|
L'accostage des millions à Cacounaviaub, Mercredi, Juillet 19, 2006 - 12:17
Bernard Viau
Il y a un mois, en juin 2006, se terminaient à Rivière-du-Loup les audiences du bureau de l’environnement, le BAPE sur le projet de port méthanier de Cacouna. La population est bien plus divisée qu’on le laisse croire. En gros, on est pour le port méthanier si on pense à l’argent qu’on pourrait recevoir ou gagner et on est contre le projet si on pense en termes d’environnement ; éternel dilemme du monde moderne. La bonne question est : « À quelle distance d’un port méthanier seriez-vous prêt à vivre? » Le plus loin possible serait la réponse d’un père de famille juste et raisonnable pour reprendre une expression du code civil. Un des points les plus décriés du projet, et avec raison, est que le tracé du gazoduc soit absent des discussions aux audiences du BAPE. Il existe pourtant un principe de droit à l’effet que l’accessoire suive le principal, bref qu’on ne puisse considérer comme un accessoire ce qui est essentiel. Le gazoduc n’a rien d’accessoire dans le cas d’un port méthanier, et on pourrait donc avancer juridiquement que le projet d’Énergie Cacouna est irrecevable sans gazoduc. Les jeux semblent faits d’avance ; un élu municipal a même affirmé que le port méthanier de Cacouna serait construit même si les citoyens n’en voulaient pas. Seule l’ampleur de la manne de taxes municipales permet d’apprécier la danse des élus aux tables de concertation car on parle ici de près de 7 millions annuellement. Les politiciens sont déjà favorables, avant même le dépôt du rapport du BAPE en septembre 2006. La question reste à savoir qui finance, cette fois, la campagne d’un OUI si clair. La documentation déposée par le promoteur fait plus d’un mètre de hauteur dans les bibliothèques. Comment s’opposer efficacement. Énergie Cacouna et le gouvernement actuel déclarent qu’il nous faut diversifier les sources d’énergie pour le Québec de demain. Verbiage de vendeur ! Il y a deux ans à peine, l’approvisionnement en gaz naturel était amplement suffisant pour le projet de la centrale du Suroît mais maintenant le Québec devrait importer du gaz naturel de Russie ? La vérité est beaucoup plus simple, les États-Unis consomment 25% du gaz naturel de la planète et le port de Cacouna servira de porte d’entrée pour les pipelines américains. Ce gaz naturel sera vendu aux industries américaines pour le plus grand profit des deux multinationales. L’opposition ferme des citoyens de la Nouvelle-Angleterre a, en quelques mois, fermé les portes à sept projets de port méthaniers. C’est alors que le gouverneur du Rhode Island a proposé ce que l’industrie espérait secrètement, essayer de les faire approuver par les Canadiens. Le Québec n’a aucunement besoin d’un port méthanier, c’est de la propagande pure et simple pour faire accepter le projet par la population. On nous parle des retombées économiques. Plus de trois cents emplois durant la construction, une trentaine après. Soyons réalistes, il s’agira probablement d’une vingtaine d’emplois subalternes, peu de choses et moins d’emplois permanents qu’au McDonald. Le port méthanier attirera des industries satellites dans un futur proche, nous jure-t-on. Justement, les ports méthaniers du monde s’entourent de zones industrielles parmi les plus polluantes de la planète. Les voulons-nous vraiment dans cette région pittoresque et touristique du Québec ? En 1894 le président américain se proposait d’acheter les dernières terres indiennes. La réponse de Seattle, le chef « sauvage » d’alors aurait dû être déposée aux audiences du BAPE en juin 2006 à Cacouna par la nation malécite gardienne des traditions ancestrales. Est-il vraiment souhaitable pour le Québec de s’engager dans un projet tel que celui du port méthanier que ce soit Cacouna ou Rabaska pour alimenter des centrales au gaz alors que nous avons, collectivement, pris position en faveur du protocole de Kyoto ? Il s’agit bien plus que de notre environnement, il s’agit de l’environnement de nos enfants car dans trente ans, les promoteurs et les décideurs de ce projet seront presque tous en centre d’hébergement ou au cimetière. Il nous faut donc voir le projet de Cacouna avec les yeux de l’enfant qui, dans trente ans, vivra avec les conséquences de nos décisions. Nous semons aujourd’hui le germe d’un parc d’industries chimiques polluantes dans la région. Nous nous opposons à ce projet de port méthanier parce que nous désirons un développement économique plus durable pour le Bas Saint-Laurent, aussi parce que nous nous sentons responsables face aux générations futures. Quel avenir voulez-vous offrir à vos enfants et à vos petits-enfants ? Un parc d’industries chimiques dangereuses ? |
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|