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Vers une latino américanisation de la France ?Anonyme, Mardi, Avril 24, 2007 - 14:50
A. Montes
Les événements récents de la campagne présidentielle française nous montrent que la vie politique dans le pays de la « fraternité, la liberté et l’égalité » est en train de changer. Un discours marqué par le rejet de l’autre et clairement franco-français (« la France pour les Français » était son mot d’ordre), qui a trouvé écho dans l’esprit d’une partie des électeurs, au point qu’il est largement repris par l’UMP dans la campagne en cours. Les événements récents de la campagne présidentielle française nous montrent que la vie politique dans le pays de la « fraternité, la liberté et l’égalité » est en train de changer. D’abord parce qu’en 2002, M. Le Pen, président du Front National (F N), parti d’extrême droite, est passé au deuxième tour de la présidentielle, aux dépens du parti socialiste (PS) représenté par M. Jospin, avec un discours nationaliste et clairement xénophobe. Un discours marqué par le rejet de l’autre et clairement franco-français (« la France pour les Français » était son mot d’ordre), qui a trouvé écho dans l’esprit d’une partie des électeurs, au point qu’il est largement repris par l’UMP dans la campagne en cours. Mais le paysage politique français vit également un autre changement : pour la première fois depuis le vote des femmes (1944), dans le pays de mai 1968, qui a nourri et installé les discours féministes de tout une génération , une femme, Mme Royal, a une chance réelle d’être élue présidente du pays . Durant cette campagne de 2007 le discours qui plaide pour la suspicion face aux immigrés et aux personnes non intégrées est plus que jamais un bastion important de la proposition de l’un des deux candidats du deuxième tour, M. Sarkozy (président de l’UMP). Son appel à créer un Ministère de l’immigration et de l’identité nationale choque tous ceux qui se sont battus pour consolider une république laïque, fondée sur des valeurs politiques et étrangère aux discours identitaires qui ont fait tant de mal à l’Europe du XXème siècle. Son discours démagogique qui n’est pas accompagné d’un engagement social est condamné à l’échec, car les Français seront vite mécontents. L’idée de voir la France démanteler son système de protection sociale chagrine tous ceux qui comme moi croient encore à la politique comme seule sortie face aux dérives du système économique financier qui a laissé ailleurs des Etats dépouillés et abandonné leurs populations à leur sort en affirmant que la pauvreté est le résultat d’un choix de vie malheureux fait par les individus et non le résultat d’un choix politique des gouvernements. L’Etat que propose la droite française d’aujourd’hui - toutes tendances confondues - est un modèle de société dans lequel l’Etat est minimaliste (ses efforts étant centrés presque exclusivement sur la « sécurité ») et son gouvernement déresponsabilisé. L’Amérique Latine (héritière de l’horizon sociopolitique et culturel occidental et souvent laboratoire des expériences politiques libérales) a déjà vécu cette libéralisation du marché avec sa promesse de croissance économique, cette ouverture et cette modernité tant vantées par la droite française, notamment l’UMP. Une décennie plus tard, pour l’Amérique Latine le paysage est décevant car les Etats ont été piégés par la logique vorace du Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale. Aujourd’hui les ressources primaires comme l’eau, le gaz et le pétrole sont entre les mains des multinationales. Elles été vendues au nom du progrès économique et social des populations. Ce n’est pas pour rien qu’aux espoirs latino-américains des années 90 ont succédé de véritables crises économiques et sociales animées d’en bas par des populations déçues. Même l’Argentine, présentée dans ces années-là comme un exemple de réussite et d’ouverture économique néolibérale, a vu en 2001 l’affaiblissement des droits sociaux, rendant aigue une situation d’exclusion, de pauvreté et de marginalisation économique et politique. Plus récemment encore, la « révolution bolivarienne » d’Hugo Chavez, ou l’ascension au pouvoir d’Evo Morales, sont l’expression du rejet brutal de la politique économique néolibérale. Les électeurs français n’ont pas encore compris que la France et son système démocratique républicain restent dans le monde le référent d’une autre façon de vivre dans le capitalisme mondialisé tout en gardant le respect pour les acquis sociaux défendus par le discours humaniste, en cohérence avec les droits de l’homme. Si le 6 mai les électeurs français choisissent le candidat de l’UMP avec le même taux de participation qu’au premier tour (85%), le message qui sera envoyé au monde ne sera plus seulement celui d’une société démocratique, mais aussi celui d’une société qui méprise la richesse de la diversité culturelle, qui a fait sa grandeur dans le monde politique et social international. A.M
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