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Les exilés loin de leur Patrie - Première PartieAnonyme, Jeudi, Août 24, 2006 - 07:12
RUBY BIRD
Par RUBY BIRD - Journaliste -----------VOTRE VOISIN N’A PAS DE PAPIERS La CIMADE fut créée en 1939 pour venir en aide aux personnes déplacées par la guerre, a participé activement à la résistance contre le nazisme et au sauvetage des Juifs. Elle a ensuite contribué à la réconciliation franco-allemande et a milité pour l’indépendance des anciennes colonies. Aujourd’hui, elle agit pour l’accueil et la défense des étrangers et des demandeurs d’asile en France. Elle soutient également des partenaires dans les pays du Sud. Parce qu’il faut faire évoluer la loi et les mentalités, la CIMADE milite plus généralement pour la défense des droits fondamentaux des étrangers et le respect de leur dignité. Elle favorise aussi l’insertion par l’organisation de formations spécifiques. Elle héberge également près de 200 personnes par an dans des centres d’accueil de Béziers et de Massy. (www.cimade.org). « Nous présagions alors que l’immigration allait être remise durablement au cœur du discours politique et devenir à nouveau le chiffon rouge agité devant l’opinion pour donner une réponse simpliste au malaise social grandissant dans la société française. » « Toutefois, nous n’imaginions pas le déchaînement sans précédent de discours xénophobes et racistes qui s’est produit à l’occasion des violences de la fin 2005 dans les quartiers urbains. » « Tous les jours, la classe politique, relayée sans discernement par la presse, la radio, la télévision, stigmatise ces hommes et ces femmes, les accusant d’être des « fauteurs de trouble », des « fraudeurs », des « profiteurs », bref les responsables de tous nos problèmes. » « A cet emballement contre des personnes coupables de chercher un avenir meilleur, une protection et de nous demander l’hospitalité, et pour combler le fossé grandissant entre le fantasme des discours et la réalité quotidienne, nous avons souhaité répondre par les faits. » « Pendant une année, nous avons recueilli les témoignages de quelques-un(e)s des hommes et des femmes accompagnés par notre association. Nous avons voulu les laisser parler, avec leurs mots, de leurs problèmes et des conséquences souvent dramatiques de décisions administratives prises à leur encontre. » « Ces sont les conséquences de lois votées par les représentants politiques élus et dont le durcissement incessant a été adopté après des débats longs et mettant aux prises l’histoire, l’éthique mais aussi la démagogie et les échéances électorales. Et c’est ainsi que des élus, au nom de valeurs ou d’intérêts partisans, rendent en fait impossible une vie normale pour des milliers de femmes, d’hommes ou d’enfants. » En complément des nombreux témoignages recueillis dans ce précieux ouvrage, des précisions sont données, comme ce qui suit, quelques extraits en ont été retirés : == ) Le Droit des Etrangers en Bref « D’après la loi actuelle, certains étrangers ont droit à une carte de séjour temporaire, du fait de leurs attaches privées ou familiales sur le territoire français, s’ils remplissent les conditions prévues par les textes……. Au bout de plusieurs années, le concubin et la personne pacsée avec un Français ou un étranger en situation régulière peuvent également espérer obtenir une carte de séjour. » « Quand elles n’en peuvent plus d’attendre plus longtemps l’attribution d’un logement, elles finissent parfois par venir en France sans passer par la procédure de regroupement familial. Non seulement ces familles n’auront pas de papiers, mais depuis la loi Sarkosy de novembre 2003, cette attitude peut être sanctionnée par le retrait du titre de séjour de la personne installée régulièrement en France. » « Les personnes qui ont construit leur vie en France ont également droit à la délivrance d’une carte de séjour temporaire. D’après la loi actuelle, le fait d’être né en France, d’y avoir passé son enfance ou d’y avoir vécu depuis de longues années permet de solliciter un titre de séjour en raison des attaches fortes qu’on y a tissées. » « Pour obtenir un titre de séjour pour soins, il faut d’abord que l’étranger malade fasse établir un rapport médical rédigé par un médecin agréé ou un médecin exerçant dans un hôpital…….La loi prévoit de donner au malade une carte de séjour temporaire valable au moins un an, qui permet à son titulaire de travailler en France. Elle est renouvelable tant que nécessaire, suivant la même procédure qu’il faut recommencer chaque année. » « Pour ceux qui bénéficient déjà d’un titre de séjour temporaire et qui souhaitent s’installer durablement en France, l’étape suivante est l’obtention d’une carte de résident de dix ans……D’après la loi, ceux qui possèdent en France des attaches extrêmement solides ont théoriquement le droit d’accéder à la carte de résident. » « Le principe de la délivrance de plein droit de certaines cartes de résident est remis en cause par le projet de loi sur l’immigration débattu au printemps 2006 qui prévoit qu’elle sera de plus en plus soumise à l’appréciation de l’administration…….Pour d’autres catégories de personnes, comme celles qui résident régulièrement en France depuis plus de dix ans, le nouveau projet de loi prévoit de supprimer totalement la possibilité d’obtenir de plein droit une carte de résident. » « Durant toute la procédure et quel que soit le titre de séjour demandé, le pouvoir de l’administration est énorme : c’est le ministère de l’Intérieur qui décide comment la loi doit être appliquée, par le biais de circulaires ou d’instructions, et c’est la préfecture qui décide d’accorder ou pas le droit au séjour, selon des critères pas toujours très clairs. » ==) Le Droit d’Asile en Bref « Les demandeurs d’asile n’ont pas le droit de travailler…..Dans l’immense majorité des situations, ils doivent donc se contenter des aides accordées par l’Etat. Celles-ci se résument à une allocation d’environ 300 euros par mois versée par les Assedic, ou à une prise en charge dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada)……..Cette précarité sociale conduit de nombreux demandeurs d’asile à travailler au noir pour assurer leur survie et pour payer les différents frais liés à leur demande : traductions, avocats, déplacements aux convocations. » « L’examen de la demande proprement dit relève de l’Ofpra, qui dépend du ministère des Affaires étrangères.….Si l’Ofpra décide de rejeter la demande d’asile, il est possible de faire appel devant la Commission des recours des réfugiés, une juridiction administrative spécialisée…….Pour environ 85% des demandeurs, l’Ofpra et la commission prononcent une décision de rejet…..qu’il choisisse ou pas de poursuivre ce type de démarches, l’étranger débouté de sa demande d’asile reçoit de la préfecture une « invitation à quitter le territoire » français dans un délai d’un mois. »……A SUIVRE ----------LA PALESTINE COMME METAPHORE Mahmoud Darwich est le symbole pour nombre de Palestiniens de la souffrance que peut vivre et ressentir un exilé. Son cas est aussi universel et tous les hommes et femmes qui se séparent momentanément ou définitivement de leur terre, culture, famille…..ressentent la même chose. Il s’exprime à travers ses poèmes. Les brefs passages ou commentaires qui suivent sont retirés d’entretiens regroupés sous le titre « La Palestine comme métaphore ». Pour Darwich sa terre natale est « le lieu de convergence de messages divins, de civilisations et de cultures, de prophètes et d’envahisseurs. Mais ils ont tous en commun d’avoir été passagers, quelles que furent les durées et leurs séjours. » Il a une vision précise du rôle du père « Aussi le « père » ne fut-il jamais un, définitif ou permanent. » ou bien il dit « J’appartiens par ailleurs à une génération qui a fait porter à ses pères géniteurs la responsabilité du départ et de l’exil. Les pères, nos pères, ont échoué à défendre notre terre. ». Son père sortait le matin pour ne revenir qu’à la nuit tombée. Mahmoud était sous la garde, avec ses frères, de son grand-père qui les gâtaient beaucoup. Pour lui sa mère « incarne l’idée de la continuité physique et historique. », la sienne s’appelait Hourriya et était la fille du maire du village voisin. « Mais j’investis le père et la mère de représentations qui dépassent leur simple qualité parentale, de symboles relatifs au lieu, à la culture et à l’humain en général. ». Il avait des rapports difficiles avec sa mère « Enfant, j’ai été marqué par les colères de ma mère, alors que mon père se lamentait en permanence sur la perte de sa terre. ». Elle le battait, souvent sans raison. « Souvent, j’eus le sentiment qu’elle se défoulait de ses disputes avec mon père. » Les rapports du couple étaient tendus, surtout depuis qu’ils furent jetés hors de leur terre. Leur vie devint très difficile alors. « Leur mariage fut on ne peut plus traditionnel. Mon grand-père était en quête d’une épouse pour son fils, et on lui dit que le maire du village voisin avait une fille en âge de se marier. Il y alla et la demanda pour son fils. » Il fut incarcéré, pour la première fois, à l’âge de 16 ans. Sa mère lui rendit visite, le couvrit de baisers. Il composa alors pour elle un poème « Je me languis du pain de ma mère. ». Quand il quitta Haïfa, plus tard, il découvris qu’il était le favori de sa mère. Il était le cadet de ses frères. En 1948, il quitte la Palestine pour le Liban. Plus tard, il y reviendra. Sa famille était convaincue que l’exil était temporaire, c’était le cas de presque tous les Palestiniens. Leur village fut « rayé de la carte dès notre départ forcé. On a construit deux colonies sur son site. L’un pour les immigrants juifs venus d’Europe, l’autre pour des immigrants du Yémen. » Quand on lui pose la question de l’image de l’ennemi, il répond « Elle fut dès le départ humaine. Multiple et variée. Il n’existe pas chez moi de vision unique et définitive de l’Autre. Celui qui m’a éduqué était juif, celui qui m’a persécuté l’était aussi. La femme qui m’aima était juive. Celle qui me détesta aussi. » « C’est la guerre de 1967 qui a bouleversé les choses. Elle s’installa, au figuré, entre les deux corps, elle aiguisa une incompatibilité jusque-là inconsciente. Imaginez que votre amie soit soldate d’une armée d’occupation, qui arrête les filles de votre peuple à Naplouse ou à Jérusalem. Cela ne pèse pas uniquement sur le cœur, mais sur la conscience. La guerre de 1967 a rompu les relations affectives entre les jeunes hommes arabes et les jeunes filles juives. » « Il est impossible de se laisser aller à un amour heureux. La réalité montait les tensions, provoquait des disputes. L'idée d'ennemi avait en fait pénétré la relation ; l’homme et la femme s’enlaçaient, mais l’ennemi était tapi sous le lit. » « Les choses sont certes différentes lorsque chacun perçoit l’Autre en tant qu’individu. J’avais de nombreux amis juifs. Mais les individus sont toujours rappelés à l’ordre par leur communauté, à un moment donné. » « Dans mon poème « Un soldat qui rêve de lys blanc », j’ai raconté l’histoire de cet ami qui, après la guerre, vint me trouver pour m’annoncer sa décision de quitter Israël pour toujours. Il ne voulait plus être un rouage dans une machine de guerre. C’était un humaniste, et son éducation était fondée sur le pluralisme et l’ouverture. Venu en Israël avec des idées idéalistes, il avait découvert que la réalité était bien différente. Il est alors parti. Le poème le décrit ainsi : un individu qui se réfugie en lui-même, qui reprend son individualité à son groupe, mais la pression collective est puissante et dure. Celle des médias notamment était alors très forte. Les Israéliens croyaient en ce qu’ils lisaient dans leurs journaux…. » « La notion « d’étranger » peut être saisie à plusieurs niveaux. Le premier, tout simple, est que nous sommes traités en étrangers dans notre propre patrie. La majorité juive, victorieuse et dominante, considère que nous ne sommes pas chez nous, mais dans son propre pays qu’elle a récupéré après 2000 ans d’exil. Un autre niveau, tout aussi simple, me vient du fait que je ne suis plus dans mon village, qui n’existe plus, mais chez nos voisins arabes. »…….A SUIVRE
Journaliste Indépendante
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