais je partage plusieurs des critiques au sujet du mouvement altermondialiste et social-démocrate, à savoir qu'ils ont tendance à oublier ou trop occulter le fait qu'il faut penser au projet de société, sinon nous perdons nos objectifs et nous ne faisons que contester les démesures actuelles. Je milite avec bon nombre de groupes, et il me semble extrêmement clair que trop de gens qualifient « d'alternatives » des actions de contestation, de critiques, d'information. Des exceptions existent: la simplicité volontaire, des gestes écologiques concrets ou le système d'échange de L'Accorderie ( www.accorderie.ca ) ou encore JEU sont des alternatives.

Et que dire de l'application de la « démocratie participative » dans nos mouvements sociaux... elle me laisse perplexe disons.

Bref, je n'ai aucun problème avec ces critiques, je vais toutefois tenter avec mes ami-es que le futur vous surprenne :o)

Michaël Lessard [me laisser un message]
Militant pour les droits humains.
Siriel-Média: média libre sur les 'politiques de destruction massive'


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