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Avec 40% d’abstentions aux élections législatives françaises : « La politique se fait au Parlement, pas dans la rue »De ço qui calt, Lundi, Juin 18, 2007 - 14:59
De ço qui calt ?
Nicolas Sarkozy « disposera » d’une majorité parlementaire UMP moins puissante que celle qui avait osé se plaindre d’un « manque d’écoute » de la part de la chiraquie, et grâce à laquelle il avait pu devenir candidat à la Présidence de la République aux dépens du Président en place. Ce n’est sans doute pas pour lui déplaire. Quant aux quelques dizaines de députés de plus dont disposera la « gauche », c’est tout sauf un problème pour le grand maître des transactions « transversales » qu’est le magicien Sarkozy. Dans la perspective d’un forcing en vue de la mise en place d’un Etat européen, les jusqu’au-boutistes en la matière que sont de nombreux parlementaires du Parti Socialiste, voire même de la « gauche de la gauche », seront fort utiles. Plus globalement, j’écrivais dans mon article du 16 juin, à propos des conséquences prévisibles du « service rendu à la gauche » par le ministre Jean-Louis Borloo le soir du premier tour des législatives : « L’apparence de consensus est importante pour faire passer un rouleau compresseur politique et social comme celui qu’on nous prépare ». Tel semble être le scénario qui nous attend. Avec une opposition « constructive », comme l’annonce déjà Ségolène Royal, et qui d’après François Hollande apportera « l'équilibre et le contrepoids indispensable en démocratie ». Mais sur un point essentiel les milieux politiciens ont échoué : le 17 juin, l’abstention aux élections législatives a battu un nouveau record historique. Signe évident d’une défiance générale du pays envers ceux qui le gouvernent depuis des décennies, toutes tendances politiques confondues. et plus forte qu’avant.
Mais « La politique se fait au Parlement, L’opposition de Monsieur le Président a pu améliorer sa situation ces derniers jours grâce à une « bourde » apparente de Jean-Louis Borloo le soir du 10 juin. Ce qu’un habitué du Siècle comme Serge July a appelé « la première boulette » de l’équipe Sarkozy, mais qui peut appeler un certain nombre d’interrogations, tellement c’est tombé à pic pour permettre à la « gauche » de faire campagne contre l’abstention. Dimanche soir, à l’adresse des militants, Jean-Pierre Raffarin a commenté : « La TVA sociale nous a fait perdre 60 députés. (...) On ne peut pas poser cette question entre les deux tours, ce n'est pas un sujet que l'on peut traiter en une minute trente ». Ce qui en dit long sur ce que sont vraiment les campagnes électorales dans les « démocraties » du capitalisme. Mais la « bourde involontaire » n’est pas la seule lecture possible des faits. A-t-il pu s’agir d’un « coup de pouce » donné à la « gauche », entre deux tours des législatives, pour combattre le retour inattendu d’une abstention de presque 40% qui constituait même un record historique et qui dérangeait ? Des mauvaises langues y ont pensé. La « gauche » a en effet profité de l’incident sur la « TVA sociale », très diligemment amplifié par médias et instituts de sondages, pour crier au « grand danger » et traiter de suicidaires ceux qui refusaient d’aller voter. A l’occasion des présidentielles, au premier tour comme au second, les politiques du système étaient unanimes pour crier au « triomphe de la démocratie » que représentait, d’après eux, le faible taux d’abstention. A-t-on voulu, au vu du résultat du 10 juin qui remettait ce « succès » en cause, aider la « gauche » à combattre le « fléau de l’abstention » ? Si c’est le cas, le magicien de Sarkoz et ses docteurs en pensologie n’avaient sans doute pas prévu ce qui s’est vraiment produit. Globalement, le taux d’abstentions n’a pas été amoindri par la progression électorale du Parti Socialiste. Il a même été supérieur (40.01%) à celui du premier tour. Au point d’établir un deuxième record historique dont « nos » politiques se seraient volontiers passés. Ce phénomène a amplifié la perte de députés de l’UMP. Ce que la « gauche » a pu récupérer a été « perdu » ailleurs. On est loin du triomphalisme affiché par les professionnels de la politique française à l’occasion des présidentielles. Mais comment expliquer un tel changement entre les 22 avril et 6 mai d’une part, et les 10 et 17 juin de l’autre ? Pour amener les Français aux urnes à l’occasion des dernières élections présidentielles, les spécialistes de ce type de mise en scène on effectué un travail remarquable. Ils ont également déployé des moyens très conséquents et disposé d’un total soutien des médias. Trois candidats des principaux partis (Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou) ont été présentés comme les représentants de la « génération nouvelle » qui « vous traitera d’une autre façon ». En faisant miroiter la solution miracle d’un « changement de la manière de gouverner », on a fait passer l’idée que « cette fois-ci, cela vaudra le coup de se déplacer ». En même temps, la « gauche de la gauche » a entrepris très tôt de mener une campagne contre l’abstention et de proclamer la nécessité de voter pour Ségolène Royal au second tour. La déclaration de candidature de José Bové renvoyait même, dos à dos, l’abstention et le « vote Le Pen ». Et qui pouvait prétendre que les candidatures sont verrouillées par les 500 signatures, si même le « terrible Bové » parvenait à passer ce barrage ? Au « centre », la candidature de François Bayrou était également une candidature « anti-abstention ». De surcroît, tous les candidats s’en prenaient à la « pensée unique » avec une rare unanimité. Sauf que chacun accusait « ceux d’en face » d’en être les porteurs. Etc... Mais sans doute, vers la fin des présidentielles et surtout après le second tour, les citoyens ont pu voir de plus en plus clairement comment la politique politicienne de toujours refaisait surface. Quelques jours avant le 6 mai, la plupart des parlementaires UDF, qui avaient soutenu au premier tour le grand pourfendeur de la « pensée unique » et du « bipartisme » qu’était François Bayrou, ont couru rallier Nicolas Sarkozy pendant que Bayrou amorçait un rapprochement avec l’autre représentante du même système tant décrié qu’était Ségolène Royal. Plus gros encore : après le 6 mai, on a vu la « grande personnalité de gauche », « pure-pure » et « vraiment très bien » Bernard Kouchner rejoindre un gouvernement du « Sarko facho » de la propagande militante de la « gauche ». Quant au « largage » du Modem par les milieux influents après le premier tour des présidentielles, on peut penser tout simplement que, les « urgences européennes » et antisociales étant ce qu’elles sont, il n’y avait pas lieu, du point de vue de l’oligarchie, d’entreprendre la création d’un nouveau grand parti du système. Les deux partis existants (UMP et PS) font largement l’affaire. C’est précisément le Parti Socialiste qui a été le grand bénéficiaire des revirements du second tour des élections législatives. Et ainsi de suite... Quel crédit accorder aux discours des politiques ? Le même que d’habitude : aucun. Et la relation des évidences pourrait être beaucoup plus longue. Normal, donc, que l’abstention soit de retour et batte même des records. Une épine dans le pied de ceux qui comptent faire endosser par les parlementaires un large éventail de mesures contestées par les citoyens. Y compris, un nouveau Traité Européen. Mais sans doute, la meilleure définition des actuelles relations politiciennes entre la « droite » et la « gauche » réside dans cette exhortation adressée, le soir du 17 juin, par les dirigeants sarkozistes à ceux du PS. En somme : « Bon, maintenant que vous avez plus de 200 députés, on espère que vous ferez la politique au Parlement et pas dans la rue ». Ce qui ne s’est heurté à aucun démenti de la part des représentants de l’ « opposition constructive ».
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