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La justice bourgeoise veut criminaliser la résistance autochtoneEric Smith, Dimanche, Mai 20, 2007 - 21:42
Arsenal-express
Le 22 mars dernier, des membres de la nation mohawk bloquaient l'accès à une carrière de gravier localisée dans la baie de Quinte, sur le territoire de Tyendinaga situé près de Belleville, dans le sud-est de l'Ontario. Au cœur du litige se trouve un projet de développement immobilier sur des terres qui font l'objet d'une négociation entre le conseil de bande et le gouvernement fédéral. Le problème, c'est que même si le gouvernement a reconnu le bien-fondé des revendications de la nation mohawk sur cette portion de territoire, les négociations piétinent depuis déjà plusieurs années. Et pendant ce temps, des promoteurs véreux continuent à exploiter les terres de la nation mohawk, dont cette fameuse carrière de gravier. Après quelques jours de blocus, les Mohawks ont décidé de frapper un grand coup, en paralysant la circulation ferroviaire sur la ligne de chemin de fer qui relie les villes de Kingston et Toronto pendant plus de 30 heures. Du coup, c'est tout le transport des marchandises effectué par le Canadien National qui s'en est trouvé affecté, au grand dam de la grande bourgeoisie canadienne. La riposte de l'État canadien ne s'est pas fait attendre: injonction contre les manifestantes et manifestants, intervention policière et surtout, campagne raciste et hystérique dans les médias capitalistes contre ceux et celles qui ont osé "porter atteinte au bon fonctionnement de l'économie canadienne" (alors que personne, parmi ces âmes sensibles, ne s'est jamais intéressé aux conditions économiques des membres des Premières nations). Rapidement, les attaques des bien-pensants se sont portées sur celui qui agissait comme porte-parole des manifestantes et manifestants, le militant Shawn Brant. Celui-ci est connu et admiré de centaines et de milliers de pauvres et de sans-abris à Toronto, qu'il a défenduEs avec constance et détermination alors qu'il militait au sein de la Coalition ontarienne anti-pauvreté (l'Ontario Coalition Against Poverty, ou OCAP). C'est l'un des trop rares artisans de l'unité entre l'ensemble des oppriméEs qui cohabitent sur le territoire canadien et à ce titre, il est devenu une cible de choix pour la bourgeoisie. Le 3 mai dernier, Shawn Brant a donc été traîné pieds et poings liés devant un tribunal ontarien -- un tribunal étranger à la nation mohawk -- pour y faire face à des accusations de méfait, d'avoir désobéi à un ordre de la Cour et de bris de conditions. On rapporte que la décision de porter des accusations contre Shawn Brant aurait été prise personnellement par le commissaire de la police provinciale ontarienne, Julian Fantino (mieux connu sous le sobriquet de "petit Mussolini"). Comme le souligne avec beaucoup d'à-propos la militante mohawk bien connue Kahentinetha Horn, l'État colonial est bien plus prompt à porter des accusations criminelles contre les membres de la nation mohawk que lorsqu'il s'agit de s'en prendre à ceux et celles qui sont responsables du génocide des peuples autochtones, du vol de leurs terres et de la destruction de leur environnement. Le Canada a attendu que les pédophiles qui ont abusé d'enfants dans les pensionnats autochtones meurent avant de daigner commencer l'enquête sur ces abominables crimes. Et encore, les autorités continuent à laisser traîner l'affaire, en souhaitant sans doute que les victimes mourront à leur tour et ne pourront plus réclamer compensation... Parallèlement aux accusations criminelles contre Shawn Brant, le CN a également entamé une procédure civile contre le conseil de bande de la baie de Quinte, Shawn Brant et deux autres Mohawks, à qui ils réclament pas moins de 108 millions de dollars de dommages pour le blocus de la ligne de chemin de fer! Que le CN puisse réclamer des pertes aussi considérables pour l'exploitation de terres pour lesquelles l'entreprise n'a jamais même payé un seul cent de redevance en dit long sur l'ampleur du vol des territoires autochtones opéré par la grande bourgeoisie canadienne. Ce branle-bas de combat sur la scène judiciaire a certainement quelque chose à voir avec la décision prise par l'Assemblée des premières nations d'appeler à une journée d'action ayant pour objectif de perturber l'économie canadienne le 29 juin prochain. Ce jour-là, des centaines et des milliers d'actions du type de celle que les Mohawks de Tyendinaga ont réalisée à la mi-avril pourraient se multiplier d'un bout à l'autre du pays, i.e. partout où on retrouve des peuples et nations autochtones dont les droits ont été spoliés par le développement du capitalisme canadien. Le récent rapport publié par un comité du Sénat canadien a montré que la procédure de règlement des "revendications particulières" des nations autochtones ne fonctionne pas. Au mieux, ce n'est qu'un moyen pour l'État canadien de gagner du temps avant de devoir réellement s'attaquer au problème; au pire, ce processus interminable vient conforter la poursuite du génocide des populations autochtones. Que celles-ci décident d'agir avec les moyens qui sont à leur disposition et que ce faisant, la tranquillité et la bonne marche des affaires de la bourgeoisie s'en trouvent affectées n'est finalement qu'un juste retour des choses. Autodétermination pour les premières nations! -- Article paru dans Arsenal-express, nº 139, le 20 mai 2007.
Site Web du Parti communiste révolutionnaire
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