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Le sommet d’une sombre manipulation policièreradiCarl, Lundi, Août 27, 2007 - 11:25
Carl Boileau
Le sommet du PSP à Montebello au Québec vient à peine de se terminer… et nous ne connaissons toujours pas, société civile, la nature de cette rencontre entre Bush-Calderon-Harper. Évidemment, dans un contexte où même les chefs de l’opposition (Dion, Duceppe, Leyton) sont autant exclus que les journalistes, nous sommes en droit de nous inquiéter sur le manque de transparence de l’événement… et donc des réels objectifs politiques de cette rencontre. C’est pourquoi, faute de pouvoir commenter les enjeux politiques de la rencontre, les journalistes ne couvrent donc que le côté superficiel de l’événement. Si bien que toute l’attention de ces derniers se canalise sur le décorum : c’est-à-dire les forces policières et les manifestants (comme l’explique le journaliste Lagacé, c’est presque devenu folklorique). D’un côté donc, il y a les policiers anonymement affublés en tenue de soldat, de l’autre, un amas bariolé de manifestants hétéroclites… et entre les deux, surtout, le sujet médiatique donc. Normalement, pendant que Bush et compagnie décide de l’avenir de nos « sociétés démocratiques » dans les salons clos du château Montebello, la police n’aurait du s’en tenir qu’à son fondamental rôle d’assurer la sécurité. Toutefois, dans un contexte de spectacle où c’est l’image qui fera la manchette, la police en arrive malheureusement à devenir aussi une sorte d’acteur. En effet, puisque devant l’opinion publique, il est important de justifier l’utilisation de la bonne police, il faut démontrer que les méchants manifestants sont agressifs et incontrôlables. Puis, pour projeter l’identification de l’opinion publique vers le « bon côté », quoi de mieux que de caricaturer les manifestants afin de les discréditer politiquement. Or, quand les manifestants s’avèrent trop pacifiquement disciplinés (ce qui politiquement est donc dangereux), il semble que des forces policières orchestrent l’activation d’agents provocateurs; et franchement, ce scénario est de très mauvais goût dans un système démocratique. Qui est pris, qui croyait prendre. Pour la plupart, vous aurez déjà tous vu cette vidéo sur YouTube : ce clip de 5 minutes démontre une scène remarquable près de la zone verte policière. En effet, un groupe de trois «provocateurs», vêtus comme des manifestants et armés de pierres, sont confrontés par un syndicaliste et de jeunes manifestants. Ces derniers suspectaient ce trio de bozo agressifs d’être des agents policiers (puisque du côté des manifestants, le mot d’ordre était de ne rien lancer). Puis, un dirigeant syndical tente de démasquer l’un des agitateurs (et on peut apercevoir son visage, soit celui d’un homme dans la quarantaine qui contraste avec l’âge moyen des membres du Black Bloc). Ensuite, le syndicaliste exigera que l’un des agitateurs dépose la pierre qu’il a dans la main, ce dernier réagira d’une éloquente série de « Fuck you » jusqu’à ce qu’il se réfugie derrière la ligne policière. On peut alors constater l’attitude conciliante de l’escouade antiémeute à l’égard des trois « manifestants ». De mensonge en mensonge Bien sur, après la diffusion initiale du vidéo, bien que surprise les culottes baisé, la SQ aura nié catégoriquement toute implication. Mais puisqu’il y a des limites à tout mensonge, et surtout, parce que les grands esprits derrière cette opération n’ont pas pensé à changer les bottes de leurs agents, la SQ admettra finalement son implication par un communiqué officiel.
Cependant, si la SQ admet finalement que les trois provocateurs du vidéo sont bel et bien des policiers, elle persévère toutefois à se moquer de l’opinion publique. En effet, dans la version de la SQ, il est remarquable de constater une inversion notable de ce que nous pouvons visionner de nous-mêmes dans la vidéo, soit que les agents concernés auraient été repérés en refusant de lancer des projectiles (mais de toute façon, que faisaient donc dans la foule ces policiers avec des projectiles dans les mains). Donc, relisez une deuxième fois le dernier paragraphe du communiqué… et inversez le propos pour bien discerner la vérité. - Le dirigeant syndical : « drop the rock, now ! » La police paye donc des policiers pour lancer des pierres sur des policiers?!? Trouvez l’erreur!!! Si je suis toujours dégouté par ce genre d’opération machiavéliquement malhonnête, franchement, en tant que société, à quoi devons-nous nous attendre lorsque l’utilisation des forces policières est détournée contre les intérêts de son propre gouvernement. Parce que formellement durant ce sommet, nos policiers québécois auront servi (dans notre propre pays) à repousser l’accès de notre regard démocratique d’une zone de décision politique de la sorte, « notre » police se rend-elle compte que ces sommets des forces néolibérales servent à fondamentalement planifier l’exploitation de nos ressources naturelles (essentiellement pour le profit de capitaux étrangers). Pour la défense des forces policière, vous me direz qu’ils ne font qu’obéir (aveuglément) aux ordres, que leur métier est intrinsèquement d’appliquer la loi sans réfléchir. Cependant, il y a quelque part des responsables à la SQ qui ont autorisé cette immorale opération. Ainsi, en tant que société payant le salaire de notre police, pouvons-nous connaître les noms de ces « cerveaux » derrière cette décision, et surtout, pouvons-nous les interroger sur les réels objectifs de cette mascarade (ici, le Parti Québécois devrait se réveiller en exigeant une enquête). En définitive, bien que la SQ spécifie dans son communiqué que « ce n’est pas dans les politiques du service de police ni dans ses stratégies d’agir de cette manière », nous ne pouvons toutefois plus croire sur parole les communiqués de la SQ; car bris de confiance il y a maintenant. Conséquemment, non seulement nous pouvons nous demander si l’usage d’agent provocateur par la police est une coutume courante dans les manifestations altermondialistes, mais, nous sommes en droit maintenant de nous demander si « notre » police élabore d’autres scénarios ainsi pour manipuler l’opinion publique. De la sorte, si la morale ne balise plus nos forces policières, il faudra donc, malheureusement, trouver une façon de l’imposer. Or, justement, il s’avère que nous avons, citoyens, une nouvelle arme de justice… et cette arme démocratique s’appelle YouTube. Dorénavant, tenez-vous-le tous pour dit : adoptez un comportement impeccable, car tout peut se savoir, tout peut se voir, tout peut être révélé… nous vous avons amené au XXIe siècle cher policier. En conclusion, force est de constater dans cette histoire que la vérité ne s’est pas dévoilée par la presse conventionnelle, mais bien par YouTube. Ainsi, face à la volonté d’obscurantisme du système néolibéral, l’ascension du web 2.0 peut agir comme des éclaircies de lumière dans notre sombre paysage politique… et qui sait, peut-être protègera t-il ainsi notre société de glisser vers un état policier.
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