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Le socialisme, seul garant du droit à la santé

Eric Smith, Mardi, Juillet 17, 2007 - 15:50

Arsenal-express

Dans la critique du plus récent film de Michael Moore (Sicko) que nous avons publiée notre dernière édition (n° 146, le 8 juillet 2007), nous avons souligné qu'à notre avis, le controversé cinéaste a parfaitement raison d'affirmer qu'un système de santé basé sur l'intérêt privé est en tous points incompatible avec le droit à la santé. Toutefois, le caractère public du système de santé n'offre aucune garantie lui non plus au respect de ce droit fondamental, parce que dans la société capitaliste, la propriété publique demeure soumise aux contraintes du marché et de la rentabilité du capital. C'est seulement sous le socialisme -- une société dans laquelle le prolétariat exerce le pouvoir et l'utilise pour détruire les rapports de production capitalistes et les instruments de domination de la bourgeoisie, et préparer l'avènement d'une société sans classes -- que le droit à la santé sera pleinement respecté. Cette vérité, les expériences historiques de construction du socialisme l'ont amplement prouvée, même si aucune d'entre elles n'est arrivée à terme.

Le cas de la Chine, à cet égard, est particulièrement édifiant. Ce pays pauvre et "arriéré" (selon les normes occidentales) a connu un bond en avant spectaculaire en matière de santé publique suite à la révolution de 1949 et après à peine quelques années d'édification socialiste. Mieux encore, et contrairement à ce que les idéologues bourgeois veulent bien nous laisser croire, c'est pendant la fameuse Révolution culturelle, tant décriée, que les progrès ont été les plus spectaculaires.

On nous donne l'impression que les dix années de la Révolution culturelle n'ont été qu'une période de massacres et de destruction alors qu'en fait, ce fut surtout une grande période de mobilisations et de transformations dans le but de faire primer l'intérêt collectif et d'empêcher qu'une poignée de bourgeois s'accapare du pouvoir d'État pour leur propre compte. À l'inverse, depuis la mort de Mao et le triomphe des partisans de la voie capitaliste (avec leur fameux slogan "Enrichissez-vous!"), les intérêts du peuple ont pris le bord, et la santé en a elle aussi pris pour son rhume.

Dans une série d'articles, le spécialiste en économie politique Raymond Lotta a rappelé à quel point la Révolution culturelle constitue une riche expérience pour le prolétariat mondial. (1) Lotta y souligne notamment que la Chine maoïste a réussi, en quelques années, à faire ce que les États-Unis n'ont jamais été capables, à savoir d'établir un système de santé universel, guidé par des principes d'égalité et de coopération.

Cela fut particulièrement évident durant la Révolution culturelle, avec l'extension des services médicaux et d'hygiène dans les campagnes et la formation des fameux et fameuses médecins aux pieds nus -- cette expérience originale et inédite, basée sur la mobilisation populaire, qui a permis à la Chine de réaliser des progrès spectaculaires en matière de santé.

Entre 1949 et 1976 (l'année où Mao est décédé et où les partisans de la voie capitaliste ont repris le pouvoir), l'espérance de vie en Chine a carrément doublé, passant de 32 à 65 ans! Ce résultat fut atteint grâce à la mobilisation des masses, et parce que le gouvernement révolutionnaire a su mettre ses priorités à la bonne place. Durant la Révolution culturelle, on s'est ainsi assuré que chaque commune populaire et chaque coopérative paysanne dispose d'au moins un hôpital ou une clinique médicale accessible gratuitement, ou presque (le coût moyen des services médicaux et des médicaments pour une famille paysanne était de 1$ à 2$ par année, tout au plus). De grandes campagnes d'éducation populaire, axées sur la prévention, furent également lancées.

Le lauréat du prix Nobel, Amartya Sen, a d'ailleurs calculé que si l'Inde, dont les caractéristiques socio-économiques et la situation sanitaire s'apparentaient à celles de la Chine en 1949, avait appliqué des politiques similaires à la Chine maoïste en matière de santé et d'alimentation, quatre millions de personnes de moins y seraient décédées. (2) Voilà un chiffre qu'on n'entend jamais quand la bourgeoisie fait le décompte des "victimes de la Révolution culturelle", et qu'il faut mettre au compte du véritable fléau du 20e siècle -- celui du capitalisme, de l'impérialisme et du néo-colonialisme.

A contrario, un autre chercheur, Sanjay Reddy, vient de publier une étude qui démontre l'impact négatif que l'introduction des "réformes de marché" a eu en matière de santé depuis la mort de Mao. (3) Bien que l'espérance de vie a continué d'augmenter, sa progression est désormais bien plus faible que celle des autres pays dont les conditions socio-économiques se rapprochent. De plus, l'écart entre villes et campagnes, qui avait presque été résorbé sous Mao, atteint désormais des proportions inégalées (le taux de mortalité infantile, notamment, est 2,8 fois plus élevé dans les campagnes que dans les villes). Bref, comme le dit Lotta, il n'y a pas de doute que le socialisme, c'est bien mieux que le capitalisme...

Chose certaine, connaissant les graves problèmes de santé publique que connaissent les États-Unis (que Michael Moore a si bien illustrés), voire même le Canada (n'en déplaise au cinéaste!), il est clair que le monde actuel a besoin de toute une révolution, et même de plusieurs "révolutions culturelles", pour qu'on puisse enfin reléguer le capitalisme dans les poubelles de l'histoire, avec tous les maux qu'il entraîne!

(1) Raymond Lotta est un militant du Parti communiste révolutionnaire des États-Unis. Il anime le projet Set the Record Straight, qui vise à rétablir les faits sur l'histoire du socialisme et du communisme. Lotta a publié une série d'articles intitulée Le socialisme: bien mieux que le capitalisme -- et le communisme, ce sera encore mieux!, dont les 14 premiers ont été traduits et publiés par Arsenal-express, entre le n° 78 et le n° 116. La version originale anglaise est disponible sur http://www.thisiscommunism.org; quant à la version française, la série complète sera bientôt publiée sur notre site Web (http://www.pcr-rcp.ca): nous en ferons l'annonce dès qu'elle le sera.

(2) Jean Dreze et Amartya Sen, Hunger and Public Action, Oxford, Clarendon Press, 1989, p. 214 (cité par Lotta).

(3) Sanjay Reddy, "Death in China", New Left Review, Londres, n° 45 (mai-juin 2007), p. 49-65, disponible sur http://www.newleftreview.org.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 147, le 15 juillet 2007.
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