|
Référendum: Strike 3 ou réfléchir à la question nationaleChristian Montm..., Mercredi, Janvier 24, 2007 - 12:01
Christian Montmarquette
Las des multiples aléas qui entourent et paralysent la question nationale au Québec j’ai relancé autour de moi l’idée de l’élection référendaire. Contre toutes attentes quelle ne fût pas ma surprise de constater que forts nombreux sont ceux et celles qui seraient en faveur d’une telle approche. Je vous remets donc cet exposé en précisant qu’il ne s’agit pas d’une idée arrêtée mais d’un texte de réflexion pour tenter d’aborder les choses d’un autre angle. Lundi 22 janvier 2007 Référendum : Strike 3 Par : Christian Montmarquette Las des multiples aléas qui entourent et paralysent la question nationale au Québec j’ai relancé autour de moi l’idée de l’élection référendaire. Contre toutes attentes quelle ne fût pas ma surprise de constater que forts nombreux sont ceux et celles qui seraient en faveur d’une telle approche. Je vous remets donc cet exposé en précisant qu’il ne s’agit pas d’une idée arrêtée mais d’un texte de réflexion pour tenter d’aborder les choses d’un autre angle. Sortir de la dialectique « fédérale / provinciale » D’attaque, je dirais comme sans doute beaucoup de mes camarades qu’il est plus que temps de sortir de cette polémique fédérale / provinciale et de mettre à l’avant plan le débat gauche / droite qui soulève des questions tout autant, sinon plus cruciales que le sont l’éradication de pauvreté, le logement, la justice sociale, l’écologie etc. Mais avec l’émergence d’une gauche politique indépendantiste comme celle de Québec Solidaire, le temps est aussi venu de réviser la question nationale et l’angle avec lequel nous avions traditionnellement l’habitude de l’aborder ; j’irais même jusqu’à dire, avec lequel nous avons été «pollué» intellectuellement avec l’approche opportuniste péquiste. Une stratégie passive, attentiste, alourdie du boulet de l’étapisme. N’est-il pas en effet quelque peu confondant qu’un parti politique dont une des missions fondamentales consiste à la réalisation de l’indépendance ne s’empresse pas procéder une fois rendu au pouvoir ? Distinguer « statut national » et « projet de société » À mon sens, l’indépendance n’est ni un programme politique ni un projet de société. C’est une question «à part», de changement «structurel». Pour faire une analogie avec les partis politiques, il s’agit d’une question «statutaire» et non d’une question «programmatique». Lier ces deux questions ne revient-il pas à mêler chèvre et chou et à nous enfermer dans une logique où il faudrait «tout» prévoir avant de bouger ? Mission impossible. La société est une chose vivante et en constante évolution et il ne faut pas confondre le char avec la destination. L’important en cette matière étant l’accession à l’indépendance. Pourquoi ne serait-t-il pas possible par la suite de poursuivre les combats de gauche nécessaires et de décider collectivement et progressivement de ce que nous désirons faire avec ce nouvel état ? Ceci, afin qu’une cause destinée à libérer la nation ne contribue à la bloquer d’avantage. Car des indépendantistes, il y en désormais tout azimut, à gauche comme à droite 4. C’est pourquoi ils ne peuvent ni ne doivent se réunir dans un même parti politique tel que le préconise la stratégie opportuniste du PQ. Il faut sortir la gauche de cette la promiscuité politique qui la met en éternelle situation minoritaire, comme c’est le cas pour le SPQ-Libre actuellement. Pour faire débloquer les choses ne serait-t-il pas avantageux que Québec Solidaire déclare qu’un vote pour Québec Solidaire équivaut à un vote pour l’indépendance ? Et le PQ de son côté ne devrait-t-il pas faire de même ? Car il serait ensuite possible d’additionner les votes indépendantistes et de procéder à la réalisation de notre pays. En cela, nous offririons un choix stratégique capable de nous faire avancer et même de rapatrier les souverainistes de gauche déçus par le PQ familièrement appelés les « PQ déçus ». Des élections référendaires ? Why not… Il y a plus de 30 ans que ça bloque et que ça tergiverse sur la question nationale et je crois qu’il est peut-être temps de revoir notre façon de faire. Je me sens comme plusieurs autour de moi devenir de plus en plus impatients sur cette question et je le suis en regard de notre histoire et de nos multiples batailles. Je suis intransigeant parce que comme le martelait Paul Cliche lors des élections complémentaires de Mercier en 2001 « Le PQ tente de nous faire croire qu’il est propriétaire de la souveraineté mais en fait il se sert de la question nationale pour se faire élire ». Le PQ aurait toujours dû exiger qu’un vote pour le parti équivaille à un vote pour l’indépendance puisque le jeu de l’alternance lui aurait sans doute permis tôt ou tard la prise du pouvoir. N’aurait-t-il pas alors été en mesure de proclamer cette indépendance prétendument tant souhaitée ? Mais nous connaissons maintenant les déroutes que la question nationale a subies d’abord avec le concept du « bon gouvernement » de 1976, de l’étapisme de Claude Morin, des conditions gagnantes de Lucien Bouchard et des 1000 jours de Bernard Landry. En se prenant « lui-même » en otage plutôt que de prendre la question nationale en caution, le PQ n’aurait-il même pas pu conserver une certaine virginité politique ? Référendum : Strike 3 : La gueule de bois souverainiste Ne nous mettrons-nous pas nous-même les bâtons dans les roues et la tête sur le billot avec un troisième référendum plutôt qu’avec des élections référendaires ? Il n’y a eu nul besoin d’un « référendum » pour faire entrer le Québec dans la constitution canadienne pourquoi y aurait-il besoin d’un « référendum » pour en sortir ? Ne risquons-nous pas beaucoup si nous continuons de nous entêter dans la voie du suffrage universel ? En tous cas, il y a de fortes raisons de croire que l’effet négatif d’une troisième défaite référendaire serait dévastateur. Cela ne risque-t-il pas de planter définitivement le projet ? Ne nous rendrons-nous pas très vulnérables aux attaques fédéralistes qui auront beau jeu de nous dire qu’après trois raclées consécutives nous devrons désormais nous résigner une fois pour toute ? Ce qui n’est pas le cas en mettant l’indépendance dans l’objectif clair d’un parti. La seule défaite possible étant la défaite du parti lui-même. Dans les opposants, il y aura sans doute ceux qui affirmeront qu’on ne parviendra pas à vendre l’indépendance si elle n’est pas assortie d’un projet de société. Alors proposons-en un tout de suite à Québec Solidaire un projet de société. Cela aurait au moins l’avantage de nous dire un peu d’avance de quel projet, il s’agit plutôt que de nous en remettre à un «melting pot» gauche / droite que risquerait d’être une assemblée constituante. Mais fondamentalement, est-il bien stratégique d’assujettir l’indépendance à un tel processus avant d’agir alors que l’on sait que la société est actuellement clivée sur ses valeurs ? C’est pourquoi je préconise la simple accession à un nouvel état et ensuite une telle délibération car il serait déjà une grande victoire de libérer le Québec de l’hégémonie canadienne. Et cela ne laisse-t-il tout de même pas la voie ouverte aux batailles progressistes sans avoir à combattre par-dessus le marché l’État canadien ? Respecter le peuple ou la démocratie Et encore, quelle démocratie ? Il est à se demander si le choix de la forme même de démocratie à emprunter ne constitue pas elle aussi un important combat politique. Nous sommes une nation et avons le droit nous défendre ; de défendre la survie de notre peuple, de notre langue et de notre culture. En conséquences, n’avons-nous pas aussi le droit de choisir les instruments démocratiques pour le faire ? La quête de l’indépendance est une rude bataille. Nous n’en avons été que trop témoins en 1995 où le gouvernement fédéral a procédé sans enquête ni délai à la naturalisation prématurée de 42 375 immigrants qui ont reçu leur citoyenneté à toute vapeur tout juste avant le référendum1. Autre pirouette démocratique, d'anciens résidents du Québec ayant déménagé dans une autre province ont été recherchés et au moins 50 000 personnes ont réussi à voter sans être détentrices d’une simple carte d’assurance-maladie 2. En ce qui concerne le financement référendaire, les comités du OUI et du NON disposaient d’un budget maximum de 5 millions de dollars, toutes autres dépenses étant illégales. Pourtant le gouvernement fédéral a dépensé plus de 30 millions en propagande fédéraliste, inondant les ondes et monopolisant les panneaux publicitaires durant la campagne référendaire. Des dépenses trois fois plus élevées que celles des deux comités réunis3. Ce qui rend d’ailleurs à peine compréhensible que le PQ n’ait même pas pris la peine de contester les résultats. Dans le contexte d’une lutte aussi coriace, la prise du pouvoir par un parti indépendantiste «ou» la comptabilisation de 50% + 1 des votes pour l’ensemble des partis indépendantistes ne semblent-t-ils pas être largement suffisants pour légitimer l’accession d’un peuple à son destin historique et à satisfaire les besoins de la démocratie ? Car actuellement c’est 40 000 à 45 000 nouveaux arrivants qui débarquent chaque année au Québec et il y a fort à parier qu’ils soient plutôt frileux face à la question nationale. Quant à l’idée de l’Assemblée constituante qui s’approche étonnamment du concept du référendum de 1995 5 même si elle n’est pas à rejeter du revers de la main, ne contribue-t-elle pas elle aussi à assujettir ce processus à une « étape » supplémentaire sans garantir pour autant des résultats à gauche ? De ce côté-là il m’apparaît qu’il y ait encore bien loin de la coupe aux lèvres car cela supposerait que Québec Solidaire prenne le pouvoir pour imposer cette idée, ce qui ne me semble pas pour demain matin. Ne vaudrait-il pas mieux alors appliquer une solution qui aurait au moins l’avantage d’additionner les forces indépendantistes en plus d’éliminer la possibilité d’un troisième référendum perdant ? Références : Article traitant du même sujet : « Sortir du cul de sac politique » Christian Montmarquette 1 « Le référendum volé » Julien Breault 2 « L’argent d'Ottawa» Phillippe Descamps 3 Référendum de 1995 au Québec Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_de_1995_au_Qu%C3%A9bec 4 «La tentation souverainiste » Radio –Canada 19 janvier 2007 5 Voici ce qu disait l’article 6 du projet de loi sur la constitution du référendum de 1995 : Procédures de nouvelle constitution de 1995 : (…) 6. Un projet de nouvelle constitution sera élaboré par une « commission constituante » établie conformément aux prescriptions de l'Assemblée nationale. Cette commission, composée du nombre égal d'hommes et de femmes, sera formée d'une majorité de non-parlementaires et comprendra des Québécois d'origines et de milieux divers. Les travaux de cette commission doivent être organisés de manière à favoriser la plus grande participation possible des citoyens dans toutes les régions du Québec, y compris, au besoin, par la création de sous-commissions régionales. Le projet de la commission est déposé à l'Assemblée nationale qui en approuve la teneur définitive. Ce projet est ensuite soumis à la consultation populaire et devient, après son approbation, la loi fondamentale du Québec. (…)
|
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|