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La pression s'intensifie à Oaxaca

Jean-Philippe L?ɬ, Lundi, Octobre 2, 2006 - 17:43

Oaxaca, capitale de l’état du même nom, l’un des plus pauvres du Mexique, les professeurs du Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación sont en grève depuis le mois de mai dernier. Cette grève, qui visait entre autres une majoration des conditions salariales à parité avec la moyenne nationale, s’est brutalement transformée le 14 juin dernier, lorsque le gouverneur de l’état, Ulises Ruiz, a ordonné l’assaut contre les protestataires massés sur le Zucalo, la place centrale des villes coloniales mexicaines. La répression a transformé une grève circonscrite en un vaste mouvement social, avec plus de trois-cent associations locales se joignant aux professeurs pour former l’Asamblea Popular de los Pueblos de Oaxaca (APPO). Aujourd’hui, les forces policières et les représentants du gouvernement de l’état ont été expulsés de la ville, et l’APPO en occupe le centre, dressant à la nuit tombée plus de 1250 barricades en travers des rues. Les protestataires exigent d’abord et avant tout la destitution de M. Ruiz, accusé de brutalité et de corruption. À partir de là, disent-ils, tout est négociable. Mais la négociation ne se fait que difficilement. L’enjeu, en effet, dépasserait selon certains le simple territoire d’Oaxaca.

Il faut savoir que, malgré la fin des manifestations de masse à Mexico DF, l’élection fédérale de juillet dernier est toujours contestée par le « perdant » officiel, M. López Obrador, le candidat des pauvres. Même si Ruiz est membre du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel) et donc opposant au PAN représenté par M. Fox et, surtout, Felipe Calderón, vainqueur officiel des élections, Ruiz, à court de support contre sa propre contestation, aurait appuyé M. Calderón dans ses revendications à la victoire. On craint qu’un basculement à Oaxaca ne puisse redonner vie à la protestation de masse, qui aurait déjà provoqué des pertes en investissements estimées à plusieurs centaines de millions de dollars. À Oaxaca, malgré l’atmosphère de fête qui règne de jour, on se prépare au pire. Les rues se referment la nuit sur la ville désormais en état de siège.

Depuis samedi dernier, les hélicoptères de l’armée survolent à répétition Oaxaca, et un journal local, la Noticias, fait état du débarquement de plusieurs centaines, voire de milliers de troupes à Huatulco et Salina Cruz, villes situées non loin d’ici. On aurait également aperçu des tanks. Depuis des semaines, les barricades aux limites de la ville sont harcelées par les forces policières. On fait état de tirs et, dimanche, l’APPO a signalé sur son site web l’enlèvement d’un leader étudiant par des hommes de mains. Ces pratiques seraient courantes. Des morts ont été signalés. Depuis samedi, l’APPO est en alerte maximale, et la Radio Universidad, occupée par les protestataires, émet en continue ses communiqués enjoignant à la résistance et à la négociation. Une ronde de négociations serait d’ailleurs prévue en milieu de semaine.

Il est difficile de mesurer la profondeur du mouvement. Les plus enthousiastes le compare à la Commune de Paris, d’autres n’y voient que les actions d’une bande d’excités. Il est vrai que, malgré bon nombre de commerces et rues fermés, malgré l’occupation d’hôtels de luxe et de bâtiments gouvernementaux, malgré la désertion des touristes (liés à l’une des principales activités économiques d’Oaxaca) la vie continue sans trop de heurts. Les ordures sont ramassées chaque jour, les autobus fonctionnent à peu près normalement, et les harangues sur le Zucalo, qui est désormais ouvert aux ambulentes, ne réunissent au plus que quelques centaines de personnes. Mais le plus étonnant, et c’est un hommage au peuple mexicain, c’est qu’en quatre mois d’occupation le vandalisme se réduit à des milliers de graffitis (« Muera USO » ou « USO asesino », USO étant le diminutif de Ulises Ruiz) décorant les murs de la ville et à quelques rues creusées de tranchées (on signale toutefois que ce matin des banques auraient été attaqués par des groupes armés dont s’est désolidarisé l’APPO). Les commerçants et voisins se sont organisés pour empêcher la délinquance. Les rues ne semblent pas plus dangereuses qu’à l’ordinaire. Mais cet après-midi, les hélicoptères de l’armée ont survolé la ville pendant des heures, sans doute pour repérer les barricades. L’APPO signale que depuis ce matin, les troupes se seraient mises en marche vers la ville. Dans le but de mettre la pression sur les négociations ou pour une attaque en règle? La question est ouverte, mais elle sera déterminante pour une issue pacifique ou sanglante au conflit.

APPO


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