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Sarkozy veut infliger un recul social d' ampleur historiqueléniniste-trotskyste, Mardi, Juillet 10, 2007 - 21:11 L'éditorial du numéro 24 du journal Révolution Socialiste, publié par l'organisation trotskyste française Groupe Bolchevik, sur le résultat des dernières élections présidentielles françaises. Sur la base d’une défaite électorale de la classe ouvrière L’homme du capital élu président avec une majorité à sa botte Même si, dans le cadre de la démocratie bourgeoise, les élections n’ont d’autre but que de choisir qui est chargé de mettre en œuvre une politique bourgeoise, l’élection présidentielle est particulièrement mystificatrice en ce qu’elle personnalise le scrutin et favorise les prétentions bonapartistes. La bourgeoisie avait choisi son candidat. Il s’agissait, en l’occurrence, de faire élire Sarkozy, ou à défaut de faire en sorte que l’élection de Royal se produise dans les conditions les moins favorables à la résistance ouvrière. Les quartiers populaires des grandes villes ont voté majoritairement au second tour pour Ségolène Royal, malgré un programme qui n’était pas très différent de celui de son rival. Par contre, comme le montre une étude de TLB pour Paris Europlace, sur les communes comprenant le plus de ménages détenteurs d'actions, la bourgeoisie a identifié Nicolas Sarkozy comme son représentant : L’UMP obtient ainsi la majorité absolue de sièges à l’Assemblée nationale, même si son avance n’est pas aussi importante que son arrogance lui faisait espérer. La victoire électorale de Sarkozy est un coup porté au prolétariat. Sarkozy est mandaté par le capital financier pour infliger à la classe ouvrière des défaites supplémentaires en diminuant la valeur de la force de travail. Elle s’inscrit dans une collusion de plus en plus étroite entre la classe capitaliste et la superstructure politique. Sarkozy est l’homme du Cac 40, il est le petit frère de Guillaume Sarkozy du Medef et il arrange une place à la direction d’Avantis-Sanofi pour son autre frère François Sarkozy ; il est l’ami de Bouygues, propriétaire de TF1, de Dassault, propriétaire du Figaro, de Lagardère, propriétaire d’un vaste groupe de presse dont Paris Match et Europe 1 font partie, de Rothschild, propriétaire de Libération, de Beytout, directeur de la rédaction du Figaro, de Colombani directeur du Monde, de Dassier, directeur de LCI… Faire travailler plus les prolétaires pour faire gagner plus aux capitalistes Un président de la République qui passe la soirée de son élection entouré de son fan-club au Fouquet’s Barrière, l’hôtel de luxe des Champs Élysées, propriété de son ami Dominique Desseigne. Le même président qui part le lendemain à Malte sur le yacht de 60 mètres de son autre ami Vincent Bolloré… Jamais en France un président n’aura affiché aussi ouvertement son intimité avec le business. (Capital, juin 2007) Si le temps de travail est la mesure de la richesse, c'est que la richesse est fondée sur la pauvreté, et que le temps libre résulte de la base contradictoire du surtravail ; en d'autres termes cela suppose que tout le temps de l'ouvrier soit posé comme du temps de travail et que lui-même soit ravalé au rang de simple travailleur et subordonné au travail. C'est pourquoi la machinerie la plus développée contraint aujourd'hui l'ouvrier à travailler plus longtemps que ne le faisaient le sauvage ou lui-même, lorsqu'il disposait d'outils plus rudimentaires et primitifs. (K. Marx, Grundrisse, 1857-1858) La haine de la bourgeoisie française pour Mai 1968 L’élection de Sarkozy suscite l’approbation de la réaction mondiale. Quelques minutes après les résultats, il recevait un appel téléphonique de Bush pour le féliciter. La bourgeoisie française, en occupant l’Afghanistan, le Liban, l’ex-Yougoslavie, soulage l’impérialisme américain et lui permet de concentrer son armada militaire en Irak. Sarkozy a présenté sa victoire comme une revanche contre les dix millions de salariés qui, en mai 1968, ont fait grève et ont défié l’ordre capitaliste, alors qu’il n’avait que 13 ans, trop jeune pour être autorisé à participer à une manifestation contre la lutte des salariés et des étudiants. Alors que tout pouvait basculer, alors que les travailleurs avaient réussi à imposer la grève générale, accompagnés par la jeunesse, il les accuse d’avoir « imposé le relativisme intellectuel et moral… liquidé l’école de Jules Ferry… introduit le cynisme dans la société et dans la politique… abaissé le niveau moral de la politique ». Il assimile les grévistes à des délinquants : « Les héritiers de ceux qui, en mai 68, criaient CRS = SS prennent systématiquement le parti des voyous, des casseurs et des fraudeurs contre la police ». Il rajoute vouloir « tourner la page de mai 68 une bonne fois pour toute » (29 avril 2007). Une victoire de la bourgeoisie facilitée par les directions traîtres de la classe ouvrière Le capital ne doit pas cette victoire à une « droitisation de la société française », il la doit avant tout aux partis ouvriers dégénérés et aux directions des centrales syndicales, qui ont tout fait pour maintenir en place Chirac et son gouvernement, désavoués et battus à plusieurs reprises, et dont Sarkozy était une pièce centrale. La campagne de Royal (PS) visait à nier toute frontière de classe. Qu’il s’agisse de l’embrigadement de la jeunesse, du drapeau français, des insultes au corps enseignant… rien ne distinguait son discours de celui d’un candidat d’un parti bourgeois traditionnel. Elle a également appartenu à plusieurs gouvernements vertébrés par le PS, qui n’ont abrogé aucune mesure réactionnaire adoptée auparavant, notamment le plan Juppé, pourtant combattu par la classe ouvrière. Ainsi, c’est sans aucune honte qu’elle a commencé à courtiser François Bayrou, d’abord dès le lendemain du 1er tour de la présidentielle, en l’invitant à un débat télévisé, puis après le 1er tour des législatives, en lui laissant un message. Ainsi les thèses politiques du révisionnisme… ne visent pas, au fond, à réaliser l’ordre socialiste, mais à réformer l’ordre capitaliste, elles ne cherchent pas à abolir le système du salariat, mais à doser ou à atténuer l’exploitation, en un mot elles veulent supprimer les abus du capitalisme et non le capitalisme lui-même. (R. Luxemburg, Réforme sociale ou révolution ? 1898) Il était d’ailleurs prévisible que le Parti socialiste recueille beaucoup plus de voix que les autres organisations ouvrières, en conséquence de l’élection présidentielle de 2002, qui a vu le candidat du Front national atteindre le deuxième tour au détriment du candidat du PS, et le PS, le PCF, la LCR appeler comme un seul homme à voter Chirac. Le PS a rassemblé, au premier tour, 3 millions de suffrages de plus qu’il y cinq ans : Jospin avait obtenu 6,5 millions de voix le 21 avril 2002 (16,18 % des suffrages exprimés) ; Royal a recueilli 9,5 millions le 23 avril 2007 (25,87 %). Pour le reste du mouvement ouvrier, le candidat du PCF Hue avait obtenu 0,9 million en 2002 (3,37%), Buffet a obtenu 0,7 million en 2007 (1,93 %) ; la candidate de LO Laguiller avait obtenu 1,6 million en 2002 (5,72 %), 0,5 en 2007 (1,33 %) ; le candidat de la LCR Besancenot avait obtenu 1,2 million en 2002 (4,25 %), 1,5 million en 2007 (4,08 %). Le PCF poursuit son inexorable déclin engagé avec la dislocation de l’URSS, qui implique qu’il n’y a pas de place pour deux partis réformistes. Il en est même prêt à s’allier avec un petit parti bourgeois (Les Verts) pour constituer un groupe à l’Assemblée nationale. Le gouvernement Sarkozy-Fillon, un gouvernement de combat Sarkozy a pour ambition de porter à la classe ouvrière et à la jeunesse un coup sévère, sur le modèle de Thatcher qui, en 1984-1985, avait infligé une défaite majeure aux mineurs britanniques, une défaite qui a durablement affaibli le mouvement ouvrier dans ce pays. Sous son gouvernement, se sont multipliées les lois contre le droit de grève, parmi les plus restrictives dans les centres impérialistes (Trade Union Act en 1984, Employment Acts en 1988, 1990 et 1993). Depuis, les salariés doivent voter la grève à bulletin secret, informer leur employeur de la date de leur action et en préciser les motifs. La validité de leur vote est limitée à quatre semaines, sauf accord contraire avec l’employeur. Ce dernier peut demander à la justice de s’opposer à la grève. Si celle-ci est déclarée illégale, l’employeur peut licencier les responsables. Les grèves sont un motif de licenciement. Elles sont devenues fort rares et surviennent lorsque tout est perdu, comme à l’usine General Motors près de Liverpool, juste avant la suppression de 900 emplois. Feu contre les salariés et les chômeurs La clé de voûte du programme de ce gouvernement est le nouveau contrat unique de travail, qui vise à augmenter sensiblement la plus-value relative : il s’agit de modifier brutalement les rapports sociaux, en faveur des patrons et contre leurs salariés. Sarkozy a présenté par petites touches les contours exacts de ce nouveau contrat « plus souple en matière de licenciement économique » (Charleville-Mézières, le 18 décembre 2006). Il « pourrait être rompu par consentement mutuel ». Le programme de l’UMP précise (p. 28) que « les procédures de licenciement [seront] moins longues ». En clair, Sarkozy déclarait lors d’une rencontre avec des patrons de PME le 21 janvier 2007, qu’il entendait s’inspirer du contrat nouvelle embauche : « Le CNE c’est un progrès, il ne faut pas y toucher ». Il s’agit d’instaurer une précarité supplémentaire dans les conditions de travail des salariés, ce qui correspond aux désirs du Medef de mettre en œuvre un « CDI de mission » assorti d’« une modalité de séparation à l’amiable » (Le Monde, 20 juin 2007). Pour y parvenir, la bourgeoisie doit s’en prendre au droit de grève. Il s’agit de mettre fin aux mouvements de la classe ouvrière et de la jeunesse de France qui, cherchant à se centraliser contre le pouvoir, ont régulièrement affronté les gouvernements bourgeois au cours de la période récente (1995, 2003, 2006). Le projet est d’instaurer, à la mode de Thatcher, un vote secret sous contrôle d’huissier dans les entreprises au bout d’un certain nombre de jours de grève. Il est question d’interdire les assemblées générales, les comités de grèves élus, les piquets de grèves, de réduire l’indépendance, voire l’existence, des sections syndicales. À celui qui est contre la grève obligatoire imposée par une minorité, je propose la démocratie par l’organisation obligatoire d’un vote à bulletin secret dans les 8 jours qui suivront tout déclenchement de mouvement social. (N. Sarkozy, meeting à Agen, 22 juin 2006) Alors que les salariés à temps complet ont travaillé en moyenne 38,9 heures par semaine (Enquête emploi, ministère du Travail, 2004), que la majorité des 3,7 millions de travailleurs à temps partiel ne demandent qu’à travailler à temps plein, un slogan central de la campagne exprime le souhait du président Sarkozy : que la classe ouvrière travaille plus, ainsi la bourgeoisie gagnera plus. Cela revient également à mépriser 4 millions de chômeurs (en additionnant toutes les catégories de l’INSEE), 1,25 million de RMIstes, un million de stagiaires non ou très peu rémunérés. D’abord, il est évident que les salariés n’ont pas choisi de faire les quelque 900 millions d’heures supplémentaires déclarées l’an dernier, sans compter celles qui ne le sont pas ; elles leur sont imposées par leur employeur. Ensuite, toute heure travaillée au-delà de la reproduction de la force de travail des salariés est une plus-value. Cette plus-value gratuite, Sarkozy veut en faciliter l’extraction, puisque le projet de loi de son gouvernement prévoit l’exonération totale de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, ce qui correspond à environ six milliards d’euros, qui servaient à financer le salaire différé, et qui ne seront plus versés par les patrons. Sarkozy vise à parachever la loi Fillon de 2003 en liquidant les régimes de retraite des salariés d’EDF, de la SNCF, de la RATP… sous prétexte qu’« il n'y a pas de raison que certains cotisent 40 ans et d'autres 37,5 ans, c'est une question d'équité », ce qui pour Sarkozy signifie « alignement sur le pire ». En revanche, les primes scandaleuses que s’octroient les bourgeois en partant à la retraite, les « parachutes dorés », seraient « subordonnées à certaines conditions de performance » (Le Monde, 8 juin 2007), c’est-à-dire les bons services rendus au capital. À la cantine d’Airbus, à Toulouse, Sarkozy n’a pas manqué de rappeler qu’il n’est « pas choqué par les rémunérations très élevées des grands patrons ». Contre le droit à l’éducation Loin d’être une garantie, la carte scolaire évite cependant une complète ghettoïsation. « J'ai indiqué qu'entre 10 % et 20 % des élèves ne seront plus soumis à la carte scolaire à la rentrée, cela équivaut à doubler le nombre de dérogations existantes », a déclaré Xavier Darcos, le ministre de l’Enseignement scolaire (Le Monde, 31 mai 2007). Darcos compte « engager [sa] suppression progressive » ajoutant qu'« il faudra bien trois rentrées scolaires pour que la carte scolaire actuelle ait disparu ». Il demandera « aux établissements scolaires de veiller à une plus grande diversité sociale et géographique de son recrutement » (Libération, 29 mai 2007). Tout le pouvoir sera laissé à l’arbitraire des chefs d’établissement, alors que, depuis la loi de décentralisation de 2004, la sectorisation ne relève déjà plus de l'État mais des conseils généraux. En liquidant les quelques limites à la ségrégation sociale, déjà à l’œuvre dans le logement, les bourgeois veulent s’octroyer la liberté de grouper leurs enfants entre eux, dans les lycées prestigieux. Que les autres se débrouillent avec l’école sans moyen et le socle minimum de connaissances cher à Fillon. Il est indispensable que les universitaires soient autonomes dans l’exercice de leur profession, mais ce n’est pas ce que veut Sarkozy, qui s'est engagé clairement pour une « autonomie réelle pour les universités… libres de disposer de leur patrimoine et de diversifier leurs financements » (Lettre aux présidents d’université, le 14 février 2007). Le gouvernement a beau déclarer qu’il n’augmentera pas les droits d’inscription, il pourra ainsi en laisser le soin aux présidents des universités qui, pour beaucoup, réclament la hausse. D’ailleurs, en octobre 2006, devant l’UMP, Fillon déclarait : Pour Fillon, il n’existe pas de droit aux études et la ministre Pécresse a fini par lâcher le morceau : « Il est normal que les frais d'inscription augmentent en fonction du coût de la vie, c'est possible d'augmenter les frais d'inscription » (Europe 1, 23 juin). Selon eux, il faut que les jeunes paient pour apprendre. Pendant des générations, le prolétariat s’est battu pour que ses fils et filles accèdent aux savoirs que dispense l’école ; pour garantir cette émancipation, la gratuité des cours est décisive. Contre le droit à la santé L’État doit 11 milliards d’euros à la Sécurité sociale : à coups d’exonération de « charges sociales », de ponctions incessantes dans les caisses de Sécurité sociale, les gouvernements successifs ont organisé le déficit. Sarkozy entend continuer : la santé coûtera de plus en plus cher aux travailleurs. Alors que le forfait hospitalier a été relevé, que chacun paie un euro par consultation de son médecin, que de nombreux médicaments ont été « déremboursés », Sarkozy et l’UMP envisagent d’instaurer une franchise annuelle non remboursable de 50 à 100 euros sur les soins. Poursuite de la chasse aux immigrés Ministre de l’Intérieur, Sarkozy a considérablement aggravé les conditions de vie des immigrés. Le droit au séjour régulier après 10 ans de présence sur le territoire français est supprimé. Le regroupement familial est soumis à des conditions de salaire et de logement. La « validité » du mariage est contrôlée en fonction de son « intensité » et de son « ancienneté ». Les expulsions, les rétentions administratives ont été systématisées. Aux rafles (arrestations massives) s’ajoutent les arrestations à domicile, en préfecture (au moyen de convocations pièges), aux abords des Restos du cœur et jusque devant les écoles. Cette politique vise également à consolider un marché du travail parallèle. Dans de nombreux secteurs (BTP, confection, agriculture, restauration, hôtellerie, services à la personne…) ces travailleurs sans papiers pèsent sur les conditions de salaire et de travail de l’ensemble des salariés de ces secteurs, pour le plus grand profit des employeurs. C’est la délocalisation sur place. Les capitalistes ne sont pas racistes, peu importe la couleur de peau ; tout ce qui leur importe est d’accroître la plus-value extraite. Le projet de loi proposé par Sarkozy exonère de droits de succession 95 % des ménages, ce qui correspond à une somme de 7,3 milliards d’euros, il facilite la donation, permettant à ceux qui en ont les moyens de verser jusqu’à 150 000 euros tous les six ans (au lieu de 50 000 auparavant) à chacun de leurs enfants sans taxation –un cadeau de 1,4 milliards d’euros supplémentaires pour les riches. Créé en 2006, le bouclier fiscal permet aux 450 000 plus riches d’être exonérés d’une partie des impôts qu’ils doivent, et il passera début 2008 de 60 % à 50 % du revenu imposable. Il veut donner le coup de grâce à l’ISF et le rendre purement symbolique. Sarkozy annonce qu’il ne remplacera qu’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Cette mesure équivaut à la suppression de 150 000 emplois sur 5 ans. Il ne s’agira certainement pas de militaires ni de policiers, mais plutôt d’enseignants et d’infirmières, qui risquent de voir leurs statuts liquidés et remplacés par des statuts de droit privé. Avant même les législatives, le gouvernement n’hésitait pas à dévoiler son projet d’augmenter la TVA pour financer la baisse des cotisations patronales. Outre une diminution du salaire différé, il s’agit de prendre aux pauvres pour donner aux riches. Arthuis, qui fut ministre de l’Économie dans le gouvernement Juppé de 1995 à 1997, justifie cette mesure en assurant, sans rire, que les entreprises « auront l'élégance de ne pas augmenter leurs prix de vente » (AFP, 12 juin). Aux lendemains des législatives, Sarkozy a confirmé qu’il mettrait en œuvre cette mesure. Face à la voracité capitaliste, aux attaques incessantes contre ceux qui produisent toutes les richesses, la mobilisation du prolétariat pour se défendre est une impérieuse nécessité. Le gouvernement Sarkozy-Fillon table sur la collaboration des directions syndicales Ils se sont précipités chez Sarkozy avant même son intronisation officielle ! Ils ont assuré qu’ils le jugeraient « sur les actes », comme si son bilan, ses soutiens, son programme, laissaient place au moindre doute. « Espérance » vite douchée par Fillon : Il est pourtant clair que les seules attentes sociales auxquelles Sarkozy est prêt à répondre sont celles de la bourgeoisie. Son objectif, c’est détruire les acquis sociaux, alors, que négocier sinon les modalités de la régression sociale ? Ainsi, à l’annonce de l’instauration du service minimum dans les transports, les directions syndicales ont exigé… que les « négociations » aient lieu par entreprise ou par branche ! Loin de rejeter en bloc ce projet et de mobiliser les travailleurs pour qu’il soit abandonné, les bureaucrates qui tiennent les syndicats vont organiser directement sa mise en place. À l’université, la direction de l’UNEF, principal syndicat étudiant, s’est dans un premier temps plaint de ne pas avoir le temps de négocier : « il serait irresponsable de faire une loi en juillet, cela voudrait dire qu'il n'y aurait le temps pour aucune concertation, aucune négociation », estime Bruno Julliard, président de l’UNEF (Le Monde, 15 mai 2007). La direction de l’UNEF a alors été reçue, le 24 mai, par Valérie Pécresse, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, si bien qu’elle s’est estimée satisfaite que ses « exigences [soient] entendues » (Communiqué, 28 mai 2007). D’ailleurs, quatorze organisations intervenant à l’université, parmi lesquelles l’UNEF, la FSU, la CGT, ont annoncé leur intention d’organiser « rapidement » des « Assises de l’enseignement supérieur » (Communiqué, 24 mai 2007). La direction de l’UNEF veut aller plus loin que le gouvernement : « La modernisation nécessaire de nos universités exige davantage que la seule question de l'autonomie » (UNEF, 30 mai 2007). Le terrain des Assises, c’est celui de la « réforme nécessaire », celui du « diagnostic partagé » : une aide pour le gouvernement. Quant aux directions des fédérations de l’enseignement public, elles ont adoré être reçues à l’Élysée. Elles ont accueilli avec enthousiasme l’abrogation des décrets Robien, en se gardant bien de dire la vérité : le gouvernement peut lâcher aujourd’hui sur les décharges de quelques catégories, parce qu’il a le projet de revoir le temps de travail de tous les enseignants. Il engage d’ores et déjà la multiplication des heures supplémentaires à cette rentrée, tout en supprimant 30 000 à 40 000 postes de fonctionnaires au budget 2008, dont des milliers dans l’enseignement public. Cela n’empêche pas les dirigeants du SNES-FSU, du SE-UNSA, de déclarer qu’ils participeront à la « mission » intitulée « qu’est-ce qu’enseigner au XXIe siècle ? » que Fillon et Darcos vont piloter. De même, les confédérations ont annoncé leur participation aux trois « conférences sociales » que le gouvernement entend réunir à l’automne : conditions de travail et emploi, égalité hommes femmes, pouvoir d’achat. Les Sarkozy, Fillon, Borloo, Hortefeux et consorts sont des ennemis jurés du prolétariat et de la jeunesse. Accepter le titre et le rôle de « partenaires » d’un tel gouvernement, c’est accepter de l’aider à porter ses coups. Sarkozy s’est évidemment félicité d’une aussi large collaboration : Face au MEDEF qui se frotte les mains en entamant les « discussions sur la flexicurité » avec les directions syndicales, face au gouvernement qui n’a rien caché de ses ambitions, imposer le front unique des organisations ouvrières, syndicats et partis, telle est l’urgence. Pour le retrait du projet de loi de privatisation de l’université Le 22 juin, s’est tenue une réunion du CNESER (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche), instance de collaboration gouvernement, présidents d’universités et syndicats, dans laquelle la ministre a présenté le projet de loi dit d’autonomie des universités. Le SNESup-FSU a refusé d’y siéger. L’UNEF et la CGT ont quitté la séance. Parce que la jeunesse en 2006 et 2007 est descendue dans la rue, en France (mais aussi en Grèce ou au Chili), parce qu’elle est disponible pour combattre les plans du gouvernement, les dirigeants syndicaux n’ont pu s’aplatir à la lecture du projet de loi. Maintenant, qu’ils annoncent leur refus de « négocier » le texte, leur rejet pur et simple. Qu’ils s’adressent aux étudiants, aux travailleurs, à toutes les confédérations et fédérations syndicales pour qu’elles appellent à manifester à l’Assemblée nationale le jour du vote. Si le gouvernement passait outre, qu’elles organisent les assemblées générales à la rentrée universitaire pour battre Sarkozy-Pécresse et leur loi. Pour arracher la victoire, le prolétariat a besoin d’un parti ouvrier révolutionnaire Les partis ouvriers traditionnels, le PCF et le PS vont entrer en crise. Pour la deuxième fois, le PS a échoué à l’élection présidentielle, a perdu les législatives. Le PCF est menacé comme parti de masse. Respectueux l’un et l’autre de la Ve République et de la démocratie bourgeoise, les deux partis ouvriers bourgeois s’apprêtent à laisser les mains libres au président élu et à la chambre bleu CRS durant cinq ans. La « 4e Internationale » de Krivine et Besancenot, veut à peu près tout le monde, sauf le PS. Un changement de société nécessite d’enlever des mains des conseils d’administration des grandes sociétés… Être révolutionnaire, c’est œuvrer à la préparation d’un tel changement de société, d’une telle révolution. Pour cela, il faut des instruments, des partis qui représentent l’expérience des classes populaires, la mémoire de leurs luttes, qui en tirent les leçons, qui forment politiquement leurs membres. Il faut donc créer au moins un tel parti… (« Que signifie politiquement le camp des travailleurs ? », Lutte de Classe, mai 2007) Comme Blum et Thorez, Mitterrand et Marchais, Royal et Buffet, LO noie le prolétariat dans le peuple. La pluralité invoquée des partis indique que LO a l’intention de coexister pacifiquement avec le PCF, alors qu’un parti véritablement révolutionnaire ne peut se construire que contre les partis « réformistes », qu’en détruisant l’influence des agents de la bourgeoisie dans la classe ouvrière : L’avant-garde radicale et internationaliste doit se regrouper, construire un nouveau parti sur la base du marxisme, pour sortir de l’éclatement du mouvement ouvrier entre une multitude de courants qui rivalisent en chauvinisme ou en réformisme, pour réaliser le front unique ouvrier, pour renforcer la solidarité des opprimés et des exploités, faciliter la contre-attaque face aux mesures du gouvernement Sarkozy-Fillon, ouvrir la perspective d’un gouvernement ouvrier et des États-Unis socialistes d’Europe. |
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