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Le Pérou marche contre le néolibéralisme

Anonyme, Vendredi, Juillet 13, 2007 - 00:25

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La plus grande marche anti-gouvernementale qui a été vue depuis les jours préalables à la chute d'Alberto Fujimori en 2000 a débordé les rues de Lima et a pratiquement paralysé tout le sud du Pérou et une bonne partie du centre.

Les demandes des différents secteurs contre le gouvernement embrassent un vaste éventail, qui inclut des demandes d'augmentations salariales, des exigences pour la reconnaissance de droits du travail éliminés, la crainte des maîtres par une nouvelle loi qui, assurent-ils, ouvrira les portes aux licenciements et remettra en cause leur droit de grève, la défense de l'environnement des communautés indigènes qui est affecté par l'activité minière, le rejet par les paysans du Traité de Commerce Libre (TLC) avec les États-Unis qui permettra l'entrée de produits agricoles nord-américains subventionnés, les demandes régionales pour des infrastructures publiques, l'opposition au retrait des bénéfices fiscaux des régions de la jungle, et d'autres demandes de nature syndicale et régionale. Mais toutes confluent sur le même point : le rejet de la politique économique néolibérale et l'exigence d'un changement de direction qui permette de distribuer mieux les gains de la croissance économique dont s'orgueillit le gouvernement mais qui n'arrive pas aux majorités.

Celle d'hier a été une journée de protestation massive qui met le gouvernement en face de sa pire crise peu de jours avant d'accomplir un an. Mardi, le gouvernement a ordonné l'intervention des Forces Armées (FF.AA.) dans un clair geste qui cherchait à effrayer ceux qui pensaient protester dans les rues le lendemain. Le premier ministre, Jorge del Castillo, a clairement menacé. "Guerre avisée ne tue pas de gens", a-t-il prévenu, alors qu'il précisait que les militaires avaient l'ordre de tirer s'ils le considéraient nécessaire. Mais la militarisation annoncée par le gouvernement n'a pas réussi à renverser les protestations. Environ 40 mille personnes ont pacifiquement marché dans les rues du centre de Lima. Les militaires avaient été concentrés pour garder les installations publiques, tandis que la police surveillait de près la multitude.

Bien que le gouvernement eût annoncé que des actes terroristes étaient préparés, ce qui lui a permis de justifier l'ordre de faire descendre les FF.AA. dans les rues, la protestation a été pacifique. Le gros des manifestants était formé par les enseignants en grève depuis une semaine. Mardi, le gouvernement avait assuré que la protestation était limitée à "une minorité radicalisée" et le président Alan Garcia avait qualifié ceux qui remettent en cause son régime de "suicidés, de fous et de picones (mauvais perdants)" et les professeurs de "oisifs". L'agressivité verbale du président et de ses princiapux fonctionnaires a plus stimulé la protestation.

"Maintenant qu'ils disent que nous sommes une minorité", faisait chorus la multitude qui marchait dans le centre de Lima. Et les enseignants ont répondu aux attaques d'Alan García avec des consignes comme "Alan, oisif tu n'as jamais travaillé, tu nous as volés et t'es enfui", rappelant au président les dénonciation de corruption avec qu'il ne termine son premier gouvernement (1985-1990) et son auto-exil postérieur à Paris. "Policier ami, ta marmite est vide, comme la mienne", criait la multitude aux policiers qui surveillaient la marche, qui a culminé avec un meeting sur la place San Martin, dans lequel un des orateurs a été Ollanta Humala, le candidat présidentiel qui a perdu au deuxième tour contre Garcia.

Il y a eu une longue liste d'orateurs, mais tous ont coïncidé dans l'exigence de changement de la politique néolibérale et l'accomplissement des promesses électorales que García a faites durant la campagne électorale, comme, par exemple, restituer les droits du travail, imposer un impôt aux sur-profits des compagnies minières transnationales, renégocier le TLC avec les États-Unis, éliminer la Constitution fujimoriste de 1993 et restituer celle de 1979, entre autres promesses électorales que le président Garcia a oublié.

"Le gouvernement a été malmené par les protestations sociales et il a été incapable de répondre politiquement. Les protestations trouvent leur origine dans la perte de droits du travail et de revenus des travailleurs, qui datent de vingt ans, et que García a offert de corriger mais il ne l'a pas fait. Ses insultes envers ceux qui protestent et appelant les FF.AA. reflètent la direction autoritaire du gouvernement", a signalé à Página/12 Carlos Reyna, politologue et professeur de l'Université Catholique. "Ces protestations sociales sont très sérieuses. Il reste encore quatre ans au gouvernement et les perspectives ne sont pas tout à fait bonnes", remarque Martin Tanaka, analyste politique de l'Institut d'Études Péruviennes.

Carlos Noriega, Pagina/12, 12 juillet 2007.
Traduction: http://amerikenlutte.free.fr


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