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Bolivie: un contrat qui complique à Evo

Anonyme, Dimanche, Juillet 30, 2006 - 21:19

fab

Le gouvernement bolivien fait face à son premier cas important de supposée corruption. Autant l'accusateur que l'accusé son des fonctionnaires proches de Morales, qui a été critiqué par le leader de l'opposition.

Le rejet par la Super-intendance des Hydrocarbures d'un contrat pour exporter deux mille barils de pétrole par jour au Brésil a dérivé en scandale qui vise le président de l'entreprise publique des hydrocarbures YPFB, Jorge Alvarado, et s'est transformé en patate chaude entre les mains du gouvernement d'Evo Morales. La structure de régulation a estimé le 21 juillet que le contrat entre YPFB et l'entreprise intermédiaire Iberoamerica -pour vendre du brut en échange de diesel à la compagnie brésilienne Univen- était préjudiciable pour l'État bolivien, puisque le prix contracté était inférieur à celui que d'autres compagnies pétrolières paient avec des contrats similaires. De plus, le décret de nationalisation du 1er Mai 2006 établit que la compagnie pétrolière publique est l'unique entreprise autorisée à commercialiser l'hydrocarbure produit en Bolivie, autant sur le marché interne qu'externe.

Le dommage économique calculé par l'entité autonome de régulation du secteur -dont le titulaire, Víctor Hugo Sainz, a été nommé par Morales de manière intérimaire et ami du ministre des Hydrocarbures, Andrés Soliz Rada- se monte à entre 3,8 et 39 millions de dollars. Un énorme intervalle selon les modalités de calcul et la forme d'évaluer les "coûts d'opportunité" face aux possibles contrats alternatifs, ce qui a déclenché une véritable guerre médiatique entre YPFB et la "super". La Bolivie a un excédent d'environ trois milles barils par jour, au delà de la capacité de ses raffineries, qui sont ceux qui s'exportent pour obtenir du diésel, peu abondant dans le pays andin.

La méthodologie de calcul des régulateurs a consisté à comparer les conditions contractuelles de Iberoamerica-Univen à celles contractées à Refinor, la subsidiaire de l'Espagnole-argentine Repsol-YPF, qui achète aussi du brut en échange de diesel. Mais Alvarado -un géologue pétrolier reçu à l'Université Lumumba de Moscou- a accusé le titulaire de la super-intendance d'"irresponsable", pour avoir "changé trois fois de chiffres" sur les supposés dommages économiques pour l'État. Et il a dit qu'il s'est vendu du pétrole au-dessous du prix international pour acheter le diesel aussi à un moindre prix. Mais pour les boliviens la confusion règne et les chiffres commencent plus à assombrir qu'à éclaircir. Certains osent imaginer une interne entre les ex-militants du parti Conciencia de Patria, qui contrôlent la "super", et des partisans du MAS à la tête de YPFB.

"Pour beaucoup moins ont été renvoyés des vice-ministres et autres fonctionnaires, nous espérons qu'à cette occasion soit utilisé le même bâton", a exhorté le leader de l'opposition, Jorge "Tuto" Quiroga, qui n'a pas tardé à prendre la demande de démission d'Alvarado comme drapeau. Et le titulaire d'YPFB non seulement fait front à une danse opaque de chiffres : dans des milieux journalistiques et politiques on commence à dénoncer que l'architecte du contrat serait Eduardo Baldivieso, qui aurait curieusement renoncé à YPFB, où il occupait le poste de conseiller d'Alvarado, le même 21 juillet que la surper-intendance a mis son veto à l'opération. Baldivieso serait lié à la compagnie brésilienne Univen, la destinataire du brut et qui a fait l'objet d'une investigation pour "contrebande de combustibles et maffia" par le Parlement brésilien en 2003.

Le ministre Soliz Rada a envoyé le cas à l'entité de contrôle de la Nation pour que “les citoyens", qui sont désorientés par la quantité de données qui est sortie de la super-intendance, aient un résultat clair", et a de plus démenti les versions sur la destitution du président d'YPFB et que "une décision de telle importance doit être adoptée par le Président de la République". Et de plus, l'ex-conseiller est représentant -et époux de la présidente- de l'entreprise Gas del Sur, accusée avec preuves à l'appui de contrebande de bouteilles de gaz au Paraguay par le député du MAS René Ramos. "Nous luttons contre la corruption d'où qu'elle vienne", a dit le parlementaire indigène à Página/12.

Selon des sources consultées, Alvarado, rallié à Evo Morales depuis ses époques de député, pourrait sauver sa tête et suivre dans son poste, mais pour quelques fonctionnaires consultés sont préoccupés sur les séquelles de ce cas. La lutte contre la corruption est l'un des étendards du gouvernement et, selon Equipos Mori, 60 pour cent des boliviens croit que "la Bolivie est moins corrompue" depuis que le président socialiste est arrivé au Palacio Quemado.

De La Paz, Pablo Stefanoni, Pagina/12 (Argentine), 30 juillet 2006. Traduction : Fab, sant...@no-log.org



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