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Tout le monde est illégal!clara bow, Vendredi, Mars 2, 2007 - 14:18 La Déclaration en réponse au débat sur les « accommodements raisonnables », texte qui a circulé sur différents sites amis ou proches de la mouvance libertaire québécoise est insatisfaisant. La confusion des thèmes, la fausse objectivité du vocabulaire et la faiblesse argumentative font paraître trop souvent combien les signataires de ce texte sont radicalement étrangères à toute problématique de changement révolutionnaire dans le cadre de la société nord-américaine alors que ce n’était peut-être pas le but de ce texte, mais son contraire qui pensait s’y affirmer. Il y a en effet beaucoup de maladresses de style, d'approximations, de formules nébuleuses dans cette déclaration. D’emblée, nous voudrions signaler qu’il n’y a pas de pensée spécifiquement féminine comme ce texte pourrait le laisser croire, qu’il n’y a ici ou là que des êtres qui, se sentent un jour obligés d’enfreindre les limites qu’on leur a assignées, de lutter contre la vie caricaturale qu’on leur impose et que le seul espoir d’en finir avec cette vie aliénée réside dans la détermination à forcer les perspectives telles la séparation des sexes et les rôles sociaux et non à les reconduire dans des pratiques identitaires parcellaires. Les hommes de « Personne n’est illégal » sont, eux aussi, légitimement concernés par les justes inquiétudes que suscitent l’actuel débat protectionniste et xénophobe au Québec. Où sont-ils ? Jusqu’à ce jour les pratiques du collectif « Personne n’est illégal » ne semblaient pas pouvoir être revendiquées par une tendance ou un genre identitaire plutôt qu’un autre et les échos de la différence, culturelle, sexuelle, identitaire, linguistique même, n’y étaient pas détournés pour servir les incertitudes d’un parcours féministe qui se réécrit en mensonge sur un autre. Dans ce cadre la question de la participation et de la créativité de tous dans ce regroupement, et non seulement selon leur sexe ou leur genre, se pose avec acuité. C’est ce qu’en d’autres termes, on définit comme la question de l’autonomie individuelle. La mise en avant de l’identité et du genre, en l’absence d’une véritable critique de la totalité sociale, demeure incapable de détruire la domination rationnelle contemporaine et rend particulièrement malaisée une véritable souveraineté individuelle sur tous les aspects de la vie. La seule signature par des femmes « racialisées et migrantes » réduit considérablement la portée d’un tel texte et la parole féminine mutilée se fait inutilement mutilante, spécialisée, dogmatique ; elle prouve une division sexuelle qu’on ne s’attendait pas à trouver dans un collectif préoccupé de solidarité et de légalisation pour tous. L’invocation fourre-tout d’un féminisme intégrateur et non révolutionnaire n’est qu’un triste moyen de camoufler la même misère entretenue et camouflée par la phallocratie. Chaque prise de position publique implique un minimum de cohérence et une certaine radicalité sur le terrain social. Elle doit être à même de faire sentir assez précisément les modalités qui permettraient de développer une conscience critique unitaire. Comme en France avec Le Pen, si les medias audio visuels contribuent à la banalisation du discours raciste et xénophobe, c’est parce qu’ils sont devenus des drogues dans la société, une couverture sécuritaire pour les gens et une diversion et une substitution à l’authenticité et à la vie réelle. Il faut alors regarder leur stratégie de plus près. L’impact donné par les médias à cette minable affaire d’Hérouxville et l’écho médiatique impulsé aux « accommodements raisonnables » contribuent à affermir en technique de l’isolement, un lieu idéologique qui maintient et renforce la séparation pendant que nous vivons partout un total écroulement de la communication entre les gens. De tels lieux de perte sont pour le moment créateurs de réponses stéréotypées de niveau superficiel comme il est aisé de le constater partout, y compris dans les milieux radicaux. Chaque jour un nouveau lieu de séparation est construit par les médias où des stratégies individuelles borgnes se mettent en place au détriment des solidarités nécessaires. Nous relevons dans la « Déclaration en réponse au débat sur les « accommodements raisonnables » une multitude de termes qui, de la sensibilité indignée (nous sommes outrées) au caractère péremptoire des affirmations mêlent la force obsessionnelle d’une répétition (nous affirmons, nous rejetons, nous célébrons, nous dénonçons, ect.) qui s’efforce de compenser une absence accablante d’arguments solides, de réflexion critique et une carence de volonté de dépasser la seule contestation admise et suggérée par la situation. Face à cette très insuffisante « Réponse au débat sur les accommodements raisonnables », nous pensons qu’une vraie réponse a encore à être écrite, et nous croyons qu’une contribution efficace ne peut faire l’impasse sur le contexte générateur d’une telle déclaration : globalement l’opacité théorique de toute simple contestation. Nous ne désavouons nullement la générosité et le désir d’en découdre de plusieurs camarades qui militent à leur façon dans « Personne n’est illégal », mais nous pensons qu’il est temps de corriger une sorte d’impunité théorique au simple regard de la beauté du geste, de l’activisme romantique, même habités de nécessaire solidarité et d’entraide. Il est vrai, mais ce n’est guère une consolation, que ce qui ressort le plus de ce texte, le respect des croyances religieuses, ne semble pas particulièrement pire dans le contexte actuel que la confusion théorique que l'on constate si souvent ou l'activisme à tout crins. Il faut dorénavant avoir en tête l’exigence minimum de formuler un véritable débat d’idées à Montréal et ailleurs. C’est le sens de cette réponse à la « Déclaration en réponse au débat sur les « accommodements raisonnables ». titu...@yahoo.fr
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