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Ni Fatah ni Hezbollah ni Hamas Internationalisme contre nationalismeAnonyme, Mercredi, Juillet 25, 2007 - 11:34 (Analyses | Guerre / War | Imperialism | Politiques & classes sociales | Religion | Solidarite internationale) « Droit des peuples à se constituer en États », voilà un principe bourgeois autrefois progressiste qui doit être actuellement combattu avec vigueur. Dans le contexte de la crise historique de l’impérialisme et des conflits aigus qu’elle engendre entre les principaux États militaristes maîtres d’États secondaires, c’est un principe aussi mensonger que celui de l’égalité entre les nations et donc aussi mensonger que le principe de la paix. Entre États, il ne peut y avoir que inégalités de développement et que déséquilibre des uns aux autres, et qu’incertitude des processus politiques, plus à l’antagonisme qu’à l’entente. Qu’il ne peut y avoir ni nouvelles nations viables, ni indépendance nationale et ni paix entre les divers États, c’est ce qu’illustrent les événements du Proche-Orient, théâtre permanent des conflits armés, des exodes de populations, de luttes inter-ethniques, du clanisme, des attentats politiques sanglants et de l’engrenage des règlements de compte entre gangs politiques rivaux. Plus que jamais, cette région se trouve plongée au cœur de violents conflits nationalistes. On n’y enregistre aucun conflit entre prolétaires et capitalistes, pas plus en Israël qu’en Territoire palestinien, son ennemi voisin. Le prolétariat juif ne se bat pas comme classe. Le prolétariat palestinien ne se bat pas comme classe. Avant tout, ils sont israéliens ou palestiniens. Fortement marqués par le nationalisme, ils ne veulent pas affaiblir leur bourgeoisie respective par une lutte prolétarienne. Par conséquent, leur bourgeoisie respective peut continuer à les dominer, à les opprimer, à disposer d’eux sans limites, à les écraser. HIER »Vive la juste lutte du peuple palestinien!», «Palestine vaincra!», «Vive El Fatha!», Juif hors de Palestine! », « À bas l’État d’Israël! »… les slogans dominaient les manifestations gauchistes. Et Maspéro éditait des histoires de la Palestine et des essais montrant le caractère « révolutionnaires » de la résistance palestinienne. Qui n’avait pas pris position pour la création d’un État palestinien? D’A. Krivine à J.Chirac, de G. Marchais à A. Laguiller, personne ne manquait à l’appel au soutien de la lutte nationaliste palestinienne conduite par G. Habache, N. Yawatmeh et Y. Arafat. Pour les Israéliens, la Palestine leur revenait de droit depuis qu’ils en furent chassés par l’occupation romaine, après 2000 ans d’errance et de persécutions perpétrées sur la diaspora. État national artificiel, Israël, à sa naissance appuyé par les USA, l’URSS et la Tchécoslovaquie, mais plus ou moins en guerre avec la GB qui soutenait ses ennemis égyptiens, se fit rapidement expansionniste. Près d’un millions de Palestiniens partirent et se répandirent dans les États arabes voisins, l’United Nations Refugees Working Aid, UNRWA, les pris en charge. Le peuple palestinien a pour particularité d’être un peuple d’exilés, pendant tragique du peuple juif dont l’exil venait de prendre fin. Et le prolétariat de ce peuple palestinien déraciné devint et la main-d’œuvre bon marché de la bourgeoisie du peuple juif et de sa propre bourgeoisie. C’est pourquoi la notion de « peuple palestinien/peuple prolétaire » n’a aucune considération et ne servit qu’aux visées nationalistes de la résistance palestinienne. En 1970, les Palestiniens étaient au nombre de 1,4 millions, dont 22% dans la bande de Gaza, 19% en Cisjordanie, 35% en Transjordanie, 12% au Liban et 4% en Syrie. Grâce à une fécondité (4,7 enfants par famille contre 2,8% chez les juifs), en 1980, ils étaient estimés à 4 millions, c’est-à-dire autant que de juifs habitant en Israël. On vit l’armée de l’État hébreu détruire à la dynamite, à la grenade explosive et au bulldozer s’emparer des terres des paysans palestiniens. La réaction à cette répression et à cette dépossession ne fut autre que l’Intifada (Soulèvement des pierres) déclenchée en déc. 1987, dont les victimes palestiniennes dépassèrent le millier en 1992. Mais, on vit aussi avec quelle brutalité inouïe la Syrie et la Jordanie, accourues pou soutenir les phalanges maronites, réprimèrent, au printemps 1976, les Palestiniens réfugiés au Liban. Les principaux camps fortifiés que les Palestiniens avaient établis autour de Beyrouth furent écrasés par les phalangistes, les Syriens et les Jordaniens. Particulièrement les Syriens étaient opposés à la formation d’un État palestinien car il n’aurait que compromis leur rêve d’une « grande Syrie » que Hafiz al-Asrad, le maître de Damas, voulait établir dans l’espace compris entre la Méditerranée, le golfe Persique et la mer Rouge, soit le même territoire que la Syrie mésopotamique ottomane. En 1982, comme ministre de la Défense, Ariel Sharon commandait l’invasion israélienne du Liban et ses soldats laissèrent en silence perpétrer le massacre de 2000 palestiniens des camps de Sabra et Shatila. L’armée de Tsahal put alors entrer dans Beyrouth pour éliminer les groupes armés palestiniens. Sous l’impulsion d’Arafat, l’OLP adopta une ligne modérée permettant la signature en 1993, d’un accord de reconnaissance par Israël d’une autonomie palestinienne et, avec l’accord des Américains, le leader palestinien présidait une entité dite « Autorité palestinienne » dont il fut élu président en 1994 et légitimé à ses fonctions par les élections organisées en 1996. À la suite de la visite de Sharon, dirigeant du Likoud le parti juif le plus hostile aux Palestiniens, au Mont du Temple de Jérusalem, un vent de folie meurtrière souffla sur cette ville. L’armée israélienne, équipée sans condition par les Américains, se déchaîna contre les Arabes des Territoires. Madeleine Albright, secrétaire d’État américaine, exigea d’Arafat (Prix Nobel de la paix en 1994) plus de répression à Gaza en Cisjordanie. Le régime répressif et corrompu de Arafat se vit remettre des millions de $ par la Ligue arabe. AUJOURD’HUI En cette mi-juin 2007, Simon Pérès, vieille figure du sionisme travailliste, est élu président de l’État juif par la Knesset, succédant à Moshé Katsav, démis de ses fonctions en raison de viol et de harcèlement sexuels qu’il aurait commis. Doyen de l’Assemblée, Pérès né en Biélorussie il y a quatre-vingt trois ans, avait rejoint la Haganah en 1947 et travaillé étroitement avec Ben Gourion, le fondateur du syndicat Histradout (1920), puis du Parti social-démocrate Mapai et… « père » de l’État hébreu. Considéré comme le bâtisseur de l’économie d’armement du pays, Pérès reçut le prix Nobel de la paix 1994 qu’il partagea avec Arafat et Y. Rabin. Pérès veut personnifier l’unité du peuple. Il a reçu l’appui des rabbins. La population juive a applaudi l’octogénaire, deux fois chef du gouvernement et de nombreuses fois ministre. Dans la bande de Gaza, surpeuplé et misérable, le Hamas islamiste s’acharne à mettre en déroute le Fatah laïque, donc « traître » à ses yeux. Là où sont tombées les places fortes du Fatah, là flotte désormais le drapeau Mahomet, le prophète de Dieu. À Khan Younès, à Gaza et à Jabaliya, les deux factions nationalistes se sont affrontées à coup de mortier et de pilonnage de roquettes. Six jours de batailles entre les deux factions rivales ont fait plusieurs victimes, tant chez les miliciens que chez les civils. La lutte s’est concentrée sur le centre-ville de Gaza lui-même, l’une des ultimes bastions du Fatah qui échappait encore aux militants islamistes. Durant la nuit de mercredi 13 à jeudi 14 juin, de très fortes explosions ont retenti à proximité de la Saraya, le quartier général de la Sécurité nationale, à Tel Al-Hawa, le siège de la Sécurité préventive. Aux abords de la Présidence, le Fatah a perdu la bataille. Les fameux « héros » prêts au martyr ne sont en fait que des chômeurs qui, crevant de faim, se sont enrôlés. Ceux du Fatah, mal payés, n’étaient pas du tout motivés pour aller au feu. Les désertions ont été nombreuses dans ce corps de mercenaires. Une quarantaine d’officiers dont les troupes se sont débandées s’est réfugiée en Egypte, en passant outre le mur érigé sur une zone frontière de Rafah, à l’extrémité nord-ouest de la Péninsule du Sinaï, objet de la guerre israélo-égyptienne de 1967 et évacuée par les Israéliens en 1979 seulement. Tout cela incite les miliciens du Hamas, bien payés et nourris, à jeter à la mer leurs ennemis « impies ». Les dirigeants jusqu’auboutistes du Hamas, forts qu’ils sont d’avoir poussé très loin leurs pions, ne sont pas intéressés par une accalmie. Ils veulent mettre le Fatah knock-out – K.O. Suivant les recommandations du Conseil central de l’OLP, Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne depuis la mort d’Arafat, a décidé, le jeudi 14 juin, de mettre fin à l’expérience de gouvernement d’unité nationale, mis en place à la mi-mars et que présidait Ismaël Haniyed, dirigeant issu du Hamas. Un nouveau gouvernement de même nom a décidé d’instaurer l’état d’urgence qui devait durer 30 jours et au terme duquel il sera demandé aux Palestiniens d’aller voter pour trancher. De son côté, le Hamas a pris le contrôle de la totalité de la bande et de la ville de Gaza, après avoir mené le siège et délogé toutes les places fortes tenues par les troupes restées fidèles au président Abbas, élu démocratiquement en janvier 2005. Mais la même libre démocratie avait porté au pouvoir le Hamas en janvier de l’année suivante, un scrutin que la fameuse communauté internationale avait appelé de ses vœux puis en avait désavoué les résultats pour vice de terrorisme du Hamas. Cette consultation traduisait un net et fort rejet du Fatah en raison de sa corruption et de la gestion subséquemment pourrie de l’Autorité palestinienne, arrosée financièrement par diverses sources bancaires. La population, rackettée, opprimée et étranglée par ce type de dirigeants, se tourna vers l’Iran et demanda aux islamistes purs et durs de solutionner sa misère, nouvelle preuve de l’asservissement des masses à une idéologie religieuse qui légitime l’exploitation de ces dernières par le capitalisme panarabe. Pas plus que le christianisme ou le judaïsme, l’islamisme ne contrevient aux intérêts économiques des classes capitalistes arabes ou perses. Qu’elle soit salafiste (El-Afghani, 1837-1897) ou celle des Ikhwan al-Muslimuun (Frères musulmans), qui en dérive, ou celle des ulémas chiites, cette idéologie est toujours dirigée contre les intérêts des exploités. Ce faux « anticapitalisme » s’accompagne toujours d’un non moins fallacieux « internationalisme pan-arabe » dont Nasser donna l’image la plus parfaite. C’est le « socialisme » des pétrodollars! Plus la bourgeoisie arabe est intégriste, plus elle est capitaliste et plus terroriste en tant qu’elle croit résoudre ses contradictions économiques et politiques au travers de ce dernier. Si nous constatons une recrudescence du terrorisme c’est justement parce que ces contradictions s’aggravent dans l’impérialisme unitaire de l’ordre instable multipolaire. De même espèce que le laïcisme du Baas syrien qui fut au pouvoir et proche de la Russie, le laïcisme du Fatah ne lui donne pas un caractère progressiste. Les combats armés ont opposé deux factions pareillement nationalistes et donc anti-prolétarienne. Elles se sont affrontées pour déterminer à qui reviendrait le pouvoir et qui des deux exploiterait économiquement la population laborieuse. Chacun des deux est ennemi de l’internationalisme, et c’est leur rôle profondément réactionnaire qui écraserait dans le sang une révolution des prolétaires et petits paysans, si jamais il en éclatait une. Mais de longtemps, la région ne verra pas un tel soulèvement et elle restera le brasier impérialiste qu’elle n’a cessé d’être depuis six décennies. Comme dans tous les pays de la planète, le prolétariat est présent en Palestine et quelque bas soit le nombre des usines, ce prolétariat devrait compter uniquement sur la révolution prolétarienne internationale. Toutes les conditions objectives du socialisme au niveau mondial sont réalisées, et depuis longtemps, pour la révolution communiste! 20/06/2007 |
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