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Voyage au pays de la «révolution indigène» I (Bolivie)

Anonyme, Mercredi, Juillet 26, 2006 - 15:02

fab

Ceci est la première des chroniques de notre voyage en Bolivie.

Quelques jours, avant d'arriver à La Paz, nous étions dans la ville de Potosí, fameuse par son Cerro Rico (montagne riche) qui ne l'est plus après plus de 300 ans d'exploitation de la part des espagnols et du génocide correspondant (des millions d'africains et d'indigènes réduits en esclavage).

Aujourd'hui les mineurs de Potosí, n'ayant pas d'autres opportunités, continuent de travailler dans le cerro. Leurs conditions de travail ne diffèrent pas de celles des esclaves, à la différence qu'ils sont « libres » (c'est-à-dire qu'ils choisissent leurs horaires). Aussi à Potosí, dans l'hôtel où nous étions, nous avons parlé avec l' « employée domestique », une jeune fille de 17 ans, secondaire terminé, d'un village éloigné. Elle travaille du lundi au samedi, de 7h à 19h, pour seulement 200 bolivianos (25 dollars), desquels elle en destine 60 pour la location d'une chambre dans le village et 80 pour des cours d'anglais synonyme de futur possible. Pour se donner une idée du niveau d'exploitation, une nuit de cet hotel coûte en moyenne 50 bolivianos par personne.

Bien sûr, la propriétaire de l'hotel est blanche et les domestiques et mineurs sont indigènes.

Aujourd'hui, nous sommes arrivés à La Paz. Là, les choses sont très différentes, nous sentons tout de suite un climat beaucoup plus politisé. À 7 heures du matin, sur la place Murillo, nous avons vu un groupe d'indigènes entrer dans le siège du gouvernement. Plus tard, nous avons été informés d'une marche de la Centrale Départementale Ouvrière (COR) pour exiger la démission du préfet de La Paz. Celui-ci avait fait campagne pour le OUI au référendum sur les autonomies régionales, le NON gagné par 75 % dans le département de La Paz, alors les organisations sociales demandent sa démission (bien qu'il puisse légalement rester en place). Pour le même motif, le jour précédent, la Fédération des Assemblées de quartier de El Alto (FEJUVE) en a fait de même. De leur côté, les pêcheurs du lac Titicaca ont dit qu'ils commenceront une barrage de routes dans ce même but.

Aujourd'hui ce fut une journée de grève nationale du secteur de la santé, en solidarité avec les travailleurs de ce secteur de Cochabamba, en grève depuis une semaine pour la démission du directeur départemental de la santé.

Mais le conflit le plus important et qui menace de se terminer en violences est celui des mineurs sindicalisés (de l'entreprise nationale des mines) avec les coopérativistes. Ces derniers demandent l'incorporation de 4800 d'entre eux dans le mine la plus importante d'Oruro. Devant la négative du gouvernement et le refus des sindicalistes, ils ont fixé un ultimatum pour prendre la mine. Nous reviendrons plus tard sur ce sujet.

« L'Église montre maintenant son vrai visage. L'Église est, au côté de l'oligarchie, parce que cela fait 514 ans que l'Église est au service de l'oligarchie et des riches. Cela, personne ne peut le démentir », a affirmé Felix Patzi, le ministre de l'Education. Cette déclaration est le résultat de l'affrontement entre le gouvernement et l'Église au sujet de la réforme éducative. Cette dernière crie à la persécution religieuse et dénonce que le gouvernement souhaite abolir l'enseignement catholique des programmes scolaires. On peut lire en couvercle de l'hebdomadaire Juguete Rabioso (Jouet Enragé) : l'Église Catholique se refuse à perdre les avantages du pouvoir, et en introduction de l'article consacré à ce sujet :
« Pourquoi l'Église s'effraie et des légions de militants catholiques de La Paz, de Cochabamba et de Santa Cruz protestent, si le mal nommé "gouvernement communiste" a encore une fois précisé que la religion restera une matière au programme ? Différents observateurs et quelques curés de base pensent que dans cette polémique n'est pas en jeux la foi mais le pouvoir ».

À la fin de la journée, nous avons assisté à la présentation de « Etnofagia Estatal », seconde édition du livre de l'actuel ministre de l'éducation, Felix Patzi. Le livre analyse « la reproduction et le maintient des hiérarchies coloniales au moyen de l'éducation ». L'auteur, sociologue, a tiré parti de toute l'oeuvre de Bourdieu, l'applicant à la société bolivienne. Nous en sommes sortis en comprenant que la « révolution démocratique » bolivienne va au-delà de la récupération des ressources naturelles et qu'elle a besoin d'une profonde réformepour en finir avec le « colonialisme éducatif » et « décoloniser les esprits et les corps ».

Continuera...

Depuis La Paz, 25 juillet 2006. Fab, Sant...@no-log.org



Sujet: 
EDIT
Auteur-e: 
Michael Lessard...
Date: 
Mer, 2006-07-26 22:04

* selection des thèmes :
Nations autochtones | Démocratie | Religion | Travail.

* remplacement des "" par « »

* ajout du mot Bolivie dans le titre

Michaël Lessard [me laisser un message]
Militant pour les droits humains.
Siriel-Média: média libre sur les 'politiques de destruction massive'


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