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Méxique : naissance d’une autre guerrilla

Anonyme, Vendredi, Septembre 1, 2006 - 16:09

La crise mexicaine vient d’accoucher d’un nouveau mouvement guerrillero. Hier, un groupe de personnes avec passe-montagne et armes est apparu dans les environs du petit village de Santa Catarina Ixtepeji, dans l’état d’Oaxaca, supposément pour appuyer le mouvement de professeursen grève qui depuis 100 jours a transformé la ville d’Oaxaca en virtuelle zone de guerre. Traduit par Fab - Mexico D.F., Gerardo Albarrán de Alba, Pagina/12 (Argentine), 01 septembre 2006.

A la veille de la lecture par le président Vicente Fox de son sixième et dernier compte-rendu de gouvernement dans un Palais Législatif défendu par l’armée depuis 17 jours, une douzaine de personnes qui portaient des vêtements de type militaire et des armes à feu a distribué un pamphlet. "Nous célébrons avec une profonde satisfaction le réveil des masses populaires qui occupent les rues", affirme le pamphlet, selon Notimex, l’agence de presse gouvernementale.

Oaxaca est le territoire où opère le mouvement guerrillero Armée Populaire Révolutionnaire (EPR) depuis au moins 10 ans, et dans une région voisine, le Chiapas, a surgi l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) en 1994. Les deux se trouvent au sud-est du Mexique, où la droite a perdu les élections présidentielles du 2 juillet dernier. Cependant, le pamphlet est signé par six organisations différentes : les Brigades Populaires de Libération, la Brigade Justiciaire 2 décembre, l’Organisation Insurgée Premier Mai, le Collectif Révolutionnaire Francisco Javier Mina et la Tendance Démocratique Révolutionnaire.

A la différence du 1er janvier 1994, quand l’EZLN avait contrecarrié les festivités de l’entrée en vigueur du Traité de Libre Commerce de l’Amérique du Nord (ALENA) avec lesquelles le gouvernement promettait faire transiter le pays vers le Premier Monde, cette nouvelle guerrilla surgit dans un contexte local et national de décomposition.

Le pays se trouve plongé dans un conflit post-électoral marqué par le mouvement de protestation du candidat de centre-gauche Andrés Manuel López Obrador, face auxquelles les stratèges du président Vicente Fox ont dessiné un "état policier" en prévision de la possibilité que "la violence augmente d’un ou deux degrés" quand la Police Fédérale Préventive (PFP) recevra l’ordre d’expulser les avenues bloquées et le Zocalo de la capitale, où le traditionnel défilé annuel militaire devra passer le 16 septembre prochain. Selon des analyses officielles révélées par la revue Proceso, pour l’instant l’armée a transféré huit unités militaires à la PFP, qui actuellement concentre 3 600 éléments dans la ville de Mexico, "prêts à n’importe quelle opération".

Et à Oaxaca, ce qui a commencé il y a trois mois comme des demandes salariales de la section 22 du Syndicat National de Travailleurs de l’Education s’est transformé en l’exigence de plusieurs organisations sociales -regroupées dans l’Assemblée Populaire du Peuple d’Oaxaca- de la démission du gouverneur du PRI Ulises Ruiz. Les installations gouvernementales locales ont été prises par les manifestants, y compris le Congrès de l’Etat et le Palasi du Gouvernement, ainsi que 10 stations de radio privées depuis lesquelles ils ont transmis leurs consignes pendant plusieurs jours.

Dans les dernières semaines, le conflit a causé la mort de deux professeurs, durant des manifestations qui ont été dispersées à coups de feu ; un autre est mort quand des éléments de la police locale ont tiré sur un des campements du mouvement. Des versions journalistiques rapportent trois autres morts dans des circonstances diverses.

Le gouvernement fédéral a ignoré la crise d’Oaxaca depuis le début, jusqu’à ce que mardi dernier il a accédé à installer une table de dialogue avec des représentants du magistère et de l’APRO.

Le groupe armé qui est apparu hier l’a fait juste quand se trouvaient réunis pour la seconde fois le secrétaire de Gouvernement et les dirigeants du mouvement oaxaqueño. La rencontre s’est encore terminée sans arriver à aucun accord.

fab (traducteur de ce texte)
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