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La veillée funèbre de Fidel Castro: manoeuvres impérialistes et anti-communistes

Eric Smith, Dimanche, Août 13, 2006 - 21:22

Raymond Lotta

Dès l'annonce de l'hospitalisation de Fidel Castro, les médias ont tout de suite amorcé la veillée funèbre du dirigeant cubain, d'une manière on ne peut plus désinvolte. L'administration Bush s'est ouvertement pourléché les babines à l'idée que cela puisse entraîner une crise politique à Cuba. Elle a froidement multiplié les calculs quant à la manière dont les États-Unis pourraient s'ingérer, voire intervenir directement afin de favoriser un autre de ces "changements de régime" dont ils se font une spécialité. Les éléments les plus réactionnaires au sein de la communauté cubaine sont montés sur toutes les tribunes, reprenant leur appel à retourner à la "bonne vieille époque" d'avant la révolution.

Le président Bush a déclaré que les États-Unis soutiendront les forces qui travailleront à "mettre en place un gouvernement de transition démocratique" à Cuba. Mais personne ne semble se poser la question, à savoir si les Cubaines et les Cubains souhaitent réellement vivre dans une "démocratie" comme celle que les États-Unis tentent actuellement d'imposer en Irak (notamment)? Le renversement du régime de Fidel Castro n'a jamais cessé de faire partie des objectifs de la politique étrangère états-unienne depuis la révolution de 1959. Castro a dirigé une lutte anti-impérialiste de masse, ayant affirmé clairement la souveraineté de Cuba face aux États-Unis. Son régime a nationalisé les entreprises états-uniennes qui faisaient affaire sur le territoire cubain, encourageant ainsi les oppriméEs de toute l'Amérique latine, qui souhaitaient bouter les exploiteurs yankee hors du continent. Les États-Unis ne lui ont jamais pardonné ce crime de lèse-majesté et n'ont jamais abandonné leurs tentatives visant à le renverser, multipliant les blocus économiques et intrusions militaires, l'infiltration d'espions et de saboteurs, voire même les tentatives d'assassinat contre la personne de Fidel Castro. Le fait que Cuba ne soit pas un véritable pays socialiste n'a aucunement refroidi les ardeurs de l'impérialisme US. Le régime de Fidel a toujours refusé de se plier à ses diktats et n'a jamais hésité à critiquer la politique étrangère états-unienne. Il a en outre soutenu divers mouvements opposés à l'impérialisme US en Amérique latine. Depuis que les États-Unis ont déclenché leur "offensive globale" visant à dominer le monde et proclamé que tous devaient désormais choisir leur camp ("ou bien vous êtes avec nous, ou contre nous"), l'obstination de Castro leur est devenue encore plus inacceptable. En 2003, l'administration Bush a mis sur pied une commission, dite de "soutien à un Cuba libre", sous la présidence de la Secrétaire d'État Condoleezza Rice. Un an plus tard, cette commission a accouché d'un premier rapport prévoyant les différentes étapes par lesquelles les États-Unis susciteront un changement de régime à Cuba. Un rapport subséquent, publié pas plus tard que le mois dernier, recommandait qu'une somme de plus de 80 millions de dollars soit allouée pour aider l'opposition cubaine de même qu'un éventuel "gouvernement de transition", que Washington compte mettre en place. Maintenant que Fidel est à l'hôpital, la bande à Bush s'active et intensifie ses menaces contre le régime cubain. Elle semble prendre pour acquis que Cuba est un fruit mûr, qu'elle n'aura qu'à cueillir. Les États-Unis veulent s'arroger le droit de dicter ce qui se produira après le départ de Castro; ils ont même déjà tracé leur propre ligne de démarcation, en décrétant qu'il n'y aurait aucune place pour les vestiges du régime castriste. Cela n'a pas manqué de susciter l'enthousiasme des réactionnaires cubains, qui sont tout disposés à servir loyalement les plans concoctés par l'impérialisme US. D'importantes considérations géostratégiques sous-tendent les manœuvres états-uniennes actuelles. Depuis qu'ils ont déclenché leur "guerre globale" à l'échelle de la planète, les impérialistes yankee n'ont pas été en mesure d'accorder autant d'attention qu'ils auraient du à l'Amérique latine, occupés qu'ils étaient à intervenir au Moyen-Orient et en Asie centrale. Alimenté par les revenus du pétrole, le gouvernement Chavez en a profité pour jouer des muscles et consolider son alliance avec Cuba. Si les États-Unis réussissaient à faire plier Cuba et à le réintégrer dans leur giron, cela enverrait un fort message à Chavez et aux autres gouvernements qui ont osé adopter une position plus autonome. Les États-Unis profitent également de la situation actuelle pour beugler encore plus fort leurs mensonges habituels à propos du "totalitarisme communiste". Le portrait caricatural qu'ils en font n'a pourtant rien à voir avec le communisme véritable, qui suppose que le prolétariat prenne en charge consciemment la lutte pour transformer la société, de façon à abolir les classes et les distinctions de classes et émanciper l'humanité entière. Les médias présentent l'un après l'autre les récits d'exilés cubains réactionnaires, qui se plaignent des "horreurs" du communisme et racontent leurs "souffrances personnelles". Mais qui sont donc ces gens? Et quel est donc leur programme? Plusieurs d'entre eux proviennent de familles qui profitaient du contrôle que les corporations états-uniennes exerçaient sur Cuba avant 1959. Ces gens-là voudraient retourner à la situation qui prévalait à l'époque, et faire de Cuba une néo-colonie des États-Unis. Les "horreurs" dont ils se plaignent, ce sont dès lors les larges masses cubaines dans leur ensemble qui devront les assumer. Le scénario concocté par l'administration Bush prévoit en outre un vaste programme de "privatisation" de l'économie cubaine. Quels intérêts cette privatisation servirait-elle? Ceux de l'élite cubaine de Miami, qui souhaite récupérer ses propriétés et son pouvoir? Ceux des grandes corporations états-uniennes, qui comptent bénéficier d'une nouvelle main-d'œuvre à bon marché? Les États-Unis n'ont certes aucun droit de se mêler des affaires du Cuba, ni de dicter l'avenir de ce pays. Il faut s'opposer vigoureusement aux intrigues états-uniennes en les considérant pour ce qu'elles sont: à savoir les manœuvres brutales d'un empire hégémonique. Raymond LOTTA _____ Article paru dans Arsenal-express, nº 106, le 13 août 2006. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à arsenal-express@pcr-rcpcanada.org en indiquant comme sujet le mot "Abonnement".
EDIT (Mic. Lessard du CMAQ) * ajout des thèmes: Globalisation | Politiques
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